Le topic de la zone du dehors : paranosite aigue et anarchissisme profond

[Guest14712]

Si.

Non ?

[Darkjmfr]

Le point commun de tous les gens qui apprécient certaines idées dans le genre ce n'est pas d'être frustré par la réalité ? Et en particulier de devoir travailler pour accéder à leurs envies ?

Les gens qui remettent le système en cause s'interrogent plutôt sur sa capacité à permettre au gens "d'accéder à leurs envies" (vachement réducteur, il s'agirait plutôt de s'accomplir, les envies devant être comprises et maîtrisées pour que la vie sociale soit possible) dans les meilleures conditions et avec la meilleure efficacité pour tous. On s'interroge sur le rendement en qualité de vie (cela suggère un minimum matériel, mas aussi intellectuel/psychologique) d'un système et on cherche des voies plus efficaces. Hélas, mon roy, il en est encore pour considérer que "le moins pire" des systèmes est loin d'être le meilleur.

Si je donnais dans la caricature comme toi, je pourrais considérer que la foi aveugle dans le capitalisme et le "travail productiviste" est une bonne manière de s'éviter un travail de réflexion sur soi, sa société, ses envies qui transforme les hommes en zombies (http://plus7.arte.tv/fr/1697660,CmC=2920688.html) à tel point qu'ils se suicident lorsque ce qu'ils perçoivent comme une raison de vivre, leur travail, n'a plus de valeur aux yeux de ceux qui les tiennent. Les Cassandre, ces fainéasses qui passent leur temps à ouvrir leur bec, avaient pourtant essayé de les prévenir.

La réflexion autour du système (et du travail, qui en est un aspect majeur) est donc un travail en soi, qui conditionne l'équilibre de l'homme. Au passage, ces messieurs les anars n'oublient pas pour autant de se nourrir. Damasio par exemple, fait des études de socio pour la CAF entre deux bouquins histoire de remplir le frigo.

Notez que je n'ai jamais dit que la vie était facile pour tout le monde, et qu'en bossant 12h par jour à nettoyer des chiottes pour des clopes, il viendrait à l'esprit de tout un chacun d'aborder le sujet dans un coin de son esprit avant de se coucher après s'être occupé des mômes. Demandons par contre au détenteur de ce job s'il lui permet de vivre heureux (il peut en être fier, mais...).
Disposer de temps pour réfléchir estun luxe, soyons en conscients. Pour moi, le "rentabiliser" est un devoir (tu vois qu'en fin de compte nos préoccupations ne sont pas si différentes). T'inquiètes pas, je suis comme tout le monde, je donne un peu de temps de cerveau à la réclame aussi, hein . Nous sommes réalistes, mais n'acceptons pas l'immobilisme actuel qui augmente les inégalités et finit par assurer à qui des positions (Jean, mon congénère, mon frère, si je te croise un jour il faudra que je maîtrise mes envies), à qui des fortunes héritées et des rentes sans aucun effort, justement.

[ERISS]

Le point commun de tous les gens qui apprécient certaines idées dans le genre ce n'est pas d'être frustré par la réalité ?

Plutôt oui. Ceux qui se sont insensibilisés à la réalité, ou ont oublié (souvent par le confort d'une promotion sociale) ce qu'elle peut avoir de frustrant, se croient ainsi devenus des adultes.
C'est bien la frustration de la réalité qui nous fait évoluer. D'où l'invention des conserves, puis des ouvre-boîtes, par exemple...
Une fois bien au chaud on se laisse aller et on préfère se dire que c'est pareil pour les autres, ça évite de devoir se bouger pour les aider.
- "On a faim!"
- "Vous n'avez pas de pain? Mangez de la brioche."

Et en particulier de devoir travailler pour accéder à leurs envies ?

Tu veux dire de devoir se louer à autrui pour survivre. C'est pas le travail qui est mauvais, mais le salariat. Qu'on soient tous patrons sans salarié, c'est le but.

[ducon]

Et sans la précarité du statut de patron.

[Super_Castor]

"Quot capita, tot sensus" ça fait toujours culturé de balancer du latin, tout ça pour dire que le grand souci avec les idéologies "utopistes" (avec le fameux geste agaçant des index et des majeurs) c'est que comme on dit en Chine, plus on est de fu moins y'a de riz...

Je m'explique : On a beau avoir la meilleure théorie révolutionnaire et objectivement humaniste, jamais on ne mettra tout le monde d'accord.
A une petite (minuscule même) échelle, l'anarchie, le communisme et même la démocratie directe me semble quasi applicable si et seulement si elle est reconnue et partagée par une majorité plus qu'absolue. Dans le cas contraire la diversité mène à un bordel de différences ingérable.
Une tribu, une Suisse à l'ultime limite, sont des exemples d'ersatz de "tout le monde partage le même délire" ; au delà, à mon humble avis y'a rien à faire.
Franchement à moins de vivre en autarcie (par exemple en Ardèche, genre on retape une ferme et on fait pousser des chèvres) avec des personnes à peu près compatibles, c'est un peu l'illusion de croire en l'harmonie.

