Grand_Maître_B
30/11/2008, 12h39
Que le titre de cette news ne vous trompe pas: Aucun de mes confrères ne sera allusivement traité de zombie, je ne ferai aucun commentaire au sujet du greffe et des morts-vivants, non, c'est juste qu'avec la sortie de L4D, une bonne info juridique au sujet d'un grand procès opposant Dawn of the Dead à Dead Rising me paraît appropriée.
Le premier, grand classique de Romero devant l'éternel, est le film de zombies par excellence, celui qui a une connotation politique, qui dénonce la société de consommation et la fringale consumériste qu'elle véhicule. L'action se place principalement dans un centre commercial où, des humains retranchés, tentent de survivre à des hordes de Zombies. Enfin, demandez à Zoulou, il en parlera mieux que moi. Les droits d'exploitation sont aux mains de la société américaine MKR Group.
Le second, aux mains de Capcom, est un survival horror qui met le joueur aux prises à des zombies et l'action se déroule dans un centre commercial. Vous voyez le coup venir ?
C'est ça, MKR Group est vénère, considérant que Dead Rising est une fusil à (re)pompe honteuse du film dont elle détient les droits.
Et je parie que, si vous êtes un fin connaisseur, quand vous-même vous avez joué à Dead Rising vous vous êtes dit, "whaou" (oui, vous êtes jeune et vous exprimez donc par onomatopées), "c'est trop de la balle ce jeu de ouf" (oui, vous employez aussi un sabir qui vous éloigne, chaque jour un peu plus, du prix Nobel de littérature), "c'est top moumoutte, on dirait que je joue à Dawn of the dead! chui sur que c'est Romero qui l'a fait, ce jeu".
Bon, je pardonne votre syntaxe relâchée pour mieux me concentrer sur un point important: en effet, lorsqu'on joue au jeu, on pense au film, et donc, apparemment, le procès devrait être gagné par MKR Group. Et pourtant, le droit, maintenant vous le savez, ne s'arrête pas aux évidences.
Ainsi, le 10 octobre 2008, la United States District Court For the Northern District of California a rendu sa décision et la Cour, après avoir rappelé que les idées (à l'opposé de l'expression, de la mise en scène, de ces idées), les faits, les évènements historiques, les éléments empruntés à un autre créateur ou au domaine public, les cas où l'expression d'un idée se mélange trop intimement à l'idée elle-même, enfin, les cas où l'expression d'une idée est banale, ne sont pas protégés par le droit d'auteur, le juge considère que la comparaison entre le jeu et le film révèle d'importantes différences, les quelques cas de ressemblance ne font que relever du concept, non protégeable, d'humains se battant contre des zombies dans un centre commercial.
Ainsi:
- l'histoire n'est pas identique entre les 2 oeuvres: même le fait que, dans les 2 cas, les personnages arrivent dans le centre commercial grâce à un hélicoptère n'implique pas de plagiat, car ces 2 scènes ne sont pas identiques.
- les personnages ne sont pas identiques: ainsi, en dépit de ce que prétend MKR Group, à savoir que le personnage du jeu appelé Frank rappelle un des 4 personnages du film, en ce que c'est un homme aux cheveux bruns et courts, qui gravite autour de la profession de journaliste et qui porte une veste en cuir, la Cour estime cependant que ce genre de personnage est standard et se trouve dans un très grand nombre de films. Il en va de même pour Peter (du film) et Brad (du jeu), qui sont des afro-américains qui savent utiliser des armes. Le problème est que Peter n'est pas vraiment développé dans le film, et donc, MKR Group ne peut pas revendiquer de protection: La Cour rappelle que, moins est développé un personnage, moins il peut être protégé, et que c'est le prix à payer pour un auteur qui ne prend pas la peine de le développer.
- Les Zombies eux-mêmes ne sont pas similaires entre les 2 oeuvres: Dans le film, les zombies sont très variés, allant du Hare Krishna à un obèse, tandis que dans le jeu, les zombies sont génériques.
- Le thème: Le juge précise que si Dawn of the Dead a une vocation politique en dénonçant le consumérisme, le jeu ne véhicule aucun message.
- Les dialogues : Même si une seule phrase du jeu (invoquant que lorsqu'il n'y a plus de place en enfer les morts reviennent sur terre) évoque celle du film, cela ne suffit pas à considérer qu'il y a une violation de droit d'auteur.
- Le juge continue encore et encore, disséquant le "Mood", le "Setting", le "Pace" et le "Total concept and feel" du jeu et du film, écartant à chaque fois toute violation de droit d'auteur.
Ce qui est intéressant ici, c'est que cette affaire illustre à merveille le fait que si, d'un premier abord, une oeuvre viole les droits d'auteur d'une autre oeuvre, une étude détaillée permet de conclure que point n'est le cas. Et qu'un concept large ne peut être protégé.
Bon, Zoulou, du coup, plus rien ne t'empêche de nous le faire, ce remake sweded de Dawn of the Dead, avec toute la rédac enfermée dans les locaux du journal, affairée à repousser des hordes de zombies lecteurs que l'on appellerait hannibal, en s'aidant d'agrafeuses, de battes de baseball GTA IV FOREVER et de Paintball guns estampillés COD ?
