PDA

Voir la version complète : Le Vœu du Stalker : AMK et c'est reparti ! (Nouveau récit)



Page : 1 [2]

Angelina
12/05/2008, 04h09
Cool.



Encore bravo mec.

Gulien
28/05/2008, 21h43
Superbe ton récit ! ;)

Je viens de m'acheter ce jeu d'ailleurs. Pas mal, mais c'est normal que je me chie dessus dans les souterrains ? Nah pasque le labo X-18... F.E.A.R. et Half-life 2 (certains passages) c'est rien à côté :x !

znokiss
28/05/2008, 21h49
Superbe ton récit ! ;)

Je viens de m'acheter ce jeu d'ailleurs. Pas mal, mais c'est normal que je me chie dessus dans les souterrains ? Nah pasque le labo X-18... F.E.A.R. et Half-life 2 (certains passages) c'est rien à côté :x !
Ouaip, moi aussi, et j'adore ça.
ça m'a rappelé mon premier Head-crab qui me sautais dessus dans le conduit d'aération, dans Half Life 1 !

Pluton
15/12/2008, 03h03
Je remonte ce topic des enfers du forum parce que j'ai été faible : je me refais Stalker en hardcore, cette fois-ci avec mon Pack de mods (http://la-zone-a-pluton.blogspot.com/2008/05/ze-plutons-pack-amkiwers-un-life-mod.html)(AMK modifié et IA débridée), toujours en maître, toujours sans réticule de visée, et pour le coup sans interface, juste la barre de vie/endurance et radiation : pas d'affichage des munitions dans le chargeur, pas de minimap, rien. Je rappelle les règles : la mort du personnage est définitive, impossible de reprendre une sauvegarde pour faire mieux ou pour ne pas mourir, je ne sauvegarde que pour reprendre ma partie là où je l'ai quittée, et bien sûr en cas de crash ou de bug je reprends la dernière sauvegarde automatique au changement de zone.

Autant vous dire que j'ai une chance proche de zéro d'arriver à la fin du jeu, ou même de dépasser les premiers labos.

Et j'ai bien envie de raconter une nouvelle histoire, au passage, celle de l'oncle de mon Stalker précédent, si si, celui qui apparait dans les interludes 1 et 2 du "Vœu du Stalker", vous savez... "Tonton, y'a du sang dans ma pisse".

C'est reparti, comme en 86 !

http://stalker.hautetfort.com/images/medium_stalker1.2.jpg


INTRODUCTION : LE COIN DU MANTEAU


« Je vais trouver un petit boulot là bas, à Korosten, Tonton » qu'il racontait toujours mon p'tit gars. Perso, j'y ai jamais cru. Quand on tombe dans la Zone, même pour quelques heures, il arrive quelque chose. Elle vous prend, là, aux tripes, comme une femme à qui on n'arrive pas à dire non. Même si on a envie de dire non. Je veux dire, vraiment envie de dire non... En plus à l'époque (1987) elle était toute jeune la Zone, toute pucelle, à défricher...

"Après, je vais trouver un job honnête et me faire un peu de blé, du commerce, un truc comme ça, peut-être qu'un jour j'aurai ma boutique" il disait. Sa "boutique". Un boutiquier, comme le gros Sidorovitch, ben voyons. Tu parles, un mois plus tard il me lâchait plus et torchait les contrats avec moi. En réalité, non, il torchait les contrats à ma place, mon p'tit gars. Même pas quinze piges et il sentait la Zone comme un vieux loup, il flairait tout : les rondes de l'armée, les raids de bandits à l'aube, il devait les entendre graisser leurs armes dans son sommeil, c'est pas possible autrement. Doué le gamin.

Le plus fort, c'était avec les anomalies. A l'époque, juste après la première Grande Catastrophe, les grosses têtes se baladaient avec du matériel expérimental, et les premiers Stalkers, les pionniers comme nous, se trimballaient des détecteurs de fortune, de la récup', des vraies saloperies qui crachotaient et bipaient toute la journée sans qu'on sache trop comment ça marchait.
Le petit, c'est dans sa caboche que ça devait crachoter et biper toute la journée, mais lui ça crachouillait précis et il entravait tout. Plus d'une fois il m'a retenu par le coin de la veste sans un mot, avec un petit hochement de la tête dans la direction que j'avais choisie. En balançant une poignée de terre droit devant moi je comprenais qu'une seconde plus tard j'aurais du me transformer en steak haché.

Vers la fin c'est lui qui ouvrait la marche, je sais j'aurais pas dû, c'était pas le rôle d'un gosse... J'avais l'impression de porter non seulement la bouffe et le matériel (et les flingues bien sûr) mais aussi le poids de ma propre dégueulasserie sur les épaules. De toute façon son vieux aurait fini par le tuer à force de taper dessus. Jamais pu le blairer le frangin, trop bourrin, trop con. Il avait un gosse merveilleux, un sacré p'tit gars qui m'a déniché un tas de trucs bons à la revente, et ce demeuré tapait dessus comme un sourd.

On a bien travaillé tous les deux, du temps où on était dans la Zone, à fouiller tout ce qu'il y avait à fouiller. C'était le début, pas ces conneries à base d'artefact. A l'époque ça existait pas, ou alors personne n'en avait encore trouvé. On cherchait du vrai, pas du rêve, on ramassait du concret : du matériel, des ordinateurs, des armes, de la bouffe, du métal, du fric. Ça avait pété sévère et tout le monde avait laissé un petit quelque chose derrière soit avant le boum. Pas du vol donc, fallait juste pas laisser perdre.

De temps en temps on croisait un habitant qui n'avait pas bougé, qui n'avait pas suivi la Grande Evacuation. Pas bégueule, la plupart du temps le vieux (c'était toujours des vieux) nous servait un coup de gnôle et un chocolat pour le petit et racontait ses vieilles histoires, des poèmes, des chansons parfois, des trucs tristes et beaux à la fois. Le gamin adorait ça et je crois que c'est les seuls moment où il perdait la notion des anomalies, les seules nuits où il dormait avec le vrai visage d'un môme.

Enfin bon, au bout d'un an à peine, quand il a commencé à pisser du sang à cause de la saloperie qu'il avait attrapée, j'ai arrêté les frais. Je me suis réveillé, j'ai foncé à l'hosto dans mon vieux pick-up. Je me souviens, tout le chemin j'ai pensé "faut que t'arrête d'être con, putain, c'est juste un gosse ! Faut que t'arrête d'être con avec ta Zone, c'est un gamin, bordel !" et je lui disait "accroche-toi petit, on va y arriver!".

La honte est restée perchée sur mon épaule, comme le perroquet braillard d'un pirate de bandes-dessinées. Tous les jours elle m'a gueulé dans l'oreille "Un an d'hosto ça use, ça use... Deux ans d'hosto ça use, ça use... Huit ans d'hosto ça use, ça use...". Alors je l'ai mise en veilleuse, j'ai noyé le perroquet dans la picole au 100 rad bar et j'ai foutu la paix au petit. On s'est plus jamais revu. Après, j'ai quitté la Zone en pensant aller crever plus loin, je voulais pas y rester là bas.

Jusqu'au jour où j'ai reçu ce coup de fil. Sa femme. Elle savait. Il allait faire une connerie, il croyait qu'il allait "régler ça" en allant au Monolithe. Elle n'a pas eu à me supplier : j'ai vidé les trois packs de canettes de vodka dans l'évier, j'ai mangé un vrai repas, j'ai dormi douze heures, me suis lavé, habillé avec du solide, loué une Lada avec le reste de mes allocations et mis mon vieux PMm dans la boîte à gant.

J'allais enfin avoir l'occasion de plumer et de rôtir ce putain de perroquet, avec moi, dans la Zone. Essayer d'arrêter mon p'tit gars avant qu'il fasse une grosse connerie...

... Le tirer par le coin du manteau, comme il me l'avait si souvent fait.

Pluton
15/12/2008, 12h59
PREMIÈRE PARTIE : LES ROOKIES.

http://tof.canardpc.com/preview2/e106576b-b406-4a8d-862f-e3a817762a1a.jpg (http://tof.canardpc.com/show/e106576b-b406-4a8d-862f-e3a817762a1a.html)


Lorsqu'il est descendu de sa voiture pourrie on a tous compris qu'il remettrait jamais les pieds dedans. On aurait dit un vieux chien moribond dérangé pendant sa sieste. Il s'est arrêté un instant au soleil, faisant grincer ses articulations fatiguées, et il a fait du regard le tour de l'horizon.
Personne n'a pipé mot, même ce crétin de Viktor. Sur le moment on n'a pas compris exactement quoi, mais quelque chose émanait de lui.
Il avait dans les 70 ans bien tassés, un visage miné par l'alcool, des rides tellement marquées que les rayons de lumière du matin laissaient des sillons d'ombre sur son visage. Toute blanche, la barbe broussailleuse et les cheveux étonnamment longs et nombreux, il détonnait en plein milieu du camps des rookies, il appartenait pas vraiment à la tranche d'âge, si vous voyez ce que j'veux dire...

Pour être ici, normalement, il y a deux prérequis : premièrement il faut avoir la Faim, le Chômage et la Misère derrière soi, toute la joyeuse bande qui vous mord le cul comme des Snorks affamés. Deuxièmement, il faut avoir devant soi l'espoir d'une vie meilleure, une sorte de paradis mérité par des années de purgatoire dans la Zone.

Le vieux ne semblait pas être poussé par les uns ni tiré par l'autre. On aurait dit qu'il avait toujours été là. Trop âgé, trop blanc, trop fatigué, sans matériel, avec une tenue qui datait de l'entre-deux-Incident, rapiécée. Un revenant. Pourtant, debout à côté de l'entrée du bunker du gros Sido, il semblait inébranlable dans l'air glacé du matin, les épaules bien droites, les yeux clairs, le flingue dans son holster.

Il a allumé une clope et j'ai vu ses doigts trembler lorsqu'il a battu le briquet, nous a fait un léger salut de la tête et s'est engouffré dans le bunker du marchand, comme s'il avait fait le chemin toute sa vie.

- Alors les gars, z'avez vu un fantôme ? On se pisse dessus à la vue du grand loup blanc ? Alexey ! Tu mises bordel ? C'est à toi de jouer !

- Ta gueule Viktor... je... j'ai déjà vu ce type quelque part.

- Bah, déjà, l'autre jour, avec le grand dadais qui a débarqué ici tu t'es aussi imaginé l'avoir déjà vu, t'es une vraie bonne femme Alexey, allez joue !

Viktor a beau faire le malin, on sait tous que l'arrivée des deux nouveaux, à quelques jours d'écart, n'est pas une simple coïncidence. D'ailleurs pour un nouveau, le « grand dadais » a fait forte impression, un vrai Stalker confirmé, qui s'est fumé la moitié du Cordon dès le début, militaires, mutants, bandits, sans distinction, faisant sauter le bouchon de l'armée au pont avant de disparaître au Nord en direction de la décharge. Si le vieux est là pour lui - et c'est le cas, j'en mettrai ma main dans un Whirligig – je donne pas chez de sa vieille carcasse. Ah, le voilà qui ressort...

Sacredieu, il me faut du matos. J'ai pas un sou en poche. Sont gentils les jeunots, mais ils savent plus s'équiper. De mon temps on n'avait pas tous ces trucs branchés sur la gueule, des bip-bip sophistiqués de partout, des masques à la con qui t'empêchent de bien voir autour de toi les saloperies qui peuvent te tomber dessus, tous ces machins qui émoussent les sens, qui te font oublier que t'es une bestiole parmi tant d'autres, et certainement pas au sommet de la chaîne alimentaire dans cette bon dieu de Zone.
Sidorovitch est une grosse ordure sur pattes mais il a bien voulu me donner deux-trois tuyeaux en souvenir du bon vieux temps. Vers le Nord qu'il a dit. Tu parles, je sais bien où il est parti le gamin, je le connais : en traviole pour éviter les bastos et les pièges, mais tout droit vers l'objectif. Le Nord, ah !
Il m'a filé une radio aussi, une de ces merdes en plastique Made in China, un joujou sur lequel les jeunots discutent toute la journée. Reste connecté il m'a dit, il se passe toujours des trucs intéressants. Bon, j'espère juste que ce Playskool va pas hurler de la musique boum-boum de jeune au mauvais moment, lorsqu'il s'agira de la jouer discret, sinon je fais demi tour, je retourne chez Sido et je lui enfonce dans le cul.

Bref, il me faut du matériel, a savoir un truc qui résiste plus ou moins aux balles. Paraît qu'après le deuxième Incident ça c'est bien repeuplé par ici. Il me faut une mitraillette aussi, parce qu'avec mon vieux Pmm et mon fidèle couteau je risque de pas aller loin.
J'ai trouvé une veste militaire sous le toit d'une maison abandonnée du village, quelques pansements et deux trousses à pharmacie qui trainaient dans une malle. Ces jeunes savent plus prendre soin de leurs affaires, à l'époque on se souvenait où on planquait notre bien, pas besoin de balises électroniques pour savoir qu'un type devait pas approcher notre coffre.
Eux laissent tout trainer : bouffe, médocs, picole, combinaisons. Jean-foutres. Par contre ils n'ont pas oublié l'essentiel : le flingue. Ça, ça ne traîne pas partout, et si j'ai pu vider leurs cachettes à leurs barbes, je n'ai rien trouvé pour me défendre. Les armes ici c'est pas que c'est sacré, c'est juste que si t'en as pas dans les pognes ou sur le dos, tu peux commencer à creuser ton trou et à préparer la croix pour faire joli dessus.

C'est parti, voilà la Zone.
Salut ma grande, je t'ai pas trop manqué toutes ces années passées à picoler en banlieue ? Tu vois je ne suis plus aussi fringant que lorsqu'on s'est connu, hein, répond vieille salope !

Elle a répondu on dirait, la radio crépite et un des rookies annonce en sanglotant qu'un chien vient de lui bouffer la jambe et que deux autres lui tournent autour. J'entends une décharge au nord-est du camp. Si ce garçon a un fusil de chasse, je veux bien lui sauver la mise en échange... allez, on se bouge !

Entropie
15/12/2008, 16h51
un régal à lire.


CPC devrait publier des nouvelles comme ca, à la façon des vieux magazines américains.

Poireau
15/12/2008, 16h54
J'adore ! Moins que du Lorie, mais quant même.

Aghora
15/12/2008, 17h05
J'attend avec impatience...les prochaines réponses suite à ce troll sublime :) !

Pluton
15/12/2008, 21h04
J'adore ! Moins que du Lorie, mais quant même.
^_^
J'adore ce Poireau, il a du style ! :)

Olipro
15/12/2008, 21h43
Je fais une traduction pour Poireau, à son niveau :


lol chuid dans la déch' jvé en ukrène.
Y a kdé bouzeu mdr faut que jleur pique tout leur flingue
loooooool chuid trop tuné now je go l'avanture mdr !

Sinon Pluton, excellent, comme d'hab. On sent que tu donnes d'emblée dans le style cette fois. Si ton récit ne fait que s'améliorer comme le précédent, ça va être grandiose.
J'ai hâte de lire tes fameux passages à la "mort de trouille la nuit recroquevillé derrière le canon de sa kalash"

theo_le_zombie
15/12/2008, 22h41
Mince , je suis pas du genre a lire les nombreuses histoires basés sur les JV en général.
Mais j'avais lu quelques ptites phrases en passant , et je me suis dit " tient , c'est plutot bien écrit "
Alors je me suis lancé en pensant que j'allais ptet arrêter au bout de 3 paragraphes.
Ben dis donc , j'ai tout englouti en 2 secondes et j'en redemande encore ! N'en veux , n'en veux !
Je savais que la Zone te passionnait Pluton , je me faisais meme du soucis , le post apo c'est bien , mais quand meme , c'est terne , tout ca , faut changer de temps en temps. (D'autant que j'aime pas trop me faire peur avec des jeux)
Mais tout compte fait tu devrais continuer ^^

Pluton
16/12/2008, 00h31
Alors je me suis lancé en pensant que j'allais ptet arrêter au bout de 3 paragraphes.
Ben dis donc , j'ai tout englouti en 2 secondes et j'en redemande encore ! N'en veux , n'en veux !

