Ben1170
20/02/2008, 16h24
Un an et demi après sa sortie, je me décide enfin à taper un petit mot sur ce qui est, à mon humble avis d'amateur éclairé, le meilleur jeu de stratégie temps réel jamais sorti sur PC. La preuve : il est sorti dans l'indifférence la plus totale.
« Take Command : 2nd Manassas » donc...
Le contexte est simple : le jeu vous propose de vous faire revivre, dans les moindres détails et dans un souci du réalisme historique proche de la névrose, les différents engagements de la deuxième bataille de Bull Run / Manassas pendant la guerre civile américaine. Rien de révolutionnaire jusque là, mais patience, ça va venir.
On commence par le sujet qui fâche, comme ça c'est fait : c'est très moche. Effectivement, ça pique un peu les yeux à première vue, mais il faut bien se mettre en tête que le jeu a été développé par une petite équipe, avec des petits moyens et que la taille des cartes et des armées nécessitait quelques concessions. Alors oui, ce sont des sprites en 2D, l'animation est un peu épileptique mais on ne le voit plus au bout de 10 minutes de jeu. Je vous renvoie au site du développeur (http://www.madminutegames.com/index.htm) pour mater quelques screenshots et vous rendre compte par vous-même de l'étendue du désastre.
Autre point négatif : pas de mode multi. C'est dommage, mais une fois que vous aurez essayé le jeu, vous aurez compris pourquoi cela aurait été ingérable. Voilà, pour le reste, c'est que du bonheur.
Mais, me direz-vous, qu'est-ce qui fait donc que ce jeu là serait meilleur que les autres ? Hé bien, vous répondrai-je, cela tient au système de jeu totalement original qui vous permet de prendre le contrôle de n'importe quelle unité et de n'importe quel échelon de commandement à tout moment. C'est un peu compliqué à expliquer de façon claire si on n'y a pas joué, mais c'est tout bonnement génial.
Le jeu se divise en une cinquantaine de scénarios (pas de campagne), dans lequel vous incarnez à chaque fois un officier différent, mais réellement présent sur le champ de bataille ce jour-là (oui, le jeu est un vrai régal pour les historiens, chaque régiment, chaque officier est à son poste au mètre près). Selon le grade de l'officier en question, vous aurez plus ou moins d'unités sous vos ordres. Ainsi, en incarnant un général de brigade, vous contrôlerez entre 3 et 6 régiments (d'en moyenne 500 hommes chacun). C'est bien pour commencer, c'est facile à manoeuvrer et on n'a pas à surveiller toute la carte (immense, Medieval II vous donne l'impression de jouer sur un timbre poste) à tout moment. Contrôler un général de division vous mettra aux commandes de 4 ou 5 brigades (soit facilement une vingtaine de régiments, ça se complique). Vous aurez également la possibilité de jouer un chef de corps (comptez 3 ou 4 divisions, auxquelles on ajoutera les batteries d'artilleries et la cavalerie) voire dans certains cas, l'armée complète, soit au bas mot 50 000 hommes.
