Canard BD : Paint it black

[kilfou]

Point de dépression dans ce Canard BD, encore que ça ne respirera pas la bonne humeur, car vous l'aurez deviné, le thème est le Noir.

Attaquons avec l'équivalent en bande dessinée d'un roman noir avec le Tyler Cross que j'attendais comme un furieux la dernière fois. Donc on retrouve l'immense Brüno aux crayons, toujours les couleurs parfaites de Laurence Croix, mais le scénar est désormais de Fabien Nury, qui n'est pas un inconnu en ces pages. Le « héros » est donc un gangster qui vient de piquer 17 kg d'héroïne à la mafia. Le hic, c'est qu'il est à pieds avec 20$ en poche et que la seule ville à proximité est sous la coupe des Pragg, une famille de dégénérés comme seul peut en produire ce bon vieux Texas. Et c'est parti pour un bordel monstre. Brüno m'a épaté une nouvelle fois, ses planches transpirent l'énergie et quel charisme il arrive à insuffler à ses personnages : le patriarche Pragg est écrasant de magnétisme ! Nury quant à lui arrive toujours autant à rendre sympathique des ordures et à avilir des chics types, son histoire tient la route et c'est avec grand plaisir que je lirai le futur tome 2 (même si le 1 se clôt parfaitement).

Tyler Cross, Nury& Brüno, Dargaud, 96 pages, 17€
Quelques planches sur le site de l'éditeur

Changement total d'ambiance avec Punk Rock Jesus. Pourquoi noir ? Solution de facilité : c'est un album en noir et blanc. Mais le fond est pas spécialement joyeux. Dans un futur proche, pour les besoins d'une télé-réalité, l'ADN du Saint-Suaire est récupéré et un foetus avec le code génétique de Djezusse est implantée dans une vierge. De quoi bien foutre le boxon dans une Amérique toujours aux prises avec un fanatisme chrétien bien virulent... Du coup, le producteur, cynique jusqu'à la caricature, fait appel à un ancien de l'IRA pour protéger le divin enfant. Et c'est bien Thomas le garde du corps le personnage le plus intéressant du bouquin. Parce que ce petit con de Chris qui va se révolter contre la religion en rejoignant un groupe punk (je pense pas spoiler...), ben ça reste un con d'ado. Sean Murphy évite toutefois de justesse le brûlot idiot et bas du front en dissociant bien la religion de la foi, mais ça passe tout juste. Par contre, son Thomas est un exemple d'humanité tout en circonvolutions loin d'être manichéennes. Je n'ai par contre aucune critique à émettre sur son dessin, c'est magistral. Fluide, précis, bourré d'énergie, personnel, c'est un sans-faute. Un excellent one-shot, bourre-pif mais moins idiot qu'il n'en a l'air.

Punk Rock Jesus, Sean Murphy, Urban Comics Vertigo Deluxe, 224 pages, 17€
8 planches chez BDGest.

Toujours en Noir et Blanc mais agrémenté de couleurs sur quelques pages, vient de paraître le 6° tome de Freak's Squeele. L'occasion parfaite de vous présenter cette série. L'idée de départ : c'est la rentrée universitaire à la Faculté des Etudes Académique des Héros, et trois élèves la rejoignent, pour apprendre à devenir un héros et gérer leur image de marque. Il y a Chance, la démonette joyeuse, Ombre de Loup, un lycanthrope timide et Xiang Mao qui n'a pas de pouvoir mais maîtrise l'art perdu du flamendo, une danse martiale... Présenté comme ça, ça ne me donnait pas spécialement envie, d'autant plus que le dessin typé manga n'est pas ma tasse de thé. Je me trompais, et lourdement encore. Série B assumée et revendiquée, cette série n'est pourtant pas indigente scénaristiquement. Florent Maudoux a réussi à créer un monde alternatif crédible, malgré le foutoir de références qui s'y entrechoquent le plus souvent avec bonheur : que ce soit Zardoz, les Monty Pythons, ou même dans ce dernier tome les youteubés Pomf et Thud qui commentent une partie de Starcraft mélangé à Bloodbowl, tout semble à sa place. Au niveau dessin, hormis quelques plans culottes puant le fan service de base, je dois avouer que le plaisir est là : très dynamique, cinématographique et plus lisible que ce que je connais du manga. Une excellente série de détente, qui se bouclera au prochain tome. Pour les plus acharnés, 2 spin-off sont parus mais pas lus, et pour les accrocs à la couleur, 4 demi tomes sont sortis.

