Pour que le topic des mulots ne se sente pas trop seul voici celui de son copain boutonneux.
Étant sur CanardPC je ne parlerai pas ou peu de certains claviers comme les claviers ergonomiques qui concernent un type d'utilisateurs bien particulier pas forcément très présents ici.
Avant tout, pour les plus pressés :
Il y a plusieurs critères à prendre en compte pour choisir un clavier, je commence par les plus évidents. Dans le 2e post on ira un peu plus loin et si vous êtes sages on taquinera un peu les drosophiles. Dans le 3e post vous trouverez quelques claviers sympas à différents prix. Je suis ouvert aux propositions (de claviers hein) pour peu qu'elles soient un minimum argumentées. En plus vous aurez bientôt plein d'éléments pour juger un clavier. Allez, on attaque.
Les touches (du clavier seulement )Je laisse de côté les touches un peu exotiques pour ne garder que les plus courantes : les touches type portable et les touches classiques.
Les touches
classiques sont celles qu'on trouve majoritairement sur les PC fixes même si j'ai l'impression qu'elles sont de moins en moins présentes sur les PC de marque. Assez hautes (8 ou 10 mm), elles peuvent se montrer très bruyantes comme le clavier Microsoft à 2 balles sur lequel je suis en train de taper et dont la barre espace tente perpétuellement de réveiller les morts.
Vous pouvez trouver deux formes différentes sur vos touches. L'empreinte peut-être
sphérique ce qui est vraiment rare ou
cylindrique.
Le profil de ces touches est différent d'une rangée à l'autre comme on peut le voir sur
cette photo. Il n'est donc pas toujours possible d'inverser deux touches sans gêner la frappe.
Les touches de type
portable sont beaucoup moins hautes (1 voire 2 mm) pour gagner de la place et souvent plus silencieuses. La course des claviers type portable est généralement plus courte, là aussi pour grappiller un ou deux millimètres. On en trouve néanmoins sur des claviers pour ordinateurs fixes et parfois avec des courses normales. À noter que ces touches sont généralement plus larges à leur sommet et plus proche les unes des autres. Cela se comprend très bien avec un
petit dessin.
Ce type de touche est souvent décrié à cause de la piètre qualité de certains claviers de portable. Cependant, un clavier avec de telles touches n'est pas forcément moins bon qu'un clavier avec des touches classiques.
Avec ou sans-fil ?Faire 15 pages là dessus serait inutile, on voit facilement les avantages et inconvénients du sans-fil. Choisissez bien choisissez But pour ne pas prendre un modèle qui nécessite de changer les piles toutes les 2 minutes et ça ira. Les problèmes de latence sont un faux problème pour peu qu'on ne possède pas une daube sans nom. En laissant de côté le bas de gamme on évite la plupart de ces petits soucis.
Une entreprise témoin suisse expérimente le wifi avec fil. Pour les intéressés, contactez johnclaude (ne me remercie pas de pourrir ta boîte à MP, ça me fait plaisir).
Le layout (ou disposition des touches mais je suis un flemmard)En France on trouve majoritairement de l'
AZERTY même si, sans parler des touches alphabétiques, il est loin d'être bien pensé.
Le QWERTY est déjà un peu plus pratique et mieux organisé. Attention, il existe de nombreux QWERTY différents. On retiendra surtout l'
ISO (Royaume-Uni) et l'
US-International (États-Unis). La principale différence du QWERTY US étant la taille de la touche Entrée et la disparition d’une touche par rapport à l’AZERTY. Ce dernier point peut s’avérer gênant pour les possesseurs d’un clavier QWERTY mais qui l’utilisent avec un layout AZERTY puisqu’ils vont perdre la touche <>. Pour remédier à ça, il suffit d’un petit script Autohotkey fourni par caribou
ici. On dit merci qui ?
Le QWERTZ, instrument de torture trouvable chez les Allemands et les Suisses, est à éviter à mon avis.
Passons maintenant aux
layouts disons alternatifs, qu'on ne trouve pratiquement jamais tel quel sur un clavier : le
Dvorak et l'équivalent français, le
BÉPO (
vue plus complète). Il existe 15 tonnes de dispositions différentes mais sans trop rentrer dans le détail, le but de ces
layouts est de réduire les mouvements des doigts et des mains en changeant la disposition des touches de manières à ce que les lettres les plus utilisées soient plus faciles d'accès. Par exemple sur le BÉPO, les voyelles accentuées et le ç sont plus faciles d'accès, surtout pour les majuscules.