Voir la news (1 image, 0 vidéo ) (http://www.canardpc.com/news-31193-les_zombies_au_tribunal.html)
Le premier, grand classique de Romero devant l'éternel, est le film de zombies par excellence, celui qui a une connotation politique, qui dénonce la société de consommation et la fringale consumériste qu'elle véhicule. L'action se place principalement dans un centre commercial où, des humains retranchés, tentent de survivre à des hordes de Zombies. Enfin, demandez à Zoulou, il en parlera mieux que moi. Les droits d'exploitation sont aux mains de la société américaine MKR Group.
Le second, aux mains de Capcom, est un survival horror qui met le joueur aux prises à des zombies et l'action se déroule dans un centre commercial. Vous voyez le coup venir ?
C'est ça, MKR Group est vénère, considérant que Dead Rising est une fusil à (re)pompe honteuse du film dont elle détient les droits.
Et je parie que, si vous êtes un fin connaisseur, quand vous-même vous avez joué à Dead Rising vous vous êtes dit, "whaou" (oui, vous êtes jeune et vous exprimez donc par onomatopées), "c'est trop de la balle ce jeu de ouf" (oui, vous employez aussi un sabir qui vous éloigne, chaque jour un peu plus, du prix Nobel de littérature), "c'est top moumoutte, on dirait que je joue à Dawn of the dead! chui sur que c'est Romero qui l'a fait, ce jeu".
Bon, je pardonne votre syntaxe relâchée pour mieux me concentrer sur un point important: en effet, lorsqu'on joue au jeu, on pense au film, et donc, apparemment, le procès devrait être gagné par MKR Group. Et pourtant, le droit, maintenant vous le savez, ne s'arrête pas aux évidences.
Ainsi, le 10 octobre 2008, la United States District Court For the Northern District of California a rendu sa décision et la Cour, après avoir rappelé que les idées (à l'opposé de l'expression, de la mise en scène, de ces idées), les faits, les évènements historiques, les éléments empruntés à un autre créateur ou au domaine public, les cas où l'expression d'un idée se mélange trop intimement à l'idée elle-même, enfin, les cas où l'expression d'une idée est banale, ne sont pas protégés par le droit d'auteur, le juge considère que la comparaison entre le jeu et le film révèle d'importantes différences, les quelques cas de ressemblance ne font que relever du concept, non protégeable, d'humains se battant contre des zombies dans un centre commercial.
Ainsi:
- l'histoire n'est pas identique entre les 2 oeuvres: même le fait que, dans les 2 cas, les personnages arrivent dans le centre commercial grâce à un hélicoptère n'implique pas de plagiat, car ces 2 scènes ne sont pas identiques.
- les personnages ne sont pas identiques: ainsi, en dépit de ce que prétend MKR Group, à savoir que le personnage du jeu appelé Frank rappelle un des 4 personnages du film, en ce que c'est un homme aux cheveux bruns et courts, qui gravite autour de la profession de journaliste et qui porte une veste en cuir, la Cour estime cependant que ce genre de personnage est standard et se trouve dans un très grand nombre de films. Il en va de même pour Peter (du film) et Brad (du jeu), qui sont des afro-américains qui savent utiliser des armes. Le problème est que Peter n'est pas vraiment développé dans le film, et donc, MKR Group ne peut pas revendiquer de protection: La Cour rappelle que, moins est développé un personnage, moins il peut être protégé, et que c'est le prix à payer pour un auteur qui ne prend pas la peine de le développer.
- Les Zombies eux-mêmes ne sont pas similaires entre les 2 oeuvres: Dans le film, les zombies sont très variés, allant du Hare Krishna à un obèse, tandis que dans le jeu, les zombies sont génériques.
- Le thème: Le juge précise que si Dawn of the Dead a une vocation politique en dénonçant le consumérisme, le jeu ne véhicule aucun message.
- Les dialogues : Même si une seule phrase du jeu (invoquant que lorsqu'il n'y a plus de place en enfer les morts reviennent sur terre) évoque celle du film, cela ne suffit pas à considérer qu'il y a une violation de droit d'auteur.
- Le juge continue encore et encore, disséquant le "Mood", le "Setting", le "Pace" et le "Total concept and feel" du jeu et du film, écartant à chaque fois toute violation de droit d'auteur.
Ce qui est intéressant ici, c'est que cette affaire illustre à merveille le fait que si, d'un premier abord, une oeuvre viole les droits d'auteur d'une autre oeuvre, une étude détaillée permet de conclure que point n'est le cas. Et qu'un concept large ne peut être protégé.
Bon, Zoulou, du coup, plus rien ne t'empêche de nous le faire, ce remake sweded de Dawn of the Dead, avec toute la rédac enfermée dans les locaux du journal, affairée à repousser des hordes de zombies lecteurs que l'on appellerait hannibal, en s'aidant d'agrafeuses, de battes de baseball GTA IV FOREVER et de Paintball guns estampillés COD ?
Voir la news (1 image, 0 vidéo ) (http://www.canardpc.com/news-31193-les_zombies_au_tribunal.html)