Crunchez vos adresses URL
|
Rejoignez notre discord
|
Hébergez vos photos
Affichage des résultats 1 à 14 sur 14
  1. #1
    Après plusieurs années d'euphorie, les développeurs indépendants commencent à réaliser que la distribution numérique d'un jeu obéit à la même loi simple et cruelle que la distribution traditionnelle : un client ne peut pas acheter un produit dont il ne connaît pas l'existence.
    Depuis 10 ans, les indépendants ont été progressivement éjectés des circuits de vente traditionnels pour une raison très simple : la place étant physiquement limitée dans les rayons, les magasins ont peu à peu réservé leur surface à ceux qui leur rapportaient le plus d'argent, c'est-à-dire aux plus grosses ventes. Moins de place en rayon, moins de ventes ; moins de ventes, moins de place en rayon… voilà comment le jeu indépendant (et quasiment le jeu PC d'une manière générale) a disparu des boutiques, et a frôlé la mort. La révolution du dématérialisé fut une bénédiction : puisqu'il n'y a plus de problèmes de place, l'accès est libre pour tous (ou presque) et le public étant mondial d'emblée, même un jeu de niche aura sa chance.
    Mais le marché de la distribution numérique a grandi à une telle vitesse qu'il est aujourd'hui dépassé par son succès : on compte plus de 3 200 jeux rien que sur Facebook et le chiffre aberrant de plus de 80 000 enregistrés sur l'App Store d'Apple. Pour un indépendant, il ne s'agit plus de se battre pour entrer dans un club privé sévèrement gardé, mais de surnager au milieu d'un océan de concurrents indistincts. Or, le résultat est le même : si rien n'est fait, le client potentiel ne verra jamais son jeu. Et nous revoilà au point de départ : l'invisible est invendable.
    Certes, les différentes plateformes ont mis en place des services pour permettre aux clients de ne pas se perdre dans leur catalogue sans fin et de découvrir des jeux susceptibles de leur plaire : affichage du top des ventes (payant / gratuit), bundle événementiel, soldes, packs, etc. Sauf que ces mises en avant ont un effet pervers : en pratique, les jeux bénéficiant de cette communication sont les seuls que le joueur trouvera facilement, et donc peu ou prou les seuls qui se vendront réellement. En faire partie est devenu le Graal du commerce numérique et comme il a peu d'élus, tous les coups sont permis, de la baisse sauvage des prix jusqu'aux campagnes de PPI (Pay-per-install : système de rémunération pouvant servir à truster les places dans les "tops" en rémunérant ceux qui installent un jeu).
    Ainsi s'est mis en place un système qui finalement tendra à reproduire les inconvénients de la distribution physique : ceux qui ont le plus de moyens, ou les licences les plus connues, occuperont toutes les places visibles et seront quasiment en position de fermer la porte au nez des autres. Pourtant, la situation n'est pas encore figée, car au moins deux éléments importants n'ont pas encore évolué suffisamment pour jouer pleinement leur rôle dans ce contexte.
    Le premier est technique. Les services de tri, de classification et de mises en avant installés par les plateformes sont incroyablement rudimentaires. Il y a beaucoup de progrès à faire dans ce domaine pour proposer automatiquement au joueur des jeux, par exemple du même genre que celui qu'il vient de terminer ou du même auteur, ou achetés par ses amis… choses que savent très bien faire les sites de vente online plus classiques comme Amazon. Tout reste à faire dans ce domaine qui va être un enjeu capital pour permettre au goût et au bouche-à-oreille de compter un peu plus face à la force brute du marketing.
    Le second acteur qui n'a pas encore effectué une mue indispensable pour peser comme il le devrait dans ce domaine, c'est la presse spécialisée. Découvrir des pépites ignorées, mettre en valeur l'innovation et la créativité, aider le consommateur à faire le tri entre produits faisandés et divertissements honnêtes, c'est bien une des missions que nous nous vantons de remplir. Or, si c'est parfois vrai en ce qui concerne les circuits traditionnels (avec plus ou moins d'honnêteté et d'indépendance suivant les acteurs concernés), il me semble que nous avons de gros progrès à faire pour accompagner, conseiller et éduquer (mais oui, pourquoi pas ?) les consommateurs qui se sont tournés vers les jeux sociaux ou les jeux sur mobiles. La force des habitudes, la paresse, peut-être une forme de mépris, mais surtout le manque de moyens face à l'ampleur du sujet d'étude, sont quelques-uns des responsables de cette situation, mais il y en a un autre que je voudrais souligner : les développeurs eux-mêmes. Ils sont nombreux à râler parce que les magazines ne s'intéressent soi-disant qu'aux gros jeux, mais peu d'entre eux font l'effort préalable de comprendre quelles sont les motivations et les contraintes de la presse afin de se signaler à elles dans de bonnes conditions. Et tous sous-estiment un élément essentiel qui joue pourtant en leur faveur : il n'y a pas un journaliste de jeux vidéo qui ne rêve de découvrir et signaler un bon jeu avant tout le monde.
    ***
    Cette chronique est extraite du numéro 242 de "Canard PC", paru le 15 octobre 2011. Retrouvez la rubrique "Au coin du jeu" dans chaque numéro, ou presque.