Skiant a créé une variante du QWERTY ANSI qui défonce, vous pouvez la trouver
ici (OSX ou Windows)
Les switches (ou interrupteurs, je n'ai pas changé depuis la dernière partie mais je vais faire un effort)Entrons maintenant dans les entrailles du clavier. Ce sont principalement ces switch qui détermineront le feeling des touches d'un clavier. Je vais faire une rapide comparaison, pour plus de détails reportez-vous au
deuxième post et/ou aux liens à la fin du post.
La quasi totalité des claviers que vous trouverez dans le commerce y compris ceux fournis avec les ordis de marque ou ceux des portables ont des interrupteurs non-mécaniques. C'est un abus de langage étant donné que l'on reste dans la mécanique. Ce qu'il faut comprendre avec ce terme c'est que vous ne trouverez pas de ressort sous votre touche mais du caoutchouc éventuellement accompagné de plastique. Les claviers chers muni de touches classiques, et je vise particulièrement les claviers "gamer", ne sont pas épargnés. Il est quasiment sûr que ces claviers abritent des interrupteurs non-mécaniques.
Petit résuméJ'exclue les interrupteurs à dômes, vraiment rares. Je vous fais confiance pour déterminer si un avantage/inconvénient est réellement important ou non. J'ai mis les plus importants selon moi en premier.
Interrupteurs à ciseaux (les plus courants)Avantages : prix, bruit généralement contenu, plus compacts, plus légers.
Inconvénients : nécessitent d'aller en butée pour activer la touche, s'activent d'un coup, plus fatigants, retour en position plus lent, durée de vie plus courte, sujets au vieillissement (légères modifications du comportement possibles).
Interrupteurs mécaniquesLogiquement c'est l'inverse.
Avantages : plus ergonomique (prise en compte de la frappe avant d'arriver en butée), frappe moins brusque, retour en position plus rapide, excellente durée de vie, facilement personnalisables, très peu sujets au vieillissement.
Inconvénients : chers voire très chers, potentiellement plus bruyants (le couple mauvaise frappe + MX Blue est parfait pour se faire engueuler), plus lourds, moins compacts et donc difficilement intégrables aux portables.
Le bruitDifficile de donner un conseil général sur ce point. Les touches type portable peuvent se révéler bruyantes, idem pour les interrupteurs à dôme. En dehors des interrupteurs conçus pour générer un bruit bien particulier comme les Cherry MX Blue ou les Buckling Spring on ne peut pas faire de généralités. Même deux claviers avec les mêmes interrupteurs peuvent produire deux sons différents. On peut différencier trois types de bruits que peut produire un clavier :
- Le bottom-out (fin de butée). C'est lié à l'habitude des claviers non-mécaniques où il faut impérativement arriver en fin de butée pour que la frappe soit prise en compte. Il peut être amplifié suivant la construction du clavier. Dans le cas d’un clavier mécanique ce bruit peut être atténué avec des o-rings (joints toriques) à placer dans les touches ou des landing pads à placer sur le switch, ou en prenant l'habitude de ne pas enfoncer les touches jusqu'en bout de course après qu'elles aient été activées ;
- Le clic sonore. Présent uniquement sur les switches « Clicky » comme les Cherry-MX Blue ou Green. Il s'agit d'un click volontairement produit par le switch lors de l'activation. Il n'est pas possible de l’atténuer vu qu'il fait partie intégrante de la conception du switch ;
- Le retour de frappe. Le bruit que peut faire une touche qui revient brutalement à sa position haute après avoir été enfoncée. Généralement bien plus faible que les deux autres mais il peut être amplifié selon la construction du clavier. Il est possible de limiter ce bruit en prenant l'habitude d'accompagner un peu la touche qui remonte, mais c'est assez technique. Sur les claviers mécaniques, un utilisateur qui aura pris l’habitude de ne plus enfoncer les touches à fond réduira aussi ce bruit (la touche qui remonte aura moins d’élan).
Le seul conseil que je peux donner ici pour se faire une idée est de chercher des vidéos d'une personne tapant sur le clavier qui vous intéresse. Ce n'est pas parfait, le volume de la vidéo dépendant de nombreux facteurs mais cela vous permettra toutefois d'entendre le bruit du clavier et de vous rendre compte s'il vous semble supportable voire agréable. Le top est de trouver une vidéo comparant divers claviers comme on en trouve sur le site de lesnumeriques.com. On peut ainsi facilement se créer son propre classement de claviers en fonction du bruit produit. Comme filmer son clavier et mettre la vidéo sur le net n'est pas très compliqué on trouve assez facilement son bonheur.
Ghosting, Key Blocking et Key RolloverCes 3 expressions barbares sont liées mais que signifient-elles donc ?