Alors évidemment, on pourrait penser qu'il est impossible de gérer de si grandes armées avec une seule souris, et c'est là que le génie des développeurs entre en jeu. En fait, ce n'est pas vous qui faites le boulot, c'est l'IA. Par exemple, dans les scénarios où vous jouerez un chef de corps, il suffira d'envoyer des ordres à vos chefs de divisions pour les voir se déplacer où vous leur direz, et placer leurs troupes de la façon la plus efficace possible. Et ainsi, en 3 clics, vous déplacez 10 000 hommes. Vous pouvez ensuite laisser l'IA se débrouiller, les soldats tireront automatiquement si l'ennemi arrive à portée. Alors comme ça, ça a l'air un peu ennuyeux forcément, mais vous pouvez à tout moment prendre le contrôle de n'importe quel échelon, tant qu'il vous est subordonné : vous trouvez que telle ou telle brigade n'est pas positionnée de façon idéale pour tenir une route ? Pas de problème, un simple clic et vous en prenez le commandement pour la mettre où vous voulez. Une fois en place, un deuxième clic et l'IA reprend le contrôle, vous pouvez aller surveiller ailleurs. Vous auriez plutôt placé cette batterie sur la jolie butte 100m plus bas ? Même principe, vous en prenez le commandement le temps de modifier le nécessaire, puis vous rendez le commandement à l'IA. Voilà comment les développeurs se sont débrouillés pour nous permettre de diriger des armées gigantesques sans s'emmêler les pinceaux, et de pouvoir se concentrer sur les points chauds de la carte en laissant le contrôle du reste à l'IA, très performante au demeurant. Je ne sais pas si toute cette explication est vraiment claire, comme je l'ai dit c'est assez difficile à expliquer, mais il existe une démo du jeu qu'on doit encore pouvoir trouver à peu près n'importe où et qui vous expliquera ça bien mieux que moi.
Pour ce qui est des unités qu'on pourra contrôler, rien que de très classique. L'infanterie consistera exclusivement en régiments de fusilliers (bleus ou gris, c'est selon), auxquels on pourra donner des ordres habituels : formation, attitude, emprunter les routes (oui parce que gambader à travers bois, ça prend du temps...), ... Il faudra bien entendu surveiller leur moral, leur fatigue et tout ce qui s'ensuit. Il faudra dans certains cas veiller à surveiller les pertes : certains scénarios forment en effet des séries : vous commencerez à chaque fois le scénario suivant avec les effectifs qu'il vous restait à la fin du précédent.
La cavalerie est à peu près inutilisable au combat de front : elle ne tiendra jamais le choc contre un régiment en ligne. Par contre, elle est absolument indispensable dans son rôle d'éclaireur : ici, pas de radar, vous ne connaissez la position de l'ennemi qu si vous ou un de vos collègues le voyiez. Il sera donc judicieux d'envoyer votre cavalerie en avant pour repérer le terrain. Elle s'avère aussi très efficace pour prendre les canons adverses, ou éventuellement ralentir des unités isolées.
Enfin, l'artillerie est aussi délicate à employer correctement. Elle nécessite d'être placée au bon endroit, d'utiliser le bon type de munitions (obus, boulet, ...). Si à grande distance, elle est assez peu efficace, à courte portée, elle est indispensable : une position bien défendue par une batterie bien placée est imprenable sans subir de pertes considérables. En effet, une fois l'ennemi proche, vos artilleurs tirent à la mitraille : 50-60 hommes au tapis à chaque coup de canon, en deux coups un régiment entier prend la fuite. Bien entendu, l'ennemi aussi sait s'en servir comme il faut...
On a donc sous les yeux un jeu riche de possibilités stratégiques diverses (c'est malheureusement trop rare, un jeu de stratégie avec des vrais morceaux de stratégie dedans...), mais ce qui fait tout son charme, c'est son ambiance incroyable et l'immersion addictive qu'il procure.
En effet, le jeu a été développé par des vrais mordus d'histoire, et ça se voit. Les aires de jeu ont été directement modélisées sur les cartes d'état major de l'époque conservées à la Library of Congress. Elles sont donc d'une précision historique sans égale (bon, j'avoue, je n'ai pas vérifié mais bon...), et surtout immenses : grosso modo, ce sont des carrés de 5km de côté. On prend très vite un malin plaisir à scruter la carte, à essayer de deviner les positions ennemies, le meilleur moyen de les contourner... Ne serait-il pas judicieux de contourner le bois à l'ouest pour prendre l'ennemi en étau ? Mon autre brigade tiendra-t-elle assez longtemps pour le permettre ? Vais-je utiliser la route, plus rapide, ou traverser les bois pour prendre l'ennemi par surprise, au risque de fatiguer mes hommes ?
