Je m'appelle Urven.
Je suis originaire du petit village de Maar Gan, au nord de Vvardenfell. J'y ai vécu de nombreuses années, auprès de mon tuteur... je devrais plutôt dire mon bourreau. Abandonné très tôt par mes parents, j'ai été recueilli par un vieil alcoolique nommé Davas dont la passion, hormis celle de la bouteille, était de me cogner et m'humilier en public et de manière toujours plus violente. Petit à petit, j'étais devenu son esclave, son souffre douleur, son exutoire. Impossible de comptabiliser le nombre de fractures, de cicatrices, de brûlures que ce vieux fou m'a infligés. J'en étais arrivé au point où l'idée de ma propre mort s'apparantait à une libération... mais tout au fond de moi, quelque chose m'empechait de franchir le cap, une idée, une pensée que les choses pouvaient changer.
Et j'ai alors décidé de prendre mon destin en main, j'ai refusé la soumission et je me suis enfui. J'ai couru d'abord, marché ensuite vers le sud pour m'éloigner le plus possible de ce passé que je voulais désormais oublier. J'étais déterminé à faire ma vie par moi même et pour moi même. Pendant plusieurs mois, j'ai vécu des produits de la nature, de petits larcins et de mendicité et même si ce style de vie n'a rien de glorieux, je sentais une fierté m'envahir, la fierté de ne dépendre que de moi et de ne rien devoir à personne. J'ai traversé des dizaines de villages, j'ai fais des petits boulots pour une croute de pain, j'ai volé des braves gens qui m'offraient de temps à autre le gîte et le couvert, j'ai chassé, j'ai cueilli, parfois je me suis goinfré, souvent j'ai cru mourir de faim... mais jamais je n'ai regretté mon choix. Le seul choix que je regrette, c'est celui de ne pas m'être écouté et d'être entré dans la ville de Balmora. Poussé par la faim, la soif et la fatigue après plusieurs semaines d'errance, je me suis bêtement dit qu'une grande ville, ça voulait dire beaucoup de monde donc beaucoup de victimes potentielles. Je pensais pouvoir y développer mes talents de voleur et j'ai donc abandonné toute prudence.
J'étais en ville depuis environ une semaine lorsque, dans une auberge, j'aperçus un Bosmer tout crotté et puant qui était occupé à dévorer un énorme pavé de viande. Il y avait peu de monde dans la salle, quelques marchands occupés à se disputer à propos de marchandises, deux prostituées qui n'avaient visiblement plus grand chose à offrir à leurs clients, le tenancier, le Bosmer et moi même. Il était tellement absorbé par son repas qu'il ne prêtait plus aucune attention à la bourse bien remplie qui pendait à sa ceinture... au contraire de moi. "Voilà une victime facile... mini risque, maxi profit" me dis-je. Je me levais donc, me dirigeais vers lui et feignant de passer à côté, j'heurtais sa chaise avec mon pied tout en faisant semblant de tomber. Ma main gauche à ce moment attrapa la bourse et tira un petit coup sec dessus. Le tout ne pris que quelques secondes, mais ce fut suffisant pour que le Bosmer ne réagisse en sortant une dague qu'il posa sur ma gorge en appuyant juste assez pour qu'un mince filet de sang ne coule le long de ma poitrine. "Je... heuuuu... je... désolé, je suis tombé... je tentais de..." "De me voler" rétorqua le Bosmer. J'eus alors juste le temps de le voir soulever sa dague haut dans les airs avant que celle-ci ne s'abatte sur mon front et je perdis connaissance.
Lorsque je repris mes esprits, une violente douleur me traversait le crâne de part en part et je sentis également une vive douleur au niveau du cou. J'étais attaché sur un lit, les mains et les pieds entravés par des châines. Ma vue était brouillée mais petit à petit, mes yeux commencaient à distinguer les objets m'entourant. Ce que je vis alors me glaça le sang... sur une chaise, à l'opposé de la pièce dans laquelle je me trouvais, était assis... Davas. Il avait un sourire cruel et ricanait tel une hyène. Il semblait vraiment prendre plaisir à me voir là, à sa merci.