    Voir la news (1 image, 0 vidéo )

  2. #2
    Mouais globalement je ne partage pas cette analyse (sur les jeux PC uniquement, les jeux facedaube and Co n'étant pas ma tasse de thé), mais c'est là un ressenti plutôt personnel, car je n'ai pas besoin de la presse ou de je ne sais quel organe officiel (avec lequel au passage je me sens de plus en plus étranger dans la perception de ce qui est un bon jeu, les dessous de table doivent surement y être pour quelque chose ) pour entendre parler d'un bon jeu indé, voir d'un bon jeu en général.

    Avec internet il y a le bouche à oreilles ou mieux et malgré tout ce que l'on peut en dire le piratage qui permet une large diffusion auprès d'un public qui, ensuite décide d'acheter ou pas.

    Pour faire une analogie avec la musique si certains auteurs décident qu'il est bon pour eux de se passer d'une maison de disque, et d'utiliser Internet à la place pour se faire connaitre, je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas aussi pour les jeux démat à petit budget qui ne peuvent pas se payer une campagne de propagande à la BF3 ou à la COD.

    Si effectivement un modèle reste à inventer, pour toucher le plus de monde possible, je ne suis pas convaincu qu'il soit de même nature que celui esquissé dans ce billet.

  3. #3
    Je suis d'accord avec Ivan Le Fou, c'est bien pour ça que je fais confiance à la presse spécialisée sur les jeux vidéos comme Joystick par exemple. Mais quant aux jeux sociaux et appstore ....honnêtement sur 80000 jeux combien de trucs totalement ineptes qui ne méritent même pas un 0/20 dans un magasine spécialisé?
    "j'aime pas trop les voleurs et les fils de putes"

  4. #4
    Citation Envoyé par Thnos Voir le message
    Avec internet il y a le bouche à oreilles ou mieux et malgré tout ce que l'on peut en dire le piratage qui permet une large diffusion auprès d'un public qui, ensuite décide d'acheter ou pas.
    Bof oui et non ... Le bouche à oreille, il doit bien avoir une origine. Si personne n'en parle à la base, ben personne ne pourra en entendre parler :captainobvious:

    Alors oui on peut avoir eu vent de telle ou telle petite production "par chance", en trainant directement sur le site d'un développeur, ou en assistant à un salon, et l'info peut se transmettre ensuite via les blog amateurs (quoique là on rejoint la presse), ou directement par les forums de joueurs.
    Mais ça reste faible comme tribune par rapport à la presse spécialisée ou à une campagne de pub.

    D'autant plus si tu prends en compte la masse des productions qui arrivent sur le marché, comme évoqué dans l'article; les chances d'entendre parler d'une production en particulier se réduisent énormément.

    Le parallèle avec la musique indépendante n'est pas idot, mais la problématique n'est pas exactement la même : les musiciens ont la scène live, une base pour se faire connaître connaître directement, ce qui leur offre une tribune que les JV n'ont pas.
    Et puis dans ce domaine là, le réseau de distribution est plus mature et mieux installé que pour les jeux vidéos... Mais comme le dit Ivan, les outils de tri et de mise en avant des plateformes dématérialisées sont encore jeunes, et on peut espérer voir une évolution dans le domaine.

  5. #5
    Citation Envoyé par Fildeon Voir le message
    Je suis d'accord avec Ivan Le Fou, c'est bien pour ça que je fais confiance à la presse spécialisée sur les jeux vidéos comme Joystick par exemple. Mais quant aux jeux sociaux et appstore ....honnêtement sur 80000 jeux combien de trucs totalement ineptes qui ne méritent même pas un 0/20 dans un magasine spécialisé?
    Non mais on s'en fou de ça, et en plus tu es hors sujet. Personne ne parle ici de qualité mais d'efficacité de ventes. Une bouse est une bouse, quelque soit son support.
    Ensuite, j'epsère bien que le jeu vendu à 60 surpasse complètement le pauvre truc à 0.79 cents. Le contraire serait navrant.
    Endormi à son poste, jdormais pas, j'étais bourré !
    Tutoriel News et un p'tit chercheur de Fond d'écran !