Merci :)
T'as lu aussi le premier récit ?

theo_le_zombie
16/12/2008, 02h12
Non , mais je me lancerais peut etre un jour au vu de la qualité du précédent.

Zap@n
17/12/2008, 02h10
Fantastique. Ton premier récit de la Zone m'avait laissé bouche bée devant mon écran. Le second s'annonce terrible!
Surtout que, fanboy de S.T.A.L.K.E.R. à mes heures perdues, je vois bien venir très vite des passages avec une tension monstre et une peur omniprésente. Faut dire que sans réticule, avec une interface épurée et en AKm/maitre, la fin s'annonce... à tomber! J'en prendrai pour 1$ :wub:

Pelomar
17/12/2008, 02h20
Encore, merdeux !

Pluton
17/12/2008, 02h24
La suite demain.

theo_le_zombie
17/12/2008, 02h48
Argh ! Je vais sur le forum de CPC , "le voeu du Stalker" , topic le plus récent , je me dis enfin la suite.

La suite demain.

Fichtre !

Pelomar
17/12/2008, 07h14
La suite demain.

Non, MAINTENANT :fou:

Pluton
18/12/2008, 02h35
DEUXIEME PARTIE : LES CROQUEMITAINES EXISTENT EN UKRAINE.

http://img.clubic.com/photo/00917062.jpg


J'arrive trop tard, le rookie gît au milieu d'une meute de chiens qui commencent déjà à se disputer son cadavre. Dans leur frénésie ils ne m'ont même pas remarqué, j'en profite pour aligner la tête de l'un d'entre eux dans le viseur de mon PMm, stabiliser au mieux mon bras.
Raté. Ma main tremble trop. Je suis rouillé. Je ne vais pas faire de vieux os ici, bouffé par l'arthrite. Bouffé par la vie, les regrets, les illusions foulées au pied.
Au moins, la détonation les a fait reculer, pas de temps à perdre je redresse à demi le pauvre gars en forçant sur mes reins fatigués. Il est mort. Putain, je me suis jamais senti aussi vieux qu'aujourd'hui, même au plus profond de ma lente déchéance. J'ai mal aux reins, j'ai les poignets qui jouent des castagnettes, le râtelier qui coince. L'alcool ne fait désormais plus écran à la réalité, et si je discerne plus précisément les choses, tout n'est pas rose. Tout n'est pas noir non plus, le mort a une poche bourrée de cartouches que je fais transiter immédiatement dans ma besace. Du 12. Les chiens reprennent vite leurs esprits et, menaçants, entament une danse circulaire dont je suis l'épicentre. Un tir au juger m'ouvre un passage, j'attrape le fusil à canon scié du mort et retourne vers la chaussée. Le pont de la voie de chemin de fer se trouve un peu plus loin, Paraîtrait que la dernière fois qu'un des hommes à Sido a vu le petit c'est lorsqu'il est passé dessous...

- Chef ! Chef ! Contact !
- Qu'est-ce que c'est Lavr ?
- Stalker... il avance vers nous !
- Vite ?
- Non, pas tellement, je crois qu'il est blessé... il semble avoir du mal à avancer ! Il s'arrête ! En plein milieu de la route, Chef, il s'est arrêté !
- File-moi ces jumelles !

Un as de la débrouille, le petit, donc. Avec deux paraboles à la place des esgourdes et un radar en guise de tarbouiffe. Moi c'est différent, faut que je pige bien d'abord, je sens pas les choses. Par exemple là, cette anomalie qui ondule devant moi est à... mmh, environ 3 centimètres de mon visage. Évidemment, pas un bip, rien, cette fichue radio ne sert qu'à la parlote. Encore un pas et...
La Zone a changé, assez pour que je puisse le sentir moi-même. Je ne bouge pas, il faut je je m'imprègne du bourdonnement sourd du vortex qui se trouve devant moi. L'air pulse comme le cœur du vieillard de l'oeil révélateur d'Edgar Poe, emplissant mon crâne de vibrations presque douloureuses.
Je dois l'écouter, cette fleur de l'air, pareille à un feu de cheminée : calme, apaisante et aux circonvolutions hypnotisantes à quelques mètres, mortelle une fois à l'intérieur. Je dois réapprendre, comme un aveugle qui recouvre la vue. Pour me souvenir. Éviter de commettre l'erreur – ici il ne peut y en avoir qu'une. Invisibles avant de courir à l'intérieur, inaudibles à moins de cinquante centimètres, ces boursouflures de l'espace se sont multipliées après le second Incident. Pire encore, elles apparaissent n'importe où et changent continuellement de place.

Mais qu'est-ce qu'il fout ? Il va rester planté là combien de temps ? Je tire en l'air ? J'envoie Lavr en reco ? Je gueule ? Pourquoi il reste au milieu de la route ? Il va se faire tirer comme un lapin par le premier bandit venu. Il est bizarre ce type. Le sens pas. Arrive pas à voir sous son capuchon, lève la tête ducon. Allez. Merde ! Si je sais pas quoi faire les autres vont me regarder d'un drôle d'œil. C'est moi le chef ici, faut que je trouve l'ordre adequat. Les huiles nous ont dit «*la Zone c'est différent, faut s'adapter constamment et prendre les bonnes initiatives*». Ouais. Putain j'aimerai les y voir ici, à crever de trucs qui ne sont que de l'air. Avant-hier, quand on a repris le pont après que les collègues se soient fait descendre par un tordu, Straton a tout simplement explosé. Comme ça, d' un coup. Il marchait avec son flingos sur l'épaule en mâchonnant un de ses eternels cure-dent, la seconde après on a entendu sluuuuuuurp et on a tous reçu des morceaux de lui sur les uniformes.
Bon, l'ordre mature et futé du jour, faut bien s'y coller :

- Laissez tomber, reprenez vos postes, ce doit être un Stalker qui a forcé sur la picole, c'est pas comme si c'est la première fois qu'on voyait un type tituber du côté de la ferme.

J'ai repris la route, je vais passer du côté du tunnel habituel qui mène de l'autre côté du pont. Là où ça envoie du volt. On va bien voir si c'est toujours le même rythme ou si ça aussi a changé. Non. L'éclairage laisse toujours autant à désirer mais le passage reste sûr, à condition de bien respecter le tempo. Par contre, à la sortie, une petite bande de rats mutants surexcités m'attend. Avec mon pistolet, pas évident de toucher, ces saloperies sont trop rapides, en plus ça alerterait les bidasses juste à côté. Coups de tatane, j'ai jamais pu blairer les rongeurs : ça bouffe les bonnes choses dans les celliers. Mon pied glisse un peu dans les viscères du dernier et je ressent un élancement du côté du genou. Je ne sais pas comment j'ai pu espérer un instant rattraper le p'tit gars avec ma carrosserie usée jusqu'à la corde.
La journée est déjà bien avancée, je vais m'arrêter dans cette grange plus loin, sous les combles pour être peinard, et dérouler mon duvet.

La Zone se prépare pour sa pièce nocturne. Elle arrange ses artifices, rafraichi son maquillage, dilue un peu de rouge dans son ciel, allonge ses ombres, coiffe ses herbes folles d'un souffle léger portant une subtile odeur de pins orientaux. Bonne ouvreuse, elle vérifie que chacun est à sa place pour jouir du spectacle qu'elle va faire jouer dans quelques instants : les factions militaires se retranchent derrière leurs sacs de sable, les bandits s'agglutinent autour de braseros et les Stalkers se terrent dans des recoins qu'ils espèrent connus d'eux seuls. Entre en scène, sous la stridulation des insectes nocturnes, la grande troupe des Monstres de la nuit, des cauchemars aux yeux luminescents qui irradient dans l'obscurité, versant le sang et la peur parmi les hommes. Les croquemitaines existent en Ukraine. Ils sortent des placards, souterrains, trous, galeries, égouts, flaques, buissons, bois perdus, antres, marais et laboratoires putrescents, ils sortent de sous les lits pour dévorer les enfants au visage déformé, figé par la peur et la douleur. Les créatures des savants ont brisé leurs cuves. La bulle de la théorie et de l'expérience s'est crevée, faisant entrer la chimère dans le monde des adultes. Elle a la couleur de la rouille et le goût du sang. Elle saute une fois dans le rond de la lampe-torche et son rebond l'envoie fourailler dans les entrailles palpitantes de sa victime.
La nuit, toutes les pensées des hommes de la Zone convergent vers le petit matin, vers ce pâle rayon de lumière qui annonce le crépuscule et le retour à un ordre civilisé. La civilisation faite d'armes, d'exécutions, de territoires, de commerce des trophées arrachés aux cauchemars de la longue veille. En attendant, l'obscurité règne en maîtresse totale sur la Zone, seules les gouttes de pluie apportent ça et là un éclat argenté, reflet d'une lampe ou d'un feu lointain.

Putain, ça tombe fort, plus moyen de dormir. Ça charcle sévère sur le toit, et la soupente est faite de trous qui laissent passer la flotte.
Il est... merde, 3H40... encore deux bonnes avant le coq. Je vais profiter de l'ombre pour essayer de passer les bandits qui gardent l'accès à la décharge. Refaire mon sac sous la flotte glacée est un calvaire, avec cette saloperie d'arthrite qui me bouffe les doigts. J'ai envie d'un verre. J'ai envie d'un bon Coltrane, avec un verre. Ici, seulement le fracas des gouttes, le bruit du vent et de mon barda qui se balance au rythme de mes pas hésitants. Et de l'eau douce.
Je ne vois même pas mes pieds, avec un peu de chance je vais passer juste devant ces jeunes couillons sans qu'ils m'aperçoivent.
Un éclair déchire le ciel et quelques secondes plus tard le grondement du tonnerre ébranle le sol.

Non. Merde. C'est autre chose qui a fait vibrer la terre. Le tonnerre je l'ai entendu juste après. Un truc a bougé. Un gros. Merde, je ne vois rien, il fait trop noir.

...

Un autre éclair. Flash. Je vois deux bandits l'arme à l'épaule, à une douzaine de mètres, tournés dans une direction que...

Noir.

Ils ne m'ont pas vu. Je crois...
Tonnerre.
Qu'est-ce qu'ils ont vu ?! Merde ! L'un crie un mot que je ne comprends pas. J'ai de l'eau jusque dans les oreilles. Je secoue la tête. Le même grondement sourd et la même onde que tout à l'heure. Cette fois-ci il n'y a pas eu d'éclair.
Un cri guttural, étouffé, échappé d'une gorge inhumaine. Les bandits ouvrent le feu. Armes automatiques. Pas sur moi, je ne suis pas touché. Une ombre grotesque, énorme, massive, gigantesque, passe devant eux. Ses contours disproportionnés se découpent sur les flammes qui jaillissent des armes.

Un pseudo-géant.

Absolument terrifiante de puissance brute, la créature lève un pied d'éléphant qu'elle abat sur le sol de toute sa force, l'un des deux bandits titube et s'étale de tout son long alors que le monstre abaisse son pied pour la deuxième fois, broyant la moitié du pauvre type qui ne fait plus entendre qu'un faible hululement. Tout ce temps l'autre n'a cessé de tirer, et la bête fini par s'effondrer, secouée de spasme agitant ses membres supérieurs atrophiés de la manière la plus répugnante qu'il soit.
Je charge mon fusil à canon scié de deux cartouches de 12.

Hébété, le survivant me regarde apparaître dans le rayon de sa torche avec des yeux emplis d'une stupeur sans fond et articule péniblement quelques mots :
- Il a surgit... vous avez vu ? Ils ne viennent pas ici normalement. Plus au nord, beaucoup plus au nord. Vous l'avez vu ? Je...
- Ouais.

La cartouche arrache la moitié supérieure de sa tête.

Pluton
18/12/2008, 02h55
Concernant ma partie, je vous ai épargné les quelques quêtes pour Sido, pour récupérer du fric et une mitraillette, mais le coup du Pseudo-Géant qui déboule en pleine nuit noire sous un déluge d'éclairs, en plein camp bandit à la fin du cordon n'est pas inventé.
Ce début de partie n'a presque aucun rapport avec ma première partie sous le pack de mods, c'est hallucinant. Par exemple j'ai pas eu l'hélicoptère qui faisait péter les vitres de la cabane dans laquelle je m'étais réfugié, je crois que c'est parce que j'ai foutu la paix aux soldats du pont.

Bonne lecture et bonne nuit.:zzz:

theo_le_zombie
18/12/2008, 02h58
Un régal.
Merci beaucoup ^^

Par contre , si j'ai bien compris , tu as vécu pour de vrai ces histoires dans le jeu , tu te contente de les retranscrire de façon romanesque ( c'est déja super )
Alors pourquoi ne pas avoir buté les chiens ? Dans Stalker , si tu butes pas une bestiole , elle revient assez rapidement sur toi , a moins que tu te sois vraiment éloigné. Je n'ai pas sentit ça dans ton récit au premier passage , j'ai cru que les chiens allaient te sauter dessus quand tu regardais l'anomalie. Mais rassures toi , j'ai bien compris , et a part ce petit défaut , le reste est toujours aussi grandiose
Je met les spoilers pour les feignasses qui passent tout d'un coup et qui attendent les critiques potentielles ^^.

Sk-flown
18/12/2008, 03h13
Pff le pauvre bandit, enfait le vrai monstre de la zone c'est peut être toi.

<_<

theo_le_zombie
18/12/2008, 03h21
C'était lui ou eux.
Il a choisit.
En plus moi je pense qu'il a été gentil , il aurait pu le laisser la , a attendre la mort , a 4h du mat , sous l'orage , avec toutes les bestioles qui rodent dans le coin ...

znokiss
18/12/2008, 05h56
Purée, en plus d'être captivant et intéressant, ton récit est super bien écrit, Pluton. Encore, encore !

Pluton
18/12/2008, 10h57
Alors pourquoi ne pas avoir buté les chiens ? Dans Stalker , si tu butes pas une bestiole , elle revient assez rapidement sur toi , a moins que tu te sois vraiment éloigné. Je n'ai pas sentit ça dans ton récit au premier passage , j'ai cru que les chiens allaient te sauter dessus quand tu regardais l'anomalie. Mais rassures toi , j'ai bien compris , et a part ce petit défaut , le reste est toujours aussi grandiose

Alors dans mon premier récit je racontais au plus proche de ce qui se déroulait dans ma partie, mais là je m'éloigne carrément. En réalité j'ai pas détroussé le corps du type car une bande de sangliers est venu s'en mêler, alors avec mon pauvre couteau et mon flingue de base...
Par contre je me suis fait les bandits de la ferme. D'ailleurs ça s'est pas du tout passé comme d'habitude, ce combat a fini à l'extérieur, près de l'arrêt de bus, avec les Tushkano. C'est là que j'ai récupéré le fusil.

Le coup des anomalies aussi est vrai : un moment je me suis arrêté au dernier moment parce que j'ai entendu le léger grondement (merci mon casque), dans AMK elles sont disposées aléatoirement, complètement invisibles et immédiatement létales. je n'ai pas encore de détecteur. Je me taille l'intégralité du chemin au boulon pour être sûr de ne pas crever.

Ensuite j'ai effectivement dormis dans la soupente, mais seulement 5 heures, c'est le maximum pour chaque tranche de sommeil, et j'ai du continuer en pleine nuit (noire) car le jeu t'empêche de dormir si le perso n'est pas fatigué.


Pff le pauvre bandit, enfait le vrai monstre de la zone c'est peut être toi.

<_<


Quand on tire on raconte pas sa vie, on tire.
En tout cas je remercie le pseudo-géant d'avoir fait la moitié du boulot.

znokiss
18/12/2008, 19h13
J'adore ! Moins que du Lorie, mais quant même.
Tiens, c'est pas ce qu'il disait hier dans ce même post ! Bravo pour la retouche, qui a aussi atteint son sous-titre.

El lobo Tommy
18/12/2008, 20h42
Il y a pas à dire c'est vachement bon. Bravo Pluton.

Juste une petite remarque :


La nuit, toutes les pensées des hommes de la Zone convergent vers le petit matin, vers ce pâle rayon de lumière qui annonce le crépuscule et le retour à un ordre civilisé

C'est pas plutôt l'aube ? Ou alors j'ai rien compris à la phrase...

