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Voir la version complète : Guerre et Pègre Gomorra, dans l'empire de la Camorra



Emile Zoulou
16/09/2008, 19h11
C'est l'histoire d'un mec de 27 ans qui a décidé de mourir. Il avait le choix : les médicaments, les objets tranchants, jouer à Spore, le base-jumping, les passages à niveaux… mais non, le mec, pour se suicider, il a décidé d'écrire un bouquin sur la branche de la Mafia qui sévit dans sa ville, la Camorra de Naples.
Donc voilà, Roberto Saviano est mort. Vous allez me dire que là, pour le moment, il est toujours vivant, mais comme il est officiellement condamné par la mafia, c'est un mort qui marche.
Et d'ailleurs, s'il marche encore aujourd'hui, c'est sans doute grâce à l'écrivain Umberto Eco qui a dû s'emporter publiquement au cri de "Ne laissons pas Saviano seul comme nous avons laissé Falcone et Borsalino" (les deux juges antimafia assassiné à Palerme en 1992) pour qu'enfin les autorités se soucient de la protection de Roberto Saviano. Lui qui avait dû quitter sa ville, vivre caché, ne plus jamais prendre d'ascenseur de peur d'y trouver un tueur, ne plus répondre au téléphone de peur d'en renseigner un autre, le voilà désormais flanqué en permanence de quatre policiers, ne quittant un appartement sécurisé que pour se rendre dans un autre appartement sécurise. Bref, s'il n'est pas mort, il n'a déjà plus de vie.
Qu'a-t-il donc fait de si terrible, Roberto ? Il est journaliste, il est du coin et il a fait une enquête en utilisant sa connaissance des lieux, les procès-verbaux des différentes affaires jugées et des centaines d'informations éparses. Tout ça pour dresser un tableau d'ensemble. Et contrairement aux autres, il n'a pas camouflé l'ensemble sous couvert de fiction; lui, il a tout gardé et il donne les noms, les chiffres et les lieux. Le résultat est non seulement effrayant, mais surtout totalement déprimant.
Alors bien sûr, il y a le folklore sanglant qu'on s'attend à trouver dès qu'on parle de mafia. Le trafic de drogues, les meurtres en rafales et les guerre entre clans. Au-delà de la longue litanie des forfaits psychopathes, on retient quelques anecdotes comme ce clan qui avait monté une sorte de livret d'épargne populaire sur la dope : les petits retraités, artisans ou commerçants, lassés de leurs 3% annuels à la banque, confiaient leurs économies au réseau pour acheter en gros et touchaient ainsi des rendements… stupéfiants : jusqu'à 100% de bénéfices tous les mois, à conditions de planquer chez eux de petites quantités de drogue empaquetées.
Mais Saviano expose surtout comment la Camorra est devenue totalement indissociable de l'économie italienne. Il montre que le secteur entier de la mode en Italie doit sa survie face à la concurrence asiatique à l'activité de la Camorra dans la confection et la contre-façon. Il révèle l'étendue de son implication dans des domaines aussi divers que le bâtiment, l'alimentaire et notamment le lait, le secteur de la santé, et bien sûr, le traitement des déchets qui a connu ces derniers temps une exposition médiatique très soutenue étant donné la crise des ordures à Naples.
Plus généralement, il démontre pourquoi et comment une telle organisation est finalement une forme d'avant-garde extrême et décomplexée d'un ultra-libéralisme radical : les relations entre la Mafia et le monde de l'entreprise ne reposent plus sur le racket, mais sur un échange mutuellement profitable de fournisseur performant à entrepreneur à la recherche du meilleur prix. Comme une tumeur cancéreuse, c'est une évolution du système économique qui est certes criminelle, mais finalement profondément logique, ce qui devrait en faire un sujet de réflexion majeur pour l'Europe entière. D'autant plus que la Camorra joue la mondialisation avec l'appétit féroce d'une multinationale : la cote d'azur, bien sûr, mais aussi l'Ecosse, l'Allemagne, les pays de l'Est et désormais l'Asie en point de mire.
Les dernières pages concernent la main-mise de la Camorra sur la filière de retraitement des déchets, et énumèrent les conséquences épouvantables déjà visibles ainsi que celles à venir. Ce sont les plus terribles. On frissonne ainsi d'apprendre comment un parrain malin, ayant sous sa coupe à la fois une usine d'engrais et une entreprises de retraitement des déchets, eut l'idée géniale de vendre à prix défiant toute concurrence un engrais en réalité coupé aux déchets toxiques. Payé pour retraiter les déchets, payé pour fournir de l'engrais, il faisait double bénéfice tout en ravageant sans scrupules les campagnes italiennes. Sauf que rien ne prouve que cet engrais n'ai pas pu être exporté ailleurs : il est tellement bon marché…
Le film tiré du livre de Roberto Saviano, qui a été présenté à Cannes et a obtenu le Grand Prix du festival, est sorti en France fin août. A lire avant de voir, et vous ne regarderez plus jamais la mozzarella de la même façon…
"Gomorra, dans l'empire de la Camorra", un livre de Roberto Saviano, NRF, 21 euros environ.

Voir la news (1 image, 0 vidéo ) (http://www.canardpc.com/news-28928-gomorra__dans_l_empire_de_la_camorra_.html)

Arthur Rabot
16/09/2008, 21h24
Emile se prend pour Ivan. Quel prétentieux.

Monsieur Cacao
16/09/2008, 21h56
Tu te prends bien pour Proust, alors que t'as jamais touché une Fomule 1 de ta vie.







