(...)Abu Ali, officier d'un groupe modéré de rebelles du nord de la Syrie, nous montre fièrement un ordinateur portable noir recouvert pour partie de poussière. «Nous l'avons récupéré cette année dans un repaire de l'État islamique», explique-t-il.
Il raconte que les combattants de l'organisation connue auparavant sous le nom d'EIIL s'étaient tous enfuis avant que lui et ses hommes n'attaquent le bâtiment.
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Mais après plusieurs heures passées à faire défiler ces documents, il s'est avéré que cet ordinateur contenait autre chose que la propagande et les manuels pratiques classiquement utilisés par les djihadistes. Les documents suggèrent en effet que son propriétaire, un Tunisien nommé Mohammed S., se formait sur le tas à l'utilisation d'armes biologiques, dans l'idée de planifier une attaque qui choquerait la planète.
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Contactée par téléphone, une représentante d’une université tunisienne listée sur les copies d’examen de Mohammed confirme qu’il a bien étudié la chimie et la physique là-bas. Elle affirme que l’université a perdu sa trace après 2011.
Puis, sans qu’on s’y attende, elle demande: «Est-ce que vous avez trouvé ses copies en Syrie?» Lorsqu’on lui demande pourquoi elle penserait que les affaires de Mohammed auraient atterri en Syrie, elle répond: «Si vous avez plus de questions le concernant, vous devriez demander aux services de sécurité tunisiens.»
Un nombre impressionnant de Tunisiens ont afflué sur les champs de bataille syriens depuis que la révolte a commencé. En juin, le ministre de l’Intérieur tunisien a estimé qu’au moins 2.400 combattaient dans le pays, la plupart au sein de l’EIIL.
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Pour résumer, plus longtemps le califat existera, plus il y aura de chances que ses membres ayant une éducation scientifique mettent au point quelque chose d’horrible. Les documents trouvés sur l’ordinateur de ce djihadiste tunisien ne laissent aucun doute sur les ambitions mortifères du groupe. «Utilisez des petites grenades contenant un virus et jetez-les dans des endroits clos comme les métros, les stades de football ou les salles de concert», indique un document de 19 pages sur les armes chimiques. «Le mieux est de le faire près de l’air conditionné. Vous pouvez aussi l’utiliser lors d'opérations suicides.»