Pluton
18/12/2008, 20h56
Il y a pas à dire c'est vachement bon. Bravo Pluton.

Juste une petite remarque :



C'est pas plutôt l'aube ? Ou alors j'ai rien compris à la phrase...
Le crépuscule c'est quand le soleil n'est pas encore levé ou couché mais que sa lumière se voit. C'est valable pour le soir et le matin.;)

L'Inkagoulé
18/12/2008, 22h22
Poétique et passionnant à lire. Ce que je trouve incroyable, c'est que tu donnes une âme aux personnages qui ne sont qu'un amas de polygones pour l'instant.

Reste en vie, c'est du tout bon.

El lobo Tommy
18/12/2008, 23h18
Le crépuscule c'est quand le soleil n'est pas encore levé ou couché mais que sa lumière se voit. C'est valable pour le soir et le matin.;)
:o. J'ai toujours associé le crépuscule au soir ! Je viens d'apprendre un truc. Merci Pluton !


Il faut dire aussi que crépuscule a souvent une connotation négative et tend vers la fin. Au contraire de l'aube (enfin si l'on considère l'aube comme étant le moment de la journée juste avant le lever du soleil et pas un vêtement de prêtre) qui est plutôt synonyme d'espoir.

En fait, vu sous l'angle de la Zone et de ton texte, le mot est particulièrement bien choisi. De l'espoir sans garanti, un espoir peut être vain en somme.

Rah il est fort ce Pluton !

znokiss
21/12/2008, 09h56
edit : euh, j'avais mal lu, et je vais me coucher.

theo_le_zombie
08/01/2009, 14h26
Ben alors ?!
Obligé de ressusciter le topic pour continuer les aventures du vieux Stalker , quelle infamie !

Pluton
08/01/2009, 14h31
Bin j'ai pas repris ma partie depuis...
Trop de jeux et pas assez de temps.:|

theo_le_zombie
08/01/2009, 14h46
Bon ok , j'attendrai dans ce cas .
C'était juste pour savoir si tu avais zappé ou pas .

Mad-T
17/02/2009, 16h25
Bin j'ai pas repris ma partie depuis...
Trop de jeux et pas assez de temps.:|

Yop !

Pluton, tu as posté dans le topic supcom, c'était à tes risques et périls ... B)

Du coup j'ai repensé à ce topic que j'ai longtemps lurké, et je me sens forcé de jouer au réanimateur...

Un,

Deux,


Trois dégagez



zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzCLACzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz



bip ?

theo_le_zombie
17/02/2009, 16h40
+AVP 2
Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
:|

Pluton
17/02/2009, 19h04
:happy2:
Un jour, je reprendrai la partie.

znokiss
17/02/2009, 19h20
Je suis en plein dedans, et j'adore toujours autant.
Un peu de lèche : "merci Pluton".

Mad-T
18/02/2009, 13h53
:happy2:
Un jour, je reprendrai la partie.

Un jour, un jour, euhhhh....

Et en attendant, tu crois vraiment qu'on va laisser ce topic repasser dans les limbes des pages 2,3,4 etc ?

Nope, il restera en page UNE, afin de rappeler à tous que commencer un récit de qualité, c'est BIEN, mais que le finaliser, c'est nécessaire :)

++

Sp1d3r
18/02/2009, 18h13
Un jour, un jour, euhhhh....

Et en attendant, tu crois vraiment qu'on va laisser ce topic repasser dans les limbes des pages 2,3,4 etc ?

Nope, il restera en page UNE, afin de rappeler à tous que commencer un récit de qualité, c'est BIEN, mais que le finaliser, c'est nécessaire :)

++

Pluton, tu peux toujours mourir bêtement dans une anomalie, ça mettrait un point final au récit :ninja:

Pluton
18/02/2009, 19h01
Pluton, tu peux toujours mourir bêtement dans une anomalie, ça mettrait un point final au récit :ninja:
Tsss...

Mad-T
20/02/2009, 10h22
Tsss...

Et voila ce qui arrive quand on passe (perd? :|) des soirées à essayer de patcher supcom vanilla !

On ne continue pas son thread ! :)

Pluton
08/03/2009, 10h50
Genèse 1

1.1 Au commencement, les hommes créèrent la Zone.

1.2 La Zone était informe et vide, ténèbres et bourdonnement d'atomes, feulements de radiations. Et l'esprit de la Zone se mouvait dans une cuve.

1.3 La Zone dit : Que la Zone soit ! Et la lumière fut aveuglante, destructrice et fondatrice.

1.4 La Zone vit que la lumière était neutre; et la Zone sépara la clarté et l'ombre, pour un temps.

1.5 La Zone fit de la lumière une source d'espoir et de pièges invisibles, et fit de l'ombre le domaine de la peur et du salut. Et la nuit et le jour se confondirent, et ce fut le premier orage.

1.6 La Zone dit: Que la Zone soit juste et qu'elle s'étende sans fin de toutes parts.

1.7 La Zone était juste et décida que le ciel et la terre seraient tous deux chargés de foudre. Et cela ne fut plus jamais comme avant.

1.8 La Zone savait que l'étendue se nommait ciel et y déchaîna sa juste et neutre fureur. Ce fut le second orage.

1.9 La Zone dit: que la matière se meuve par le temps et l'espace et que la terre se gonfle d'eau et que le ciment se gorge de sang. Et cela ne fut plus jamais comme avant.

1.10 La Zone détruisit beaucoup de matière et fît couler le néant. La Zone vit que cela était juste.

1.11 Puis la Zone dit : Que la terre produise des plantes vigoureuses et chargées de maladies, des arbres ne donnant rien d'autre que leurs ombres décharnées. Et cela ne fut plus jamais comme avant.

1.12 La terre produisit des plantes vigoureuses et chargées de maladies, et les arbre ne donnèrent plus autre chose que leurs ombres décharnées. La Zone vit que cela était juste.

1.13 Et l'ombre et la lumière se confondirent : ce fut le troisième orage.

1.14 La Zone dit : que les étoiles et les feux célestes se mélangent et qu'ils ne signalent ni jour ni nuit ni époques ni jours ni années, et que règnent le hasard et la confusion,

1.15 et que la terre soit plongée dans l'obscurité et que l'ombre soit déchirée par le feu.

1.16 La Zone brassa le ciel et le chargea d'électricité et rien ne présida plus ni au jour ni à la nuit, et les étoiles brillèrent d'une sombre lueur.

1.17 La Zone fit leur lumière plus froide encore, pour baigner la terre d'une atmosphère glaciale,

1.18 pour entretenir la confusion et le chaos. La Zone vit que cela était juste.

1.19 Ainsi l'ombre et la lumière se confondirent : ce fut le quatrième orage.

1.20 La Zone dit : que les eaux soient chargées de radioactivité et stériles, et que les charognards tournent dans le ciel et s'abattent sur la terre.

1.21 La Zone fit périr tout ce qui n'était pas charognard et seuls les corbeaux et les vautours subsistèrent. La Zone vit que cela était juste.

1.22 La Zone leur souffla sous les ailes: Débarrassez la Zone de la chair morte et immobile, et gardez la Zone neutre et juste.

1.23 Et l'ombre et la lumière se confondirent : ce fut le cinquième orage.

1.24 La Zone dit: que tout ce qui vit sur la terre se torde et se transforme et que les silhouettes soient définies par le chaos. Et cela ne fut plus jamais comme avant.

1.25 La Zone ne nomma rien car on ne peut nommer ce qui change.

1.26 Puis la Zone dit: Faisons le Stalker à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il soit neutre et juste, et qu'il ne domine rien de ce qui vit sur la terre ni de ce qui vit dans le ciel, ni de ce qui est mort ou vivant et qu'il meurt et vive et tue comme l'animal qu'il a oublié être.

1.27 La Zone créa le Stalker à son image, elle le créa à l'image de la Zone, elle ne créa pas la Stalker car la femme n'est pas neutre et n'est pas juste, et pour enfanter de la chair nouvelle et changeante elle doit rester hors de la Zone.

1.28 La Zone souffla dans les poumons des Stalkers : Soyez cruels, soyez avides, soyez vivants et soyez morts, ne soyez les sujets de rien et n'assujettissez rien de ce qui est la Zone, soyez artistes et soyez laids, riez et perdez vos larmes, tuez et perdez votre sang car la vie de l'homme c'est du sang, des rires et des larmes.

1.29 Et la Zone dit: je ne vous donne rien sinon la Zone, et prenez ce qui vous pourrez avant d'être pris par la Zone.

1.30 Et à tout animal de la Zone, à tout oiseau du ciel, et à tout ce qui se meut dans la Zone ayant en soi un souffle de vie, je donne les radiations, les mutations et les anomalies. Et cela ne fut plus jamais comme avant.

1.31 La Zone vit la Zone et cela était neutre et juste. Ainsi l'ombre et la lumière se confondirent : ce fut le sixième orage.


Voilà, je reprends ma partie et mon récit aujourd'hui.

theo_le_zombie
08/03/2009, 10h57
Amen ! :cigare:

Pluton
08/03/2009, 12h18
Mon dieu que c'est hardcore. Quand je me prends une balle je suis immédiatement en état critique (saignement au moins "dans le jaune"), vie qui descend à un centimètre de la barre. En fait je crois que si je prends deux pruneaux d'affilée de 5.56mm je suis mort. :mellow:
Et ces anomalies. Tout le chemin au boulon, et encore, il m'arrive régulièrement de m'arrêter à un poil de cul de ces saloperies invisibles.

theo_le_zombie
08/03/2009, 13h16
Ben ouais , c'est dur...
Allez bosse ! J'attends moi ! :p

znokiss
09/03/2009, 00h24
Mon dieu que c'est hardcore.
Tu joue en quoi, avec quels patchs et quel niveau de difficulté, histoire qu'on situe ?
Parce que moi j'en chie un peu avec ton pack et le niveau Stalker.. alors bon.

En tout cas, ta genese claque :


Genèse 1

1.28 La Zone souffla dans les poumons des Stalkers : Soyez cruels, soyez avides, soyez vivants et soyez morts, ne soyez les sujets de rien et n'assujettissez rien de ce qui est la Zone, soyez artistes et soyez laids, riez et perdez vos larmes, tuez et perdez votre sang car la vie de l'homme c'est du sang, des rires et des larmes.


:wub::wub::wub:

kirriock
09/03/2009, 02h42
je me refais Stalker en hardcore, cette fois-ci avec mon Pack de mods (http://la-zone-a-pluton.blogspot.com/2008/05/ze-plutons-pack-amkiwers-un-life-mod.html)(AMK modifié et IA débridée), toujours en maître, toujours sans réticule de visée, et pour le coup sans interface, juste la barre de vie/endurance et radiation : pas d'affichage des munitions dans le chargeur, pas de minimap, rien

J'aime beaucoup la Génèse 1.27. Belle explication du pourquoi y'a pas de gonzesse dans la Zone.

theo_le_zombie
09/03/2009, 10h16
J'aime beaucoup la Génèse 1.27. Belle explication du pourquoi y'a pas de gonzesse dans la Zone.
Un peu machiste cela dit :p
En gros , les femmes ca fait des gosses , et ca la ferme !

kirriock
09/03/2009, 13h22
oui oui, c'est surtout le "elle ne créa pas la Stalker car la femme n'est pas neutre et n'est pas juste"... Tellement vrai...:ninja:

Pas la peine je suis déjà sorti.

theo_le_zombie
09/03/2009, 14h18
oui oui, c'est surtout le "elle ne créa pas la Stalker car la femme n'est pas neutre et n'est pas juste"... Tellement vrai...:ninja:

Pas la peine je suis déjà sorti.
Tu peux rester , je crois que ce topic obéis au mêmes règles que le zone ^^

Pluton
09/03/2009, 20h31
Ce n'est pas machiste, c'est en référence au film et à mon premier récit, dans lequel la femme reste à l'extérieur et enfante des monstres à partir de la semence dégénérée du type qui traîne trop dans la Zone.

D'autre part, quand la femme n'est "ni neutre ni juste", c'est à comparer avec la "neutralité" de la Zone et à sa "justesse", essentiellement le fait qu'elle soit impitoyable, régie par le chaos et où aucun être n'est au sommet ou au pied de la chaîne alimentaire. D'un point de vue humaniste, c'est donc un compliment que je fais ici à la gente féminine :ninja:

Enfin, dans mon imagination - me demandez pas pourquoi ni si c'est dû à la vodka ou aux radiations - la Zone a des effets néfastes sur les parties génitales des animaux et des êtres humains, ce qui expose l'homme à engendrer des mutants et la femme à devenir carrément stérile.

Voilà voilà... :tired:

znokiss
09/03/2009, 23h52
Rhaaa oui. La dernière scène finale des 5 dernières minutes du film. Athologique !

Pluton
11/03/2009, 20h37
"Alors on fait moins le malin maintenant ? Arrête de geindre tu perds ton souffle..."
Le soldat du devoir se penche vers le pauvre bandit qui gémit de douleur en se tenant le ventre à deux mains. Le soleil n'en fini pas de se lever sur la vallée obscure, et pourtant aucun chant d'oiseau ne vient peupler le ciel rougeoyant.
L'homme commence à faire les poches du bandit, fouillant méthodiquement et mettant de côté, sur l'herbe maladive, les affaires du vaincu :
Un paquet de cigarettes, un morceau de résine de cannabis à moitié carbonisé, un briquet, un paquet de cartes jaunies, un couteau suisse, la photo froissée d'une très jeune femme...
"Mmmh, laisse-moi ça...merde !
Ta gueule."

La fouille continue et le soldat passe aux poches intérieures de la veste :
Un portefeuille contenant un permis de conduire, une liasse de billets, un petit porte-clef en forme de neud de pendu...

Absorbé dans le compte des billets pris dans le portefeuille, le soldat n'a pas entendu approcher le vieil homme qui se tient, au moment où il le remarque, à quelques mètres de lui. Surpris, il se redresse, utilisant comme appui le canon de son arme, qu'il pointe ensuite vers l'intrus.
Le vieux semble avoir passé une nuit chez les morts et, quelque part, il y a quelque chose qui fiche la trouille chez lui. Il vient de la décharge.

"Hola, vieux débris, qu'est-ce qu'un type dans ton genre vient faire dans ce trou perdu ? On t'as laissé sortir de l'hospice et tu t'es trompé de chemin ?"

Le vieil homme tire une cigarette de sa poche, et d'une main mal assurée, l'allume avec un briquet, s'y reprenant à quatre fois avant que le bout de la cigarette rougeoie enfin.
Je viens voir ton joli fusil, mon mignon, celui-là même que tu m'agites sous le nez comme une pucelle agite son cul devant les mecs taillés comme toi et, tout particulièrement, je viens voir la lunette qui est fixée dessus.

Gêné devant le silence du vieux, le soldat hésite et baisse lentement son fusil avant de regarder par dessus l'épaule de celui-ci. Un vieux réflexe quand on traite avec les bandits, d'observer les alentours d'un type apparemment seul.
Putain, c'est quoi ce vioque, qu'est-ce qu'il veut exactement, il en a marre de la vie ou quoi ? On dirait un clochard, il a une sale gueule, ça me foutrait presque les jetons. Ouais, en fait il me fout les jetons. Et l'autre con qui se tortillait à mes pieds a arrêté de bouger...

«Oui, je me suis trompé de chemin on dirait, et comme j'ai entendu des voix par ici, je suis venu voir si vous pouviez m'indiquer la route du 100 Rads Bar, jeune homme.»

Le soldat lui retourne un regard noir. C'est évident, le vieux se fout de sa gueule. Mais il est seul. L'espace derrière-lui est dégagé et quelques anomalies dansent parmi les herbes du chemin menant à la décharge. Rien de bien dangereux : Son tromblon pourrait être dangereux, mais tant que le débris se tient à cette distance il n'a aucune chance. Aucune autre arme dans ses poches : sa veste est informe et aucun objet ne tend le tissu. Peut-être qu'il espère une partie du fric, le paquet de clopes...

Retourne-toi, connard.

