Vous vous souvenez sûrement que le lendemain de la tuerie de Winnenden en Allemagne, certaines chaînes de supermarché avaient décidé de retirer les "jeux violents" de leurs rayons. C'est ce qui est en train de se passer en Norvège, au lendemain de l'attentat du 22 juillet dernier qui a coûté la vie à 77 personnes.
Il est vrai que l'auteur, qui a eu le malheur de préférer "morden" à Morten, avait cité nommément un certain nombre de jeux. Ceux qu'il aimait pratiquer (Dragon Age Origins et Awakening, BioShock, Fallout New Vegas), ceux qu'il n'aimait pas pour raisons idéologiques (GTA), ceux qu'il utilisait comme couverture (WoW), et ceux qu'il disait utiliser pour s'entraîner (Call of Duty : Modern Warfare 2). On en parle sans arrêt, on ne sait pas ce qu'on doit dire, et on le dit quand même. Autant se reporter à des analyses plus concrètes (dont celle-ci, en provenance d'Australie).
Il est tellement inutile de le dire : les représailles ne se sont pas fait attendre. Selon le Rogalands Avis, le quotidien (orienté à gauche) du Comté de Rogaland, plusieurs "voldelige spill" ("jeux violents") vont être retirés des magasins de l'enseigne Coop Norge, même si le journal ne mentionne que Call of Duty et World of Warcraft. D'autres jeux resteront sur les rayons, avec des avertissements relatifs à leur contenu. Regardez-les, remarquez-les, ils seront partis dans un jour ou deux.
Interrogé par le Rogalands Avis, le directeur de Coop Norge, Geir Inge Stokke, justifie sa décision tout en espérant qu'elle ne fera pas trop de vagues :
"La raison tient dans les événements horribles de vendredi. C'est une initiative temporaire que nous avons prise par respect pour les proches des victimes. Nous avons pris cette décision de retirer ces jeux dès que nous avons réalisé l'impact [de l'événement].
D'autres sont mieux qualifiés que nous pour pointer du doigt les effets de ces jeux. Pour l'instant, il nous paraît naturel de les retirer. Je ne serais pas surpris si d'autres suivaient.
Ceci dit, nous réfléchirons à deux fois avant de décider si nous les remettrons en rayon. Les raisons économiques ne font pas tout."
La nouvelle n'a pas fait que des heureux. Dans le même journal, Jostein Hakestad, animateur de radio et présentateur d'une émission sur les jeux vidéo, conteste cette décision : "J'aurais pu comprendre si les magasins avaient reçu des plaintes. Mais j'ai l'impression que cette décision a été prise à la hâte, dans un mouvement de panique. Le but n'est pas de faire preuve de sensibilité vis-à-vis des proches des victimes. D'autres personnes vont trinquer. Je suis fatigué d'être stigmatisé à cause de craintes irrationnelles comme quoi les jeux peuvent fabriquer des criminels."
Il est toutefois peu probable que ces protestations changent la donne. On y viendra de toute façon : les "drapsspill" ("jeux de meurtre", selon la délicate appellation du Rogalands Avis) vont bel et bien partir des rayons de Coop Norge. Dans un jour ou deux.
Voir la news (0 image, 0 vidéo )