Bon, Noël et Nouvel-An (tous mes voeux !) sont passés, on va rattaquer doucement, en terrain connu, faut se ménager après tant de libations. Donc ce soir, ce sera « On les lit encore » sur le modèle du On y joue encore du magazine, donc des titres dont j'ai déjà parlé, des rééditions patrimoniales, ce genre de choses. Je pense développer cet aspect ponctuellement pour les prochains articles, qu'en dites vous ? Je vais partir du principe que vous relisez les précédents Canard BD.
Un petit peu de népotisme avec une pub pour le blog de ce cher Karhmit ici présent, participant émérite de Glory Owl, dont le blog a été sélectionné pour le Prix du Blog lors du prochain festival d'Angoulême et pour lequel vous pouvez voter ici.
Attaquons avec le troisième tome du Troisième Testament – Julius. Julius de Samarie fréquente donc toujours cet étrange chrétien que beaucoup considèrent comme le Messie revenu et il l'accompagne dans son voyage quasi mystique vers l'Est, à la recherche de sa Révélation. On atteint enfin la fin de ce voyage entamé dans le deuxième tome et ça raccroche pas mal de wagons avec la série-mère. Du coup, on ne peut pas vraiment dire que les rebondissements fusent au cours de ce tome, mais il n'est pas sans intérêt pour autant. Le nouveau dessinateur de cette préquelle n'y est évidemment pas pour rien. Thimothée Montaigne a en effet un dessin plus rond, moins sec et plus chaleureux que Robin Recht, ce qui convient bien pour cette quête spirituelle. Il n'est pour autant pas en retrait aux niveaux des décors, et que ce soit les jardins suspendus de Babylone ou les moites jungles asiatiques, ça fourmille de détails et ça ravit la prunelle des amateurs.
Une toujours très chouette série d'aventure !
Le Troisième Testament – Julius T3, Alice et Montaigne, 56 planches, Glénat, 13€90
10 planches du tome 3 sur le site de l'éditeur.
Autre grand classique de la bande dessinée d'aventures et d'heroic fantasy, la Quête de l'Oiseau du Temps a livré dernièrement le quatrième tome de sa préquelle. Et c'est définitivement un réel plaisir de retrouver le monde d'Akbar et ce pauvre Bragon, qui va enfin commencer son apprentissage de chevalier avec son maître. Le Rige... En voilà un personnage mémorable, un qui vous impressionne, rien qu'avec une silhouette et un nom. Et ma foi, cet album ne lui rend qu'assez peu honneur. C'est là mon gros regret sur cet album par ailleurs fort réussi. C'est toujours aussi bien écrit, ça sonne toujours aussi juste niveau relations humaines et graphiquement il y a encore des moments de haute tenue. Mais le Rige me manque, il va falloir que je relise la série originelle pour avoir ma dose.
Avant la Quête – Le Chevalier Bragon, Le Tendre, Loisel et Mallié, 58 planches, Dargaud, 14€
8 planches chez BDGest.
On retrouve le matou le plus connu de la bd maintenant. Garfield en est donc à son 57° album et non je ne vais pas vous parler de lui, mais plutôt de John Blacksad. Poursuivant dans la veine du 4, abandonnant de plus en plus la trame du polar hardboiled au risque de perdre des lecteurs, les auteurs nous emmènent cette fois sur les pas de la Beat Generation, qui avait déjà fait une apparition dans le tome 3 via le bison Greenberg, transposition d'Alan Ginsberg. Si vous connaissez un tant soit peu ce courant artistique, c'est un plaisir de voir avec quelle inventivité Diaz Canales arrive à rendre hommage à cette période et à ces artistes. Si vous ne la connaissez pas, c'est l'occasion de vous y mettre. Ce tome de Blacksad est en effet différent des autres : ce n'est plus une enquête d'un privé, mais le voyage inattendu du héros, brinqueballé sur la Route, figure américaine mythique. Blacksad n'est plus vraiment acteur de sa destinée et ça peut désarçonner. Personnellement, j'ai été emporté et adore cet aparté dans la série, mais qu'ils se rassurent, les amateurs de polar retrouveront leurs petits dans le prochain diptyque prévu pour 2016. Ah, et graphiquement, c'est toujours à tomber.
Blacksad T5 Amarillo, Diaz Canales et Guarnido, 54 planches, Dargaud, 14€
5 planches sur le site de l'éditeur.
Bon, histoire de clôturer ce Canard BD avec un truc que j'ai jamais chroniqué quand même, The Punisher : Au commencement. Bon, on retrouve quand même Garth Ennis qui ne s'est pas vraiment assagi, enfin si un petit peu. Point de zombies, mais son personnage Marvel de prédilection, Frank Castle, aussi connu sous le nom de Punisher, dont on va suivre les débuts, si tant est qu'un personnage de comics ait un début. Avec un nom pareil, vous vous doutez bien qu'il ne fait pas des mitaines au crochet pour les lépreux de Montargis (qui en auraient pourtant bien besoin). Non, son truc, c'est de tuer des méchants, de la façon la plus sale possible, pour les punir, surtout s'ils sont liés à la mort de sa femme et de ses enfants. Dans cet épais tome reprenant le début de la série Punisher Max, Garth Ennis place son ténébreux héros dans la guerre du Vietnam, là où sa sociopathie aiguë et son amour du sang se sont révélés, avant de le ramener aux Etats-Unis, à la traque des mafiosi responsable de la perte de sa famille. Pas d'humour, pas d'atermoiement, c'est cinglant comme un coup de trique sans pour autant être complaisant dans la violence ou la glorifier. C'est vraiment la chute d'un homme que raconte Ennis, et le livre se conclue sur un épisode se déroulant dans la sinistre prison de Ryker's Island, dans une ambiance poisseuse qui n'est pas sans rappeler Oz ou le John Constantine Hellblazer par Brian Azzarello et Richard Corben, Hard Times.
The Punisher : au commencement, Ennis, LaRosa et Robertson, Panini Comics Marvel Deluxe, 274 pages, 28€50
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