  6. #6
    Zabuza c'était mon psuedo

  7. #7
    Il reste donc à inventer le journaliste dématérialisé ?

  8. #8
    Citation Envoyé par zabuza Voir le message
    Non mais on s'en fou de ça, et en plus tu es hors sujet.
    Je ne suis pas hors sujet je t'encourage à lire (et comprendre) le sujet en entier.

    Citation Envoyé par zabuza Voir le message
    Personne ne parle ici de qualité mais d'efficacité de ventes. Une bouse est une bouse, quelque soit son support.
    Et tu trouves normal que les honnêtes gens qui gagnent durement leur vie soient floués par des développeurs sans scrupules qui sortent des jeux totalement nuls et osent les vendre !
    Alors en effet, je suis pour que la presse spécialisée s'empare du sujet, si on élimine déjà toutes les merdes les bons jeux auront beaucoup plus de visibilité et pour reprendre ton terme se vendront plus efficacement (même si je suis en désaccord avec cette vision purement capitaliste d'un marché qui devrait rester un art).

    Citation Envoyé par zabuza Voir le message
    Ensuite, j'epsère bien que le jeu vendu à 60 surpasse complètement le pauvre truc à 0.79 cents. Le contraire serait navrant.
    Ce que tu dis est complétement à côté de la plaque tu peux avoir un bon petit jeu pas cher sur lequel tu vas passer des centaines d'heures et à côté de gros blockbusters auxquels tu ne jouera que 10 heures au mieux. Le prix n'a jamais fait la qualité a fortiori dans l'univers du jeu vidéo.
    "j'aime pas trop les voleurs et les fils de putes"

  9. #9
    La fin de l’analyse est trés intéressante (tout comme le reste d'ailleurs) mais je ne vois pas trop comment les journalistes pourraient tester tous les jeux intéressants. Par logique, un jeu n'est déclaré intéressant qu'aprés avoir été testé. Du coup il faudrait que l'ensemble de la redaction teste des centaines/milliers de jeux qui sortent chaque mois pour avoir un avis sur chacun, et publier des articles sur ce qui se trouve en haut du panier?
    Je caricature, bien entendu, mais même en ne faisant qu'ouvrir vos grands yeux pleins de passion sur ce qui traine, vous allez devoir embaucher.

    Je pense plutôt que l'on va de moins en moins demander aux journalistes de la presse écrites leur opinion spécifique sur tel ou tel jeu. Pour avoir un avis de ce genre sur une quantité massive de sujets différents, un site d'avis comme Allociné (qui vaut ce qui vaut, certes) transposé dans le milieu videoludique me semble plus crédible. Par contre, la presse écrite aura encore des choses a dire, mais plus sur des analyses de fond. Avec l'apparition d'une myriade de supports, de plateforme de téléchargement, de mode de paiement différents/financements différents, ect... il y a un paquet de sujets qui ne seront jamais sérieusement abordés sur des sites communautaires. Et, bien sur, mettre en avant quelques perles passées inaperçues du grand public, mais plus a un niveau anecdotique "ah, si avez 10€ a foutre quelque part, ça c'est sympa" plutot que "Les jeux Indés, attrapez les tous!".

    Enfin, moi, y'a des pages que je ne lis plus vraiment, dans canard pc. Genre les pages review, c'est vraiment quand j'ai fait le tour du reste (ça reste marrant a bouquiner). Même les tests, bien que passionnants et argumentés, ne me font plus changer d'avis. Tout simplement parce que cet avis, je l'ai deja forgé en lisant les retours sur le forum, en surfant, ect. Par contre, rien que "Au coin du feu" justifie l'achat du mag, pour moi, tout comme les news software/hardware qui donne des infos qu'on trouve difficilement ou qui passent inaperçu sur les sites les plus connus.

  10. #10
    Cette analyse a l'air juste, j'avais vu un jour en lurkan sur google un forum où des développeurs discutaient entre eux, l'un d'entre eux expliquait qu'il avait du mal à rendre ses jeux visibles(c'était un site consacré aux jeux sur téléphone).

    Pour que les journalistes se penchent sur ce cas, il faudrait que le phénomène desjeux sur téléphone soit très répandu(il doit l'être mais l'est-il assez pour être du mainstream lourd) et qu'un magazine spécialisé s'y consacre.
    Mais en général, un jeu flash, par téléphone,etc a une image de petit jeu basique.

