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  1. #91
    @Tous : c'est super bien écrit et hyper intéressant. Vraiment. Pas besoin de drama++ pour que ça nous touche.

  2. #92
    Citation Envoyé par amiral_slip Voir le message
    non c'est tout le contraire! passionnant de bout en bout

    Spoiler Alert!
    confession, j'aurais voulu attendre que le petit soit au moins en fin de college pour me separer de la mere, mais qui sait ce qu'il aurait du endurer pour arriver jusque la... GG papa tahia.
    Ça ne peux pas être une vérité générale hein, mais moi j'ai attendu ce jour toute mon enfance
    Citation Envoyé par Noël Lagoia

  3. #93
    Beaucoup de vos tranches de vie m'ont émues. Mais je sens un peu comme un voyeur si je me contente de vous lire sans me livrer moi aussi...

    Spoiler Alert!
    Tout d'abord, je suis un vieillard comparé à beaucoup d'entre vous. Je suis né dans l'Yonne en 1970 et je vous laisse le soin de calculer mon âge.

    J'ai passé mon enfance dans la région d'Auxerre. J'ai un petit frère. J'ai grandi avec un père ingénieur dans l'industrie (qui a démarré en bas de l'échelle et qui à force de travail a gravi les échelons) et une mère assez, voire très, sévère travaillant dans le milieu social.

    Je conserve un très mauvais souvenir de mes années collèges où une bande de sympathiques adolescents trouvaient amusant de profiter de ma timidité et de ma petite taille (bon, aujourd'hui je mesure 1m90) pour me pourrir la vie avec un flot quotidien de quolibets, d'humiliations et parfois de coups.

    Le lycée m'a permis de me libérer avec de nouveaux amis, même si je dois dire que je repense quasi quotidiennement à ces sales années au collège. Bizarrement, j'ai oublié beaucoup de noms et de visages de mes relations de l'époque alors que je conserve un souvenir très clair des quatre gus qui m'ont pourri la vie. Aujourd'hui encore, je me demande ce que j'ai pu faire pour qu'ils s'acharnent sur moi.

    Bref, j'obtiens un Bac B (ES pour les plus jeunes) au rattrapage. Mes parents, considérant que je suis une feignasse, m'interdisent d'aller en fac car j'y passerais, selon eux, mon temps à glander. Du coup, ils demandent à un oncle de me pistonner dans un IUT techniques de commercialisation à Saint-Nazaire.

    Erreur fatale ! Je n'ai absolument rien fichu pendant deux ans mais je me suis énormément amusé. J'ai découvert des supers copains, les filles, la fête, la bière, le hard rock. J'ai donc fait le minimum syndical pour obtenir mon diplôme. Puis retour à Auxerre pour poursuivre dans une école de commerce et pour suivre à peu près le même programme qu'à l'IUT (les copains, les filles, la fête, la bière, le hard rock).

    Diplôme en poche, j'ai fait le nécessaire pour me faire réformer de l'armée et je me suis mis en quête d'un travail. Après quelques petits boulots, dont un an dans un fast food, je trouve un stage dans un organisme local de services aux entreprises (je reste volontairement flou). A la suite de mon stage, je me vois proposer un cdd puis un cdi en tant que chargé de communication.

    Au fil des années, on me confie plus de responsabilités d'abord au niveau départemental puis regional. Puis suite aux regroupements administratifs des régions, on me confie la direction régionale de la communication. Je travaille donc avec une petite équipe répartie sur un territoire régional et je suis également en contact avec beaucoup d'élus.

    Mais ma fierté et ma joie ne sont pas professionnelles... Au travail, je tombe en amour avec une collègue qui quitte son mari, incapable quelle était de résister à mon charme. Bien entendu, nous décidons d'avoir un enfant. Débute alors une période assez compliquée avec deux fausses couches. Le troisième essai est le bon mais la grossesse est compliquée et ma compagne doit passer quasiment tout son temps allongée.

    En août, le 26, au 6e mois de grossesse, les médecins décident de faire sortir notre bébé qui était en train de mourir dans le ventre de sa mère. Notre fille vient au monde au son de Streets of Philadelphia, à 23h00. Elle pèse un kilo, elle est minuscule et tout son corps est relié à des tuyaux.

    Dans la nuit, elle est transférée de l'hôpital d'Auxerre au service de réanimation du CHU de Dijon. Pendant les deux mois qui suivent, ma femme est admitable de courage et de ténacité. Épuisée par la grossesse et la césarienne, elle demande immédiatement à être elle aussi transférée à Dijon pour être à ses côtés chaque jour. De mon côté, tous les soirs, je fais des allers retours entre mon boulot à Auxerre et Dijon pour passer quelques heures avec elles.

    Malgré des hauts et des bas, notre fille prend progressivement du poids et des forces. Elle est courageuse, notre petiote. Au bout de deux mois, les médecins parviennent à l'extuber afin qu'elle arrive à respirer quasiment sans assistance.

    Puis, c'est le retour à l'hôpital d'Auxerre pendant encore un mois, avant qu'elle découvre sa maison et sa chambre. Au cours de ces longs mois, j'ai découvert le dévouement exeptionnel, parfois surhumain, des soignants. Ils étaient totalement dévoués à leurs patients . J'en ai vu plusieurs qui, malgré leur épuisement, continuaient à s'occuper des enfants, des familles. Je n'oublierai jamais ce médecin qui m'a présenté ma fille alors qu'elle venait juste de naître et qui après ses nuits de permanence, les traits tirés et les yeux rougis par le manque de sommeil, allait voir un à un chaque bébé avant de rentrer chez lui. Je n'oublierai jamais cette infirmière qui nous a raconté la tristesse qu'elle éprouvait à chaque fois qu'un bébé ne pouvait pas être sauvé.

    Puis la vie a repris un cours plus apaisé avec les aventures classiques que rencontrent chaque parents. Elle a grandi comme tous les enfants et je pense qu'elle a eu une enfance heureuse.

    Bref, c'est elle, ma fille, ma plus grande fierté et ma plus grande joie. Le reste est superflu. Elle est aujourd'hui en pleine forme. Elle aura 18 ans la semaine prochaine et partira étudier à Lyon. J'espère qu'elle y passera du bon temps mais qu'elle fera un peu moins la fête que moi.

  4. #94

  5. #95
    Je peux pas lire les spoilers car je suis sur mon téléphone mais j'ai hâte de lire demain vos nouveaux Background

  6. #96
    Citation Envoyé par snot Voir le message
    Tellement

  7. #97

  8. #98
    merci pour ton temoignage valenco
    penser a mettre une signature moins grosse

  9. #99
    Gros respect à toi et ta femme Valenco. Il y a eu des naissances comme celle de ta fille chez des proches cousins dans ma famille, mais avec le recul (et en te lisant), j'étais trop jeune pour me rendre compte de ce qu'ont dû traverser les parents à l'époque. Ton histoire fait chaud au cœur.

    Citation Envoyé par JulLeBarge
    Et je suis titularisé dans la fonction publique, sans avoir passé aucun concours, sur décision du PDG. Je serai un des derniers à profiter de ce genre de nomination.
    Salow !

  10. #100
    Citation Envoyé par Valenco Voir le message
    Beaucoup de vos tranches de vie m'ont émues. Mais je sens un peu comme un voyeur si je me contente de vous lire sans me livrer moi aussi...

    Spoiler Alert!
    Tout d'abord, je suis un vieillard comparé à beaucoup d'entre vous. Je suis né dans l'Yonne en 1970 et je vous laisse le soin de calculer mon âge.

    J'ai passé mon enfance dans la région d'Auxerre. J'ai un petit frère. J'ai grandi avec un père ingénieur dans l'industrie (qui a démarré en bas de l'échelle et qui à force de travail a gravi les échelons) et une mère assez, voire très, sévère travaillant dans le milieu social.

    Je conserve un très mauvais souvenir de mes années collèges où une bande de sympathiques adolescents trouvaient amusant de profiter de ma timidité et de ma petite taille (bon, aujourd'hui je mesure 1m90) pour me pourrir la vie avec un flot quotidien de quolibets, d'humiliations et parfois de coups.

    Le lycée m'a permis de me libérer avec de nouveaux amis, même si je dois dire que je repense quasi quotidiennement à ces sales années au collège. Bizarrement, j'ai oublié beaucoup de noms et de visages de mes relations de l'époque alors que je conserve un souvenir très clair des quatre gus qui m'ont pourri la vie. Aujourd'hui encore, je me demande ce que j'ai pu faire pour qu'ils s'acharnent sur moi.

    Bref, j'obtiens un Bac B (ES pour les plus jeunes) au rattrapage. Mes parents, considérant que je suis une feignasse, m'interdisent d'aller en fac car j'y passerais, selon eux, mon temps à glander. Du coup, ils demandent à un oncle de me pistonner dans un IUT techniques de commercialisation à Saint-Nazaire.

