A la base, cette interview a été réalisée pour célébrer le 500ème article de mon blog exposant mes goûts navrants en matière de cinéma. Mais puisque la communauté des coincoins peut également être intéressée par ce que raconte le bonhomme, le sieur Boulon m'a proposé d'en faire une news.
Tout le monde connaît Uwe pour ses adaptations foireuses de jeux vidéo (Alone in the dark, House of the Dead, Far Cry, Bloodrayne, In the name of the kink / dungeon siege...) et du coup j'ai essayé de m'intéresser au reste de sa carrière, bien éloignée de ce que beaucoup peuvent en penser... Alors voilà, grâce à la magie du Ctrl-C Ctrl-V, cette interview est maintenant disponible ici aussi.
Toute l’interview est traduite depuis mon anglais imparfait et agrémentée de quelques remarques entre parenthèses et sûrement de quelques fautes que les grammar nazis de passage n'hésiteront pas à souligner comme il se doit.
Vous êtes connu à l’international pour vos adaptations de jeux vidéo en films. Mais vous aviez déjà pas mal tourné avant de vous attaquer à House of the Dead. Comment êtes-vous arrivé dans l’industrie cinématographique ?
En 1991, mon ami Frank Lustig et moi avons rassemblé 60 000 marks (30 000€) en tapant auprès de nos familles et de nos amis respectifs, et nous avons tourné German Fried Movie, un hommage à Kentucky Fried Movie (film à sketchs de John Landis). J’ai commencé de cette manière. J’ai récupéré plus que ma mise initiale et j’ai pu continuer dans le secteur.
En France on dit qu’il est difficile de faire du film de genre car les producteurs se sentent incapables de faire comme les américains. Est-ce la même chose en Allemagne ? Est-ce la raison pour laquelle vous avez créé Boll KG (sa compagnie de production) ?
Absolument. En Allemagne, les films de genres ne reçoivent strictement aucune aide ou subvention. Donc il a fallu que je trouve mes propres filières pour financer mes films, entre autre aux Etats Unis où j’ai fini par travailler.
Juste avant qu’on vous connaisse à l’international, vous aviez tourné un film sur les school shooting nommé Heart of America, film qui fut comparé à l’époque au Elephant de Gus Van Sant. Vous étiez alors considéré comme un bon réalisateur. Regrettez-vous cette époque ?
Absolument. Et avec des films comme Postal, Stoic, Rampage ou Darfur (les trois derniers ne sont pas encore disponibles et n’ont été présentés qu’en festival, mais avec d’excellents échos), j’essaie de revenir à cette période. Mais House of The Dead reste le seul film sur lequel j’ai doublé mon investissement initial.
Vous avez fait travailler Michael Paré dans quasiment tous vos films. D’où vous connaissez vous ?
Mon premier film, tourné en 1999 se nommait Sanctimony et Michael Paré jouait déjà dedans. Il est un des rares acteurs qui soit un bon ami et également un excellent cuisinier.
Et Kristinna Loken (la terminatrice de T3) avec qui vous avez travaillé déjà trois fois ?
Kristinna est l’exact opposé de toutes ces actrices hollywoodiennes. Elle est honnête, facile à diriger, toujours ponctuelle et très disciplinée.
Tout le monde a entendu parler de votre combat de boxe contre un critique peu amène. Cette haine contre votre travail a-t-elle changé votre manière de travailler ?
J’ai appris beaucoup plus des critiques constructives que de celles cherchant à me descendre coûte que coûte. C’est la raison pour laquelle j’ai étalé cinq critiques ciné en 2006. Un documentaire sur le sujet nommé Raging Boll (un titre parodie du Raging Bull avec De Niro) va d’ailleurs sortir d’ici peu.
Postal est différent de vos autres adaptations de jeux vidéo. C’est un film beaucoup plus personnel où vous n’hésitez pas à vous tourner en dérision. (Il explique entre autre qu’il finance ses films avec l’or des nazis et qu’il aime les petits garçons). Etait-ce votre réponse à tous ceux qui critiquaient vos films sans les avoir vus ?
Postal reste aujourd’hui mon film préféré. J’aime encore le regarder et regarder les réactions des spectateurs. Je crois également que Postal a été le film le plus dur sur Bush et Ben Laden, etc… Le temps me donnera raison et fera sûrement de Postal un classique.
En tant que spectateur, je trouve que Postal est le film où vous êtes ressuscité artistiquement parlant. Ressentez-vous la même chose ?
Absolument. Et c’est également le premier film que j’ai écrit de nouveau après une longue période où j’avais toujours un scénariste. En fait, j’ai arrêté d’écrire mes films à partir de House of the Dead… le premier film où j’ai commencé à me faire descendre…
Tunnel Rats (un film sur les militaires explorant les tunnels au Vietnam) a été une surprise. C’est un film qui arrive très bien à faire ressentir l’atmosphère claustrophobique des tunnels. Etait-ce une nouvelle direction pour votre filmographie ?
Non. Le renouveau date de Postal et Seed (les deux films précédents Tunnel Rats). Je pense que Tunnel Rats était néanmoins un film dur, sans concession, qui montre que personne ne gagne vraiment une guerre…
Vos prochains films, Stoic et Rampage sont particulièrement sombres et violents. Un thème récurrent dans votre filmographie est la façon dont les gens peuvent se servir de la violence pour s’exprimer. Qu’est-ce-qui vous intéresse dans ce thème ?
Je suis très intéressé par la nature humaine, et pas vraiment par le fait de tourner des films calmes et paisibles. Mes films sont jusqu’au-boutistes. Ils doivent toujours jouer avec les limites. J’ai horreur des PG-13 américains (les films interdits au moins de 13 ans non accompagnés). Je n’aime que les films radicaux.
Stoic et Rampage reçoivent tous deux d’excellentes critiques. Etes vous satisfait qu’on reconnaisse enfin votre travail ?
Absolument. Et j’espère que l’opinion de la majorité changera à mon égard.
Votre prochain film, Darfur, présente une facette méconnue de vous : votre engagement dans l’humanitaire. Ne craigne-vous pas que votre film soit incompris en raison de votre image ?
Aujourd’hui, je travaille avec Amnesty International qui co-présente le film avec moi. J’ai rencontré pas mal d’a priori, mais quand les gens ont vu le film, en général ils en ressortent avec une impression très positive. Jusqu’ici je n’ai eu que de très bons retours.
Quels sont vos prochains projets ?
Bloodrayne 3, que je prépare en ce moment, et un film de boxe pendant la seconde guerre mondiale, nommé Max Schmeling, actuellement en post production.
Savez vous si Stoic et Rampage vont sortir en France ?
Ils sortiront en tout cas en DVD, avec Bac Films je pense.
Un dernier mot, afin de convaincre les gens de regarder votre travail et de passer outre votre mauvaise réputation ?
Regardez juste les films et jugez-les après. Ne jugez jamais par avance
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