Au niveau du déroulement des batailles, le réalisme est lui aussi tout à fait jouissif. Le rythme du jeu, pour commencer, est très lent. On n'est pas ici dans un STR pour poulpes où le gagnant est celui qui parvient à cumuler le plus grand nombre de clics à la minute. Ici, on prend son temps, et on réfléchit. Certains scénarios peuvent durer jusqu'à 5 ou 6 heures. Il peut arriver que la première demi-heure d'un scénario se passe sans le moindre combat, mais uniquement en marches et manoeuvres. Et pourtant, même comme ça, on ne s'ennuie pas. On en profite pour recevoir ses ordres, directement par des courriers envoyés par nos supérieurs. On reçoit même du courrier personnel de la part de nos collègues (on n'est qu'un des officiers présentes sur le champ de bataille, tous les autres étant gérés indépendemment par l'IA) : ils nous souhaitent le bonjour, prennent de nos nouvelles, demandent des renforts, ... Dans le mode de jeu libre, vous pourrez aussi envoyer vos courriers pour donner des ordres. Par contre, si votre courrier est tué...
Rythme lent et calme, mais une fois que le combat commence, c'est une autre histoire. Les bruitages sont excellents, on entend les fusils qui claquent, les balles qui ricochent, les blessés qui crient, les officiers qui hurlent, on se prend à sursauter quand on entend le bruit particulier du canon tirant de la mitraille, on parcourt la carte d'un bout à l'autre pour vérifier que les hommes tiennent bon et qu'ils sont toujours en place, on lutte pied-à-pied pendant plusieurs heures pour une route ou un champ où on ne distingue même plus les vivants des morts, ... Ambiance titanesque, on se croirait réellement sur le terrain.
En bref, un jeu réellement excellent, dont les quelques défauts (graphisme d'un autre âge, unités qui parfois – mais c'est rare - refusent de se placer où on leur dit, ...) sont loin d'entamer l'enthousiasme qu'il procure. Alors évidemment, il faut aimer prendre son temps, il faut tolérer un jeu qui place le soucis de la réalité historique au-dessus du reste, mais le résultat est incroyable d'immersion. Le gameplay, qui pourrait sembler compliqué de prime abord, se prend en main en quelques dizaines de minutes, mais s'avère d'une richesse rarement atteinte dans un jeu du genre. J'y joue depuis le mois d'août 2006 et je n'en ai pas encore marre... Je vous engage encore une fois à télécharger la démo pour vous faire réellement une idée de la chose. Elle est disponible ici (http://www.madminutegames.com/downloads.htm), et propose une série de tutos – qui sont en fait des scénarios à part entière – et un des scénarios du jeu. Elle devrait déjà bien vous prendre l'après-midi.
Pour ce qui est de se procurer le jeu, c'est une autre affaire. On ne le trouve pas dans le commerce (du moins pas en Belgique), mais il est disponible pour une vingtaine d'euros sur le site de Paradox (http://www.paradoxshop.com/) (éditeur) ou sur celui du développeur. Evidemment, c'est réservé aux anglophones (le manuel est copieux mais très bien fait, très didactique et complet, notamment au niveau du contexte historique, ce qui est plutôt utile pour nos joyeux pays où l'on ne connaît rien au sujet), mais l'anglais c'est pas compliqué.
Dernière chose : le jeu est d'une stabilité absolue, pas le moindre bug à l'horizon, c'est suffisamment rare pour être souligné. Il est également tout à fait ouvert aux mods, et la communauté est très active : on trouve d'excellents mods sur la révolution américaine ou les guerres napoléoniennes. Il existe également de nouvelles cartes à télécharger, notamment celles des batailles de Gettysburg ou Fredericksburg (un régal !). Le tout se trouve directement sur le site de Mad Minute Games, les développeurs inspirés de la bête.
Bref, « Take Command : 2nd Manassas », c'est bon mangez-en !