    Erreur fatale ! Je n'ai absolument rien fichu pendant deux ans mais je me suis énormément amusé. J'ai découvert des supers copains, les filles, la fête, la bière, le hard rock. J'ai donc fait le minimum syndical pour obtenir mon diplôme. Puis retour à Auxerre pour poursuivre dans une école de commerce et pour suivre à peu près le même programme qu'à l'IUT (les copains, les filles, la fête, la bière, le hard rock).

    Diplôme en poche, j'ai fait le nécessaire pour me faire réformer de l'armée et je me suis mis en quête d'un travail. Après quelques petits boulots, dont un an dans un fast food, je trouve un stage dans un organisme local de services aux entreprises (je reste volontairement flou). A la suite de mon stage, je me vois proposer un cdd puis un cdi en tant que chargé de communication.

    Au fil des années, on me confie plus de responsabilités d'abord au niveau départemental puis regional. Puis suite aux regroupements administratifs des régions, on me confie la direction régionale de la communication. Je travaille donc avec une petite équipe répartie sur un territoire régional et je suis également en contact avec beaucoup d'élus.

    Mais ma fierté et ma joie ne sont pas professionnelles... Au travail, je tombe en amour avec une collègue qui quitte son mari, incapable quelle était de résister à mon charme. Bien entendu, nous décidons d'avoir un enfant. Débute alors une période assez compliquée avec deux fausses couches. Le troisième essai est le bon mais la grossesse est compliquée et ma compagne doit passer quasiment tout son temps allongée.

    En août, le 26, au 6e mois de grossesse, les médecins décident de faire sortir notre bébé qui était en train de mourir dans le ventre de sa mère. Notre fille vient au monde au son de Streets of Philadelphia, à 23h00. Elle pèse un kilo, elle est minuscule et tout son corps est relié à des tuyaux.

    Dans la nuit, elle est transférée de l'hôpital d'Auxerre au service de réanimation du CHU de Dijon. Pendant les deux mois qui suivent, ma femme est admitable de courage et de ténacité. Épuisée par la grossesse et la césarienne, elle demande immédiatement à être elle aussi transférée à Dijon pour être à ses côtés chaque jour. De mon côté, tous les soirs, je fais des allers retours entre mon boulot à Auxerre et Dijon pour passer quelques heures avec elles.

    Malgré des hauts et des bas, notre fille prend progressivement du poids et des forces. Elle est courageuse, notre petiote. Au bout de deux mois, les médecins parviennent à l'extuber afin qu'elle arrive à respirer quasiment sans assistance.

    Puis, c'est le retour à l'hôpital d'Auxerre pendant encore un mois, avant qu'elle découvre sa maison et sa chambre. Au cours de ces longs mois, j'ai découvert le dévouement exeptionnel, parfois surhumain, des soignants. Ils étaient totalement dévoués à leurs patients . J'en ai vu plusieurs qui, malgré leur épuisement, continuaient à s'occuper des enfants, des familles. Je n'oublierai jamais ce médecin qui m'a présenté ma fille alors qu'elle venait juste de naître et qui après ses nuits de permanence, les traits tirés et les yeux rougis par le manque de sommeil, allait voir un à un chaque bébé avant de rentrer chez lui. Je n'oublierai jamais cette infirmière qui nous a raconté la tristesse qu'elle éprouvait à chaque fois qu'un bébé ne pouvait pas être sauvé.

    Puis la vie a repris un cours plus apaisé avec les aventures classiques que rencontrent chaque parents. Elle a grandi comme tous les enfants et je pense qu'elle a eu une enfance heureuse.

    Bref, c'est elle, ma fille, ma plus grande fierté et ma plus grande joie. Le reste est superflu. Elle est aujourd'hui en pleine forme. Elle aura 18 ans la semaine prochaine et partira étudier à Lyon. J'espère qu'elle y passera du bon temps mais qu'elle fera un peu moins la fête que moi.
    Très touchant ton histoire Valenco

  11. #101
    Merci pour vos messages.

    Je parle très rarement de tout ça, même à mes proches. Du coup, ça me trouble de faire ma pleureuse auprès de personnes que je n'ai jamais rencontrées (aussi sympathiques que soient les membres du forum)... mis à part Fb74 que j'ai déjà rencontré irl et qui est vraiment infréquentable.

    Spoiler Alert!
    @FrankyMiley.
    C'est normal que tu ne te sois pas vraiment rendu compte. C'est une épreuve très personnelle entre les parents et leur mioche. Nous avons vécu ça à trois : ma femme, ma fille et moi. En fait, nous étions totalement concentrés sur sa guérison et nous vivions au jour le jour sans nous projeter dans l'avenir.

    Nous avions construit comme une barrière avec la famille et les proches (même s'ils étaient présents et très inquiets). Cela nous a notamment permis d'encaisser beaucoup de maladresses comme cette cousine qui m'appelle pour me dire qu'elle tient dans ses mains un paquet d'un kilo de sucre pour se rendre compte du poids de ma fille et qui me dit, je la cite, "ce n'est pas bien lourd". Ou d'autres remarques carrément méchantes de mon directeur de l'époque.

    Ce qui est sûr, c'est que ma femme et moi sommes marqués à vie et éternellement reconnaissants aux médecins et infirmières.

  12. #102
    @jul,
    somme toute assez banale
    je trouve pas, tu as visité plus de pays que moi Marrant mais la pologne m'a toujours attiré... J'avais deja evoqué y finir mes jours (de vieillesse, hein)
    penser a mettre une signature moins grosse

  13. #103
    Citation Envoyé par amiral_slip Voir le message
    @jul,

    je trouve pas, tu as visité plus de pays que moi Marrant mais la pologne m'a toujours attiré... J'avais deja evoqué y finir mes jours (de vieillesse, hein)
    C'est un pays étrange, un mélange de culture soviétique et de modernité trop vite adoptée. Ça m'a choqué par exemple de débarquer dans une maison en bois de la campagne profonde et d'y trouver une télé 50" 4k HDR...
    Mais autrement c'est plutôt joli, la bouffe est trop bonne, et globalement les gens sont accueillants (bon sauf si t'es noir, gay ou russe, mais c'est une autre histoire)
    Il faut absolument passer au moins un weekend à Cracovie, c'est tellement beau.

  14. #104
    Le nombre de fois où j'ai eu envie de postuler chez CdProject ! Et, je n'ai jamais osé sauter le pas.

  15. #105

  16. #106
    Merci les canards. Je suis en vacances mais je garde un œil sur le topic. C'est passionnant.

  17. #107
    Bon, moi aussi je vous lis depuis le début, il va falloir que j'y passe. Je vous préviens, à côté des histoires vues ici, c'est pas palpitant. Je vais mettre un peu d'histoires de coeur pour que ça ait l'air plus intéressant.

    Spoiler Alert!

    Je suis donc un chouia plus vieux que Valenco, puisque moi je suis né alors que les années 60 avaient encore deux mois à vivre... J'aimerais pouvoir dire que mes parents se sont rencontrées sur les barricades de Mai 68, mais ce serait un peu exagéré; en vrai, ils étaient en classe prépa, et ils passaient les concours. D'après mon père, c'est grâce aux "événements" qu'il a eu Polytechnique, vu qu'une épreuve où il s'était planté a été annulée et remplacée par une autre qu'il a réussie, et qu'il est entré dans les derniers.

    Ce qui est clair, c'est que mes parents n'étaient pas du même monde (famille de bourgeois militaires cathos tradi d'un côté, d'ouvriers/paysans venus de Picardie de l'autre), et qu'ils n'avaient pas vraiment prévu d'élever un moutard à 20 ans. Mariage un peu en urgence avec les deux familles qui tirent la tronche (les photos!), et quelques mois plus tard, me voilà. J'aurai un petit frère trois ans plus tard.

    Mais les histoires d'amour finissent mal, et mes parents se séparent avant mes 10 ans. Je vous promets que dans les années 70, c'était pas encore à la mode. Passer deux jours chez papa et trois jours chez maman, ne pas savoir si on peut parler à l'un des copains de l'autre... j'encaisse; mon frère, 5-6 ans, le vit encore plus mal que moi. Comme tous les gamins j'aimerais bien me fondre dans la masse, mais c'est pas possible, d'autant que je suis un bon, voire très bon élève, pas particulièrement sportif, et fils de prof. Ma mère a beau être prof au lycée, dès mes années de collège la moitié de mes profs sont des copains (plutôt copines) de ma mère, ça non plus ça ne facilite pas l'anonymat.