Freak's Squeele, Florent Maudoux, Ankama Label 619, 6 tomes de 140 pages, 16€
Une preview du tome 5, pour vous rendre compte d'à quoi ça ressemble.


A l'inverse, je ne vais pas revenir sur Universal War One et partir du principe que vous avez lu ce qui est devenu un classique de la bd de science-fiction, malgré une fin trop rapide et reposant trop sur le deus ex machina à mon goût. Universal War Two en est donc la suite directe, qui l'eut crû ? WARING SPOILER UW1 AHEAD
13 ans ont passé depuis l'intervention des Cananéens, descendants d'un Kalish ayant voyagé dans le temps, pour sauver l'univers d'une guerre universelle. Des sauveurs pas très bien vus sur Mars, d'autant plus que le soleil est toujours rongé par le wormhole laissé par les CIC de Mario... C'est dans ce contexte pas joyeux qu'apparaît une mystérieuse masse triangulaire... Ca vous rappelle le tome 1 d'UW1? Ben ça sera le cas tout le long de l'album : l'anti-héroïne Théa est Kalish réincarnée dans le corps de Kate, en désaccord profond avec l'autorité incarnée par le Conseil des Anciens. Graphiquement, c'est toujours aussi bien fait, limpide et avec un design très agréable à l'oeil. Les personnages sont attachants, l'émotion est là mais le goût de déjà-vu/lu me gêne un peu. Je vais toutefois faire confiance à Bajram, qui nous a montré par le passé qu'il savait surprendre et utiliser les faux-semblants. Une nouvelle série dans la droite ligne de la précédente : si vous avez aimé UW1, vous aimerez UW2.

Universal War Two, Denis Bajram, Casterman, 48 pages, 13€
11 planches chez BDGest.

Je me suis gardé une poire pour la soif et ça tombe bien, pas d'alcool dans le dernier album de ce Canard BD. Enfin, plus pour très longtemps, la Prohibition touche à sa fin et New-York va changer irrémédiablement. Jack Doyle aussi va changer : il reprend les gants. Il n'a pas digéré son dernier combat : truqué ou pas ? C'est pour en avoir le coeur net qu'il retourne à Gomorrhe. Tripots, rings de boxe, jazz clubs, femme fatale, tout l'imaginaire de l'époque est convoqué par Mickaël Bourgoin et c'est un plaisir de déambuler dans son NY fantasmé et pluvieux, de ressentir le choc des gants s'écrasant sur les pommettes ou le rythme des guitaristes jazz dans un clandé enfumé. Mariolle signe quant à lui un scénario agréable à suivre, mais qui ne prendra à mon avis tout son sens qu'à la sortie de la fin du diptyque, qui sera centré sur le musicien étrange que croise ça et là Jack Doyle. Un album à l'ambiance magnifique, porté par des dessins grandioses.

Blue Note, les dernières heures de la Prohibition, Mariolle et Bourgoin, Dargaud, 72 pages, 15€
8 planches, encore chez BDGest.

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[TheOnlyPA]

Cela fait déjà 10 jours que j'ai acheté Tyler Cross et Universal War 2 .... j'ai toujours pas pu les ouvrir

[Guitou]

Faut prendre des vitamines le matin.

Blague à part je viens de voir que les Freaks' Squeele existaient en couleurs. C'est exactement les mêmes BDs avec de la couleur ou alors il y a un vrai plus ?

[LanFy]

Ce sont les mêmes BD avec de la couleur.

[GrmlnsGlx]

Le "Punk Rock Jesus" me tente bien, autant au niveau du trait que du scénar'.
Pis, ça me fera patienter en attendant une réédition d'Akira en noir et blanc. Le tome 1 est épuisé chez mon crémier et la version couleur est encore plus laide que dans mes souvenirs.

[Augen13]

J'écoutais justement paint it black aujourd'hui ! ^^

[Yuccaman]

J'ai commence Squeel's freaks il y a peu (tome 4 fini hier) et moi aussi le style manga et le pitch de départ me faisait un peu peur. Au final c'est assez sympa à lire. Pas la BD du siècle mais agréable avec de bonnes idées.

Je vais jeter un oeil du coté de Punk Rock Jesus.

[Jolaventur]

Mouai Tyler Cross c'est sympa mais j'ai largement préféré

*Prix des lecteur Bd des CE