On a trouvé ma news trop politique pour aller sur le site, donc je me propose de la re-publier ici de manière officieuse et autorisée, j'espère qu'on peut ci essayer de canaliser les débats a propos d'ACU en ouvrant sur le jeu en tant qu'art (peut être ?), sans virer sur un topic a la Kenshironeo (les moins de 2 mois ne peuvent pas connaitre)
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Le jeu vidéo, en tant qu'industrie, a toujours été un milieu très fermé : des développeurs font les jeux, des journalistes parlent et testent des jeux, les joueurs achètent et jouent, et enfin les éditeurs récoltent les sous, avec lesquels ils font travailler des développeurs.
De même que l'activité du jeu vidéo est considérée comme un loisir virtuel, où le joueur s'enferme dans sa bulle, séparant sa vie de joueur et sa vie "réelle".
Tout cela a sauté.
À tous les niveaux de ce microcosme, le chamboulement a eu lieu : les développeurs peuvent se financer eux-mêmes, n'importe qui peut tester un jeu et le faire savoir via des plates-formes de blog ou simplement Youtube, jouer est de moins en moins perçu comme honteux et peut même se revendiquer comme un art de vivre.
Le jeu est une pratique devenue tellement répandue dans la société que plus personne ne peut feindre son existence, et désormais cette même pratique est susceptible de faire l'objet de critiques que l'on n'attendait pas.
Le premier débat auquel le jeu s'est exposé est la violence, et je pense que, globalement, il s'en est tiré et qu'à part 3 fous furieux de "familles de france", la société a compris que jouer ne vous transformera pas en serial killer.
Le second débat est récent, c'est le social, et en particulier le féminisme. Ici les critiques s'avèrent plus fondées, et à mon avis l'ampleur de ce débat "épistémoludique" va aboutir à un assainissement par le haut de la situation.
Enfin, le troisième débat est naissant, il date de quelques jours : le jeu vidéo est en train de subir ses premières critiques politiques et historiques. Il faut admettre que ce n'est probablement pas la première, mais le débat commence à prendre une ampleur croissante ici en France avec "Assassin's Creed Unity".
Le terrain a été préparé depuis des années, les jeux se servent de background politiques et/ou historiques depuis des années pour étoffer leur scénario. Cela permettant d'avoir des "méchants" et des "héros" a assez bon compte et des pitchs plus crédibles pour justifier le meurtre de dizaines de polygones. Notons aussi la présence de quelques jeux ouvertement politiquement engagés, comme "Paper's Please" qui dépeint un régime soviétique fictif.
L'alignement de planètes
Assassin's Creed est un jeu avec une trame absolument délirante, évidemment extrêmement manichéenne (les assassins contre les templiers). Le but de cette série est de remonter différentes époques historiques (croisades, début du XVIème siècle italien, révolution américaine, et enfin ici la révolution Française) et d'y appliquer cette trame. Robespierre est classé dans cette trame parmi les méchants, pas de bol. Les autres planètes s'alignent : cette Révolution française est un enjeu mémoriel encore assez fort, surtout à l'extrême gauche où l'on estime que la révolution ne n'est pas achevée à cause de la mort de Robespierre.
Ce même Robespierre qui fait l'objet de débats historiographiques depuis sa mort, tantôt enterré par la IIIe République, tantôt ressuscitée par des historiens qui se disent "Robespierriste", généralement opposés aux "Dantonistes"; c'est extrêmement compliqué et il vaut mieux ne pas rentrer dans le détail, mais je vous y encourage à le faire par vous-même.
Pour parachever l'alignement de planètes, UBIsoft est un éditeur français, dont les premières lettres signifient Union des Bretons indépendants, le P.-D.G. Yves Guillemot est parfois présent aux manifestations bretonnes pour l'indépendance. Coïncidence avec le fait que Robespierre est considéré par les Bretons comme "le bourreau de la Vendée" ? Certains en tout cas le disent.
C'est donc le Parti de Gauche via Alexis Corbière en tir croisé avec le trucculant Jean Luc Mélenchon qui a ouvert les hostilités. UBI se tait, mais deux conseillers historiques du jeu contre-attaquent. Un des deux est Jean Clément Martin, universitaire tout à fait renommé qui, s'il ne contredit pas les critiques historiques de JLM, adopte la position du ", c'est qu'un jeu, les joueurs avec un peu chance ouvriront un livre d'histoire".
Alors n'est-ce qu'un jeu ?
Un jeu a-t-il vocation d'être apolitique, comme les échecs ou le jeu de l'oie, ou doit on le considérer comme une œuvre, voire un art ? C'est ce que pense et dit JLM sur son blog.
Alors toutes ces critiques sur le jeu vidéo, faut-il le vivre comme une intrusion dans nos vies de gamers, ou un signe que le jeu vidéo est en train d'être considéré sérieusement, comme un loisir adulte. Dans ce cas, les critiques féministes, politiques, historiques ne seraient elles pas la meilleure chose qui puissent lui arriver ?
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TL DR : Je me demande si le fait que l'on critique le jeu n'est pas en train de signifier qu'il devient un médium mûr et pris au sérieux. En revenant hyper brièvement sur les polémiques qu'il a suscité