Canard BD : double ration

[kilfou]

Bon ça fait très longtemps qu'il n'y a pas eu de Canard BD alors pour me faire pardonner, ce sera du copieux. On attaque de suite.

Vous avez récuré de fond en comble Arkham City, vous pleurez toutes les larmes de votre corps depuis l'abandon de la série Wonder Woman et vous connaissez le nom de chacun des Green Lantern ? Le premier bouquin de ce Canard BD devrait vous plaire. Vous n'avez rien fait de tout cela ? Le premier bouquin de ce Canard BD devrait vous convertir aux comics. Urban Comics a décidé de piocher dans les 75 ans de l'éditeur ricain et de sortir une DC COMICS Anthologie de récits courts et indépendants présentant les personnages-phares. Forcément, en 75 ans, le style de dessin, de narration et d'ambiance a largement évolué, et c'est un plaisir de découvrir les origines de la Justice League of America, si délicieusement kitsch, pardon sixties. Histoire de recontextualiser, Urban Comics livre en supplément un rédactionnel de grande qualité, très informatif mais ne perdant pas les néophytes. Côté auteurs, ils ont également sorti le grand jeu avec des légendes du dessin US comme Neal Adams qui confère un charisme quasi animal à Batman, John Byrne et son Superman hiératique, Steranko et ses compositions panoramiques ou Alex Ross et ses peintures confinant au photoréalisme. Les scénarios ne sont pas en reste, avec des pointures comme Grant Morrison, Geoff Johns (sur le N°1 du relaunch de la JLA, parue en Septembre dernier en VO et déjà traduit pour cette anthologie) ou Alan Moore.
6 extraits représentatifs.
DC Comics Anthologie, Collectif, Urban Comics, 288 pages, 22€50

Alan Moore qui m'offre la transition parfaite avec l'ouvrage suivant, Alec d'Eddie Campbell. Pourquoi ? Parce que ce sont de grands amis (ils ont réalisé ensemble From Hell) et parce que le Magicien de Northampton apparaît régulièrement dans cette autobiographie déguisée. Car oui, le Alec du titre n'est autre qu'Eddie mis en scène dans des proportions à déterminer. Dans cette intégrale de 600 et quelques pages, on assiste de ses murges de jeunesse jusqu'à sa dépression de cinquantenaire. En passant par son départ en Australie, à ses interrogations sur l'Art, à sa rencontre avec Moore, ce que le succès a changé, bref ce sont 25 ans qui défilent sur ces pages, avec pile-poil ce qu'il faut d'auto-dérision pour que la lecture soit des plus agréables. Concernant le dessin, c'est avec joie que l'on retrouve les débuts du trait acéré et rempli de hachures qui a donné tant d'ambiance à la Londres victorienne.
Un extrait couvrant les 25 ans de l'aventure.
Alec l'intégrale, Eddie Campbell, Ça et Là, 640 pages, 32€



Eddie Campbell a eu le bon goût de bosser avec Moore, vous pouvez par conséquence lui faire confiance quand il conseille une BD. Et si je la conseille également, c'est de l'achat yeux fermés. De la vanité, où ça ? « With El invierno del dibujante and Arrugas, Paco Roca has shown himself to be a graphic novelist of the first order. » qu'il a dit le Eddie sur son blog. L'hiver du dessinateur nous raconte comment cinq dessinateurs espagnols se sont rebellés contre leur éditeur tout puissant, dans l'Espagne franquiste des années 60. Des auteurs censurés, payés une misère et sans aucun droit sur les personnages qu'ils ont pourtant créés. Contre un journal tirant à un million d'exemplaires et ne manquant pas de main d'œuvre. Oui le suspense n'est pas l'intérêt principal du livre, je ne vous le cache pas. Par contre, la ronde élégance du trait, les couleurs chatoyantes et l'ambiance chaleureuse qui règne entre ces amis vous transportent immédiatement dans les coulisses de la création de bande dessinées de l'autre côté des Pyrénées. A noter la beauté de l'objet-livre que nous offre Rackham, c'est suffisamment rare pour être signalé. Rackham chez qui vous pourrez aussi trouver la fantastique adaptation par Alberto Breccia (le père de celui qui dessine les Sentinelles) des Mythes de Cthulhu de Hypothénuse Philarmonique Lovecraft, qui d'ailleurs vient d'être réédité ce mois-ci avec une nouvelle traduction chez Bragelonne, ce qui m'offre une transition aussi facile que nulle vers le prochain ouvrage, édité par leur label Milady Graphics.
38 planches pour vous rendre compte de la beauté des planches.
L'Hiver du dessinateur, Paco Roca, Rackham, 124 pages, 19€