... ou bien un coup de gnôle, il a l'air plutôt porté sur la boisson. Ouais, c'est ça, il a une tête d'alcolo. Rien qu'à voir la manière dont il a allumé son mégot. L'est au bout du rouleau. Bientôt il sera comme ce bandit que je viens de refroidir.

«Le 100 Rads Bar, vous êtes sur le mauvais chemin grand-père. Fallait pas prendre à droite après la vieille gare, mais continuer tout droit vers le Nord. On a un checkpoint là bas, et ça m'étonnerait qu'on vous laisse passer comme ça, faudra montrer patte blanche.»

Voilà, on va faire dans le civilisé, j'aimerai bien qu'il lâche un mot ou deux au lieu de tirer en silence sur sa sèche et de regarder dans le vide comme ça derrière-moi.

Derrière-lui, justement, un jappement de chien retenti, suivit d'un coup de feu. Surveillant le vieil homme du coin de l'œil, le soldat du Devoir pivote sur les talons, mais une butte de terre masque la scène de l'affrontement.

Ouais, c'est-ça, retourne-toi, connard.

S'assurant que le vieux n'a pas bougé et continue de fumer tranquillement, le soldat s'éloigne et commence à gravir la butte, en jetant régulièrement un regard derrière lui, prêt à faire feu au moindre mouvement suspect. Une fois à mi-hauteur, il se trouve déjà à 15 mètres du vieil homme et le fusil ne ferait que lui érafler la combinaison militaire, à condition que le vieux arrive à ajuster son tir à cette distance avec sa tremblotte.

Le regard du jeune homme est presque au niveau du sommet et il concentre son attention sur la meute de chiens qui s'attaque au camps des bandits installé dans l'ancienne usine. On l'a envoyé en reconnaissance à partir du Checkpoint pour évaluer les forces en présence et préparer l'assaut de l'usine. L'attaque des chiens est une trop belle occasion de compter les truands et de jauger leur puissance de feu d'une bonne distance. Il sort ses jumelles...

Une rafale longue l'aplatit face contre le monticule, déchire sa combinaison, plusieurs balles pénètrent le blindage, mordent les tissus, s'engouffrent et fouissent dans la chair, touchent les fragiles organes et font exploser une artère.

Le vieil homme agenouillé près du cadavre du bandit repose la mitraillette qu'il vient de lui emprunter, se lève en grimaçant à cause de ses genoux rouillés, monte en soufflant bruyamment la butte de terre, s'empare du fusil à lunette auquel il jette un œil avant de redescendre lentement, tandis que la bataille fait rage au loin, repart d'où il était venu, vers la décharge, récupérant au passage le sac contenant ses affaires et son pistolet.

Finalement, j'aurais été bien moins crédible ici sans le vieux canon scié.

Pluton
05/04/2009, 15h51
J'ai une lunette. Direction Agroprom, les gars du devoir sont pas prêts de me laisser passer si je ramène pas un cadeau à leur chef... et je sais que les bidasses du complexe sont du genre à laisser traîner leurs affaires. Tous des trous du cul ces morveux d'aujourd'hui, même les militaires. Ça a commencé avec l'Irak, des merdeux qui chialaient pour trois grains de sable dans la raie et pas de douche quotidienne.

Sacredieu, aujourd'hui je vais leur en donner des bonnes raisons de pleurnicher...


Les bandits tournaient comme des abeilles tenant de faire leur nid autour de la vieille station de chemin de fer éventrée de la décharge. Excités comme des insectes au soleil ils tentaient de prendre d'assaut le bâtiment dans lequel deux stalkers s'étaient retranchés, mais peine perdue. De guerre lasse, ils donnaient des coups de pied dans les détritus qui jonchaient l'extérieur de la cour du hangar, tiraient en l'air de dépit, cassaient les dernières vitres du train encore en un seul morceau et s'insultaient copieusement.

"Vlad, t'es vraiment le roi des cons, arrête de gaspiller tes munitions, sinon tu vas faire quoi hein ? Aller en mendier aux cerbères du Devoir ? Faudrait les approcher cul nu pour qu'ils te laissent leur parler avant de t'exploser la tronche !
Hé, c'est qui celui-là ?!"

Le vieux avançait droit vers eux dans la poussière portée par l'air du matin. Il n'avait pas d'arme à la main mais de son sac à dos dépassait le canon d'un AN-94 Abakan.

"Dis-donc connard, un pas de plus et t'es refroidi."

Une flamme jailli de ses doigts noueux et une bouffée de fumée s'échappa de la capuche que l'inconnu rejeta sur ses épaules, découvrant un crâne presque chauve et quelques touffes de cheveux blancs. Son visage était celui d'un vieillard, celui d'un alcoolique aux chairs fatiguées. Seuls ses yeux froids et durs trahissaient la force passée et la détermination nouvelle.

Peu à peu le calme se fit près de l'enceinte de la gare et, menaçantes, les petites abeilles tapageuses se rassemblèrent autour du vieil homme qui ne disait rien et fumait tranquillement. Il coinça sa cigarette au coin des lèvres et retira son barda, qu'il jeta négligemment à quelques pas de lui.

Les armes se dressèrent toute dans sa direction, mais il prit appui sur une main et s'assit en tailleur à même le sol. Il leva la tête vers les dix garçons qui l'entouraient et leur fit signe de s'approcher avec trois doigts.
Les bandits s'interrogèrent du regard, interloqués.
"T'es barge ou quoi le vieux, t'as perdu les pé...
- Shhhhht !"

Flottant encore dans l'azur, clignant face au soleil une fraction de seconde auparavant, les yeux du vieux s'étaient fixés sur ceux du gamin instantanément, comme deux oiseaux de proie tombant des cieux sur un gibier.

Le vieux s'éclaircit la voix et cracha un glaviot à quelques centimètre des botes de la grande gueule.

"Faites silence et écoutez de toutes vos oreilles les gamins, je vais vous raconter une belle histoire. C'était il y a quelque temps dans la Zone, un type qui se baladait tout seul et sur la route duquel il valait mieux pas se trouver. Le tatoué on l'appelait, rapport à son avant-bras marqué. C'était un sacré gaillard, mais la Zone a quand même fini par le baiser. Il n'est pas mort, non. Trop fort, trop rapide, trop adapté. Mais la Zone vous baise tous un jour ou l'autre. Lui il a fait un gosse dégénéré à sa femme. Une gamine mignonne, vous voyez, la petite, mais pas du genre princesse. Du genre pas toute seule dans sa tête, du genre à hurler toute les nuits, pendant toute la nuit dans son sommeil. Du genre à planquer des écureuils morts sous son matelas en pleurant de les avoir étranglés. Du genre à déplacer son bol de chocolat sur la table sans bouger les mains. Vous voyez le tableau, plutôt perturbée la descendance."
Le vieux écrasa son mégot devant lui et regarda chaque bandit dans les yeux.

"Alors il a décidé de revenir ici pour baiser la Zone. Il a décidé de repartir vers le Nord, vers le Monolithe.
Mais il va faire une énorme connerie. Et vous allez payer le prix fort s'il y parvient. Je suis là pour l'arrêter, et je suis le seul capable de le faire. Je suis vieux et fatigué, mais je le connais mieux que quiconque.

- Quelle connerie ? Qu'est-ce que tu racontes le vieux, tu débloques ou quoi ?!

Le Monolithe existe. Et chaque fois qu'un type se présente pour lui demander quelque chose, il l'exauce... à sa manière. Et chaque fois que cela se produit, la Zone s'étend encore, et empire encore, comme un cancer. Vous allez bouffer de la sangsue et des Bürers plus que jamais, même ici. Et vous tiendrez pas cinq minutes.
Vous allez donc me laisser passer, parce que moi je suis déjà mort et que vous ne voulez pas l'être encore."

Le vieux se frotta les mains et se releva en grimaçant avant de rejeter son sac sur son dos et parti sans se retourner en direction d'Agroprom.

Pluton
05/04/2009, 16h56
http://tof.canardpc.com/preview2/1af2adeb-179c-4e93-8718-027dbb3c6e8c.jpg (http://tof.canardpc.com/show/1af2adeb-179c-4e93-8718-027dbb3c6e8c.html)

Ça a pas changé ici, toujours le bordel à cause de ces gros cons de militaires. A peine suis-je arrivé que deux hélicoptères me doublent et vont déposer leur cargaison de viande plus ou moins gradée dans l'enceinte intérieure du bâtiment principal.
http://tof.canardpc.com/preview2/80edeb9a-200d-47f9-9987-7db20b4a2d6c.jpg (http://tof.canardpc.com/show/80edeb9a-200d-47f9-9987-7db20b4a2d6c.html)

Des rafales commencent à retentir à l'intérieur et un stalker planté à quelques mètres me met au jus :
"Encore un raid de l'armée, cette fois-ci j'en ai ma claque, je me barre, mais toi si tu veux aider, c'est maintenant ou jamais."
Je réponds rien. Je suis davantage intéressé par les deux, non trois pseudo-géants qui passent derrière lui vers le sud. Du haut du talus gauche surgissent trois bidasses dont les armes crachent du feu à tout va. Putain, ça va donner ici dans quelque secondes.
http://tof.canardpc.com/preview2/b24146a4-b06d-486b-8625-2bc22e4b76a5.jpg (http://tof.canardpc.com/show/b24146a4-b06d-486b-8625-2bc22e4b76a5.html)

Alors que les hélicoptères repartent d'où ils sont venu, deux pseudo-géants parviennent au contact des militaires qui les arrosent depuis la bute et les rafales deviennent plus sporadiques. Au loin, vers le bâtiment central, une explosion de grenade, suivie de la détonation d'un baril d'essence. Sur la gauche, les pseudo géants font voler les cadavres des Tushkano en frappant le sol avec fureur tandis que les balles leurs arrachent des fragments de peau.
Le Stalker devant moi reste planté là au milieu de la route et répète sans arrêt la même chose.
чёрт! чёрт!
чёрт! чёрт!
чёрт! чёрт!
чёрт! чёрт!
чёрт! чёрт!
чёрт! чёрт!
Si ce con reste là, il va pas tarder à ramasser un pruneau, ça pète dans tous les sens là devant. Deux autre militaires ont fait leur apparition en haut du talus et arrosent tout devant eux, avant de balancer une grenade dans le tas.
http://tof.canardpc.com/preview2/9025c53d-9799-4145-bea6-fd4f492e0c97.jpg (http://tof.canardpc.com/show/9025c53d-9799-4145-bea6-fd4f492e0c97.html)

Le calme revient alors que le dernier pseudo-géant encore en vie franchi le sommet du talus et se dirige vers le bâtiment sud d'Agroprom.
Le stalker flippé jette un œil de chaque côté et, constatant que nous sommes tous les deux seuls, se dirige vers les cadavres des militaires. Stalker un jour, stalker toujours.
Cela fait trois bonnes minutes que je suis adossé au vieux van pourri. Il est temps de reprendre la route et je suis mon ami le charognard avant qu'il aie le temps de ramasser tout le matos.
http://tof.canardpc.com/preview2/27f95ba0-d5de-492e-9f2a-0ebaa15f94f0.jpg (http://tof.canardpc.com/show/27f95ba0-d5de-492e-9f2a-0ebaa15f94f0.html)

Un peu plus loin, il y a un chemin de terre qui s'éloigne de la route, bien trop dangereuse, et qui s'enfonce entre deux buttes de terre, sous des lignes à haute tension. En parlant de tension, le lieu est infesté de sangliers, et ils me chargent l'un après l'autre.
http://tof.canardpc.com/preview2/debc4f93-1bf8-494f-9181-1e684337d291.jpg (http://tof.canardpc.com/show/debc4f93-1bf8-494f-9181-1e684337d291.html)
Pendant que j'aligne les sales bêtes, mes tympans sont comprimés par le souffle psychotronique d'un contrôleur, je dois maintenir les bêtes sauvages à distance et m'éloigner de la source d'émissions psy. Entre chaque vague d'ondes, je concentre toute mon attention sur les feulements de l'air pouvant annoncer les anomalies. je n'ai pas le temps de lancer des boulons, de tirer sur les sangliers et de maintenir la distance avec le mutant en même temps. Les militaires en patrouille sur la route menant à leur QG doivent être zombifiés à l'heure qu'il est, et je suis bien mieux ici, avec les bêtes.

znokiss
05/04/2009, 23h15
Ouak, avec les captures, ça donne encore plus ! Rholala, j'ai tellement pas de temps, mais tu me donne, comme d'habitude, l'envie de relancer ma partie.
(par contre, j'aime un peu moins les répliques des jeunes Stalkers, mais ils sont noobs, c'est sûrement pour ça).

Continue !

Parasol
05/04/2009, 23h39
Entre chaque vague d'ondes, je concentre toute mon attention sur les feulements de l'air pouvant annoncer les anomalies.

Comment il est roxxor ce passage :)

Pluton
06/04/2009, 00h27
Comment il est roxxor ce passage :)

Oui, ce que je ne vous ai pas dit, c'est que j'étais mort au retour de la vallée obscure après avoir fauché le fusil à lunette du soldat du devoir, en mettant le pied dans une anomalie.C'est en partie pour cette raison que le récit s'était interrompu, j'ai refait tout le jeu de la meme manière ou presque pour en revenir à ce point et continuer.en fait pour l'instant, à part mes oreilles, je n'ai aucun detecteur d'anomalies, et j'avance en jetant des boulons tous les dix mètres. alors quand l'action s'enflamme et que je dois me déplacer dans une zone non explorée, je vous raconte pas la flippe.

theo_le_zombie
06/04/2009, 10h49
Etre hardcore ou ne pas l'être , telle est la question ... :tired:

Pluton
28/04/2009, 23h33
Les coups de feu se font sporadiques. Le vent se gonfle et murmure de plus en plus fort aux abords de l'institut de recherche Agroprom. Un vieil homme s'engouffre lentement dans le petit bois au sud tandis que des grognements se font entendre au loin.

Il me faut un cadeau pour le Grand Chef des Scouts aux Culs Merdeux. Sinon ils ne me laisseront jamais passer leur blocus... Je suis sûr que les trouffions ont gardé quelques photos-souvenirs de la Zone, prises par leurs satellites, dans leur QG, ça devrait intéresser Grand Chef. J'ai les crocs. Me reste deux boîtes de singe et une demi-miche de pain, je vais camper ici, derrière le talus à côté du bâtiment.

Le vieux laisse son sac près d'un arbre, avec un gémissement que lui arrachent les mouvements d'épaules qu'il doit faire pour se débarrasser des sangles.

Ahah, ma grande salope, je suis tellement vieux et fini que t'as pas encore voulu de ma carcasse, hein ? Sortons les jumelles, voyons voir ce qu'il y a de l'autre côté du remblais. Mouais, deux toits de miradors pointent leur vilain nez, ça sent le sapin avec la vue qu'ils ont du camps. Et à droite...

Une onde déchire l'espace, les émissions psy paraissent racler le sol, une gerbe de sang jailli des narines du vieux qui se laisse mollement tomber en arrière et roule vers l'arbre et son sac.

Sacré nom de dieu, ce fils de pute est toujours en vie et il émet aussi fort que les antennes de la forêt rouge ! Heureusement pour ma gueule, il se trouve de l'autre côté du talus, loin à l'Est, sur la route qui relie le bâtiment principal à la décharge. Sinon ma tronche aurait ressemblé à un melon sortant du micro-onde. Je vais attendre la nuit pour rentrer, de jour c'est du suicide.

http://tof.canardpc.com/preview2/18162b8a-220a-484f-ac4f-1de5e16d9355.jpg (http://tof.canardpc.com/show/18162b8a-220a-484f-ac4f-1de5e16d9355.html)

Lentement le soleil descend vers l'horizon. Par moment le vieil homme s'arrête de manger et, dans ses jumelles, observe le répugnant festin qui se tient à une centaine de mètres vers la décharge.

http://tof.canardpc.com/preview2/eeeaeca1-3623-4ef8-8f83-b2e5c3fe802c.jpg (http://tof.canardpc.com/show/eeeaeca1-3623-4ef8-8f83-b2e5c3fe802c.html)

http://tof.canardpc.com/preview2/f8f48a19-41e2-4833-8384-4ea18c8d46ba.jpg (http://tof.canardpc.com/show/f8f48a19-41e2-4833-8384-4ea18c8d46ba.html)

"Chacun sa bouffe", grogne le vieux en mordant dans son quignon de pain.