N'hésitez pas à me poser toutes les questions qui vous passeraient par la tête concernant ce titre d'exception injustement méconnu (sauf par les amateurs barbus).
Bon jeu à tous !
« Take Command : 2nd Manassas » donc...
Le contexte est simple : le jeu vous propose de vous faire revivre, dans les moindres détails et dans un souci du réalisme historique proche de la névrose, les différents engagements de la deuxième bataille de Bull Run / Manassas pendant la guerre civile américaine. Rien de révolutionnaire jusque là, mais patience, ça va venir.
On commence par le sujet qui fâche, comme ça c'est fait : c'est très moche. Effectivement, ça pique un peu les yeux à première vue, mais il faut bien se mettre en tête que le jeu a été développé par une petite équipe, avec des petits moyens et que la taille des cartes et des armées nécessitait quelques concessions. Alors oui, ce sont des sprites en 2D, l'animation est un peu épileptique mais on ne le voit plus au bout de 10 minutes de jeu. Je vous renvoie au site du développeur (http://www.madminutegames.com/index.htm) pour mater quelques screenshots et vous rendre compte par vous-même de l'étendue du désastre.
Autre point négatif : pas de mode multi. C'est dommage, mais une fois que vous aurez essayé le jeu, vous aurez compris pourquoi cela aurait été ingérable. Voilà, pour le reste, c'est que du bonheur.
Mais, me direz-vous, qu'est-ce qui fait donc que ce jeu là serait meilleur que les autres ? Hé bien, vous répondrai-je, cela tient au système de jeu totalement original qui vous permet de prendre le contrôle de n'importe quelle unité et de n'importe quel échelon de commandement à tout moment. C'est un peu compliqué à expliquer de façon claire si on n'y a pas joué, mais c'est tout bonnement génial.
Le jeu se divise en une cinquantaine de scénarios (pas de campagne), dans lequel vous incarnez à chaque fois un officier différent, mais réellement présent sur le champ de bataille ce jour-là (oui, le jeu est un vrai régal pour les historiens, chaque régiment, chaque officier est à son poste au mètre près). Selon le grade de l'officier en question, vous aurez plus ou moins d'unités sous vos ordres. Ainsi, en incarnant un général de brigade, vous contrôlerez entre 3 et 6 régiments (d'en moyenne 500 hommes chacun). C'est bien pour commencer, c'est facile à manoeuvrer et on n'a pas à surveiller toute la carte (immense, Medieval II vous donne l'impression de jouer sur un timbre poste) à tout moment. Contrôler un général de division vous mettra aux commandes de 4 ou 5 brigades (soit facilement une vingtaine de régiments, ça se complique). Vous aurez également la possibilité de jouer un chef de corps (comptez 3 ou 4 divisions, auxquelles on ajoutera les batteries d'artilleries et la cavalerie) voire dans certains cas, l'armée complète, soit au bas mot 50 000 hommes.
Alors évidemment, on pourrait penser qu'il est impossible de gérer de si grandes armées avec une seule souris, et c'est là que le génie des développeurs entre en jeu. En fait, ce n'est pas vous qui faites le boulot, c'est l'IA. Par exemple, dans les scénarios où vous jouerez un chef de corps, il suffira d'envoyer des ordres à vos chefs de divisions pour les voir se déplacer où vous leur direz, et placer leurs troupes de la façon la plus efficace possible. Et ainsi, en 3 clics, vous déplacez 10 000 hommes. Vous pouvez ensuite laisser l'IA se débrouiller, les soldats tireront automatiquement si l'ennemi arrive à portée. Alors comme ça, ça a l'air un peu ennuyeux forcément, mais vous pouvez à tout moment prendre le contrôle de n'importe quel échelon, tant qu'il vous est subordonné : vous trouvez que telle ou telle brigade n'est pas positionnée de façon idéale pour tenir une route ? Pas de problème, un simple clic et vous en prenez le commandement pour la mettre où vous voulez. Une fois en place, un deuxième clic et l'IA reprend le contrôle, vous pouvez aller surveiller ailleurs. Vous auriez plutôt placé cette batterie sur la jolie butte 100m plus bas ? Même principe, vous en prenez le commandement le temps de modifier le nécessaire, puis vous rendez le commandement à l'IA. Voilà comment les développeurs se sont débrouillés pour nous permettre de diriger des armées gigantesques sans s'emmêler les pinceaux, et de pouvoir se concentrer sur les points chauds de la carte en laissant le contrôle du reste à l'IA, très performante au demeurant. Je ne sais pas si toute cette explication est vraiment claire, comme je l'ai dit c'est assez difficile à expliquer, mais il existe une démo du jeu qu'on doit encore pouvoir trouver à peu près n'importe où et qui vous expliquera ça bien mieux que moi.