Singapour, 2085. Les multinationales ont enfin réussi à breveter le génome humain, et ainsi à créer des Supérieurs et des Inférieurs. Inférieurs que le gouvernement à la botte des industriels s'empresse de reléguer hors de la Cité, et qui n'ont donc plus d'autre choix que de se comporter comme des gros bourrins, à déchiqueter tout ce qui bouge pour revendre leurs organes à la sauvette. Voilà pour l'univers délicieusement trash et pourtant pas si inconcevable. Pour ce qui est de l'intrigue, attendez vous à de la baston, de la vengeance, de la baston, de la trahison et de la baston. Au niveau du dessin, préparez vous à en prendre plein les mirettes, c'est pas pour rien que l'intégralité du volume a été publié dans Heavy Metal. Vous aurez donc des couleurs bien agressives, du dessin nerveux et rempli de hachures, à la Paul Pope. En résumé, Fluorescent Black, c'est un mélange entre Deus Ex avec de la génétique à la place des implants et Serious Sam pour la quantité d'hémoglobine répandue.
8 planches en anglais pour vous donner une idée du style.
Fluorescent Black, MF Wilson, Nathan Fox et Jeremy Cox, Milady Graphics, 196 pages, 24,90€


On va rester dans le domaine de la science-fiction mais avec beaucoup, mais beaucoup beaucoup moins de bourrinisme. C'est de la SF d'intello que Frederik Peeters nous offre avec le premier tome d'Aâma. Verloc Nim se réveille sans souvenirs à côté de Churchill, un singe-robot qui lui remet son journal, ce qui va lui permettre (ainsi qu'à nous lecteurs) de comprendre comment lui le loser intégral a pu se retrouver sur une autre planète à chercher une substance mystérieuse nommée Aâma. Très portée sur la psychologie des protagonistes, l'histoire profite pleinement des 88 pages de ce premier tome et flâne régulièrement dans le passé des personnages à coup de flashbacks dans le flashback, avec beaucoup plus de réussite que Xzibit ou Leonardo di Caprio je vous rassure. Le dessin est à l'avenant. Puissamment évocateur, le style de Peeters est d'une grâce exquise (l'arrivée sur la planète est à couper le souffle), et couplé à un découpage très réfléchi, c'est d'une lisibilité et d'une fluidité admirables. Un très beau tome 1 d'une série que j'annonce indispensable dans toute bédéthèque qui se respecte.
10 planches sur BDGest', ainsi que le blog de l'auteur, que je vous invite à parcourir APRES la lecture, histoire de voir toutes les ficelles de la création de l'album et ainsi éviter de se gâcher le plaisir de la découverte.
Aâma, tome 1, Frédérik Peeters, Gallimard BD, 88 pages, 17€

Et comme il faut bien finir un jour, malgré la double ration que je viens de vous servir, je vous ai gardé une petite poire pour la soif, une valeur sûre en cas de pénurie de bonne bd d'aventures : la trilogie Siegfried d'Alex Alice. Inspiré évidemment de la légende des Nibelungen et de l'adaptation de Wagner, Alice revient enfin au dessin après le Troisième Testament avec cette série et raaah ce que ça fait du bien. Bon, je vais essayer d'être plus constructif : RAAAAAAAAAAH. Pardon. Pour la faire courte, Alice est probablement, avec Mathieu Lauffray l'un des plus puissants dessinateurs actuels en matière de grand spectacle : vous allez en prendre plein les yeux. La jeunesse de Siegfried, sa transformation en un guerrier implacable, la beauté tout sauf fragile de la Walkyrie, Odin et la loi implacable de sa lance et enfin Fafnir, le terrible dragon. Cette trilogie est un concentré d'épique, de tragédie (au sens théâtral) allégé parfois par un Mime disneyien. Trois beaux et copieux albums pour ce qui restera sans doute une des séries d'aventure de référence des années 2000.
Des extraits des tomes 1, 2 et 3.
Siefried, Alex Alice, histoire complète en 3 tomes pour 224 pages au total, 16€50 le tome environ

Voir la news (0 image, 0 vidéo )

[helldraco]

Fluorescent black !