Le GhostingC'est un phénomène très rare (même un clavier Advance doit en être dépourvu) mais assez pénible. Il correspond à l'envoi d'une touche à l'ordinateur alors que vous n'avez pas appuyé dessus. Par exemple, j'appuie sur A et H, sur mon écran s'affichent AHI. Ce I n'a rien à faire là et pourtant il s'est incrusté, envoyé par le clavier. Pourquoi est-ce rare ? Déjà parce que les fabricants ont fait un petit effort et ensuite car ces mêmes fabricants limitent quasiment tout le temps le Rollover de leurs claviers.
Key Blocking et Key RolloverLe
Key Rollover correspond au nombre de touches sur lesquelles vous pouvez appuyer simultanément sans qu'une seule ne soit oubliée. Le
Key Blocking est le phénomène qui apparait quand vous atteignez la limite du
Rollover de votre clavier : vous avez beau appuyer sur une touche, rien ne se produira. Le
ghosting ne peut donc pas apparaitre une fois la limite du
rollover atteinte.
Pour tester ce
Rollover je vous conseille
cette page (le lien que j'utilise habituellement est mort, j'ai trouvé celui-là rapidement mais j'en chercherai un meilleur). Essayez de tester des touches que vous êtes susceptibles d'utiliser simultanément, notamment en jeu. Les touches Ctrl, Alt, Maj, Win (ou équivalent) et parfois Suppr ne comptent pas. Elles bénéficient
normalement d'un traitement spécial et ne vous bloqueront pas. On parle de
X-Key Rollover (ou
XKRO) où
X est le nombre maximale de touches prises en compte en même temps. Le NKRO correspond au cas où toutes les touches peuvent être activées au même moment.
Cette limite va dépendre de la conception du clavier et bien sûr, avoir du NKRO coûte plus cher que du 2KRO. Vous verrez que cette limite n'est pas la même selon que vous utilisiez des touches proches les unes des autres ou non. Cela dépend généralement des lignes/colonnes des touches concernées. La plupart des claviers sont limités à 2, 3 voire 4KRO. Les claviers "gamer" présentent parfois l'argument du NKRO ou de l'
antighosting (c'est censé être la même chose). La plupart étant en USB ce n'est normalement pas possible (voire section suivante) mais on n'a que dix doigts. Quand on approche de 5, 6KRO il est très très rare d'être gêné.
PS/2 ou USB ?USB me direz-vous, il est partout. Sauf que ce n'est pas si évident que ça. Le PS/2 présente plusieurs avantages et un désavantage. On commence par le désavantage comme ça c'est fait : il y a de moins en moins de ports PS/2 sur les ordinateurs et quasiment jamais sur les portables. Ceci dit, un adaptateur généralement fourni règle le problème. Petit inconvénient donc. Voyons les avantages.
Le PS/2 supporte le NKRO alors que l'USB est "limité" à 6 touches en plus des touches de combinaison (Ctr, Alt, Shift et Win/Méta/Commande). Certaines entreprises comme Microsoft essaient de régler le problème et sur le Noppoo Choc Mini cela semble marcher.
Alors que le clavier en USB attend qu'on lui demande si une touche a été enfoncée, celui en PS/2 envoie l'information. Un peu moins de latence et pas de soucis en cas de surcharge de l'USB.
En cas de soucis avec une CM, il peut être salvateur d'avoir un clavier en PS/2 à portée de main.
Le PS/2 est donc un peu plus intéressant mais ne vous prenez pas trop la tête là-dessus. Si vous le choisissez, attention,
deeg me fait remarquer qu'un débranchage/rebranchage à chaud peut flinguer le port PS/2 de la CM (uniquement le port).
ErgonomieVaste sujet, je vais essayer de ne pas être trop long. De toute manière on ne peut pas faire énormément de choses sans que les fabricants ne se bougent le popotin. Dans l'idéal, voilà ce qu'un clavier et son utilisateur devraient respecter.
L'avant du clavier (côté barre d'espace) doit être plus élevé que l'arrière pour éviter l'extension du poignet fatiguant les muscles et les tendons. Bon, déjà on s'aperçoit que c'est un peu mort vu ce que nous propose les fabricants. Très peu de claviers bénéficient de cette inclinaison.
Pour la même raison, les coudes doivent être à la même hauteur que le clavier (poignets alignés avec les avant-bras). Un sous-main est un plus mais on évite les daubes habituellement fournies, trop dures et pas assez hautes.
La force nécessaire à l'activation d'une touche ne doit pas être trop élevée. J'ai vu conseillée une force d'environ 50 cN (~50 g) comme seuil à ne pas dépasser. On oublie donc les interrupteurs à dôme et on dit bonjour aux mécaniques.