Pluton
24/08/2009, 17h16
Sidorovitch m'a refilé un tuyau pour passer le checkpoint du Devoir et accéder au bar.
Au tout début y'en avait même pas, de bar. Et personne pour surveiller les allées et venus du bon petit peuple de la Zone.
Ensuite le bar, un rade pourri, où on servait des trucs comme de l'alcool de bois ou de patates. Les grandes gueules s'y réunissaient, et chacun débattait des mystères de la Zone. Au début on y croyait dur comme fer. La richesse, le pouvoir, les rêves exaucés. Mais, déjà, la tension était là. Les richesses ne valent que lorsque certains élus les possèdent. Le pouvoir aussi. Les rêves, ce n'était pas donné à tout le monde, et tout le monde s'en doutait bien.

L'idée qu'il fallait arriver le premier au centre et arrêter de s'allier contre les dangers de la Zone a jailli, ou plutôt a été clairement énoncée lors d'une rixe où un scientifique bourré avait tenté d'expliquer avec véhémence à un déserteur que le cœur de la Zone ne renfermait que des richesses de connaissances et non un totem réalisant tous les souhaits. Le déserteur, lui aussi un peu éméché, avait entendu dans la leçon du scientifique un autre discours. Il avait cru deviner des envies bien divergentes des siennes, et une intention de berner les simples ouvriers ou soldats s'étant engouffrés dans la Zone, de leur voler le cœur, de trouver le Monolithe avant eux et de tout gâcher pour des conneries de crânes d'œufs.
Le ton était monté d'un cran et la discussion s'était terminée par un scientifique à la gorge ouverte par un tesson de bouteille et un soldat ivre qui gueulait au milieu d'une bagarre générale :
- On arrivera les premiers !
- On arrivera avant !
- Les premiers ! Ceux qui veulent être les premiers, on partagera le fric du Monolith, venez avec moi et nous arriveront AVANT !

Après l'incident le bar a changé de propriétaire, et le nouveau a proposé au Devoir de surveiller les environs, filtrer les visiteurs et assurer la sécurité de la zone en échange de l'établissement de leur QG dans les lieux.

Depuis, il faut mériter son entrée au bar.
Et les jeunes ne me reconnaissent pas. Alors je leur amène un cadeau.




J'avance un peu dans la partie et je complète ce post.

Edit : et merde j'ai un crash systématique juste après le chargement de la map du bar, avec un :
patrol path[agr_factory_defence_krot_walk8], point on path [wp00|a=patrol],object [mil_stalker_respawn_226624]

theo_le_zombie
24/08/2009, 18h35
Super ! Ca repart , merci beaucoup Pluton.
Bonne chance pour ta config par contre , ca me ferait chier que tu sois en rade ! :(

Pluton
24/08/2009, 18h58
Apparemment c'est un bug très rare lié à la version de base du jeu et qui nécessite de recommencer la partie.
Et merde.

theo_le_zombie
24/08/2009, 20h48
Fuck !
Bon ben , va falloir trouvé une fin convenable...
Je propose : "Apres avoir défoncé la gueule aux mutants , je suis tombé dans les escaliers comme un gros paté. Mes jambes me font mal , je peux plus bouger , je crois que je vais crever."
Clac , fini :p

Zeppo
24/08/2009, 20h48
...:O

Pluton
24/08/2009, 20h54
Fuck !
Bon ben , va falloir trouvé une fin convenable...
Je propose : "Apres avoir défoncé la gueule aux mutants , je suis tombé dans les escaliers comme un gros paté. Mes jambes me font mal , je peux plus bouger , je crois que je vais crever."
Clac , fini :p
Bon, j'ai refait une partie en facile en rushant comme un gros malade, je suis revenu là où j'en étais et ça plante plus. Maintenant faut continuer en Maître.


...:O
:tired::huh:

Zeppo
24/08/2009, 21h00
Apparemment c'est un bug très rare lié à la version de base du jeu et qui nécessite de recommencer la partie.


:emo:

BlueTemplar
25/08/2009, 18h53
Je peux faire des posts avec que des smileys aussi ? :p

Pluton je t'aime, ton AAR est vraiment énorme et je n'ai qu'une hâte c'est de recommencer une partie avec le pluton's pack.

Voilà juste pour te congratuler virilement ^_^.

Thomasorus
25/08/2009, 21h06
Si tu joues en pluton pack je peux te filer des sauvegardes. ;)

Jean Pale
26/08/2009, 06h10
Hello,

Grand déçu de Stalker en raison de la précision/puissance/portée des armes, j'avais arrêté au bout de 3h de jeu.

Là je souhaite retenter l'aventure, mais :

1°) Je souhaite tenter avec le pluton pack mais les archives du AMK sont corrompues.
2°) Alors je m'intéresse au Redux. Le jeu plante après divers essais (patch 1.004, jeu réinstallé en anglais, redux anglais).
3°) Alors je tente le Complete pack. Mais c'est quoi ces flingues ? On m'aurait menti et Stalker serait un jeu d'airsoft ?

Y'a quoi comme bon mod ? J'ai l'impression de passer à côté d'un bon jeu mais je ne pensais pas qu'il pouvait exister pire que ArmA 1.0 (en jeux récents) en terme de pétage de plomb pour réussir à jouer... :tired:

Pluton
26/08/2009, 06h19
Hello,

Grand déçu de Stalker en raison de la précision/puissance/portée des armes, j'avais arrêté au bout de 3h de jeu.

Là je souhaite retenter l'aventure, mais :

1°) Je souhaite tenter avec le pluton pack mais les archives du AMK sont corrompues.
2°) Alors je m'intéresse au Redux. Le jeu plante après divers essais (patch 1.004, jeu réinstallé en anglais, redux anglais).
3°) Alors je tente le Complete pack. Mais c'est quoi ces flingues ? On m'aurait menti et Stalker serait un jeu d'airsoft ?

Y'a quoi comme bon mod ? J'ai l'impression de passer à côté d'un bon jeu mais je ne pensais pas qu'il pouvait exister pire que ArmA 1.0 (en jeux récents) en terme de pétage de plomb pour réussir à jouer... :tired:
Oublie le complete pour ce que tu cherches.
Sinon, patiente jusqu'à ce soir ou demain soir je devrai poster un Pluton's Pack plus facile à installer, comme ça tu me serviras de cobaye ;)

Jean Pale
26/08/2009, 06h21
Wokay, pas de soucis. Je dois réinstaller en 1.004 ou je peux rester en 1.006 ?

Pluton
26/08/2009, 06h36
En anglais, 1.0004. Sinon ça va foirer.
Pour bien récupérer l'espace disque après une désinstallation de Stalker il faut supprimer les points de sauvegarde de windows à l'exception du dernier (nettoyage de disque).

Jean Pale
26/08/2009, 20h56
Ayé ? :ninja:

Pluton
26/08/2009, 21h41
Compression du bouzin en cours...
Après j'upload et c'est bon. Je poste tout à l'heure dans le topic des mods pour donner le lien et le readme.
J'ai simplifié au maximum l'installation, y'aura rien à télécharger à part mon archive, c'est le pack tout en un à installer en 3 ou 4 étapes.

Pluton
28/08/2009, 00h02
Je complète :

Sidorovitch m'a refilé un tuyau pour passer le checkpoint du Devoir et accéder au bar.
Au tout début y'en avait même pas, de bar. Et personne pour surveiller les allées et venus du bon petit peuple de la Zone.
Ensuite le bar, un rade pourri, où on servait des trucs comme de l'alcool de bois ou de patates. Les grandes gueules s'y réunissaient, et chacun débattait des mystères de la Zone. Au début on y croyait dur comme fer. La richesse, le pouvoir, les rêves exaucés. Mais, déjà, la tension était là. Les richesses ne valent que lorsque certains élus les possèdent. Le pouvoir aussi. Les rêves, ce n'était pas donné à tout le monde, et tout le monde s'en doutait bien.

L'idée qu'il fallait arriver le premier au centre et arrêter de s'allier contre les dangers de la Zone a jailli, ou plutôt a été clairement énoncée lors d'une rixe où un scientifique bourré avait tenté d'expliquer avec véhémence à un déserteur que le cœur de la Zone ne renfermait que des richesses de connaissances et non un totem réalisant tous les souhaits. Le déserteur, lui aussi un peu éméché, avait entendu dans la leçon du scientifique un autre discours. Il avait cru deviner des envies bien divergentes des siennes, et une intention de berner les simples ouvriers ou soldats s'étant engouffrés dans la Zone, de leur voler le cœur, de trouver le Monolithe avant eux et de tout gâcher pour des conneries de crânes d'œufs.
Le ton était monté d'un cran et la discussion s'était terminée par un scientifique à la gorge ouverte par un tesson de bouteille et un soldat ivre qui gueulait au milieu d'une bagarre générale :
- On arrivera les premiers !
- On arrivera avant !
- Les premiers ! Ceux qui veulent être les premiers, on partagera le fric du Monolith, venez avec moi et nous arriveront AVANT !

Après l'incident, le bar a changé de propriétaire et le nouveau a proposé au Devoir de surveiller les environs, filtrer les visiteurs et assurer la sécurité de la zone en échange de l'établissement de leur QG dans les lieux.

Depuis, il faut mériter son entrée au bar.
Et les jeunes ne me reconnaissent pas. Alors je leur amène un cadeau.

************************************************** *****************

Et l'horizon semble se faire étreindre par deux ailes de corbeaux d'un noir de jais, lugubres prémice d'une autre nuit dans la Zone. Une autre nuit dans la Zone. Dans l'obscurité grandissante et entouré du silence des oiseaux, le moindre bruit retenti comme le craquement du tonnerre. Le vieil homme a passé. Il a passé d'innombrables nuits comme celle-ci, plus encore que Sidorovitch. Le vieil homme faisait partie des premiers. Ceux qui non seulement ont vécu l'horreur mais l'ont également mise au jour, toujours plus féroces, toujours plus profond, toujours plus près du centre de la Zone, d'où pulsent les obscures vibrations, là où l'air acquiert une telle densité qu'il faut lutter contre lui.

Et les longues promenades d'automne dans la Zone, en une époque où les hommes ne s'y affrontaient pas mais luttaient ensembles contre ses dangers.
La Zone nous a défiés, elle nous a également observés... Et elle a changé sa tactique. Elle a compris que la plus sérieuse menace n'était pas dans les pièges qu'elle nous tendait mais au cœur même de notre propre nature. En abaissant ses défenses elle a encouragé notre affluence et nous, en franchissant ses ponts abaissés, nous nous sommes livrés partout à nos combats de chiens.

Les jeunes ne me connaissent pas, ils ne me laisseront pas passer. Alors, cette nuit, je vais leur chercher un cadeau et ils me connaîtront.

Le vieil homme empoigne son fusil, jette son mégot au pied de l'arbre et se dirige à croupetons vers l'ombre massive du QG militaire.


Matin.
Les deux gardes du Devoir, le dos appuyé contre le métal glacé de la porte coulissante fermant le chemin vers le bar, regardaient tomber la pluie. Devant eux, des cadavres de sangliers dégouttaient de pluie et de sang, formant autours d'eux des tâches rosâtres qui s'élargissaient peu à peu. Plus loin, sous un abri improvisé fait d'une bâche tendue entre deux piles de caisses de matériel, un troisième homme en armes grattait une guitare au vernis écaillé. Sa voix un peu nasillarde montait dans l'air du matin, se mêlant à la fumée âcre du feu maladif allumé devant lui :

Rain falls on everyone
The same old rain
And i'm just trying to
Walk with you
Between the raindrops

C'est lui qui vit le vieil homme en premier. Une simple silhouette grise qui se mouvait sur le chemin de la gare désaffectée. Un temps hésitant à poursuivre sa chanson, il laissa traîner une note, la mesure semblait plonger à l'infini, mais la silhouette était si pitoyable et lente qu'il enchaîna sur la suivante, tout en guettant le Stalker du coin de l'œil.

I send my echo out
To get your love with poem
Obscures reflections of
My love

Le Stalker paraissait blessé ou tout du moins très affaibli. Son équipement hétéroclite contribuait à l'impression étrange qu'il faisait naître chez son observateur. Il portait une antique combinaison militaire recouverte d'une vareuse rapiécée à la couleur indéfinissable, un sac à dos qui devait dater de l'avant-incident mais au bout de son bras oscillait un Akaban surmonté d'une lunette flambante neuve. Sanglée sur son épaule ballotait une vieille besace de l'armée qui formait un renflement sur sa hanche.

I'll save a prayer for you
So lost and longing too
Bleach shared through dirty streaks
Wrapped up in clean white sheets
And if you think they'll watch you now
You should know they won't

Sans un mot ni un regard pour le musicien, le vieil homme s'avança vers un des gardes et entrouvrit sa besace. Le garde blêmit, pivota sur ses talons et fit coulisser la porte métallique sur son rail. D'une voix blanche il indiqua au Stalker l'emplacement des anomalies derrière le checkpoint. Le Stalker referma sa besace et s'engagea alors sur le chemin du bar.

Rain falls on everyone
The same old rain
And i'm just trying to walk with you
Between the raindrops

Pluton
30/08/2009, 21h37
Pfiou, je viens de terminer le X18... En sortant il faisait nuit, la campagne de la vallée obscure était pleine de sangsues qui se frittaient avec des sangliers, des meutes de chiens tellement affolées qu'ils fuyaient devant moi, un Burer me faisait vibrer le cerveau et des militaires gardaient le pont vers le cordon...

Je suis toujours en vie...

theo_le_zombie
30/08/2009, 22h56
Je suis curieux de savoir ce qu'il y avait dans la besace.
Une tête de sangsue je présume.

El lobo Tommy
31/08/2009, 00h49
Ou un numéro de CPC.
En tout cas il n'y a pas dire, on se laisse entrainer par l'histoire.

Pluton
31/08/2009, 21h31
"Sergev, tu as assez bu, si tu continues on va encore te retrouver à pisser sur une anomalie ou endormi en haut de la tour de garde.
- Va te faire foutre, Loï, ça fait trois jours que j'étais paumé dans la Zone, à rêver de ce rade et d'une bouteille de vodka. J'étais coincé du côté de la gare d'échanges, au fond d'un wagon rouillé, avec des hordes de sangsues qui m'ont assiégé toutes les nuits, j'ai cru que j'entendrai jamais plus tes sermons. Tu vas finir par me faire regretter...
- Des hordes de sangsues, hein ? T'as surtout déliré trois jours de suite à cuver ta dernière cuite quelque part sous un pont !
- Ta mère suce des pseudodogs, Loï.
- Tu vas voir espèce de...
- Toujours aussi chaleureux ce bistrot !

Tous se retournèrent vers celui qui avait prononcé ces quelques mots. Le vieil homme se tenait dans l'encadrement de la porte du bar. Seuls le barman et un habitué de longue date le reconnurent. Le barman se mit à frotter un verre avec un chiffon crasseux et l'habitué sembla se plonger dans la contemplation de son reste de tord-boyaux comme si c'était le premier qu'il eut jamais vu.

S'avançant vers le comptoir, le vieil homme délesta son épaule de la besace, qu'il jeta alors sur le zinc, entre Loï et Sergev, dans un fracas de bouteilles renversées. De la besace roula la tête de Kuznetsov, commandant des forces spéciales d'intervention de la Zone, proprement sectionnée au raz de la mâchoire inférieure. La joue droite vînt se ficher sur un éclat de verre brisé qui arrêta sa course dans un silence de mort.

- Si tu veux l'accrocher entre ton frigo dégueulasse et ta tête de sanglier empaillée, tu me donne un verre et une info", murmura le vieil homme en allumant une cigarette.

******************************************

Le vieil homme se pressait vers le bâtiment abandonné en forçant sur ses rotules fatiguées et bouffées par l'arthrite. La vallée obscure grouillait de chiens et de tushkanos, mais ceux-ci ne s'intéressaient guère à sa carcasse croulante, seuls quelques jappements troublaient le sifflement monotone du vent.

