Un jour je vous raconterais des choses sur les agents que ma boite embauche dans la division sureté/surveillance humaine...
Bah non tiens, je commence :
Mr X ( que nous appellerons X pour plus de discrétion) est un vieil homme de 60 ans, proche de la retraite, 30 000 euros de dettes et est malmené par la vie et sa fille de 22 ans. Il a vingt ans de boite et est décédé il y a deux ans environ. Paix à son âme, il nous a bien fait rigoler.
Bref, Mr X ne boit pas, mais il parle de Dieu comme un poivrot, en gueulant, à chaque instant, chaque occase. Il est capable de vous raconter l'histoire de l'humanité , du rock en digressant sur la guerre de 39-45 au passage et en mélangeant le fordisme et les planètes qui gravitent autour de Mars (oui), le tout avec des analyses économiques sur les élections de 1981. Tout ca en un quart d'heure. D'ailleurs, j'ai surement sur un CD de sauvegarde l'une des conversations (monologue plutôt) enregistrée en AMR (c'est pas gagné à retrouver) que j'ai eu le plaisir d'avoir avec lui.
Bref, mr X a un chtard dans la tête. Et ma boite en a profité, en l'envoyant partout, tout les temps, à n'importe quelle heure faire du boulot en urgence.
Avec quelques dizaine de millier d'euros de dette, il est obligé de faire tout pour s'en sortir. Mais il reste tout de même dans la précarité, et cela se voit sur lui, il fait cracra. Mais vraiment cracra. Le cheveux gras et blanc, grand et maigre, et avec trois dents au compteur, les mains calleuse, les ongles sales. Il sent le tabac froid à deux mètres douze, porte une tenue sale en permanence, composée d'une chemise siglée au nom de ma boite et au col élimé noir de crasse et d'un pantalon trop petit et jamais repassé
L'une des ces expressions les plus marquantes qu'il m'a lancé un jour m'amenait à m'interroger sur la possibilité que Dieu se trouve dans mes chaussures.
Expression qu'il aimait sortir. Il a même enlevé sa chaussure pour montrer à un collègue que Dieu était vraiment dedans. Avec l'odeur et tout.
Cet agent n'hésite pas aussi à dormir dehors par -2, parce que le bus de six heures passe dans deux heures et demie, sans prévenir qui que se soit dans la société (on peut le ramener chez lui par exemple).
Cet agent, on se dit qu'il donnerai une bonne image de la société, et quoi de mieux que de le poster en surveillance à l'entrée de grandes banques (Écureuil ou la copine de Tapie) de la ville ?
Aussitôt dit, aussitôt fait, on a mr X, qui surveille le sas d'entrée d'une banque. Il empeste le sas avec ses clopes. Il y fait chaud, mr X se dit qu'il serait mieux dehors.
Mais bon, à soixante ans, on se fatigue vite à faire le planton donc on s'assoit à même le sol. Mr X effectue toujours ses vacations avec un sac en plastique semblables à ceux que l'on a en faisant ses courses, toujours le même sac, usée et transportant un sandwich au calendos. Il le pose à coté de lui. Le décors est posé.
Arrive ce qui ne devrait pas arriver.
Les badauds, les clients de la banque lui font l'obole. Oui, ils le prennent pour un clochard qui fait la manche devant une banque, comme tant d'autre. Oui, l'agent de surveillance...
Et lui il encaisse sans se demander le pourquoi du comment du geste des gens
Le plus beau dans l'histoire, c'est la banque qui appelle ma boite pour prévenir que ses propres clients racontent au guichet qu'un clochard fait l'aumône à l'entrée. Et il ne doit pas rester, que l'agent fasse son travail ! Ma boite appele donc l'agent et lui ordonne de virer ce mendiant, le client n'est pas content.
Réponse de mr X, quel clochard ?
Prochainement, l'agent portuaire qui veut voir d'urgence le capitaine d'un porte container parce qu'on lui a dit de rapporter au plus vite que la boite de vitesse du bateau était cassée.