    Pendant mes années de collège, à la faveur d'un accident de ski je passe les vacances de février avec un plâtre, ma mère m'achète deux trucs qui vont avoir beaucoup d'influence sur moi: le premier tome du Seigneur des Anneaux, et le numéro 11 de Jeux & Stratégies. Je dévore les deux, et complète rapidement ma collection (sauf le numéro 2 de J&S que je n'ai jamais trouvé). Impossible de trouver des gens avec qui jouer à ce genre de jeux (mon frère n'a pas dépassé le Risk et le Cluedo), tant pis, je joue tout seul, j'invente des jeux. Je découvre le jeu de rôle, auquel je ferai brièvement jouer mon frangin et ma mère, avant d'entraîner des copains de collège.

    Au détour des J&S, je découvre des pubs pour ces machins encore mystérieux (on est au début des années 80): les ordinateurs. Ça m'intéresse. J'apprends à programmer en Basic lors d'une colonie de vacances vers mes 14 ans. Mon père me regarde de haut, lui est un matheux old school, il ne comprend pas qu'on puisse être intéressé par ces machines. J'arrive quand même à me faire payer successivement les machines à la mode de l'époque, un ZX Spectrum puis un Atari ST. Je bidouille des programmes ni faits ni à faire, et je découvre les jeux vidéo.

    Je suis bon élève. Bac C (aujourd'hui ce serait S spé Maths), mention très bien. Classe prépa comme interne à Lyon (j'étais de Grenoble); j'ai choisi le lycée sur trois critères débiles: le prof de maths qui nous a fait la journée portes ouvertes avait l'air sympa, il y avait une piscine, et une fille de ma classe sur laquelle j'avais des vues envisageait le même lycée. Je n'ai jamais mis les pieds à la piscine, la fille n'a jamais su que j'existais, en revanche le prof a été mon prof de maths en sup, et c'était un super prof. Bon, comme mes parents sont tous les deux matheux, je me dis que je vais me démarquer, j'envisage de faire plutôt de la physique en tentant Normale Sup, et donc de faire ma spé en filière Physique. Ma prof de physique me regarde, me dit que je suis fou, que les profs sont meilleurs en spé Maths. Bon tant pis, je continue en maths.

    Je rentre à Normale Sup; j'apprendrai par la suite que mes parents avaient fait entre eux un pari, vers mes 1 an, sur le fait que j'y entrerais - voilà pour les illusions d'avoir choisi ma propre voie. J'y rencontre plein de gens qui sont plutôt comme moi: intéressés par les sciences, lecteurs de SF, joueurs de jeux de rôle et de wargames. La vie est belle.

    Lors de l'intégration, mon look à cheveux longs m'a fait passer pour plus fêtard que je n'étais; je me retrouve un an responsable de l'organisation des soirées. L'année d'après, je refile le boulot à un autre matheux à cheveux longs, et je deviens le responsable du club Jeux, ce qui me convient mieux. En plus, la ludothèque est dans le même local que la BDthèque.

    Je repère une matheuse (elles sont pas nombreuses!) qui vient du même lycée que moi, je lui tourne autour, elle me rembarre (elle a un copain polytechnicien). À la longue, elle finit par céder à mon charme irrésistible et par plaquer son X. 16 ans plus tard presque jour pour jour, on se mariera. (OK je triche un peu pour le coup; j'avais déjà rencontré quelques filles avant, dont pas mal m'avaient déjà rembarré, mais pas toutes. Et c'est la seule avec laquelle j'ai fini par me marier)

    Bon c'est pas tout ça, mais il faudrait faire quelque chose de sa vie. J'ai décidé de faire des maths, finalement. Un de mes profs fait des trucs qui me plaisent bien; il ne veut pas me prendre en thèse, mais il a une collègue dans son labo, à Bordeaux, qui a un sujet et cherche un thésard. Va pour Bordeaux; j'y vais de temps en temps pendant mes années d'école, puis à temps plein à la sortie. Il se trouve que c'est un labo d'info; quelques années plus tard, me voilà docteur en informatique, sans jamais avoir eu d'autre diplôme dans cette discipline. J'apprends sur le tas. Je décroche un poste, toujours à Bordeaux; ma copine, qui un an plus tôt a eu le sien à Grenoble, tire la tronche. Après quelques années à faire des trajets le weekend entre Paris (où elle faisait sa thèse) et Bordeaux, on se met à faire des Grenoble-Bordeaux, nettement moins cools, d'autant que c'est censé durer vu qu'on est tous les deux en poste.

    Au bout de quelques années, j'essaie de muter vers Grenoble: ça ne marche pas. Ma copine en a marre, elle commence à penser à démissionner pour trouver un boulot sur Bordeaux. Et là, miracle: elle réussit à faire un échange de poste pour venir au labo de maths de Bordeaux (les mutations dans le supérieur, c'est beaucoup plus compliqué que dans le secondaire).

    J'ai 34 ans, ma copine 30, ça fait 10 ans qu'on est ensemble, et c'est la première fois qu'on vit sous le même toit. Contrairement aux prédictions, ça se passe très bien. On décide d'essayer de faire un petit matheux.

    Et là... ça se passe pas bien. Au bout d'une année, ma copine tombe enceinte, et fait une fausse couche. Une deuxième. Toubibs, tentatives de FIV. Ça ne passe pas, c'est lourd. Au bout de plusieurs années, on décide d'essayer l'adoption; ce sera notre motivation principale pour passer devant Monsieur le Maire - à l'époque, impossible pour un couple non marié d'obtenir l'agrément pour une adoption.

    On entame donc une procédure d'agrément; c'est tout aussi invasif que la PMA, avec moins de piqûres. Enquête sociale, entretiens, lettres. On obtient l'agrément, on se tourne vers une adoption à l'international.

    Bon, je vais la faire courte: on a fini par abandonner le projet au bout de 8-9 ans; ça n'avançait pas, on ne rajeunissait pas, et le milieu des associations et des travailleurs sociaux qui s'occupent d'adoption est un peu trop traditionnel pour nous.

    Au final, toutes ces difficultés qu'on a traversées dans notre couple n'ont pas entamé sa solidité. On a beau avoir pas mal de centres d'intérêts très différents, on reste très soudés, et c'est rarissime qu'on s'engueule plus de 10 minutes. Ça au moins on l'aura pas raté...

    Au cours de cette belle histoire, on a découvert Canard PC vers 2007 je crois, et son forum plusieurs années plus tard. Je ne joue quasiment plus aux jeux vidéo, mais je reste abonné au mag; Madame joue plus que moi mais ne le lit qu'occasionnellement (et pas du tout le forum - j'espère).

  18. #108
    Ce topic... J'en ai lu chaque mot avec délectation. Il est fort courageux, d'autant plus généreux de se livrer avec autant de beauté sur un forum de canards... Et oué, histoire de m'octroyer tous ces compliments, je vais me livrer à mon tour l'exercice, j'en avais éprouvé l'envie il y a quelques semaines... Pour l'histoire, je n'écris que rarement sur ce forum alors que j'y suis inscrit depuis 2010!

    Spoiler Alert!
    Dernier d'une fratrie de trois, que des gars, j'arrive après la bataille de la réflexion sur l'éducation, de l'omniprésence parental. Mon père avait rapidement prévenu ma mère "je m'occuperai d'eux à leur adolescence", son boulot lui prend tout son temps, toute son énergie, d'ailleurs, peu de temps après ma naissance, il devient chef d'entreprise et devient le fournisseur officiel français d'une boite de systèmes électriques et hydraulique américaine. Il est plutôt fier de son parcours, à raison, devenu ingénieur et souhaitant le même chemin pour chacun de ses fils.

    J'ai des facilités à l'école primaire, ma mère me suit pas mal. Au collège, c'est le saut dans le grand bain, on me dit qu'il est temps que je me prenne en main. Ce que je tente de faire tant bien que mal en 6ème. En 5ème, c'est le début des problèmes, je tombe sur quelques profs qui n'ont plus le coeur au métier et qui s'énervent facilement sur les enfants qu'ils ont en face d'eux, j'ai été affecté par cette violence d'un manque de pédagogie sidérant. La 4ème est pire, je la redouble. A cette même période, mes parents me laissent vagabonder seul d'abord à Marseille, puis en Belgique après des rencontres sur le net, les années 98 / 2000 ont ramené un ordinateur à la maison et une connexion internet, j'en profite pour faire des rencontres virtuelles de filles auxquelles je m'attache, j'en parle à ma mère qui ne comprend pas trop et me laisse concrétiser ces relations et les transformer en quelques choses de réel. Les expériences sont riches, quelques peu douloureuses. C'est sur un forum de musique que je rencontre la fille, ma première vraie relation, avec qui j'ai partagé 15ans de ma vie. En rentrant au lycée, mon père me fait comprendre qu'il veut que je file vers la filière S, ne sachant pas trop quoi en penser et aimant bien les maths, je ne m'y oppose pas. C'est une catastrophe, mon année de première S est une purge, une torture, notamment à cause d'une prof de math qui martyrise la classe, la moyenne générale sera de 5/20 à la fin de l'année, la mienne, en dessous. Heureusement, à cette période, je vis mon premier amour. Mon prof principal avec l'aval de mon père ne m'offre qu'un seul choix, redoubler en 1ère STT (science technologique et tertiaire) "une voix poubelle" disent-ils.