    Autant on peut faire de la prose sur un silent hill, un crysis, un jeu triple aaa, autant il peut paraître dur de disserter sur l'énième version du jeu de plateforme flash.
    Peut-être que ça changera avec l'évolution constante de la qualité graphique et de la puissance des machines, quand on en sera à un moment où les jeux de ce genre rivaliseront avec de gros titres.


    A une époque où la presse papier est en péril, décider de se consacrer aux jeux indépendants me semble un pari risqué.

    Peut-être que cela pourrait se faire avec un magazine qui offrirai des jeux indépendants si l'on s'abonne, un magazine qui ciblerait explicitement les usagers d'i-phone ou autres bijoux technologiques, un " phone gamer magazine".

    Ou alors une page dans un magazine généraliste,moyennant contribution financière des indéps qui veulent se faire afficher(minimale, mais ça peut être bénéfique pour les deux camps.)

  11. #11
    Comme tout joueur pc possesseur d'ipad, j'ai déjà acheté à de nombreuses reprises des petits jeux indépendants et il est vrai que la quantité disponible rend difficile l'émergence des meilleurs titres. Combien de bouses testées pour un jeu valable ?!
    Comme cela est dit, difficile de tester tous les jeux qui sont publiés, difficile également de se fier à la note donnée par les utilisateurs du jeu: celle-ci est parfois biaisée par des contributions sauvages (écrites avec les pieds) par les mêmes personnes (malhonnêtes) utilisant des pseudos différents pour faire grimper la cote du jeu dans les classements des ventes les plus étoilées...

    Alors une solution pourrait être de faire le nettoyage à la source de ce genre de pratiques, pour laisser la communauté des joueurs noter les jeux, ce qui n'aurait pas la qualité analytique d'une vraie revue journalistique mais serait déjà un moyen de séparer le bon grain de l'ivraie.
    Ou alors, de systématiser les démos gratuites, qui permettent d'essayer avant d'acheter (mais ne changent rien sur la visibilité)
    Ou encore, de s'intéresser non pas au jeu mais au développeur qui, s'il est indépendant, sera fier de son travail et de la qualité de sa signature: les journalistes pourraient s'intéresser à la réputation et à l'historique du dev. Et noter son travail sur la durée, apportant plus de lumière à un indé qui a fait ses preuves avec un bon jeu. Il faut inventer l'agence de rating pour dev. indé !! (ou recycler s&p, moody's et fitch vu leur brillante prestation sur les marchés fi)
    Ou peut-être tout ça à la fois... (pas tous à la fois, hein, on ne se connait pas assez)
    "...Et puis nos coutumes divergent, et divergent c'est énorme."

  12. #12
    +1 JJ Lionel : pour les petits jeux il peut être pertinent de noté le développeur plutôt que chacun de ses jeux

  13. #13
    Le problème ne s'applique pas uniquement au jeux : la musique, les livres... le vin ! Rien que de choisir un bon cru au rayon de chez carrouf relève de l'exploit quand on s'y connait rien. Le problème du choix est un vieux problème, qui n'a pas de solution en soi. Un moteur de recherche, même avancé affiche autant de bouses que de bons jeux. Le livre fonctionne surtout par le bouche à oreille et par le concours. C'est vrai qu'il n'existe pas en soi de concours de jeux vidéo comme le Goncourt, ou le principe de l'attribution de médailles suite à une délibération de jurys. La presse spécialisée est toujours restée, malgré tout, minoritaire dans les choix : il suffit de voir pour la musique. Vu que le jeux est avant tout vu comme un divertissement "pas cher" (pour les app de apple par exemple) la presse spécialisée risque de faire tache (dans le sens "pas lu" car trop prise de tête)
    Je pense que le jeux n'est pas assez vu comme un objet potentiellement "sérieux" pour en faire la promo sur le principe du festival, concours (tenu par des joueurs et des spécialistes par exemple), parler des développeurs comme d'artistes, etc. ça existe, mais c'est limité. Je trouve ça dommage, car un bon jeux est pour moi comme un bon album de musique, ou le groupe est le développeur.

  14. #14
    ce qui n'aurait pas la qualité analytique d'une vraie revue journalistique mais serait déjà un moyen de séparer le bon grain de l'ivraie.

Règles de messages

  • Vous ne pouvez pas créer de nouvelles discussions
  • Vous ne pouvez pas envoyer des réponses
  • Vous ne pouvez pas envoyer des pièces jointes
  • Vous ne pouvez pas modifier vos messages
  •