Pour parler des jeux vidéo, est-il possible de s'affranchir du poids des éditeurs ? Poids qu'ils exercent de nombreuses manières : par la publicité bien entendu, mais aussi en invitant les journalistes au bout du monde, ou en leur envoyant (ou pas) les jeux avant leur sortie officielle. Deux sites tentent de trouver un autre modèle de presse vidéoludique. Extralife.fr, représenté sur notre plateau par trois anciens de jeuxvideo.com, en duplex d'Aurillac : Sylvain Chanepane, Alexis Gauthier et Nicolas Charciarek. Mais aussi Gamekult, qui a lancé en juillet sa formule Premium, une première en France dans la presse de jeu vidéo en ligne. Son rédacteur en chef, Thomas Cusseau, vient nous expliquer pourquoi. A leurs côtés, Ivan Gaudé, directeur de la rédaction de Canard PC.
Le résumé de l'émission :
Ils ont préféré rester à Aurillac et n'ont pas voulu déménager à Paris, suite au rachat de jeuxvideo.com par Webedia, ce groupe média dont le rédacteur en chef est Google. Et aujourd'hui, ils lancent leur propre site Extralife.fr, sans publicité et en faisant appel aux dons (après une dizaine de jours d'exploitation, le site a récolté 1400 euros). Un anti jeuxvideo.com, dont le propriétaire vient de racheter la régie de Cyprien et Norman ? En plateau, on se promène sur ce nouveau site, en s'arrêtant sur les innovations (les vidéos tournées en extérieur ou l'émission "Be Quiet", ultra zen, ultra contemplative, à des années lumière des vidéos de Cyprien) et les contenus plus traditionnels (les tests de jeux vidéo ou les podcasts sur l'actualité récente).
Il y a aussi de la critique sur Extralife. Elle prend la forme d'une tribune, intitulée "Quand la publicité vérole l'information". Celle-ci s'en prend à la pub, et notamment aux vidéos du Youtubeur Cyprien, qui vante régulièrement les mérites de différents jeux ou consoles sur sa chaîne sponsorisée "Cyprien Gaming". En quoi ces vidéos posent-elles problème ? "L'internaute jeune, un peu innocent, naïf, qui a mis ses défenses Ad-Block [bloqueur de pub], a du coup baissé les siennes en se disant qu'il est à l'abri de la publicité. Du coup, pour les marques, le seul moyen d'atteindre ce jeune public, bariccadé derrière son bloqueur de pub, c'est d'infuser son message dans un contenu", estime Cusseau. "Sur la télévision classique, on a mis en place des réglementations extrêmement strictes, qui encadrent la façon dont les produits, les clips peuvent être montrés, la fréquence, la durée. Cette législation, sur Internet, n'existe pas. Et il y a des raisons : la pub déguisée, ça marche", enchaîne Gaudé.
Gamekult, justement, a lancé en juillet dernier une formule "Premium", pour trouver un financement alternatif et ne pas être entraîné, à son tour, dans la spirale de la publicité plus ou moins déguisée. Au menu, une dizaine d'articles payants, longs, si longs que le temps de lecture est indiqué en haut de l'article (et qu'il faut généralement le diviser par deux pour se rapprocher de la vérité). Au final, est ce que ça marche ? Les gens sont-ils prêts à payer pour s'informer en ligne sur le jeu vidéo ? "Ça marche. Il y a une vraie réaction d'audience", assure le rédacteur en chef de Gamekult, sans donner de chiffres exacts.