    En STT, je me balade, j'obtiens enfin des bonnes notes que je n'ai plus obtenues depuis fort longtemps. De plus, les cours ont un lien, bien qu'étroit, avec l'informatique, domaine qui me tient à cœur. Mais je restais perdu, je ne savais pas quoi faire comme étude, j’avais cette conviction au fond de moi-même que je ne serais pas heureux si je bossais dans l’informatique (j’ai encore cette conviction aujourd’hui). Ma copine de l'époque m’a demandé « Qu’est-ce que tu aimes ? »… Qu’est-ce que j’aime ? les jeux vidéo… ça reviendrait à bosser dans l’informatique… les relations sociales… j’ai réalisé que durant toute mon enfance, j’avais pris plaisir à me lier d’amitié avec des ados en souffrance, persuadé que je ne l’étais pas, j’ai pris un grand plaisir durant des années à écouter, discuter avec d’autres ados en ayant cette sensation que j’avais cette capacité à les aider. Ai-je cette qualité ? C’est comme ça que je me suis intéressé à la sociologie, à l’ethnologie, je ne savais pas dans quoi je m’embarquais, je savais juste que j’aimais ça.

    Et pour la première fois depuis environ huit ans, depuis la cinquième où j’ai commencé à souffrir de cette scolarité, je me suis senti bon, pour la première fois depuis huit ans, j’ai pris plaisir à travailler, pour la première fois depuis huit ans, j’ai commencé à reprendre confiance en moi, en mon intelligence, en ma capacité à travailler, en mon courage. J’ai aimé ces trois ans d’études à Nanterre comme jamais, tout autant parce que ça me plaisait, pour ce que ça m’a apporté mais surtout, surtout, parce que ça m’a permis de reprendre confiance en moi, ça m’a permis de me dire « je suis capable, c’est possible ».

    Je voulais après cette licence de sociologie à Nanterre faire un master de sociologie de la famille, mon passé me hantait, je voulais comprendre la manière dont se construisent les individus au sein de l’entité familiale à travers les âges et les cultures, le rapport entre enfants et parents, l’évolution des hommes… Malheureusement, à cette époque, il n’existait pas encore de master sociologie de la famille en France, quelques cours étaient enseignés à Bordeaux et Lyon mais dans des cursus qui ne m’intéressaient pas. J’ai pris alors la décision d’aller à Poitiers dans un master qui a attiré ma curiosité sur les migrations internationales. Ma copine me suit. Comme dans n’importe quel master, il est demandé aux étudiants de réaliser un mémoire. Mon thème était tout choisi « la migration de l’enfant à l’adulte, la double absence », je voulais travailler sur cette idée d’Abdelmalek Sayad, celle qui tente d’expliquer cette double identité qui se crée chez le migrant, il est tout autant enfant de sa terre que fruit du pays qui l’accueille. Et il n’a ni l’identité de son pays, ni celle du pays dans lequel il vit. Je voulais aborder ce cheminement dans le développement de l’adolescence à l’adulte, celle de cette construction à partir de l’arbre des parents à cette constitution en opposition afin de devenir homme, adulte, indépendant.

    Le destin en a décidé autrement, il n’a pas voulu que je travaille sur ma propre identité de manière théorique, un des profs qui me suivait s’étant moqué violemment de l’exposé de mes idées, la peur de ne pas être à la hauteur me revenait en pleine face. Il fallait que j’aille au charbon.

    Je décidais alors de passer de la théorie à la pratique en faisant un stage à Emmaus, stage qui m’a fait le plus grand bien, je revenais aux sources, celles d’aller échanger avec des personnes en difficultés, de les accompagner au quotidien, sentiment de me sentir à nouveau utile, bon dans ce que je faisais, d’autant plus qu’on me le faisait remarquer en me disant qu’ils attendaient que je revienne pour prendre la place du chef de communauté. A la fin de ce stage pour lequel je n’avais touché aucune rémunération, les compagnons se sont battus pour que je touche le même pécule qu’eux, 50€ par semaine, afin de valoriser le travail que j’avais pu réaliser à leurs côtés. Je garde de merveilleux souvenirs de ces quelques mois près de la misère humaine mais avec tant de beaux sourires…
    Qu’est ce qui se rapprochait le plus de ce travail ? Celui d’éducateur spécialisé, de toute évidence. J’étais prêt à abandonner la théorie qui m’avait donné assez de force pour attaquer la réalité du terrain.

    Je tente alors le concours pour être éducateur à Poitiers, Tours, Reims et Nancy. Ma copine m'encourage et me dit qu'elle me suivra. Je suis refusé dès l'écrit à Poitiers, reçu à l'oral à Reims, Nancy et Tours, recalé dans ces trois villes, sur liste d'attente à Reims, 23ème, mon grand frère, fan des Air Jordan, me dit "23, c'est un signe", j'appelle le secrétariat qui me dit froidement "oubliez, c'est mort". Un mois plus tard, on me rappelle "ça vous intéresse toujours?" Je saute sur l'occasion, déménagement à Reims, ma copine reste quelques mois à Nantes pour bosser et trouver une solution pour me rejoindre.

    Ces trois années d'études sont une vaste blague. Les cours enseignés sont pauvres, les "professionnels" qui nous suivent n'ont pas reniflé le terrain depuis une dizaine d'année. Les stages, un par an, chaque année toujours plus longue, sont une bouffée d'air. Je fais mon premier dans un foyer d'accueil médicalisé (personnes adultes avec lourd handicap moteur et mental), mon second dans une maison de retraite que j'ai adoré, j'aurais rêvé bosser de longues années avec les personnes âgées, malheureusement, l'éducateur spécialisé se fait rare dans ce type de structure... mon troisième et dernier dans une maison d'enfant à caractère social, des ados de 12 à 18ans, protection de l'enfance, ados qui ont eu des parents violents, alcooliques, absents, autres... J'avais le sentiment que j'allais en chier avec les ados... ça n'a pas loupé. Les ados sont doués pour renvoyer le professionnel à ses propres questionnements "quel fils j'ai été? puis je juger la manière dont mon père m'a éduqué? quel père j'aimerais être?". Ces neufs mois de stage sont durs, je ne suis plus en capacité d'apporter de l'amour et de la tendresse à ma bien aimée, elle est tout autant prise dans son boulot et ses divers projets. A la fin du stage, on me propose des CDD, j'accepte, je ne réalise pas les ravages que sont en train de faire ces heures de boulot dans mon esprit. Les CDD se multiplient jusqu'à me faire faire de longues semaines, les éducs titulaires sont épuisés. J'essaie de m'imposer, faire au mieux, peut être vais-je au-delà de mon rôle de remplaçant en rédigeant des notes concernant des gamins dont je ne suis pas le référent.

    Juillet 2016, les gamins au foyer sont calmes, je ramène régulièrement ma game cube pour jouer avec eux. Mais vers la fin du mois, j'arrive un samedi à 6h30 et je comprends rapidement que le veilleur de nuit, remplaçant, première nuit, a passé 9h de taff horrible, les ados lui ont fait la misère entre les alarmes enclenchées, les hurlements dans les couloirs... Mon collègue du matin arrive, la matinée est calme, on décide de prendre le temps de réfléchir à la meilleure réponse à apporter... sauf que le midi, les ados remettent ça et cette fois ci, c'est moi qui prend, je gère autant que peu, fait appel à l'astreinte qui fait appel à la police...

    Je rentre chez moi, lessivé, mais intimement convaincu que ça va aller, que c'est le taff, rien de grave. J'y retourne le lendemain. Deux semaines plus tard, alors que je suis en vacances en Ardèche chez mes parents, je m'aperçois que j'ai de grosses plaques d’eczéma sous les bras. Je me dis que c'est rien, ça va passer. Fin aout, je commence à perdre des cheveux derrière la tête. Mon dermato me dit que c'est une pelade, ça devrait repousser. Mars 2017, je n'ai plus aucun poil ni cheveux sur le corps. Pelade universelle. On me propose des traitements qui ont pour objectifs de défoncer mon système immunitaire qui est responsable de cette perte de pilosité (maladie auto immune), et qu'en gros, je devrai manger sans sel, que le traitement fragilisera mes os sur le long terme, et j'en passe. Je refuse. On me fait comprendre qu'il y a peu de chances pour que j'ai de nouveau des cheveux/poils à l'avenir.