Pour ce qui est des unités qu'on pourra contrôler, rien que de très classique. L'infanterie consistera exclusivement en régiments de fusilliers (bleus ou gris, c'est selon), auxquels on pourra donner des ordres habituels : formation, attitude, emprunter les routes (oui parce que gambader à travers bois, ça prend du temps...), ... Il faudra bien entendu surveiller leur moral, leur fatigue et tout ce qui s'ensuit. Il faudra dans certains cas veiller à surveiller les pertes : certains scénarios forment en effet des séries : vous commencerez à chaque fois le scénario suivant avec les effectifs qu'il vous restait à la fin du précédent.
La cavalerie est à peu près inutilisable au combat de front : elle ne tiendra jamais le choc contre un régiment en ligne. Par contre, elle est absolument indispensable dans son rôle d'éclaireur : ici, pas de radar, vous ne connaissez la position de l'ennemi qu si vous ou un de vos collègues le voyiez. Il sera donc judicieux d'envoyer votre cavalerie en avant pour repérer le terrain. Elle s'avère aussi très efficace pour prendre les canons adverses, ou éventuellement ralentir des unités isolées.
Enfin, l'artillerie est aussi délicate à employer correctement. Elle nécessite d'être placée au bon endroit, d'utiliser le bon type de munitions (obus, boulet, ...). Si à grande distance, elle est assez peu efficace, à courte portée, elle est indispensable : une position bien défendue par une batterie bien placée est imprenable sans subir de pertes considérables. En effet, une fois l'ennemi proche, vos artilleurs tirent à la mitraille : 50-60 hommes au tapis à chaque coup de canon, en deux coups un régiment entier prend la fuite. Bien entendu, l'ennemi aussi sait s'en servir comme il faut...
On a donc sous les yeux un jeu riche de possibilités stratégiques diverses (c'est malheureusement trop rare, un jeu de stratégie avec des vrais morceaux de stratégie dedans...), mais ce qui fait tout son charme, c'est son ambiance incroyable et l'immersion addictive qu'il procure.
En effet, le jeu a été développé par des vrais mordus d'histoire, et ça se voit. Les aires de jeu ont été directement modélisées sur les cartes d'état major de l'époque conservées à la Library of Congress. Elles sont donc d'une précision historique sans égale (bon, j'avoue, je n'ai pas vérifié mais bon...), et surtout immenses : grosso modo, ce sont des carrés de 5km de côté. On prend très vite un malin plaisir à scruter la carte, à essayer de deviner les positions ennemies, le meilleur moyen de les contourner... Ne serait-il pas judicieux de contourner le bois à l'ouest pour prendre l'ennemi en étau ? Mon autre brigade tiendra-t-elle assez longtemps pour le permettre ? Vais-je utiliser la route, plus rapide, ou traverser les bois pour prendre l'ennemi par surprise, au risque de fatiguer mes hommes ?
