Rôle du gouvernement Bolsonaro
En mai 2019, d'après les données satellitales, 739 kilomètres carrés de forêt tropicale ont été détruits, soit le niveau de déforestation le plus élevé des 10 dernières années34,35.
Le président d’extrême droite, Jair Bolsonaro, est jugé en partie responsable car durant la période électorale et après son élection, il a publiquement encouragé l'extension de l'agriculture et l'exploitation minière, y compris dans les aires protégées de l'Amazonie. Après la publication des chiffres montrant que la déforestation a en quelques mois à nouveau atteint des niveaux records, Bolsonaro affirme que les données de l'Institut national de recherche spatiale du Brésil (INPE) ne sont pas fiables, qualifiant même ses chiffres de « mensonges » devant des journalistes le 19 juillet, en suggérant au directeur de l'INPE, Ricardo Galvão, « d'aller servir une organisation non gouvernementale »33. La Coalition pour la science et la société scientifique, un groupe de scientifiques, indique alors : « Les satellites ne sont pas responsables de la déforestation - ils enregistrent simplement objectivement ce qui se passe. […] Les faits scientifiques prévaudront, que les gens croient en eux ou non »36. Bolsonaro tempère ensuite ses critiques, mais insiste pour que l'INPE (dont toutes les données étaient publiques) consulte à l'avenir le gouvernement avant de publier ses données sur la déforestation car cette situation nuirait à l'image du Brésil à l'étranger33.
Selon les spécialistes de l'Amazonie, ce taux de déforestation est préoccupant, mais il n'est pas surprenant car, d'une part, il confirme de nombreuses informations remontant du terrain, et, d'autre part, car il est une suite logique au « climat d'impunité promu par la rhétorique de l'administration » ; Bolsonaro critique fortement la réglementation environnementale et les organismes chargés de faire respecter l'environnement, qu'il estime trop contraignants pour l'agriculture et le développement économique tels qu'il les souhaite. Parmi ses premières actions, il a ainsi transféré le contrôle des terres autochtones au ministère de l'Agriculture, et il s'est engagé à redéfinir les contours des parcs nationaux et des autres aires protégées qui, selon lui, freinent le progrès au Brésil33. Marcos Pontes, ministre brésilien de la Science et de la Technologie, membre du parti de Bolsonaro, est un ancien astronaute33 ; ce sont ses services qui supervise l’institut INPE. Le 22 juillet, Marco Pontes déclare qu'il tient l'INPE « en haute estime » tout en soutenant les préoccupations de Bolsonaro. Pontes demande un « rapport technique complet » à l'INPE sur les données de déforestation de juillet 2017 à juillet 2019, affirmant que son ministère avait invité Galvão à formuler des « éclaircissements et des conseils » dès que possible33.
En août 2019, l'Amazonie est en proie à de gigantesques incendies provoqués, selon les organisations caritatives, par l'augmentation significative de la déforestation et du système agraire forestier, accrus depuis l'arrivée au pouvoir de Bolsonaro37. Le 20 août, l'INPE signale la détection de « 39 194 incendies » depuis janvier38, soit 77 % de plus que sur la même période l'année précédente.