    Je continue de bosser dans cette maison d'ado, je vais voir un psy qui remue mon passé durant quelques mois. En Juillet 2017, ma copine me dit qu'elle aimerait qu'on déménage à Paris pour qu'elle suive une formation. J'accepte, je trouve un boulot dans un foyer d'accueil médicalisé dans lequel je m'épanouis. Mais ma relation avec madame ne s'arrange pas, on se quitte en juillet 2018. Je décide de rester dans l'appart dans lequel j'ai vécu avec elle parce qu'il se situe à 3min à pied de mon boulot même si je sais que rester vivre dans l'appart qui a vu les dernières plumes de cette belle relation de 15ans ne facilitera pas le processus de rupture.

    En juillet 2019, je suffoque, je souffre trop, la dépression point le bout de son nez. Je décide de lâcher l'appart et Paris, j'ai besoin d'une pause. Je me démerde pour choper le chômage et pars déposer mes valises en octobre chez mes parents en Ardèche après m'être délester de pas mal de choses. Je compte y rester environ 3mois. J'en profite pour faire un road trip tour de france pour voir tout un tas de personnes que je n'avais pas vu depuis quelques années. C'est une bouffée d'air. Au même moment, je rencontre sur une appli de rencontre une fille avec qui le courant passe bien, on discute de plus en plus jusqu'à se voir en janvier là où elle habite, Châteauroux, la ville ne me fait clairement pas rêver. Les relations avec mon père se tendent avec la pression et l'omniprésence dû au confinement. Ca finit par exploser, je déménage en urgence en Avril dernier à Châteauroux. J'aime cette fille comme un fou. Elle me quitte le 26 mai, le 27, je commence un nouveau boulot. J'ai mal mais je me dis que le boulot me permettra de commencer quelque chose de nouveau, de nouvelles rencontres, nouvelles expériences. Je rencontre ma binôme, je m'entends super bien avec elle, m'explique tout ce qu'elle peut m'expliquer. Deux semaines se passent, tout va globalement bien, elle m'annonce qu'elle démissionne. Une autre collègue démissionne au même moment, je comprends vite que la hiérarchie, surtout la directrice de l'association est tyrannique, je m'en rends vite compte quand cette dernière commence à s'en prendre à moi. Je démissionne à la fin du mois de Juillet.

    Durant tout le mois de juillet, j'ai réfléchi... et maintenant? déménager dans quelle ville? trouver quel type de boulot?... Une pote que je connais depuis maintenant trois ans me dit qu'elle en a marre de paris, elle y vit depuis cinq ans. Elle veut tenter sa chance à l'ile de la réunion.

    Banco. billet d'avion pris. Je décolle le 3 septembre. J'ai déjà commencé à y chercher du boulot.

    Qui vivra verra.


    Pfiou. ça fait du bien de lâcher les mots.

  19. #109
    Citation Envoyé par Kid A Voir le message
    Ce topic... J'en ai lu chaque mot avec délectation. Il est fort courageux, d'autant plus généreux de se livrer avec autant de beauté sur un forum de canards... Et oué, histoire de m'octroyer tous ces compliments, je vais me livrer à mon tour l'exercice, j'en avais éprouvé l'envie il y a quelques semaines... Pour l'histoire, je n'écris que rarement sur ce forum alors que j'y suis inscrit depuis 2010!

    Spoiler Alert!
    Dernier d'une fratrie de trois, que des gars, j'arrive après la bataille de la réflexion sur l'éducation, de l'omniprésence parental. Mon père avait rapidement prévenu ma mère "je m'occuperai d'eux à leur adolescence", son boulot lui prend tout son temps, toute son énergie, d'ailleurs, peu de temps après ma naissance, il devient chef d'entreprise et devient le fournisseur officiel français d'une boite de systèmes électriques et hydraulique américaine. Il est plutôt fier de son parcours, à raison, devenu ingénieur et souhaitant le même chemin pour chacun de ses fils.

    J'ai des facilités à l'école primaire, ma mère me suit pas mal. Au collège, c'est le saut dans le grand bain, on me dit qu'il est temps que je me prenne en main. Ce que je tente de faire tant bien que mal en 6ème. En 5ème, c'est le début des problèmes, je tombe sur quelques profs qui n'ont plus le coeur au métier et qui s'énervent facilement sur les enfants qu'ils ont en face d'eux, j'ai été affecté par cette violence d'un manque de pédagogie sidérant. La 4ème est pire, je la redouble. A cette même période, mes parents me laissent vagabonder seul d'abord à Marseille, puis en Belgique après des rencontres sur le net, les années 98 / 2000 ont ramené un ordinateur à la maison et une connexion internet, j'en profite pour faire des rencontres virtuelles de filles auxquelles je m'attache, j'en parle à ma mère qui ne comprend pas trop et me laisse concrétiser ces relations et les transformer en quelques choses de réel. Les expériences sont riches, quelques peu douloureuses. C'est sur un forum de musique que je rencontre la fille, ma première vraie relation, avec qui j'ai partagé 15ans de ma vie. En rentrant au lycée, mon père me fait comprendre qu'il veut que je file vers la filière S, ne sachant pas trop quoi en penser et aimant bien les maths, je ne m'y oppose pas. C'est une catastrophe, mon année de première S est une purge, une torture, notamment à cause d'une prof de math qui martyrise la classe, la moyenne générale sera de 5/20 à la fin de l'année, la mienne, en dessous. Heureusement, à cette période, je vis mon premier amour. Mon prof principal avec l'aval de mon père ne m'offre qu'un seul choix, redoubler en 1ère STT (science technologique et tertiaire) "une voix poubelle" disent-ils.

    En STT, je me balade, j'obtiens enfin des bonnes notes que je n'ai plus obtenues depuis fort longtemps. De plus, les cours ont un lien, bien qu'étroit, avec l'informatique, domaine qui me tient à cœur. Mais je restais perdu, je ne savais pas quoi faire comme étude, j’avais cette conviction au fond de moi-même que je ne serais pas heureux si je bossais dans l’informatique (j’ai encore cette conviction aujourd’hui). Ma copine de l'époque m’a demandé « Qu’est-ce que tu aimes ? »… Qu’est-ce que j’aime ? les jeux vidéo… ça reviendrait à bosser dans l’informatique… les relations sociales… j’ai réalisé que durant toute mon enfance, j’avais pris plaisir à me lier d’amitié avec des ados en souffrance, persuadé que je ne l’étais pas, j’ai pris un grand plaisir durant des années à écouter, discuter avec d’autres ados en ayant cette sensation que j’avais cette capacité à les aider. Ai-je cette qualité ? C’est comme ça que je me suis intéressé à la sociologie, à l’ethnologie, je ne savais pas dans quoi je m’embarquais, je savais juste que j’aimais ça.

    Et pour la première fois depuis environ huit ans, depuis la cinquième où j’ai commencé à souffrir de cette scolarité, je me suis senti bon, pour la première fois depuis huit ans, j’ai pris plaisir à travailler, pour la première fois depuis huit ans, j’ai commencé à reprendre confiance en moi, en mon intelligence, en ma capacité à travailler, en mon courage. J’ai aimé ces trois ans d’études à Nanterre comme jamais, tout autant parce que ça me plaisait, pour ce que ça m’a apporté mais surtout, surtout, parce que ça m’a permis de reprendre confiance en moi, ça m’a permis de me dire « je suis capable, c’est possible ».

    Je voulais après cette licence de sociologie à Nanterre faire un master de sociologie de la famille, mon passé me hantait, je voulais comprendre la manière dont se construisent les individus au sein de l’entité familiale à travers les âges et les cultures, le rapport entre enfants et parents, l’évolution des hommes… Malheureusement, à cette époque, il n’existait pas encore de master sociologie de la famille en France, quelques cours étaient enseignés à Bordeaux et Lyon mais dans des cursus qui ne m’intéressaient pas. J’ai pris alors la décision d’aller à Poitiers dans un master qui a attiré ma curiosité sur les migrations internationales. Ma copine me suit. Comme dans n’importe quel master, il est demandé aux étudiants de réaliser un mémoire. Mon thème était tout choisi « la migration de l’enfant à l’adulte, la double absence », je voulais travailler sur cette idée d’Abdelmalek Sayad, celle qui tente d’expliquer cette double identité qui se crée chez le migrant, il est tout autant enfant de sa terre que fruit du pays qui l’accueille. Et il n’a ni l’identité de son pays, ni celle du pays dans lequel il vit. Je voulais aborder ce cheminement dans le développement de l’adolescence à l’adulte, celle de cette construction à partir de l’arbre des parents à cette constitution en opposition afin de devenir homme, adulte, indépendant.

    Le destin en a décidé autrement, il n’a pas voulu que je travaille sur ma propre identité de manière théorique, un des profs qui me suivait s’étant moqué violemment de l’exposé de mes idées, la peur de ne pas être à la hauteur me revenait en pleine face. Il fallait que j’aille au charbon.