Au niveau du déroulement des batailles, le réalisme est lui aussi tout à fait jouissif. Le rythme du jeu, pour commencer, est très lent. On n'est pas ici dans un STR pour poulpes où le gagnant est celui qui parvient à cumuler le plus grand nombre de clics à la minute. Ici, on prend son temps, et on réfléchit. Certains scénarios peuvent durer jusqu'à 5 ou 6 heures. Il peut arriver que la première demi-heure d'un scénario se passe sans le moindre combat, mais uniquement en marches et manoeuvres. Et pourtant, même comme ça, on ne s'ennuie pas. On en profite pour recevoir ses ordres, directement par des courriers envoyés par nos supérieurs. On reçoit même du courrier personnel de la part de nos collègues (on n'est qu'un des officiers présentes sur le champ de bataille, tous les autres étant gérés indépendemment par l'IA) : ils nous souhaitent le bonjour, prennent de nos nouvelles, demandent des renforts, ... Dans le mode de jeu libre, vous pourrez aussi envoyer vos courriers pour donner des ordres. Par contre, si votre courrier est tué...
Rythme lent et calme, mais une fois que le combat commence, c'est une autre histoire. Les bruitages sont excellents, on entend les fusils qui claquent, les balles qui ricochent, les blessés qui crient, les officiers qui hurlent, on se prend à sursauter quand on entend le bruit particulier du canon tirant de la mitraille, on parcourt la carte d'un bout à l'autre pour vérifier que les hommes tiennent bon et qu'ils sont toujours en place, on lutte pied-à-pied pendant plusieurs heures pour une route ou un champ où on ne distingue même plus les vivants des morts, ... Ambiance titanesque, on se croirait réellement sur le terrain.
En bref, un jeu réellement excellent, dont les quelques défauts (graphisme d'un autre âge, unités qui parfois – mais c'est rare - refusent de se placer où on leur dit, ...) sont loin d'entamer l'enthousiasme qu'il procure. Alors évidemment, il faut aimer prendre son temps, il faut tolérer un jeu qui place le soucis de la réalité historique au-dessus du reste, mais le résultat est incroyable d'immersion. Le gameplay, qui pourrait sembler compliqué de prime abord, se prend en main en quelques dizaines de minutes, mais s'avère d'une richesse rarement atteinte dans un jeu du genre. J'y joue depuis le mois d'août 2006 et je n'en ai pas encore marre... Je vous engage encore une fois à télécharger la démo pour vous faire réellement une idée de la chose. Elle est disponible ici (http://www.madminutegames.com/downloads.htm), et propose une série de tutos – qui sont en fait des scénarios à part entière – et un des scénarios du jeu. Elle devrait déjà bien vous prendre l'après-midi.
Pour ce qui est de se procurer le jeu, c'est une autre affaire. On ne le trouve pas dans le commerce (du moins pas en Belgique), mais il est disponible pour une vingtaine d'euros sur le site de Paradox (http://www.paradoxshop.com/) (éditeur) ou sur celui du développeur. Evidemment, c'est réservé aux anglophones (le manuel est copieux mais très bien fait, très didactique et complet, notamment au niveau du contexte historique, ce qui est plutôt utile pour nos joyeux pays où l'on ne connaît rien au sujet), mais l'anglais c'est pas compliqué.
Dernière chose : le jeu est d'une stabilité absolue, pas le moindre bug à l'horizon, c'est suffisamment rare pour être souligné. Il est également tout à fait ouvert aux mods, et la communauté est très active : on trouve d'excellents mods sur la révolution américaine ou les guerres napoléoniennes. Il existe également de nouvelles cartes à télécharger, notamment celles des batailles de Gettysburg ou Fredericksburg (un régal !). Le tout se trouve directement sur le site de Mad Minute Games, les développeurs inspirés de la bête.
Bref, « Take Command : 2nd Manassas », c'est bon mangez-en !
N'hésitez pas à me poser toutes les questions qui vous passeraient par la tête concernant ce titre d'exception injustement méconnu (sauf par les amateurs barbus).
Bon jeu à tous !