La course nécessaire à l'activation des touches doit être bien inférieure à la course totale avec idéalement une baisse de la résistance de la touche lorsque la frappe est prise en compte. Ceci permet de ne pas taper systématiquement le fond du clavier et demande moins d'effort. Argument de plus en faveur des mécaniques.
Les touches situées sous les index sont marquées physiquement. Ça c'est bon.
La souris est proche du clavier. Pour les droitiers il faudrait donc que le pavé numérique soit à gauche ou qu'il ne soit pas. Ce décalage dû au pavé numérique vous incite aussi à vous décaler sur la droite. Dans cette position, le poignet droit à tendance à être plié vers l'intérieur (
abduction) ou vers l'extérieur (
adduction) et il est pas super fan.
Remarque : un pavé numérique accessible via une touche de fonction (Fn) comme sur les portables reste sur la partie droite du clavier sans gêner la position de la souris. Je trouve que c'est un bon compromis.
Les touches ne devraient pas être disposées en diagonale mais suivant des lignes droites perpendiculaires.
Ça c'est bien alors que
ceci est à éviter. Une fois de plus, la balle est dans le camp des fabricants et ils n'ont pas l'air joueurs.
Dernier point déjà en partie évoqué, le
layout. Les Dvorak et compagnie ne permettent pas uniquement de taper plus vite mais aussi d'avoir une frappe plus reposante. L'adaptation est assez rapide, le problème principal étant la disposition physique des touches sur le clavier, pas évidente à changer pour ces
layouts bien meilleurs mais trop peu répandus.
Conclusion : Elle est double. D'une, les claviers vendus comme ergonomiques sont souvent complètement à l'ouest. De deux, les interrupteurs mécaniques c'est bien mais ça ne suffit pas. Sans tomber dans les
extrêmes conçus pour des gens tapant au kilomètre, les fabricants pourraient faire un petit effort. Seulement il faudrait que les consommateurs consentent aussi à changer leurs habitudes.
Le rétroéclairageDernière partie, courte, sur le rétroéclairage. Il se répand doucement et avec une qualité variable. La seule chose que l'on puisse réellement dire est vis-à-vis des claviers mécaniques. Le rétroéclairage de ceux-ci est beaucoup plus difficile à cause de la présence d'un interrupteur imposant sous chaque touche. On trouve néanmoins certains claviers le proposant mais pour une obscure raison les fabricants de clavier s'évertuent à utiliser une police d'écriture immonde sur les claviers rétroéclairés.
Exemple. Ah, on me signale une réaction de vos yeux :
Hhhmm. Désolé je préviendrai la prochaine fois. Sinon il y a le Razer BlackWidow mais c'est pas super non plus. Le top étant l'Illuminated Keyboard de Logitech mais le rapport qualité/prix n'est pas forcément génial suivant votre utilisation.
ConclusionLes claviers "gamers" devraient vous paraître nettement moins intéressant maintenant. Ils sont beaucoup plus chers pour pas grand chose comparés à un clavier à 20 €. Les interrupteurs ? Ce sont les mêmes. Le bruit ? Souvent pire. La durée de vie ? Bof. Les touches programmables alors ? 105 touches sur un clavier classique ça devrait suffire. Surtout que ces touches macros sont souvent trop loins. "Oui mais elles sont programmables". Ben comme les 105 autres touches. C'est faisable soit dans le jeu soit via un programme tiers qui lui est gratos (voir fin du 2e post).
Restent deux choses : l'éventuel écran (certains semblent s'en servir même si je prendrais plutôt un vrai écran d'occasion à la place) et le look. Mouais, ça fait pas énorme.
Vous avez des sous à dépenser dans un clavier ? De mon point de vue il y a deux possiblités.
Vous ne jouez pas, peu, ou d'une manière qui ne sera pas entravée par un Key rollover trop bas ? L'ergonomie vous importe peu ? Jetez un oeil sur l'Illuminated Keyboard. Vous vous retrouverez avec des interrupteurs/touches proches des modèles moins chers mais vous aurez un clavier qui a de la gueule, bien rétroéclairé et silencieux. Si vous ne tapez pas énormément et que vous n'avez pas à appuyer sur plusieurs touches en même (Shift+Z+Espace semble ne pas passer) alors vous ne le regretterez pas.
Vous essayez de rendre hommage à Paul le Poulpe sur Starcraft 2 ? Amateur de FPS ? Développeur ? Secrétaire ? Orientez-vous vers des claviers mécaniques. Robustes pour les rageux, réactifs, plus confortables, vous accrocherez vite (attention au porte-monnaie, une fois le doigt dans l'engrenage on a tendance à vouloir du mécanique de partout).
Sources :Général :Interrupteurs :Rollover et compagnie :Ergonomie :