    Je décidais alors de passer de la théorie à la pratique en faisant un stage à Emmaus, stage qui m’a fait le plus grand bien, je revenais aux sources, celles d’aller échanger avec des personnes en difficultés, de les accompagner au quotidien, sentiment de me sentir à nouveau utile, bon dans ce que je faisais, d’autant plus qu’on me le faisait remarquer en me disant qu’ils attendaient que je revienne pour prendre la place du chef de communauté. A la fin de ce stage pour lequel je n’avais touché aucune rémunération, les compagnons se sont battus pour que je touche le même pécule qu’eux, 50€ par semaine, afin de valoriser le travail que j’avais pu réaliser à leurs côtés. Je garde de merveilleux souvenirs de ces quelques mois près de la misère humaine mais avec tant de beaux sourires…
    Qu’est ce qui se rapprochait le plus de ce travail ? Celui d’éducateur spécialisé, de toute évidence. J’étais prêt à abandonner la théorie qui m’avait donné assez de force pour attaquer la réalité du terrain.

    Je tente alors le concours pour être éducateur à Poitiers, Tours, Reims et Nancy. Ma copine m'encourage et me dit qu'elle me suivra. Je suis refusé dès l'écrit à Poitiers, reçu à l'oral à Reims, Nancy et Tours, recalé dans ces trois villes, sur liste d'attente à Reims, 23ème, mon grand frère, fan des Air Jordan, me dit "23, c'est un signe", j'appelle le secrétariat qui me dit froidement "oubliez, c'est mort". Un mois plus tard, on me rappelle "ça vous intéresse toujours?" Je saute sur l'occasion, déménagement à Reims, ma copine reste quelques mois à Nantes pour bosser et trouver une solution pour me rejoindre.

    Ces trois années d'études sont une vaste blague. Les cours enseignés sont pauvres, les "professionnels" qui nous suivent n'ont pas reniflé le terrain depuis une dizaine d'année. Les stages, un par an, chaque année toujours plus longue, sont une bouffée d'air. Je fais mon premier dans un foyer d'accueil médicalisé (personnes adultes avec lourd handicap moteur et mental), mon second dans une maison de retraite que j'ai adoré, j'aurais rêvé bosser de longues années avec les personnes âgées, malheureusement, l'éducateur spécialisé se fait rare dans ce type de structure... mon troisième et dernier dans une maison d'enfant à caractère social, des ados de 12 à 18ans, protection de l'enfance, ados qui ont eu des parents violents, alcooliques, absents, autres... J'avais le sentiment que j'allais en chier avec les ados... ça n'a pas loupé. Les ados sont doués pour renvoyer le professionnel à ses propres questionnements "quel fils j'ai été? puis je juger la manière dont mon père m'a éduqué? quel père j'aimerais être?". Ces neufs mois de stage sont durs, je ne suis plus en capacité d'apporter de l'amour et de la tendresse à ma bien aimée, elle est tout autant prise dans son boulot et ses divers projets. A la fin du stage, on me propose des CDD, j'accepte, je ne réalise pas les ravages que sont en train de faire ces heures de boulot dans mon esprit. Les CDD se multiplient jusqu'à me faire faire de longues semaines, les éducs titulaires sont épuisés. J'essaie de m'imposer, faire au mieux, peut être vais-je au-delà de mon rôle de remplaçant en rédigeant des notes concernant des gamins dont je ne suis pas le référent.

    Juillet 2016, les gamins au foyer sont calmes, je ramène régulièrement ma game cube pour jouer avec eux. Mais vers la fin du mois, j'arrive un samedi à 6h30 et je comprends rapidement que le veilleur de nuit, remplaçant, première nuit, a passé 9h de taff horrible, les ados lui ont fait la misère entre les alarmes enclenchées, les hurlements dans les couloirs... Mon collègue du matin arrive, la matinée est calme, on décide de prendre le temps de réfléchir à la meilleure réponse à apporter... sauf que le midi, les ados remettent ça et cette fois ci, c'est moi qui prend, je gère autant que peu, fait appel à l'astreinte qui fait appel à la police...

    Je rentre chez moi, lessivé, mais intimement convaincu que ça va aller, que c'est le taff, rien de grave. J'y retourne le lendemain. Deux semaines plus tard, alors que je suis en vacances en Ardèche chez mes parents, je m'aperçois que j'ai de grosses plaques d’eczéma sous les bras. Je me dis que c'est rien, ça va passer. Fin aout, je commence à perdre des cheveux derrière la tête. Mon dermato me dit que c'est une pelade, ça devrait repousser. Mars 2017, je n'ai plus aucun poil ni cheveux sur le corps. Pelade universelle. On me propose des traitements qui ont pour objectifs de défoncer mon système immunitaire qui est responsable de cette perte de pilosité (maladie auto immune), et qu'en gros, je devrai manger sans sel, que le traitement fragilisera mes os sur le long terme, et j'en passe. Je refuse. On me fait comprendre qu'il y a peu de chances pour que j'ai de nouveau des cheveux/poils à l'avenir.

    Je continue de bosser dans cette maison d'ado, je vais voir un psy qui remue mon passé durant quelques mois. En Juillet 2017, ma copine me dit qu'elle aimerait qu'on déménage à Paris pour qu'elle suive une formation. J'accepte, je trouve un boulot dans un foyer d'accueil médicalisé dans lequel je m'épanouis. Mais ma relation avec madame ne s'arrange pas, on se quitte en juillet 2018. Je décide de rester dans l'appart dans lequel j'ai vécu avec elle parce qu'il se situe à 3min à pied de mon boulot même si je sais que rester vivre dans l'appart qui a vu les dernières plumes de cette belle relation de 15ans ne facilitera pas le processus de rupture.

    En juillet 2019, je suffoque, je souffre trop, la dépression point le bout de son nez. Je décide de lâcher l'appart et Paris, j'ai besoin d'une pause. Je me démerde pour choper le chômage et pars déposer mes valises en octobre chez mes parents en Ardèche après m'être délester de pas mal de choses. Je compte y rester environ 3mois. J'en profite pour faire un road trip tour de france pour voir tout un tas de personnes que je n'avais pas vu depuis quelques années. C'est une bouffée d'air. Au même moment, je rencontre sur une appli de rencontre une fille avec qui le courant passe bien, on discute de plus en plus jusqu'à se voir en janvier là où elle habite, Châteauroux, la ville ne me fait clairement pas rêver. Les relations avec mon père se tendent avec la pression et l'omniprésence dû au confinement. Ca finit par exploser, je déménage en urgence en Avril dernier à Châteauroux. J'aime cette fille comme un fou. Elle me quitte le 26 mai, le 27, je commence un nouveau boulot. J'ai mal mais je me dis que le boulot me permettra de commencer quelque chose de nouveau, de nouvelles rencontres, nouvelles expériences. Je rencontre ma binôme, je m'entends super bien avec elle, m'explique tout ce qu'elle peut m'expliquer. Deux semaines se passent, tout va globalement bien, elle m'annonce qu'elle démissionne. Une autre collègue démissionne au même moment, je comprends vite que la hiérarchie, surtout la directrice de l'association est tyrannique, je m'en rends vite compte quand cette dernière commence à s'en prendre à moi. Je démissionne à la fin du mois de Juillet.

    Durant tout le mois de juillet, j'ai réfléchi... et maintenant? déménager dans quelle ville? trouver quel type de boulot?... Une pote que je connais depuis maintenant trois ans me dit qu'elle en a marre de paris, elle y vit depuis cinq ans. Elle veut tenter sa chance à l'ile de la réunion.

    Banco. billet d'avion pris. Je décolle le 3 septembre. J'ai déjà commencé à y chercher du boulot.

    Qui vivra verra.


    Pfiou. ça fait du bien de lâcher les mots.
    Hé bé que de déménagement ! Bon courage à toi !
    Citation Envoyé par Noël Lagoia

  20. #110
    Kid A, t'as bien du courage, et tu t'es engagé dans une voie que peu de personnes peuvent supporter (ou alors, il ne faut pas prendre son travail à cœur). Vu tes motivations, tu aurais pû aussi partir vers le milieu médical.
    Pour l'animation pour les personnes âgées, tu devrais retenter le coup, les EHPAD sont en manque criant de personnel (bon par contre, faut tomber sur le bon établissement, de ce que j'en ai entendu, un mauvais directeur peut te ruiner le peu de foi en la nature humaine).

    Et sinon, question existentielle, t'as retrouvé tes poils ?

  21. #111
    Citation Envoyé par Wobak Voir le message
    Spoiler Alert!

    Août 2009 : je rejoins ma copine sur le bateau de croisière pour 15 jours où elle bosse et je vais faire les excursions avec elle.
    Je m'attendais à un featuring de Snot, je suis déçu...
    Citation Envoyé par Sidus Preclarum Voir le message
    Ben du caramel pas sucré alors...
    "Avant, j'étais dyslexique, masi aujorudh'ui je vasi meiux."