Désolé, fatigue tout ça...

Nelfe
16/09/2008, 23h01
En fait cette section va servir à raconter les mesquineries entre membres de la rédaction ? :amenelespopcorn:

Zarkoff
16/09/2008, 23h58
Tiens, étonnant,

Pour une fois qu'on parle d'un autre livre que ceux de Laurent Gaudé... :-)

El Gringo
16/09/2008, 23h59
En fait cette section va servir à raconter les mesquineries entre membres de la rédaction ? :amenelespopcorn:

Nan, c'est Ivan le Fou qui parle de polar. Mais y'a une description sur la page d'accueil si tu veux, hein.

Mesmefer
17/09/2008, 00h13
ca fait plaisir de revoir Yvan dans le coin :-).

Zepolak
17/09/2008, 00h47
En voilà une section que je vais dévorer avec grand plaisir !

Bon courage :)

Shamanix
17/09/2008, 09h41
Mmm, rien ne remplacera jamais Les Sopranos ^^

getcha
17/09/2008, 09h41
Le film tiré du bouquin est pas terrible, le seul interêt c'est de voir a quel point Naples ressemble a une ville du tiers monde.

pseudoridicule
17/09/2008, 10h23
Le film tiré du bouquin est pas terrible, le seul interêt c'est de voir a quel point Naples ressemble a une ville du tiers monde.
Oui mais les napolitains sont marrants. En fait, avec les siciliens, ce sont les Italiens avec qui je m'entend le mieux :mellow:

getcha
17/09/2008, 10h23
Oui mais les napolitains sont marrants. En fait, avec les siciliens, ce sont les Italiens avec qui je m'entend le mieux :mellow:
Dans le bouquin, ils ont pas l'air si marrant :mellow:.

Ivan Le Fou
17/09/2008, 10h23
Tiens, étonnant,

Pour une fois qu'on parle d'un autre livre que ceux de Laurent Gaudé... :-)

Et bien justement, puisqu'on en parle, Laurent Gaudé vient de sortir un nouveau roman : "La porte des enfers", et ça se passe à Naples, quelle heureuse coïncidence !
Je suis prêt à spammer toutes les rubriques et tous les topics avec si on me cherche !

ouk
17/09/2008, 10h28
Ivan c'est beau quand tu parles.

pseudoridicule
17/09/2008, 10h30
Dans le bouquin, ils ont pas l'air si marrant :mellow:.
Oui je sais, la mafia est un vrai problème réel (je le dis pas trop fort parce qu'elle est bien présente à sienne aussi). N'empeche, mon pote sicilien a les cheveux qui tombent dès que quelqu'un qu'il ne connait pas lui parle de ça. Et je comprends pourquoi, vu qu'il est un peu l'inverse de tout ce qu'on voit dans ces histoires. C'est un peu l'elliot superness de la Sicile ce mec en fait.
Bref, des mecs tarés, y'en a pas plus qu'en France, juste qu'ici ils sont bien plus organisés.

psycho_fox
17/09/2008, 13h01
C'est surtout un bouquin pour parler de l'endroit qu'il connait ( Naples et les environs ) afin de le réhabiliter, d'essayer de montrer la gangrène qui le ronge mais aussi les habitants, leurs talents ( comme le tailleur ) et leur courage pour certains ( comme le curé et ses prêches contre la Camorra ).
Je reste aussi persuadé que c'est aussi l'éprouvette des dérives de l'ultra-capitalisme et de ses conséquences.

Enfin j'ai vraiment beaucoup aimé ce bouquin en résumé, il y a quelques passages instructifs comme cet amendement voté par Berlusconi pour alléger les controles fiscaux ( et faciliter la fraude ), d'autres amusants comme l'influence des traditions catholiques sur le découpage de la drogue ...

kaverne
17/09/2008, 14h58
Yep ca me fait plaisir de revoir le gars Yvan aussi !

C'est indiscret de savoir ce que vous faites maintenant cher Yvan ? Nan parce si ca concerne quelque chose qui pourrait me plaire, on sait jamais !

Ivan Le Fou
17/09/2008, 18h21
Yep ca me fait plaisir de revoir le gars Yvan aussi !

Merci, c'est gentil, public aimé.


C'est indiscret de savoir ce que vous faites maintenant cher Yvan ? Nan parce si ca concerne quelque chose qui pourrait me plaire, on sait jamais !J'écris un peu ici, et je glande beaucoup chez moi maintenant que j'ai fait fortune avec mes actions Presse Non-stop...
Je n'hésiterai pas à venir faire ma pub ici s'il y a lieu, n'ayez crainte !

kaverne
18/09/2008, 17h16
La glande c'est deja un vaste programme, mais il faut la saupoudrer de quelque chose oui sinon ca derape ;)

Je viens de voir que l'on peut maintenant s'abonner depuis de nombreux pays, c'est plutot cool car je vais devoir bouger alors je pourrais toujours tenir le siege des toilettes en toute quietude !

Nilsou
19/09/2008, 19h47
J'ai quand même une grande admiration pour les quelques rares type qui ose faire ça.... le sacrifice pour une cause tout ça. nan parce que ce type sait très bien qu'il va mourir.... ou au mieux ne plus avoir de vie. il connais suffisamment la mafia pour le savoir... mais je lui adresse un gros "respect big wesh yo" pour ce que peu de gens n'ont jamais osé....
Bref,quand j'aprendrais sa mort dans quelque années je ferais une tite priere toutça.