Selon les indications du barman, le petit avait pris la direction du laboratoire X18 deux jours auparavant et personne ne l'avait revu depuis. Tout en se hâtant, haletant et suant, le vieux sentait que quelque chose ne collait pas. Si le gamin avait décidé de retourner dans la Zone, c'était pour une raison bien précise. Ça n'était pas dans ses habitudes de faire des détours inutiles. S'il était parti vers le X18, c'était à coup sûr par nécessité, parce qu'il devait trouver dans les antiques souterrains puants du vieux centre d'expérimentations un moyen d'accéder au centre de la Zone.

Les choses avaient changées ici. Avant, les Stalkers évitaient comme la peste ces couloirs habités de monstres difformes et ne s'y aventuraient qu'à la recherche d'artefacts rares et précieux (pour la plupart fantasmés) ou bien, en désespoir de cause, en quête d'un abri lors d'un blowout imprévu. Le vieux avait toujours su se débrouiller pour n'avoir jamais eu à y emmener le gosse. Il avait été... Attentionné. Le perroquet exultait, perché sur son épaule, y enfonçant plus profondément ses griffes empoisonnées :

" Ouais, tu l'as pas non plus pendu à un arbre, tu ne lui a jamais proposé de jouer à la roulette russe. Tu l'as juste utilisé comme éclaireur pour satisfaire tes besoins de vieil ivrogne dégueulasse. T'as de sacrés principes tu sais, le vieux. Plein d'attentions, hein ?! C'est pas comme si tu avais laissé la Zone lui pourrir le sang et le sperme ! C'est pas comme si tu était responsable du petit monstre qui lui sert de fille ! Et de la décision qu'il a prise de revenir ici pour essayer d'arranger les choses ! Pour crever pour de bon en essayant de rejoindre le Monolithe !
Tu te souviens, ducon ? "Tonton, y'a du sang dans ma pisse..." Tu te souviens ?!"

Le vieil homme grimaça en poussant le portail de fer forgé qui fermait le vieux centre de recherches, posa son sac à terre, en sorti le SPAS-12 et une boîte de cartouches de douze, le "petit plus" que lui avait offert le Barman. Il entreprit d'enfoncer 8 cartouches dans le monstrueux engin avant d'engager la première en actionnant la pompe. Devant lui un bandit, étalé sur le dos dans son sang noir et depuis longtemps caillé, contemplait le ciel de ses yeux révulsés.

"Vraiment, y'a un truc qui colle pas", murmura le vieux en pénétrant dans le laboratoire.

Zeppo
31/08/2009, 21h55
J'adore la fin, ça fait son petit effet quand tu dis qu'il sort son Spas... Puis que tu parles du cadavre.
Enfin, jsais pas m'expliquer.
Je dirais juste "Vraiment très bon!"

Dark Fread
31/08/2009, 21h59
- Ta mère suce des pseudodogs, Loï.

Ca c'est vraiment le genre de truc qui te balance du bonus immersion*100 :bave:

theo_le_zombie
01/09/2009, 00h39
" Ouais, tu l'as pas non plus pendu à un arbre, tu ne lui a jamais proposé de jouer à la roulette russe. Tu l'as juste utilisé comme éclaireur pour satisfaire tes besoins de vieil ivrogne dégueulasse. T'as de sacrés principes tu sais, le vieux. Plein d'attentions, hein ?! C'est pas comme si tu avais laissé la Zone lui pourrir le sang et le sperme ! C'est pas comme si tu était responsable du petit monstre qui lui sert de fille ! Et de la décision qu'il a prise de revenir ici pour essayer d'arranger les choses ! Pour crever pour de bon en essayant de rejoindre le Monolithe !
Tu te souviens, ducon ? "Tonton, y'a du sang dans ma pisse..." Tu te souviens ?!"

EPIC Win :O

znokiss
01/09/2009, 01h16
Rhaaaaa lovely !!!

Non_Identifie
01/09/2009, 01h31
Il m'ennuie ce sujet :tired:
Je suis foutrement tenté de lire ton histoire Pluton, mais je n'ai jamais fini le jeu... De plus maintenant c'est bientôt la fin du X18, le dernier niveau que j'ai fini :wub:
En tout cas je trouve qu'il y a quelques idées pas mal (pour ne pas dire plus, je m'en voudrai d'offusquer ta modestie ^_^) qui mériteraient de se retrouver dans les PDA de Stalkers morts, ou dans les anecdotes du barman (j'espère que la légende de l'exauceur n'est pas la seule qu'il ait en réserve...)

Pluton
02/09/2009, 23h14
http://imgur.com/9e6H9l.png ('http://imgur.com/9e6H9.png')

La Zone était d'une fertilité étonnante. Les quelques touffes d'herbe, qui perçaient ça et là le béton craquelé, et les arbres poussant à travers les bâtiments à l'abandon n'en étaient que les manifestations les plus visibles, non les plus singulières.
C'est sous terre que la Zone laissait réellement libre cours à sa folie créatrice, prenant alors le relais des hommes avec un certain brio.
Les premiers laboratoires biochimiques existaient depuis longtemps, avant même que naisse la Zone, mais ils avaient pris leur véritable essor dans la période de l'entre-deux incidents. Isolées du reste du monde par le confinement militaire, les radiations et d'épaisses portes coupe-feu, les équipes de chercheurs oublièrent rapidement les quelques considérations éthiques sensées encadrer leur travail et entreprirent de faire avancer la science et, à moyen terme, leurs carrières.

L'État, rendu paranoïaque par les autres États tout aussi paranoïaques qui s'affairaient à le menacer, s'affairait à se doter d'une menace tout aussi conséquente, sinon plus. Après tout, les chiens bagarreurs ont pour habitude de courir en rond après leur propre queue. Les "responsables" avaient décidé d'injecter des sommes colossales dans ces installations et le mot d'ordre avait été lâché : "trouvez la pire saloperie possible qui puisse pousser tout ce qui vit à l'extérieur de nos frontières à se chier copieusement dessus."
Les termes étaient bien entendu plus présentables : "Sécurité, défense, dissuasion, professionnalisme."
En l'absence de tout comité, de tout média et de tout contrôle, les crânes d'œuf avaient retenu l'essentiel de la tâche : trouvez la pire saloperie possible.
On fait des armes ou on n'en fait pas. Quand on en fait, il faut bien trouver de la viande humaine pour s'en servir.
Et les cuves s'étaient brisées, et tant pis pour les carrières.
Dans les souterrains pourrissants et fétides de la Zone rampaient des choses humaines, comme grouillent les insectes et la vermine sous la couche d'humus d'un sous-bois.

Le vieil homme alluma sa lampe et regarda un instant les flocons de poussière en suspension dans le faisceau lumineux. Un silence absolu régnait dans le laboratoire. Une chaleur inexpliquée rendait l'air des souterrains encore plus pénible à respirer. La porte coupe-feu donnant sur l'escalier était ouverte et le digicode inutile mais intact émettait une faible lueur.
"Il est bien venu", murmura le Stalker. Mais depuis combien de temps, pensa-t-il en s'avançant vers la flaque de lumière verdâtre.
Son pied heurta quelque chose qui se mit à rouler avec un bruit métallique brisant le silence des lieux, se répercutant dans tout le complexe, rebondissant sur des murs trop habitués au silence. Merde ! Siffla le vieil homme dont la lampe révéla une cannette cabossée, qui avait autrefois contenu une boisson énergisante, en train de terminer sa course dans l'entrebâillement de la porte, laissant derrière elle une mince traînée rouge.
Des profondeurs du laboratoire monta un hurlement de joie féroce qui s'éteignit dans un gargouillis répugnant.
Le vieillard prit appui sur le coin de la porte, éteignit sa lampe, ferma les yeux et se concentra sur les vibrations de l'air. Comme le petit. Le petit sentait l'air pulser à quelques mètre des anomalies. Le petit... N'avait pas mérité cela. Sur la canette, un joggeur enthousiaste levait le pouce et clignait de l'œil. Dans les entrailles noires et puantes de la Zone, un sportif au survêtement maculé de sang riait et saluait le futur consommateur d'une boisson saturée de sucre et de caféine.

Un autre vient. Il s'est trahi. Un autre Vertical, moins prudent. Moins jeune peut-être. Un autre. Faim. Non, plus d'araignées, plus de blattes. Du sang rouge. Les Horizontaux ont le sang plus rouge... Les Bürers eux ne mangent pas les Horizontaux. Ils me le laisseront... Mais les Bürers détruisent la chair et évaporent le sang rouge. Le premier est venu et ne s'est pas trahi. Il a tué tous les autres. Alors m'étais caché dans la cuve et fais le mort. Mais maintenant, plus d'araignées, plus de rats, plus de blattes. Alors il faut ramper, il faut bondir, il faut surprendre...

Le Snork semblait flotter sur les marches de l'escalier, la souplesse de ses membres et ses articulations à angle-droit le portaient d'un mouvement chaotique mais efficace et silencieux. Aussi chaotiques, efficaces et silencieuses que les bribes de phrases que son cerveau dégénéré faisait danser entre les parois de son crâne.

Pluton
10/09/2009, 17h37
http://www.stalker-game.com/img/content/cr_snork.jpg

Et les pensées du Snork tourbillonnaient toujours plus vite et toujours plus fort entre les parois de son crâne aplatit entre les deux épaules. Encore une volée de marches et il serait au premier niveau souterrain. L'odeur du Vertical était bien plus forte et la créature commençait déjà à saliver même si, confusément, la présence de l'extérieur commençait à se faire sentir. Les pensées du Snork, dans un maelström rouge et noir, se pressaient si fort que les yeux semblaient vouloir lui sortir de la tête et que ses tempes battaient douloureusement. L'odeur du Vertical emplissait désormais tout l'air et pourtant la peur y était absente. La surprise serait totale et les risques presque nuls. Un boîte ronde et métallique oscillait sur le dernier palier. Sur le côté de celle-ci, le Snork eu le temps de voir un Vertical coiffé d'une casquette de base-ball et dont les lèvres retroussées laissaient voir des dents immaculées et bien rangées. Une dernière pensée fusa - la boîte avait peut-être contenu de la viande de vertical avec des petits poids en gelée - et la tête du Snork explosa.

La chevrotine, projetée dans un cône réduit par l'embouchure légèrement aplatie du Spas-12, pénétra du côté gauche du crâne et en ressortit par l'autre côté, chaque plomb emportant un fragment d'os, de chair ou de cervelle. Les pensées rouges et noires s'étalèrent sur le mur de la cage d'escalier avec un bruit mouillé. Le corps décapité du Snork se redressa sur ses membres inférieurs, les griffes en l'air, en une grotesque parodie de la stature humaine, le peu qui restait de sa face ballotant puis retombant sur son cou et sa poitrine, vague lambeau de peau auquel pendait un bout d'oreille jaunie, une paupière sans globe oculaire à recouvrir et l'embryon du tuyau nasal qui s'enfonçait directement dans les poumons de la bestiole.
Mus par la gravité, les bras du Snork retombèrent de chaque côté du corps toujours en suspens, figeant l'espace d'une seconde la bête dans un garde-à-vous parfaitement vertical et règlementaire avant qu'il ne bascule en arrière et dégringole jusqu'au palier inférieur.

Du rebord de la porte dépassait le canon fumant du Spas-12 que le vieil homme releva lentement en grimaçant. Le recul avait été tellement puissant et soudain qu'il avait cru sentir un instant ses nerfs fatigués se rompre, ses os se disloquer et ses articulations se déboîter. Mais le pire avait été le bruit. Comme un coup de tonnerre souterrain, la détonation se répétait sans fin dans les couloirs sombres du laboratoire. Le vieux cracha par terre là où s'était trouvé le Snork quelques secondes auparavant et commença à descendre les escaliers.

Au premier sous-sol, rien ne bougeait. Dans les toilettes délabrées du fond et sur le carrelage, à l'écart, avaient été traînés des cadavres de Snorks qui se putréfiaient lentement à l'abri des rayons du soleil, n'attirant d'autres insectes que les cafards.
Au milieu de la pièce principale étaient éparpillés des ossements humains, eux étaient soigneusement nettoyés, rongés. Trois hommes gisaient là, à en juger par les six bottes aux couleurs de l'armée. Un crâne rieur surmontait le tas d'ossements, un trou parfaitement circulaire découpé au dessus de l'orbite de droite.
Le petit est bien passé par là... mais depuis combien de temps ?

Il changea son arme de bras. Son épaule droite le lançait douloureusement et il n'y avait rien en vue. La seconde porte blindée était entrebâillée, comme la première. D'en bas montaient des bruits gazeux caractéristiques d'anomalies flamboyantes mais également un son étrange, sorte de râpement de tissu sur du béton. Le vieux jeta un coup d'œil aux cadavres de la pièce et franchit la porte coupe-feu. Se penchant par dessus la rambarde de l'escalier, il constata que le chuintement de tissu avait cessé.
Prudemment, il descendit les marches et marqua un temps d'arrêt une fois en bas.

Le deuxième sous-sol était constitué d'une première salle, au centre occupé par un pilier rectangulaire, et de quatre couloirs partant dans des directions opposées. Sur une des faces du pilier, un extincteur avait explosé, laissant une sorte de fleur rouge et acérée s'épanouir sur une large trace grise. Le sol était jonché de débris hétéroclites : fioles brisées, éclats épars de caisses, boîtes de conserves cabossées, un tableau noir fracturé... Le vieux eu même la surprise de découvrir un microscope littéralement fiché dans le liège d'un tableau d'annonces. Sur ce dernier était encore punaisé le polaroïd d'un jeune homme en blouse blanche posant devant le drapeau Ukrainien. Sous le microscope transformé en énorme fléchette, le visage du chercheur s'illuminait d'un sourire radieux, il tenait une éprouvette à bout de bras à l'aide d'une pincette.

Probablement l'employé du mois.

znokiss
13/09/2009, 13h27
Purée, foultitude de détails goreux et dégoulinants... ça aide à se refaire le jeu pour ceux qui comme moi ont des cartes graphiques à la ramasse.
Sinon, bah comme d'hab, c'est toujours très bon.

Pluton
30/10/2009, 01h55
http://www.rockpapershotgun.com/images/april08/stalk2.jpg

Au 100 Rad Bar, la discussion allait bon train. Les esprits, échauffés par le tord-boyau local et l'électricité dégagée dans l'air par le blowout qui avait eu lieu peu avant dans la nuit, échafaudaient des théories absurdes sur les mystérieuses arrivées successives des deux étrangers. Un des habitués prétendait avoir déjà vu le vieillard plusieurs années auparavant mais personne ne se souvenait avoir rencontré le plus jeune. Les deux étaient passés là simplement, l'un et l'autre obnubilés par leurs quêtes respectives. Le premier, comme la plupart des Stalker aimaient à le clamer à la ronde, visait le Monolithe, le deuxième homme voulait... rattraper le premier.
Aucun des deux n'avait évoqué les motivations... ni évoqué grand chose d'autre d'ailleurs. Alors qu'ici une conversation sur deux commençait par les mots « Si je parviens un jour au Monolithe je ferai...» et finissait par une blague obscène ou un bruit de verre brisé, les inconnus n'avaient rien partagé avec les habitués du bar. Pas de rêve, pas de désir de vengeance, de richesses ou de pouvoir. Seulement quelques mots pour prendre la température et accélérer leur départ.
Le plus loquace des deux, le plus jeune, était pourtant resté quelques jours dans l'arrière-salle du bar après avoir encaissé une décharge de chevrotine du côté des entrepôts de la base de la liberté, après sa visite au laboratoire X18 il y avait déjà... il y a...

"COMBIEN DE TEMPS ?"

Le vieil homme avait rugi. Couvert de sang de la tête aux pieds, il avait brusquement fait irruption dans la salle enfumée sans que personne ne le remarque. Ses étranges yeux au bleu passé s'étaient posés sur le barman, le fusillant, le transperçant de leur folie complète comme une lance fouille dans le cadavre d'un gibier.

