Orange jeu que ce Waking Mars. On y incarne un explorateur en combinaison spatiale, équipé d'un jetpack (un premier gage de qualité), arrivé sur Mars avec une expédition scientifique dont le but est d'observer les formes de vies dont on soupçonne l'existence sous la surface de la planète, et de récupérer les informations recueillies par un robot envoyé avant nous, perdu dans les profondeurs de Mars.
Que les gamers assoiffés de sang, prêts à écrabouiller du martien et amateurs de bouillie verte passent leur chemin : ce qu'on découvre dans Waking Mars, ce sont les profondeurs (orange) d'une planète, avec des formes de vie étranges et fascinantes, qui interagissent les unes avec les autres selon des modalités qu'il nous faut découvrir, et utiliser, pour avancer et réveiller la planète.
On découvre des plantes, dont la seule proximité nous soigne, par exemple ; puis on découvre que d'autres plantes produisent de l'eau, qui, arrosant les premières, leur permettent de produire une graine ; graine dont on peut se saisir pour la replanter plus loin. Des animaux mangent les graines, pour se reproduire. De nouvelles plantes mangent ces animaux. Très vite, on se retrouve à la tête de petits écosystèmes qu'il s'agit d'équilibrer, de gérer, de réveiller.
Chaque cave, en effet, est scellée par des membranes vivantes, mais endormies, qui ne s'éveillent que lorsque la cave en question atteint un certain seuil de biomasse, en d'autres termes, quand la vie y devient assez importante. Alors, les membranes s'ouvrent, et on peut progresser et continuer notre entreprise de réveil de Mars.
Notre explorateur est accompagné par une intelligence artificielle bavarde, et une scientifique qui dirige les opérations depuis une base en surface ; les interactions entre ces trois personnages sont très réussies. Le personnage principal, notamment, nous change un peu : il s'agit d'un scientifique très calme, très rationnel, mais dont on sent constamment qu'il est émerveillé par ce qu'il découvre, et c'est très communicatif.
Le jeu consiste donc à explorer la planète, à y naviguer en jetpack, tout en plantant des graines, en essayant de rétablir la vie sous Mars, de façon équilibrée ; des cavernes, parfois, s'écroulent ; parfois on découvre des paysages magnifiques. La vue de côté a le bon goût de dézoomer pour nous laisser apprécier l'immensité de certains paysages, et de zoomer lorsqu'il est nécessaire d'être plus proche de l'action : cela se fait de manière tout à fait naturelle et intelligente, et c'est vraiment un plaisir que d'explorer Mars de cette façon. Je joue au pad 360 et tout est naturel et plutôt simple ; le combo clavier/souris est tout à fait jouable lui aussi. Il y a aussi une interface super bien faite, avec une mini encyclopédie qui répertorie les formes de vie rencontrées et leurs interactions les unes avec les autres.
Ce jeu est un petit chef d'oeuvre, parce que tout y est parfaitement cohérent, tout fonctionne : le scénario, le gameplay, les personnages, l'ambiance, tout va dans le même sens : celui de l'intelligence, de l'amour de la vie, de la volonté de partager une découverte et un émerveillement. La musique , faite de nappes électro un peu ambient ponctuée parfois par des moments un peu plus rentre dedans, est parfaite.
C'est un de ces jeux dont on sort avec l'envie d'y retourner, de se replonger dans les mystères de Mars ; mais c'est surtout un jeu qui, comme toute oeuvre d'art réussie, nous fait éprouver le plaisir et le partage de la création : un des rares jeux qui me donnent envie de remercier les développeurs pour l'avoir fait. On sent qu'ils veulent transmettre que tout ça, c'est putain de beau : et ça marche, c'est ce qu'on ressent.
Et puis, de temps en temps, ça fait pas de mal de jouer à un jeu tourné vers la vie, vers sa préservation et sa construction, surtout quand on vient de décapiter trois cent mecs à tours de bras dans Medieval Warfare.
Ok, c'est un jeu de hippie. Mais on aurait tort de passer à côté.
Le trailer :