"Te v'là de r'tour fils! C'est bien, j'suis content. Gnihihihihi... Tu n'imagines même pas c'que j'ai du faire pour t'racheter à la Maison Redoran. Ils allaient t'exécuter t'sais? pendu sur la place publique comme un vulgaire voleur qu't'es devenu. Est-ce que je t'ai élevé comme ça? Hein?"
Je ne su quoi répondre, je sentais mon sang bouillir dans mes veines, la haine envahissait tout mon être.
"T'inquiète pas pour ton cou, ça brûle un peu hein? C'est la marque des condamnés qu'les Redoran t'ont mis dans l'cou... Tu la garderas à vie. Enfin pour c'qui t'reste à vivre parc'que j't'assure que j'vais t'faire vivre un véritable enfer ici, j'vais t'apprendre à t'enfuir comme une vulgaire femelle. Si t'avais eu un peu d'courage, tu m'aurais affronté au moins! Mais non, elle préfère fuir la pucelle! Hahahaha..."
Les mâchoires serrées, je pu alors prononcer ces quelques mots, que l'imbécile voulait entendre: "Vous avez raison père, je suis désolé, ne me frappez plus par pitié!"
L'air d'abord surpris, puis satisfait de Davas me confirma qu'il croyait en ma fausse rédemption, et comme tout idiot qui se respecte, croyant avoir gagné la partie, il relacha sa garde. Pas immédiatemment bien entendu, je passai la nuit suivante et le jour suivant enchaîné mais à l'approche de la tombée de la nuit, il revint me voir. Le bâton qu'il tenait en main me révéla tout de suite ses intentions et je fis semblant de le supplier, de pleurer afin qu'il reste persuadé qu'il avait toujours le dessus sur moi. Je reçus quelques coups sur les jambes, les bras, le torse mais toutes ces années de brimades avaient endurci mon corps et mes os à tel point que je du me forcer pour crier de douleur. Je sanglotais et je sentais son regard méprisant sur moi. Enfin, il se pencha sur le lit et me libéra de mes entraves avant de quitter la cabane servant de cellule.
La fin de journée se passa sans autre incident et la nuit même, je quittais la cabane en silence en crochetant la serrure. Je m'introduisis dans la maison de Davas, pris un couteau bien aiguisé dans la cuisine et entrai discrètement dans la chambre de Davas. Il dormait et ronflait comme un porc. Je me tenais debout à côté de lui, le couteau en main, avec pouvoir de vie et de mort sur lui. Curieusement, je n'eu aucun doute et aucune hésitation. La lame du couteau pénétra dans sa poitrine très facilement. Je vis ses yeux s'ouvrir en une fraction de seconde. Son regard reflétait la terreur avant de se figer pour l'éternité. Pas un cri, pas un son n'avais eu le temps de sortir de sa bouche. Je restai penché sur lui de nombreuses minutes, dans un état de bien être absolu que je n'avais jamais ressenti auparavant. Cette faculté de pouvoir ôter la vie, ce pouvoir, quel sentiment de puissance absolue! Sur le moment, je ne sus si c'était juste la mort de Davas qui me procurait ce état d'euphorie ou si c'était le fait de donner la mort, tout simplement.
Finalement, je me ressaisis et pris conscience que je devais quitter les lieux le plus vite possible et pour éviter d'être repris, j'avais tout intérêt à quitter la province. La frontière la plus proche étant celle avec la province de Skyrim, je pris la direction de l'ouest, vers les montagnes enneigées. Je marchai pendant des jours et des jours. Le terrain était de plus en plus accidenté et inhospitalier, la nourriture se faisait de plus en plus rare et c'est finalement après plusieurs semaines d'errance, à bout de force et la peau sur les os, que je parvins à trouver un passage à travers la montagne. Protégé du vent et du froid mais affamé je trouvai enfin la sortie du passage, SKYRIM!