  22. #112
    Citation Envoyé par Tahia Voir le message
    Hé bé que de déménagement ! Bon courage à toi !
    Merci =)

    Citation Envoyé par deathdigger Voir le message
    Kid A, t'as bien du courage, et tu t'es engagé dans une voie que peu de personnes peuvent supporter (ou alors, il ne faut pas prendre son travail à cœur). Vu tes motivations, tu aurais pû aussi partir vers le milieu médical.
    Pour l'animation pour les personnes âgées, tu devrais retenter le coup, les EHPAD sont en manque criant de personnel (bon par contre, faut tomber sur le bon établissement, de ce que j'en ai entendu, un mauvais directeur peut te ruiner le peu de foi en la nature humaine).

    Et sinon, question existentielle, t'as retrouvé tes poils ?
    Le milieu médical, très peu pour moi, je suis capable de tomber dans les pommes après qu'on m'ait fait un vaccin donc bon...
    ouéé.. je vais retenter le coup en EHPAD, on verra bien... je suis persuadé que c'est un milieu qui va connaître de fortes évolutions dans les années à venir...

    Concernant les poils, j'ai commencé à retrouver une infime partie de ma pilosité lorsque j'ai déménagé à Paris, aujourd'hui, je dois avoir 70 à 80% de cheveux sur la tête, donc je préfère tout raser... un dermato m'avait dit que ça se verrait si je laissais pousser. Niveau barbe, je dois avoir... une trentaine de poils, donc je rase aussi, pour le reste du corps, c'est pire, quelques poils par ci par là. Pas de sourcils, pas de cils. Les deux premières années, j'avais des tâches au niveau des ongles sur la partie blanche, c'était assez étrange puisque les tâches évoluaient au fil des jours et des semaines comme le masque de Rorschach dans Watchmen mais en beaucoup plus lent. Ca revient timidement de temps en temps. Bref, je vais pas m'étaler sur cette maladie qui est au final très peu connu parce que pas dangereuse pour la santé, c'est juste l'apparence qui en prend un coup... mais dans notre société où l'image a une place importante... c'est parfois difficile à porter...

  23. #113
    je me suis senti bon, pour la première fois depuis huit ans, j’ai pris plaisir à travailler, pour la première fois depuis huit ans, j’ai commencé à reprendre confiance en moi, en mon intelligence, en ma capacité à travailler, en mon courage.
    c'est beau et c'est exactement ce que je ressens quand j'exerce dans mon domaine de reconversion.

    J'ose a peine imaginer ce que tu as pu endurer avec les ados difficile. J'ai l'impression que les educ de ces centres font ce qu'ils peuvent, sans moyens ni etre vraiment preparés a ca.
    penser a mettre une signature moins grosse

  24. #114
    Beau parcours et bien du courage Kid A de nous raconter tout ça, d'autant que c'est encore une histoire en cours. Je te souhaite de réussir, à la Réunion ou à un autre endroit. Ce que je vois dans ton histoire et dans la façon dont tu as encaissé tous ces coups durs, c'est que tu as énormément de ressources.

  25. #115
    Citation Envoyé par SilverPig Voir le message

    Sinon dites, y a que moi qui ai l'impression d'être submergé par les matheux? Me sens un peu seul là
    Rend toi maintenant Silverpig, et tout se passera bien, sinon on t'envoie des équations différentielles dans la gueule.
    Citation Envoyé par Noël Lagoia

  26. #116
    Citation Envoyé par Lazyjoe Voir le message
    Je m'attendais à un featuring de Snot, je suis déçu...

  27. #117
    Citation Envoyé par Kid A Voir le message
    Merci =)



    Le milieu médical, très peu pour moi, je suis capable de tomber dans les pommes après qu'on m'ait fait un vaccin donc bon...
    ouéé.. je vais retenter le coup en EHPAD, on verra bien... je suis persuadé que c'est un milieu qui va connaître de fortes évolutions dans les années à venir...

    Concernant les poils, j'ai commencé à retrouver une infime partie de ma pilosité lorsque j'ai déménagé à Paris, aujourd'hui, je dois avoir 70 à 80% de cheveux sur la tête, donc je préfère tout raser... un dermato m'avait dit que ça se verrait si je laissais pousser. Niveau barbe, je dois avoir... une trentaine de poils, donc je rase aussi, pour le reste du corps, c'est pire, quelques poils par ci par là. Pas de sourcils, pas de cils. Les deux premières années, j'avais des tâches au niveau des ongles sur la partie blanche, c'était assez étrange puisque les tâches évoluaient au fil des jours et des semaines comme le masque de Rorschach dans Watchmen mais en beaucoup plus lent. Ca revient timidement de temps en temps. Bref, je vais pas m'étaler sur cette maladie qui est au final très peu connu parce que pas dangereuse pour la santé, c'est juste l'apparence qui en prend un coup... mais dans notre société où l'image a une place importante... c'est parfois difficile à porter...
    Comme je viens de finir, si t'as besoin de conseils ou si tu as des questions sur la Réunion, ma boîte à MP est ouverte

  28. #118
    Citation Envoyé par amiral_slip Voir le message
    c'est beau et c'est exactement ce que je ressens quand j'exerce dans mon domaine de reconversion.

    J'ose a peine imaginer ce que tu as pu endurer avec les ados difficile. J'ai l'impression que les educ de ces centres font ce qu'ils peuvent, sans moyens ni etre vraiment preparés a ca.
    Merci =)

    Non, aucun éduc n'est préparé à ça et c'est certainement pas les écoles qui vont aider...
    Par contre, avec les ados, j'ai aussi vécu des moments magiques, je suis parti au ski avec eux (tout frais payé), en Ardèche aussi faire du canyoning, de la via ferrata, du canöé... j'ai joué au foot avec eux, aux jeux vidéo... les moments de plaisir étaient nombreux, rares étaient les moments de violences mais ils étaient intenses et ont laissé des cicatrices...

    Merci pour vos messages !

    Et silverPig, autant au lycée je me sentais matheux, autant maintenant, je me sens beaucoup plus littéraire ^^

    Et Wobak, je comptais t'envoyer un mp au sujet de la réunion

  29. #119
    Merci à tous pour avoir osé vous dévoiler, tous les parcours sont chouettes et c'est très intéressant de voir qu'on s'est réuni autour d'un même truc alors qu'on vient d'horizons différents. Le sondage a parlé, je change le titre. Je pense pas que d'autres se manifesteront maintenant, trop réservés sûrement, pas grave le topic reste ouvert
    Citation Envoyé par Supergounou Voir le message
    Perso plus je bois des bières et prends du bide (ce que je fais, donc c'est cool), plus j'ai confiance en moi.

  30. #120
    Ouah, superbes ces histoires ! C'est très intéressant à lire vraiment ! bravo à vous !:

    Perso ça va aller vite, j'ai un parcours assez lisse au final.

    Spoiler Alert!

    Jusqu'au bac, je suis le premier de la classe. Pas en tout, parce que je suis feignant, mais en science et particulièrement en maths (20 de moyenne générale en 2nd, 18 en Terminale C. Oui, C, la réforme du Bac est venu après).
    Du coup j'atterris en Maths Sup', où je suis toujours aussi bon en maths, mais nul en physique-chimie alors que je bosse à mort. Je finis par prendre en grippe cette matière et le prof avec (un prof de sup', donc pour remonter le moral, on va dire qu'il n'était pas très fort...) et ne plus rien foutre de l'année dans cette matière. A l'internat avec les potes on se partageait les tâches. On était 2-3 à faire toutes les maths, et les autres faisaient le reste. Du coup avec quelques copains, on ne rentre pas tout à fait dans les cases (quand on vous accueille en vous disant "vous êtes l'élite de la nation" *, y en a qui y croient à mort, et d'autres non. Je vous laisse deviner dans quelle catégorie j'étais).
    Conséquence : malgré mes bonnes places en maths, je suis viré en fin d'année avec quelques autres copains internes (d'autres sont restés alors qu'ils avaient de moins bons résultats que moi).

    Mes parents voulaient poser une réclamation, je leur ai dit de laisser tomber. L'ambiance n'était pas pour moi.

    Du coup fac et là bim : je peux ne rien faire et j'adore ça ! Découverte d'Internet sur les ordis de la Fac d'Angers, en 1994. Révélation, je passais mes journées sur les newsgroup et autre trucs de l'époque. Ou sur mon Amiga à jouer comme un porc. (je travaille en tant qu'ouvrier dans une boulangerie industrielle pour payer mes études et mon premier Amiga 1200. J'ai fait les boulots les plus stupides du monde, vraiment).