Y'en faut encore des comme ça.

[kayl257]

50% de comics, classe!
Par contre Justice League c'est Aout dernier, pas septembre.

[Flad]

Je vais me faire taper mais je préfère la série "Le crépuscule des dieux" de chez soleil au Siegfried présenté ici même :S

[kilfou]

31 Août, ça va, t'aimes pas les drosophiles toi hein ?

Je connais pas le crépuscule, je vais regarder ça.

edit : ouhlà, 6 tomes et encore en cours, je passe. Surtout que vues les planches du tome 1, ça n'a pas l'air d'être trop ma came.

Par contre, y a un beau-livre chez Soleil encore reprenant la légende des Nibelungen et dessiné par Didier Graffet (et scénarisé par le même mec que le Crépuscule), c'est magnifique.

[Flad]

Par contre, y a un beau-livre chez Soleil encore reprenant la légende des Nibelungen et dessiné par Didier Graffet (et scénarisé par le même mec que le Crépuscule), c'est magnifique.
http://www.decitre.fr/gi/05/9782302001305FS.gif

http://www.didiergraffet.com/fichiers/15actu2.jpg

Mon banquier ne te dit pas merci ...
Moi si par contre :D

[Chan]

Fluorescent black a l'air d'envoyer du lourd. Je m'en vais prendre ça dans une petite heure

[Maximelene]

J'ai feuilleté Fluorescent Black, j'ai trouvé les dessins trop agressifs pour mes petites mirettes sensibles. :/

Ah, et le reboot de JLA est très mauvais.

[malmoutt3]

aâma a l'air vraiment sympa.
J'adore la sf dans ce style.

Et pour les comics, à chaque fois que je vois une couverture d'Alex ross, je ...
Depuis kingdom come il a réalisé quoi a part justice ?
Masquerade c'est dessiné par ross ?

[Chan]

Bon ya plus de Fluorescent Black, en commande.

[Chmoc]

Pour la faire courte, Alice EST, avec Mathieu Lauffray l'un des plus puissants dessinateurs actuels en matière de grand spectacle

Voilà, c'est corrigé.

Bon ya plus de Fluorescent Black, en commande.

Mais si mais si !
Sur BDNet
Sur Fnac
Sur Amazon
Et sur Alapage (par contre ici, pas d'indication d'un quelconque stock ou non. Donc à mon avis, à éviter )

[kilfou]

Je pense qu'il parlait du stock de sa librairie (et il a bien raison, sauvons les petits libraires bd )

[Chan]

Exact kilfou, je préfère aller chez ma libraire (en plus elle est mimie.) pour feuilleter et découvrir. D'ailleurs j'y ai vu Aâma qui était un de ses coups de coeur (elle fait des petites fiches expliquant l'univers de la BD et de l'auteur ainsi que son ressenti personnel, je trouve ça classe.).

[Chmoc]

Ah ok, je ne l'avais pas compris comme ça.
Je suis tout à fait d'accord avec vous, il faut sauver les petits libraires bd. Quand il y en a...
Pour ma part, je n'ai que le net pour avoir les albums qui sortent des séries "classiques", c'est à dire celles qui se vendent le mieux. Je n'ai malheureusement pas d'autre choix.

[Oneill]

Rien pour moi cette fois ci. ;-)

[RedGuff]

Bonjour.
(Phaseolus) Comme livre, il y a aussi "Le Soleil des Scorta" (http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Soleil_des_Scorta). (/Phaseolus)

[Chan]

Ahhhh je l'ai enfin !!! Fluorescent Black
Un bien bel ouvrage contenant en plus du récit :
Une carte.
Une gallerie de Pin-up vues par 12 dessinateurs
Une chronologie des évènements de 2002 à 2085.
Un glossaire avec pas mal de mots Singlish (Singaporean-English).

C'est l'année du lapin !