Sérieux 6 milliards de clampins (et bientôt vachement plus) je vois pas comment ça peut s'entendre...

Finalement tout chambouler, perso ça m'apparait inconcevable... Des petits coups d'éclats qui branloterons à la limite le système OK mais de là à ce que "les choses" (et hop les doigts) changent fondamentalement, je parie mes gonades que c'est pas demain la veille.

A mes yeux ce qui caractérise le mieux l'être humain, outre sa perversité et son bellicisme récurrent, c'est sa faculté d'adaptation et peut-être sa propension à foncer droit dans le mur à toute vitesse en fermant les yeux.

Et Blim !

[ducon]

On ne demande pas à des miyiards de clampins de se mettre d’accord, on sait que c’est impossible alors on n’essaie même pas.

[Kas3rkin]

On peut juste imaginer comment faire changer les mentalités, attention j'ai bien dit imaginer.

Comme on peut se laisser bercer par des envies de révolution.


Des envies de révolution dû une frustration de la réalité.

Une réalité modelé par des idéologies humaines.

Des idéologies humaines formé par des croyances.

Des croyances issues d'irréalité.

Alors la réalité, je ne sais pas ce que c'est moi, a part d'exister et de disparaitre.

[Super_Castor]

On ne demande pas à des miyiards de clampins de se mettre d’accord, on sait que c’est impossible alors on n’essaie même pas.

Certes, quand je dis des milliards c'est pour exagérer et montrer que si l'on dépasse une certaine quantité de personnes, plutôt que d'accorder tout le monde on a plus vite fait de pédaler dans la mélasse.

[Darkjmfr]

Comment font-ils, ceux qui sassent à l'ombre des tours toute la journée ?
[...]
Ils regardent les palais perchés là-haut et ils rêvent d'un vélivélo, voilà comment ils font ! Un seul racleur qui réussit suffit à faire croire aux autres qu'ils ont tous leur chance. L'exploitation inepte qu'ils subissent tient parce qu'ils envient ceux qui les exploitent. Les voir flotter là-haut ne les révolte pas: ça les fait rêver ! Et le pire est qu'on leur fait croire que seuls l'effort et le mérite les feront dépasser cinquante mètres d'altitude ! Alors ils filtrent et ils tamisent jusqu'à atteindre ce sentiment de mériter... Mais quand ils l'atteignent , ils comprennent que personne, nulle part, ne peut juger de leur effort, qu'aucun acheteur ne reconnaît la valeur de ce qu'ils font. Qu'il n'y a pas de juge suprême des mérites, juste des marchands qui paient une matière première et qui la revendent quatre-vingt mètres plus haut le double de ce qu'ils l'ont payée. Ici on les appelle les "monteurs d'escalier". Alors le racleur prend la rage. Sauf que la rage, quand elle ne peut exploser, ou transformer ce qui la cause, finit par imploser ! Elle se retourne en rancœur, elle s'introjecte en haine de soi et des autres, en cynisme triste, elle se distille en mesquineries fielleuses, elle se déverse par saccades sur les plus proches: la femme, les amis, les gosses...

- Il est vrai que l'on sent chez eux deux tendances: il y a ceux qui on fait de leur rage, comme tu dis, un combat contre les Tourangeaux, qui militent dans la Hanse, qui cherchent à changer cette ville, à affronter ceux qui les méprisent. Et il y a ceux qui n'ont pas su, ou pas voulu la rendre active, la faire mordre dans le réel.

(c) Alain Damasio - La horde du contrevent - eds Gallimard - Folio SF - p285

[Super_Castor]

Up up up ! C'est quand on discute de choses profondes ?

[Darkjmfr]

Up up up ! C'est quand on discute de choses profondes ?

Développe, qu'est-ce qui t'intéresse ?

[Super_Castor]

Les abysses (paske c'est profond) et les sujets scabreux (paske c'est des choses)... Mais pour développer ça va pas être simple, j'ai pas lu le bouquin, mais je vais m'y employer dès demain et je fais péter le rapport de ce que j'en pense vite fait en temps voulu, le temps de le lire hein...
Mais "save ze topic pliz" même si c'est pas franchement sa place autant qu'y persiste, ploum ploum tralala.

[Darkjmfr]

Tiens, si vous vous demandez toujours si on avance dans le bon sens ou ce qu'on pourrait améliorer, je vous recommande le visionnage des zapping de la semaine (cf site de canal+).

Je n'aime pas Patrick Sébastien, mais je trouve qu'il a du nez (lui au moins est homme du peuple, pas de doute ) quand il a peur que les français aient de plus en plus recours à la violence.

Les émissions pièce à conviction sont pas mal aussi.
http://info.francetelevisions.fr/vid...S_A_CONVICTION