    Du coup fatalement niveau étude ç'est pas ça. Les maths je gère, mais pas le reste.
    J'arrive en Licence où je me dis qu'enfin je vais pouvoir faire QUE des maths.
    Mais c'est trop tard : j'ai découvert plein d'autres choses et ça m'accapare plus (les filles, la fête, l'alcool, et, surtout j'écris plein de trucs sur mon Amiga. Des livres (2), des nouvelles, des scénarios de Shadowrun, des articles en tout genre...).

    J'ai difficilement ma licence en 2 ans, puis le CAPES en 2 ans aussi (j'ai eu l'écrit dès la première fois quand même, mais sans trop bosser ; là encore le fait d'être pas trop mauvais de base me sauve les miches). La 2eme année, je passe l'oral sur un sujet que j'adore (mon préféré sur les 87 qu'on avait à potasser) et je décroche enfin le CAPES.

    A partir de là, ben y a plus grand chose à dire. Je descends dans le sud grâce à mon ex, qui y était. Je suis l'un des seuls de ma promo d'ailleurs, tous les autres étant parti en région parisienne. Je suis plutôt content de mon coup, sauf que j'atterris dans le Gers**, coin paumé. Moi pur citadin, je déchante vite.
    Mon premier poste, ce sont des remplacements qui s'enchainent toute l'année. J'ai bien aimé, un peu tout vu : le lycée, le collège, plein de classes et d'élèves différents... C'était super.
    2eme poste, dans un établissement paumé. Quand j'y suis arrivé la première fois, j'avais qu'une envie, en partir.

    20 ans plus tard j'y suis toujours et j'ai pas du tout, du tout envie de le quitter. J'y ai d'ailleurs rencontré ma femme actuelle en 2002. Après la furie qu'a été mon ex***, je découvre une relation facile faite de complicité et de tendresse. Du coup on s'aime toujours, on a 2 gosses, et voilà.


    * véridique
    ** Un petit aperçu de ce que j'écrivais à l'époque :
    Spoiler Alert!
    Jazz in Marciac.
    Blues in Auch.

    Alors que je me réveille encore d'un sommeil brumeux entaché de rêves de rentrées catastrophiques, je ne puis que considérer d'un oeil morne les quelques jours qui me séparent à nouveau d'une vie sociale riche en évènements. Ah lointaine rentrée où je retrouverai le piaillement des élèves, le bruissement des cahiers que l'on couvre ou que l'on ouvre pour la première fois, le craquement des crayons qui grattent sur le papier, les chamailleries bon enfant des gamins se disputant le droit d'avoir telle ou telle place dans cette classe que j'aime tant. Tout cela me semble encore loin, mais les jours passent et il n'en reste finalement plus beaucoup avant que cette description ne devienne réalité.

    Mais pour l'heure, la nostalgie m'envahit et mes pensées se tournent inlassablement vers le passé proche. Et tout en grattouillant Enzo sur le ventre (Enzo c'est mon chat), glissant ma main dans ses poils noirs et touffus, les brumeux sursauts de mémoire s'étiolent filandreusement à bord de la frêle embarcation contenant mes souvenirs, qui glisse tranquillement sur le fleuve paresseux de l'oubli.

    Le festival de Marciac ayant jeté par delà ces vacances pluvieuses ses quinze jours de fêtes, d'alcool et de jazz, il ne pouvait s'agir que d'un rêve.
    Te rappelles-tu, mon ami, de ces journées de farniente où nous nous primes à avoir pour activité principale le reluquage en règle des douces créatures féminines arpentant d'un air nonchalant les rues de ce village à la saveur aigre douce ?
    Sans doute posées là exprès pour aiguiser nos appétits de mâles, elles nous mataient aussi, nous, jeunes hommes vêtus de nos plus beaux atours, resplendissant parmi la foule bigarrée d'amateurs de Marsalis ou d'Emile Parisien. Nous prenions alors des airs coquets rivalisant sans mal avec les meilleurs partis. Et notre popularité n'en était que plus ostentatoire lorsque toutes les deux minutes un musicien venait nous saluer, nous parler, puis nous offrir l'ultime verre que nous ne pouvions refuser malgré notre état avancé d'ébriété. Tous les regards nous vrillaient alors, malades de jalousie, et ce n'est qu'avec une volonté d'airain que nous parvenions à cacher ce sentiment d’indéfectible contentement de soi que nous mourrions pourtant d'envie d'asséner à la face du peuple.
    Tout cela nous aidait à attirer vers nous les regards purpurins des jeunes filles. Mais le contact visuel étant pris, nous fondions comme du foie gras au soleil et bégayions des insanités propres à révéler au grand jour notre totale absence de poésie, que les verres sus cités avaient largement contribué à faire disparaitre. Nos blagues tournées au coin du bon sens n'avaient pas l'effet escompté puisque nous oubliions à chaque fois que ces créatures dont nous sommes tant friand ne possèdent pas le même sens de l'à propos que nous ; surtout quand les dites blagues ont pour ressort principal ce qui pousse les femmes et les hommes à se rencontrer...
    Ah, combien de rencontres délicieuses et de confidences sur l'oreiller avons nous ratées ainsi ? Je ne sais, mais moultes. Car après ces quelques déboires, nous replongions le nez dans nos verres, préférant l'alcool à toutes compagnies féminines incapables de deviner les trésors que nous dissimulions sous nos carapaces blindées de jeunes éphèbes timides, maladroits et saouls.
    Qu'elles s'en aillent, les sottes ! Tant de superficialité affichée dans ces robes aux froufrous aguicheurs ne pouvait évidemment retenir notre attention, nous qui élevions le débat à coup de coprolalies bien senties, même si parfois l'horizon d'un simple sein qu'on devinait sous une étoffe un peu trop pâle réveillait des instincts que l'on qualifiait ensuite de bas et méprisables.

    Le réveil de ce qui semblait être un doux coma n'en est que plus rude aujourd'hui alors que le festival est bel et bien fini et que ne subsiste à Marciac pour rappeler ces quinze jours grandioses que les quelques déchets que laissèrent là les touristes et autres amateurs.
    Je repense alors aux visions enchanteresses de ces magnifiques toiles rouge et bleue qui couvraient la scène, au coeur du village, et celles-ci m'emportent en même temps qu'elles tanguent vers les limbes des souvenirs. En laissant vagabonder mes pensées et en retirant ma main du ventre d'Enzo qui ne cherche à exprimer sa joie qu'en me mordant, je pousse un soupir confus.
    Auch quant à elle étale sa beauté architecturale au vu et au sus de tous ; notamment des moines et autres prêtes admirant béatement la cathédrale du centre ville, dressée ici à la gloire d'un être que personne ne verra jamais.
    Alors que tout paraissait tellement facile, beau et gentil à Marciac, je constate que revenu à Auch, il n'en est foutrement rien. Des purs canons rencontrés là bas à tous les coins de rues, il ne reste ici que de vieilles mégères stéatopyges ou de jeunes femmes voués aux ordres, happées par la beauté de cette construction moyenâgeuse, entourées de leur duègne acariâtre. Du haut de mon balcon je contemple, tel soeur Anne, mais je ne vois rien venir. Suis-je trop exigeant quand j'imagine quelqu'un du sexe féminin, d'une beauté fatale, venant sonner à ma porte, et qui me demanderait, avec une voix suave à faire fondre l'antarctique, si éventuellement elle peut rester dormir chez moi, même si, et elle s'en excuserait bien volontiers évidemment, elle a oublié toutes ses affaires dans son propre appartement, y compris son pyjama, et qu'elle espère qu'elle ne me dérangera pas, étant bien entendu qu'elle serait prête à beaucoup de chose pour me récompenser ? Honnêtement, si on ne peut espérer que de tels contes de fée survinssent encore en notre époque où la consommation est reine et l'argent prince, je me dis qu'il va encore falloir attendre quelques années pour que la dépression qui me guette ne s'estompe.

    Mais foin de ces pensées stéréotypées de maniaco-dépressif.
    Alors que l'orfèvre Joe distille sur ma chaine hifi ses morceaux divins, et que je me laisse envouter par "Mind Storm", je me dis que c'est exactement l'ambiance qu'il me faut pour reprendre en main quelques projets que j'ai momentanément balancé dans les limbes de l'oubli.
    Aussi vais-je me jeter corps et âmes dans ce que j'aurais dû faire il y a déjà bien des années : passer la serpillère dans mon appartement afin de laver définitivement sous les litres d'eau de javel parfumé les quelques vestiges de terre ramenés de Marciac sous des chaussures qui plongèrent, un soir où je n'avais plus toute ma tête, dans un fossé rempli d'eau...

    FMP thE mAd



    *** vous imaginez même pas...
    Chaine Youtube : vidéos sur le Seigneur des Anneaux JCE et autres jeux divers et variés.

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