DEPUIS COMBIEN DE TEMPS ? vociféra-t-il de nouveau, projetant dans la lumière froide des néons une pluie de postillons rougeâtres qui vinrent tâcher le zinc et s'écraser sur le plancher vermoulu. Le garde fit mine de lever son arme, mais un violent coup de crosse l'envoya promener au pays des rêves. En un instant, la silhouette de cuir dégoulinant d'hémoglobine fit le tour du bar, attrapa le barman par le col crasseux de sa chemise et lui écrasa le visage sur le comptoir.

Depuis combien de temps est-il revenu du labo, Barman ? » articula-t-il posément à l'oreille du type gémissant de douleur, tout en promenant sur l'assistance médusée un regard absent qui trahissait sa démence, maintenant fermement son emprise sur le gros dont il tordait le bras d'une main tremblante de rage. Son autre main avait posé un énorme fusil de chasse au milieu des verres et des bouteilles et l'y maintenait pointé sur les autres Stalkers. Le barman, avec un zézaiement facilement explicable par les deux ou trois dents qu'il venait à l'instant de laisser sur son zinc, entreprit de s'expliquer. Maladroitement.

- Je ne sais pas exactement... ça fait assez longtemps, ensuite il est reparti, de nouveau revenu, blessé, et puis on ne l'a plus revu après son départ. Et il ne voulait pas qu'on le suive ou qu'on l'accompagne, il a juré de revenir me tuer si je disais où il allait. Le labo c'était moi. J'avais promis des documents à une agence de presse. Passer aux infos, je devais passer à la télé... j'adore la télé. C'était il y a assez longtemps maintenant, le labo !

- Ça fait des putains de semaines, oui, connard ! Mon gros, les Bürers ça revient pas habiter un endroit où ça a chauffé juste avant !

- Oui ! Mais... il y a eu cette blessure ! Il a été retardé ! Merde ! Si vous le trouvez, j'espère que vous le tuerez rapidement, sinon je suis mort !

- T'inquiète pas pour ça, mon gros, s'il revient un jour ici, quelqu'un d'autre servira à boire. Ah, et ta sale gueule va probablement pas être présentable pour la télé."

Le vieux souleva la tête du pauvre type - un filet de sang s'étirant entre la mâchoire et le comptoir - et l'abattit avec force sur un tesson de bouteille qui pointait ses dents acérées. L'obèse s'effondra au sol avec un bruit sinistre de gargouillis et se mit à convulser, faisant tinter les caisses de vodka dans lesquelles il donnait des coups de pieds désarticulés.

Le vieux balaya ce qui restait encore sur le zinc avec le canon du fusil à pompe et quitta lentement la salle abasourdie, braquant son arme derrière lui, disparu dans l'escalier alors que la télé derrière le bar entonnait à grand fracas le générique d'une émission de variété Ukrainienne.

BlueTemplar
30/10/2009, 13h26
Encore :bave:

Tidus
30/10/2009, 16h37
Merci Pluton, c'est agréable à lire :)

Pluton
03/11/2009, 01h51
J'ai acheté une SEVA d'occasion à un crâne d'œuf.
Dans la poche intérieure de la combinaison j'ai trouvé un papier froissé, dessus un poème.

http://imgur.com/LTTVpl.png (http://imgur.com/LTTVp.png)

"Il n'y a plus que les cendres continues
La pluie qui tombe
La tourbe qui se gonfle
La Sibérie qui tourne
Les lourdes nappes de neige qui remontent
Et le grelot de la folie qui grelotte comme un dernier désir dans l'air bleui
Le train palpite au coeur des horizons plombés
Et ton chagrin ricane...

http://imgur.com/4mvCgl.jpg (http://imgur.com/4mvCg.jpg)


Les inquiétudes
Oublie les inquiétudes
Toutes les gares lézardés obliques sur la route
Les files télégraphiques auxquelles elles pendent
Les poteaux grimaçant qui gesticulent et les étranglent
Le monde s'étire s'allonge et se retire comme un accordéon qu'une main sadique tourmente
Dans les déchirures du ciel les locomotives en folie s'enfuient
et dans les trous
les roues vertigineuses les bouches les voies
Et les chiens du malheur qui aboient à nos trousses
Les démons sont déchaînés
Ferrailles
Tout est un faux accord
Le broun-roun-roun des roues
Chocs
Rebondissements
Nous sommes un orage sous le crâne d'un sourd "


Blaise Cendrars, extrait de la Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France (http://franceweb.fr/poesie/transib1.htm)

http://imgur.com/0OGUZl.png (http://imgur.com/0OGUZ.png)

Vers le nord. Là où ça envoie de l'onde qui gicle par les oreilles et qui rebondit sur les parois du crâne. Vers le nord est parti le gamin. Il a laissé un sillage de sang frais, il a creusé la route sans penser, il a taillé, il a tranché il a tapé l'asphalte, le crampon souple et le flingue à l'avenant.
J'ai froissé le papier. L'orage n'est pas dans le crâne d'un sourd, aujourd'hui l'homme a créé l'orage. Il ne s'est pas pris pour dieu car il sait depuis qu'il taille des putains de silex que dieu n'existe pas. Les orages du bon dieu je les ai vu, c'est des pétards pour les merdeux et les bonnes femmes. Les orages de l'homme je les ai vu, c'est la colère de la Zone, c'est le ciel qui s'entrouvre et le monde qui s'y engouffre avant d'être dégueulé sec en retour, ça charcle, et pas que sur les hauteurs, ça racle le fond aussi, du noir, du rouge, du blanc, du chaud, du souffre chargé en neutron, haute teneur garantie. La Zone est à l'image de son créateur, c'est une belle salope, rouge, noire, blanche, chaude et sulfureuse. Comme l'homme, il n'est pas bon de la laisser proliférer.

J'ai envie d'un verre, un grand un vrai, j'ai envie d'en finir. Mais je dois aller au nord, mettre ma main sur l'épaule du petit, il comprendra. Et les sourds vont m'entendre sur le chemin.

Tidus
03/11/2009, 11h36
Merci pour ce texte sympathique :)

BaNaNa
03/11/2009, 14h22
ton texte mériterais une petit place dans le prochain CPC :wub:

Pluton
05/11/2009, 00h31
Sinon, tout le monde s'en fout de mon récit ? :emo:

J'ai bien envie de réécrire plein de passages (surtout le début du premier récit et le milieu de celui du tonton) et de tout remettre en forme sur un beau pdf une fois le tout terminé, mais sans les screens, ça intéresse quelqu'un ? Peut-être plus court mais plus lisible.
Et sinon, une fois récrit, clair que ça me brancherait à mort de le voir dans CPC, mais je les vois pas publier de fanfics, j'y crois pas un seul instant. Et leur propre prose est pas dégueue, ils me feraient la honte toute rouge. re-:emo:

znokiss
05/11/2009, 01h04
Avec les screens, ça m'intéresse méchamment.

IrishCarBomb
05/11/2009, 17h04
Et sinon, une fois récrit, clair que ça me brancherait à mort de le voir dans CPC, mais je les vois pas publier de fanfics, j'y crois pas un seul instant:

T'inquiète, j'ai un katana et leur adresse. J'irai les convaincre.

BaNaNa
05/11/2009, 18h32
Les Screen c'est quand meme plutôt important , enfin moi j'aime mieux avoir 2-3 images avec. Au fait ton avatar tu l'a fait toi même pluton ?
Sinon on fait une pétition de diffusion de tes histoires !

Pluton
05/11/2009, 20h38
Au fait ton avatar tu l'a fait toi même pluton ?

Ouaip :)
http://img237.imageshack.us/img237/9748/basehy1.jpg

golwin
05/11/2009, 21h30
Moi aussi ca m'interesse un pdf avec les photos. J'en avais envie mais j'étais trop timide pour le demander.

BaNaNa
06/11/2009, 08h01
Alors t'a du faire plusieurs versions differentes de tes dessins, vu que ton avatar n'est pas le même que l'image que tu a mise en ligne :)
Moi qui arrive a peine a dessiner un cube en 3D ...:p

ElGato
06/11/2009, 10h42
Ça m'intéresse bien aussi un vrai pdf. Je fais partie de la foule silencieuse des admirateurs/lecteurs qui ne parlent pas.


On pourrait même faire un joli 'tit truc en latex.

Tidus
06/11/2009, 12h42
Même sans screens, c'est très bien.

Ov3r$ouL
06/11/2009, 20h58
Ça m'intéresse bien aussi un vrai pdf. Je fais partie de la foule silencieuse des admirateurs/lecteurs qui ne parlent pas.

Tu m'ôtes les mots de la bouche ;)

J'ai pas fini de lire ton récit jusqu'à cette page, mais punaise ca déchire !

J'aime bien aussi ton avatar.

edit : avec des fcreens, f'est mieux !

[REC]
08/11/2009, 20h56
Personnellement, je trouverais dommage d'intégrer des screens dans ton récit, dans la mesure où l'imagination du lecteur serait "faussée" par ceux-ci (en partant du principe que tout les lecteurs n'ont pas joué à S.T.A.L.K.E.R).
C'est comme ci, par exemple, un roman était illustré tous les 3-4 pages par une photo de son adaptation cinématographique. Cela m'enlèverais, à coup sûr, énormément de plaisir que j'ai lire ou à relire ce roman.

Duss
04/12/2009, 18h01
J'arrive avec plein plein de retard !

Mais bravo pour ton récit et ta performance sur le jeu !!!!! récit que je n'ai pas lu en entier car j'en suis à ma première incursion sur la zone

Dark Fread
20/02/2010, 14h27
Tiens, je vais peut-être me lancer dans un récit Stalker aussi. Pas une histoire qui raconte l'une de mes parties de jeu, plutôt un truc écrit comme une partie ; je plante le personnage et j'écris ce qui me passe par la tête sans savoir où ça va aller.
Pluton, je squatte ce topic en concurrent ou j'en crée un nouveau ? :p

Pluton
20/02/2010, 21h47
Tiens, je vais peut-être me lancer dans un récit Stalker aussi. Pas une histoire qui raconte l'une de mes parties de jeu, plutôt un truc écrit comme une partie ; je plante le personnage et j'écris ce qui me passe par la tête sans savoir où ça va aller.
Pluton, je squatte ce topic en concurrent ou j'en crée un nouveau ? :p
Je sais pas... fais comme tu veux. Mais un jour, je continuerai celui-ci, alors ça risque de se mélanger.

golwin
21/02/2010, 10h08
Et sinon le pdf compilant l'ensemble de tes histoires, il avance ? Certainement le syndrome E.Y.E :rolleyes:

Pluton
24/02/2010, 00h24
Et sinon le pdf compilant l'ensemble de tes histoires, il avance ? Certainement le syndrome E.Y.E :rolleyes:
:tired:
Putain, t'as grave raison, il faut que je m'y remette ! :O

Pluton
03/03/2010, 01h37
Il est des journées rouges et noires...
Ce matin je suis reparti du bar. Je ne crois pas que j'y remettrai un jour les pieds. J'ai triché. j'ai emporté une bière. La capsule a sauté sur le rebord d'un muret et, en quelques goulées, est remontée une demi-existence d'ivrognerie. Le perroquet est là, sur mon épaule, et me jacasse dans l'oreille. Son haleine est puante, au moins autant que la mienne. Au début j'arrive toujours à l'ignorer, mais sa chansonnette fini par rentrer et je jacte tout seul. Toujours.
Coco ? Fils de pute ! T'as pris racine ici ou quoi ? Tu vois pas que je bois ma bière, peinard ?

Le soleil se lève sur le charnier, des clébards troués partout. Ces gars du Devoir adorent leur tirer dans les pattes pour le simple plaisir de les voir boitiller. Ça parait con dit comme ça, mais un plaisir simple en enfer, c'est important.
J'ajuste le goulot de la bouteille entre mes lèvres pendant que, loin en bas, s'avancent mes pieds sur l'asphalte qui commence à se réchauffer.

Moi je comprends ça, les petits plaisirs...

- Bien sûr que tu comprends ça, toi c'est le gamin que t'as pourri !
- Oh... ta gueule... je vais régler ça.

La bouteille est vide. je la balance sur le côté du vieux van rouillé qui marque l'arrivée aux anciens entrepôts militaires. Ma main a tremblé trop fort et j'ai raté la peinture dégénérée que ces putains de hippies de la liberté ont gribouillée sur le flanc. Un corbeau perché sur un poteau penche la tête et me jette un regard accusateur. La Zone me jette un regard accusateur.
Oui, je sais que tu n'aime pas ça, ma jolie, mais ce matin il fait grand soleil, j'ai eu une bière et je t'emmerde.


Cap commence à suer dans sa combinaison ornée d'un gros Peace and Love aux couleurs jaune et noir du trèfle nucléaire. Force lui est d'admettre qu'il a vraiment une vie merdique à tous les niveaux. Après avoir gueulé de bien médiocre manière les chansons des Stooges et des Pixies avec son groupe aujourd'hui dissolu, après avoir pris de la cocaïne, pensant peut-être que s'enfariner allait faire de lui une vraie rockstar, il avait pété les plombs et avait fracassé le crâne de son ex, une certaine Felitsa, sur le rebord de l'évier de la cuisine par un beau matin ensoleillé semblable à celui-ci.
La taule, perpette. Une virée d'enfer dans la cuve à VIH qui avait duré 5 ans. Seringues. Viols collectifs. Seringues encore. Viols encore. Avec ses heures quotidiennes à la salle de gym, il avait réussi à réduire la partie seringue au strict minimum et à passer dans l'équipe "visiteurs" des tournois de sexe. Les prisons en Ukraine, ça forge le caractère.

Son avocat était revenu plein d'enthousiasme, là encore un beau matin :
"Accroche toi Carl, j'ai emmanché une combine avec un type du à la défense que je connais bien...

Bordel, il faisait que ça, le Carlos, s'accrocher ! S'accrocher de toutes ses forces à la barre des haltères, s'accrocher de toutes ses dents à l'élastique passé autour de son bras, s'accrocher aux hanches des plus faibles...
- C'est quoi ta combine ?
- Tchernobyl, mon garçon ! Le gouvernement a besoin d'hommes comme toi ! J'en ai touché un mot avec mon contact à la défense, il monte une escouade, il a besoin de types qui n'ont pas froid aux yeux.
- Tcher... Tchernobyl ? "

L'énormité de la chose lui avait décollé le cerveau aussi sûrement qu'un bon shoot à l'acide. Lui, dans l'armée ? Certes, son père avait été dans l'UPA, mais bordel, il n'avait jamais été question de passer dans les forces régulières. le treillis c'était définitivement pas son trip.

- C'est pas vraiment l'armée, enfin c'est pas vraiment officiel... c'est du travail d'exploration, de repérage... ils vont te cadrer, Carl, tu comprends ? T'en as besoin, t'es pas un mauvais type. Continue la muscu et déconne pas trop, ok ?"

Il avait acquiescé sans comprendre, il était retourné dans sa cellule et, une fois allongé sur son lit, les bras croisés derrière la tête, un énorme éclat de rire l'avait secoué, il avait hurlé de rire, un rire incrédule, aux accents sinistres, répercuté dans la promenade commune, énervant les autres détenus comme des molosses dans un chenil.
Tchernobyl ! Putain, ce connard d'avocat savait déconner !

Huit mois plus tard, après une formation à la dure qu'il avait suivie, hébété par le manque, passant au travers des sélections sans se rendre compte de ce qui lui arrivait et de ce qu'on attendait de lui, les yeux dans le vague, apprenant des leçons basiques mais étranges sur des artefacts, des anomalies, la radioactivité, les émissions magnétiques, les caractéristiques techniques d'armes variées, les premiers secours, il se retrouvait dans un enfer pire que la taule.

Il faisait partie de la première vraie tentative de l'armée de sécuriser le boxon qui régnait alors autour du réacteur nucléaire de Tchernobyl. Il faisait partie des premiers à passer le cordon de sécurité. Les "vrais" soldats avaient refusé d'aller plus loin, le gouvernement avait donc d'abord fait des exemples, avant de renoncer à envoyer ses troupes régulières à la mort, essentiellement pour endiguer l'insurrection qui montait dans les rangs. Les soldats, c'est beau, c'est courageux, ça tue et ça meurt pour la patrie, mais dès qu'ils se mettent à gamberger ils sont comme tous les gamins figés dans l'obscurité de l'escalier menant à la cave, le cœur battant dans leur poitrine de combattant. Ah! nos fiers cons battants. Alors à la fin, comme toujours, on prend du civil : c'est pas cher et ça percute encore moins. Pour la gloire, pour la patrie, va étaler tes intestins sur la terre de notre beau pays !

Carl faisait partie des premiers. Il n'avait pas d'amis dans la bande de criminels réinsérés qui l'entourait mais cela lui avait fait quelque chose de voir Pavel essayer de garrotter son moignon de jambe arrachée par une explosion de grenade, de voir Niko se faire hacher par des souffles d'air, de voir la peau de Kirsan se consumer lentement sous l'effet des radiations, et les autres se faire lacérer et bouffer par une espèce de poulpe presque invisible... alors quand il s'était retrouvé seul dans le tunnel d'une voie ferrée désaffectée, sa radio crépitant d'ordres directs et prioritaires lui demandant d'établir un rapport clair de la situation et de donner sa position, il avait laissé son barda, fracassé la radio
sur le rebord de l'évier
sur le bord d'un rail, et il était parti au nord, tombant sur les types du Devoir, trop ressemblants à l'armée à son goût, puis un peu plus au nord encore, il avait trouvé la Liberté.

Mais, là encore, l'appel des emmerdes s'était fait entendre à ses oreilles et il avait récemment accepté la garde de la frontière nord-est contre les incursions de Monoliths.
Depuis, on l'appelait Cap, et même "Cap Nord" en rigolant dans son dos, et tous les putains jours, jumelles vissées à la gueule, il allait surveiller cette putain de route sinueuse à l'affut d'un mouvement. Cap avait vraiment une vie merdique, à tous les niveaux.
Ce jour ci, c'est au sud qu'il vit un mouvement sur le goudron.

C'est une blague ?! Qui c'est, ce connard qui chaloupe au milieu de la route ?!

dhabrelin
03/03/2010, 11h28
Trop court!! :cry:

Mais sérieusement, d'la balle ton récit, j'adore ta façon de planter le background, on sent bien la lassitude chez tes persos. Keep it up! ;)

thtioxine
25/03/2010, 14h22
La suite , c super ce récit
Je n'y ais jamais joué et je n'y jouerais sans doute jamais mais ça se lit comme un roman
Bravo

Pluton
25/03/2010, 14h24
J'ai rédigé le paragraphe suivant depuis une dizaine de jours, mais je ne suis pas satisfait de moi.
Et j'ai pas assez de promesses de don d'organes en échange de la suite, alors je laisse encore trainer :tired:

Akodo
25/03/2010, 23h19
Je te donnerai ma rate.
Peut être.

znokiss
25/03/2010, 23h46
Moi mon rat, désolé, c'est un mâle. Et il est à peine muté et pas trop radioactif...

thtioxine
26/03/2010, 16h13
ben poste comme ça
le mieux est TOUJOURS l'ennemi du bien
et pis, j'ai hâte de savoir comment ça se termine
Rhaaaaaa je vais pas tenir lol

Zeppo
26/03/2010, 19h47
Les soldats, c'est beau, c'est courageux, ça tue et ça meurt pour la patrie, mais dès qu'ils se mettent à gamberger ils sont comme tous les gamins figés dans l'obscurité de l'escalier menant à la cave, le cœur battant dans leur poitrine de combattant. Ah! nos fiers cons battants. Alors à la fin, comme toujours, on prend du civil : c'est pas cher et ça percute encore moins. Pour la gloire, pour la patrie, va étaler tes intestins sur la terre de notre beau pays !

En lisant ça, j'ai, en quelque sorte, tout de suite pensé à Georges Darien.. :)


Sinon, superbe, comme toujours.
Et en organes, j'suis prêt à filer mon foie, pour remplacer celui d'un stalker qui carbure trop à l'alcool si il faut.

thtioxine
21/04/2010, 18h07
Alors c'est fini :huh:
La comme ça , c pas possible !!
tant pis, on ne connaitra jamais la fin ...

En tout cas merci pour les chapitres précédents

Pluton
22/04/2010, 07h50
Alors c'est fini :huh:
La comme ça , c pas possible !!
tant pis, on ne connaitra jamais la fin ...

En tout cas merci pour les chapitres précédents
Nan, c'est pas fini :p

nonothing
01/12/2010, 02h46
Et bah, quelle gifle mes aïeux! Je viens de m'envoyer l'intégrale et maintenant je souffre en réalisant qu'il n'y aura probablement pas de suite. En tout cas merci pour ces excellents récits.

nonothing
14/10/2011, 00h32
Nan, c'est pas fini :p

Je tente au cas où :ninja:

Lure
23/11/2023, 13h18
Quinze après le premier post je découvre, un peu par hasard, ce fil achevé depuis longtemps.

Je sais que c'est un peu absurde de commenter après toutes ces années mais bon... scripta manent, alors tant pis pour les règles, si j'en enfreins.

J'ai tout lu et c'était un vrai plaisir. Ce premier STALKER m'a beaucoup marqué et retrouver la Zone de cette façon, c'était vraiment formidable ! Le premier récit retrace très bien le fil principal de l'histoire, le choix d'ignorer la "vraie" fin et de prononcer un vœu devant l'exauceur collait parfaitement à l'histoire choisie pour le Tatoué. Et puis, pour moi, ça reste la meilleure fin. L'autre dévoile trop des mystères de la Zone.

Le deuxième récit est tout aussi bon. Meilleur, peut être, mais seulement parce qu'il succède au premier et que pour lui donner du sens, il a fallu beaucoup le romancer. Et c'est très bien fait. C'est vivant, sombre, mystérieux... bref, c'est la Zone.

J'avais tenté une expérience similaire, mais mon récit n'est pas allé bien loin. Ici, on a un premier texte complet et de qualité, alors bravo !

Heureusement que je manque de temps, sinon je réinstallai STALKER dans la semaine.

Pluton
24/11/2023, 22h54
Merci Lure, ça me touche. Je suis toujours dans la zone depuis tout ce temps grâce aux modeurs, et c'est vrai qu'aucun autre univers n'a pu autant m'inspirer que celui de Strougatski, Tarkovski et, bien sûr GSC Game World.
Si tu veux partager ton récit ici n'hésite pas.

Lure
28/11/2023, 16h32
Pluton,

On retrouve bien dans ton récit quelques références à Pique-nique au Bord du Chemin (notamment l'étrangeté de l'enfant du Stalker, esquissé seulement chez les frères Strougatski) et c'était chouette ! J'ai repéré aussi quelques allusions au film, même si je n'ai presque aucun souvenir de celui-ci (vu très jeune).

Mon récit restera inachevé mais ok, il sera toujours mieux ici que sur mon disque dur. J'en mets juste l'introduction, mais si ça passionne les foules (?!) j'ai poussé, de tête, jusqu'à l'entrée de la décharge.



Je me rappelle de cette nuit… du bruit de l’orage… de cette cave, froide et humide… et de la douleur, sourde, terrible, qui me labourait le crâne. J’avais besoin d’air.

Tant bien que mal, j’ai traîné mon corps meurtri vers l’escalier, manquant de sombrer dans l’inconscience à chaque pas. L’eau ruisselait jusque dans le sous-sol et là-haut, par l’embrasure d’une porte depuis longtemps arrachée, j’ai pu apercevoir le ciel.

Lentement, péniblement, j’ai gravi les marches glissantes jusqu’à pouvoir plonger mon regard dans l’obscurité de la nuit. C’est là que j’ai compris que j’avais tout oublié… mémoire… perdue dans les ténèbres, arrachée par la tempête.

Je suis resté longtemps comme ça, hagard, à attendre Dieu sait quoi et puis j’ai fini par redescendre dans mon trou crasseux. A cet instant, cette cave était tout ce que je connaissais du monde. Au milieu des gravats et des détritus, je trouvai des restes de nourriture... un quignon de pain, rassis depuis longtemps, le fond d’une bouteille d’alcool frelaté… Je les avalais malgré tout, me forçant à mâcher lentement, avec application même, dans l’espoir de voir un souvenir remonter à la surface de mon esprit. Rien. Je m’allongeai là où j’avais repris conscience et, recroquevillé sur moi-même, je passai la nuit. Je me réveillai au petit matin, tremblant de froid, englué dans une mare de vomissures, mais l’esprit clair. Oh, je ne me souvenais toujours de rien, mais ma fièvre semblait être retombée et je réussi à me redresser sans trop de peine.

Le soleil se levait à peine lorsque j’émergeai de terre au milieu d’un petit village dévasté, jonché de débris et envahi d’herbes folles. Un petit groupe d’hommes semblait avoir élu domicile au milieu de cette désolation et il planait sur leur campement de fortune une atmosphère étrange, tendue, faite d’un silence que rompaient seulement quelques murmures suivis de rires étouffés. Le long du chemin boueux qui traversait les ruines, des hommes montaient une garde vigilante, les mains posées sur leurs armes. Mon apparition attira quelques regards, mais personne ne parut s’intéresser à moi plus que quelques instants. Qui étaient-ils ? Des mercenaires ? Des bandits ? Je n’en savais rien et, n’osant m’approcher d’eux, j’errai un temps entre les habitations en ruines. L’endroit n’avait rien d’accueillant. Les maisons avaient été saccagées et pillées depuis longtemps. On n’y trouvait plus rien que des déchets, de la crasse et quelques matelas moisis jetés à même le sol.

Le village avait été bâti dans un creux de terrain et bientôt je dépassais la dernière maison, me retrouvant à gravir le chemin détrempé qui s’étirait jusqu’au sommet d’une colline. Tout au long de mon ascension, je nourrissais l’espoir que le paysage ferait remonter à ma conscience quelques souvenirs. Il n’en fut rien. Avais-je déjà vu cette route défoncée, ce paysage vallonné, parsemé d’arbres et de rochers, ces bosquets touffus ? Peut-être… une sensation vaguement familière m’avait traversée, mais pas davantage.

Je cherchai vainement à retrouver en moi ce qui avait provoqué ce sentiment fugitif de « déjà vu » lorsqu’une voix me héla. Je sursautai. Que me voulait-on ? En contrebas, à l’entrée du hameau, un homme agitait le bras dans ma direction.

« Sidorovich veut te voir. » me cria-t-il.

Je descendis lentement la colline, jusqu’à le rejoindre. Quand j’arrivai à sa hauteur, il se contenta de répéter « Sidorovich veut te voir ». Devant mon air perdu, il tendit vaguement le bras en direction du village et ajouta « Le bunker, de l’autre côté des maisons ».

Sidorovich ?! Me connaissait-il ?! un fol espoir s’était emparé de moi et, je l’avoue, je traversais le village en toute hâte, manquant à plusieurs reprises de glisser dans la boue. Peut-être allais-je enfin savoir qui j’étais ! Peut-être allais-je retrouver la mémoire ! Qu’est-ce qu’un homme sans ses souvenirs ?

L’entrée du bunker… je la vois encore, installée à flanc de colline, à l’arrière du village, sous les arbres… Un escalier de béton qui s’enfonce dans la terre… J’y suis descendu, le cœur plein d’espoir, les entrailles nouées par l’angoisse, une question me brûlant les lèvres…

Qui suis-je ?!

Je la hurlai pratiquement au gros homme tapi derrière son bureau. Il me toisa un long moment avant de prendre la parole.

« Hier matin, le Rouquin m’a ramené ton corps. Il m’a juré t’avoir trouvé dans l’épave d’un de ces corbillards qui reviennent parfois du Nord. Rien d’inhabituel hein ! Sauf que t’étais en vie et ça, c’était pas ordinaire. Les corbillards ne ramènent que les morts. »

Il a marqué une pause. Les corbillards ? Qu’est-ce que… ? Où étais-je donc ?!

« Tiens, tout ce que t’avais d’intéressant sur toi, c’est ce PDA, reprit-il en me tendant un petit appareil. Je le lui arrachai des mains puis tentai fébrilement de l’allumer.

T’excites pas le Tatoué, j’ai déjà regardé, il n’y a rien dessus. Juste un message. »

Lorsqu’enfin je trouvai le petit bouton, l’écran s’illumina vivement, laissant apparaître une simple phrase :

Kill the Strelok

« Tu vois ? Y a rien d’autre. Alors qui t’es, j’en sais foutrement rien mais si je t’ai sauvé la vie, c’est pas pour me faire mousser. Tu cherches des réponses, je peux peut-être t’aider à en trouver, mais en attendant, tu peux toujours bosser pour moi. Et qui sait, ça pourrait te remettre les idées en place. Alors ? T’en dis quoi ? »

Avais-je vraiment le choix ? Evidemment, j’aurai pu tourner les talons, quitter ce bunker, mais ensuite ? Putain, j’en savais rien… ! Alors j’ai dit oui.

Sidorovich n’a pas perdu de temps, il m’a rapidement expliqué ce qu’il attendait de moi. Il était prêt à me payer, en roubles et en équipement, pour que je retrouve Nimble, un de ses gars. Loup me donnerait un peu d’équipement et des informations supplémentaires sur Nimble. Enfin j’ai vite compris que ce connard ne se préoccupait pas beaucoup du sort de ce Nimble. Tout ce qu’il voulait, c’était récupérer une clef USB et les informations qu’elle contenait. Je ne devrais pas jouer les indignés, après tout je ne m’inquiétais pas davantage du sort de ce type… Tout ce que je voulais, c’était comprendre ce qui me tombait dessus.

Avant de ressortir du bunker, j’ai posé quelques questions à Sidorovich. Pour savoir où on était, qui étaient les gars armés dans le village... enfin tout ça quoi.

« La Zone » a-t-il simplement lâché. Je suis resté planté là, devant lui, jusqu’à ce qu’il accepte de poursuivre.

« Ok. Bon. En 86 quand la centrale de Tchernobyl a explosé… »

Tchernobyl… l’accident… le 26 avril 1986… des bribes de souvenirs remontaient à la surface, je m’empressais de les agripper, de les rassembler. Trop occupé à essayer de les comprendre, je n’entendais plus Sidorovich. Petit à petit, j’arrivais à reconstituer une trame, courte mais précise, dont les quelques mots de Sidorovich n’étaient que le début.

Dans la nuit du 26 avril 1986, un test mené sur le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl tourne au drame. La fusion du cœur du réacteur provoque une série d’explosions et la fuite d’importantes quantités de particules radioactives dans l’atmosphère. La ville voisine de Prypiat et les environs de la centrale sont évacués dans l’urgence tandis que l’armée déploie un cordon sanitaire destiné à interdire tout accès à la centrale. Il faut plusieurs mois d’efforts et de sacrifices pour étouffer le feu qui couve dans le réacteur éventré et bâtir une nouvelle enceinte de confinement. Le sarcophage. Puis l’endroit est abandonné. Le silence s’installe et la nature finit par reprendre ses droits. L’histoire aurait pu s’arrêter là… Mais vingt ans plus tard, un deuxième incident a lieu.

Au milieu de la nuit du 12 avril 2006, une lueur insoutenable déchire l’obscurité. La terre tremble violemment. On croit à une nouvelle explosion du réacteur mais les autorités se contentent de renforcer la sécurité autour de la zone d’exclusion et d’en interdire totalement l’accès. Le temps passe et des rumeurs naissent. Les populations qui vivent encore aux abords de la Zone s’inquiètent. On raconte que des monstres y ont été aperçus, on raconte que d’étranges choses s’y passent…

Quelques courageux osent franchir le cordon militaire, en quête de réponses, mais bien peu reviennent. Les rares survivants font part de récits fantastiques et rapportent avec eux des reliques, des artefacts, qui témoignent de l’existence de phénomènes mystérieux et inexplicables… Bientôt, ces artefacts aux propriétés inconnues se revendent à prix d’or au marché noir, suscitant la convoitise d’aventuriers et de mercenaires. Jour après jour, en dépit des interdits et des barrages, au mépris des radiations et des anomalies, ils infiltrent la Zone. Ceux-là, on les appelle S.T.A.L.K.E.R.