/!\ Attention, ce thread est un thread dédié à la réflexion constructive. Merci d’éviter les floods inutiles qui n’ont aucun rapport avec la choucroute. De même, ceci est un débat global, inutile d’y voir un quelconque rapport avec Canard PC. Même si nous sommes forcément plus ou moins concernés par le problème, le sujet est général et concerne toute la presse, papier et online, informatique ou non. /!\
Crise économique ou pas, la presse est actuellement en pleine mutation. Quasiment pas un mois ne s’écoule sans que j’entende un groupe de presse papier qui coule ou un site web connu qui s’arrête ou qui fusionne dans l’espoir de survivre (Presence PC, Matbe, …etc.). Côté papier, pour avoir bossé dans le Groupe Tests qui édite l’OI et autres Micro Hebdo, le cygne n’en finit plus de chanter. Il y a quelques jours, on apprenait le redressement de Volnay, qui édite les SVM et autres PC Expert. Et ceci uniquement dans l’informatique bien que la situation n’est pas plus rose ailleurs. La faute a un lectorat qui s’effrite mais surtout au brutal quasi-arrêt des revenus pubs. Il est bien évident que la qualité du contenu influe aussi, mais dans la presse papier classique, pour être rentable, il faut vendre son magazine deux fois : aux lecteurs et aux annonceurs. Avec d’un côté des lecteurs qui se désintéressent du papier et des annonceurs qui fuient, c’est tout le modèle économique qui s’effondre. Soit. Après tout, il a bien fallu arrêter les mines de charbon à un moment car elles n’étaient plus adaptées à leurs temps. Même chose pour la photo argentique, passé de vie à trépas en quelques années.
On peut se dire qu’il ne s’agit d’une évolution du mode d’information. On peut. Mais dans la pratique, le problème semble bien plus profond que cela. Certes, comme je le lis souvent « Ouai, mais il y a mieux sur le web, c’est incroyablement plus réactif et surtout, gratuit. ». C’est vrai, mais pour combien de temps encore ? Sur le web, les gens sont payés par la pub et les comparos de prix. Actuellement, la pub est autant touchées que dans le papier et les comparos de prix rapportent de moins en moins, peut être a force de n’être plus objectif depuis longtemps et de devenir de simples annexes des équipes « ventes » des revendeurs. Conséquence directe : manque de rentabilité et fermetures en cascades. Seuls quelques gros résistent encore, les petits s’accrochant jusqu'à ce que les un ou deux fondateurs qui bossent 80h par jour finissent par lâcher l’éponge eux aussi. Et malgré tout ce qu’on peut lire sur le net, force est de constater que le contenu du Web est quand même loin d’égaler ce qu’on trouvait dans le papier.
Qu’est ce que du « contenu web » finalement ? Des news, des news, des news, repompées à l’infini et des tests unitaires. Je ne vais pas faire de l’angélisme et tout leur pardonner, mais ou sont les enquêtes sur les déchets informatiques de l’OI, les études sur « Comment on fait un PC de supermarché » dans Micro Hebdo ou les « Tout savoir pour choisir le bon objectif photo » de SVM ? Bref, ou sont les articles de fond, non périssables au bout de 2 semaines, sur le web ? Perso, je n’en ai pas trouvé, ou très peu. Or en tant que lecteurs, c’est ça qui m’intéresse aussi : avoir une enquête, une étude de fond sur un sujet ou un autre et ne pas lire sans cesse le même test insipide d’un produit. Personne ne fait sur Internet d’article de fond parce que tout le monde est obsédé par la « réactivité ». Lancer une flopée de benchs sur une carte graphique, tout le monde peut le faire. L’info devient jetable, avec peu, voir aucune valeur ajoutée par le « journaliste » ou le site web qui la propose. Et c’est bien la le problème.
Est-ce vraiment ce genre de presse que les lecteurs français ont envie dans le futur ? Je me pose sérieusement la question. En pratique, il semble que la presse mondiale s’oriente vers un modèle économique plus « sain » ou ce serait au lecteur de payer directement pour l’information qu’il souhaite. Rupert Murdoch, le grand manitou des medias, vient ainsi d’annoncer que tous les sites web de ses journaux, dont le Times, Le Wall Street Jounral, The Sun, et autres mastodontes, allaient devenir payants pour redevenir rentable. En France, après Le Monde, c’est le site du Figaro qui passera au modèle « abonnement » d’ici 2010. Tout cela est très joli, mais est-ce que les français seront prés à payer pour CETTE info ? J’en doute. Ceux qui disent que « il existera toujours du gratuit sur le web » se plantent. En 2001, quand j’ai lancé x86-secret, plein de passionnés étaient prés à tout sacrifier pour monter un site, en bossant gratos. Aujourd’hui, tous les sites connus sont des reconversions de sites montés à cette époque (Clubic, materiel.net, jeuxvideo.com, …etc.) mais plus aucun nouveau site du même genre (je veux dire sans arrière pensée commerciale immédiate) ne se monte. Les blogs tombent eux aussi en désuétude pour d’autres modèles comme Facebook ou même Twiter, ou le concept de l’info « jetable » va encore plus loin. Au lieu de 2 semaines de date limite de consommation, on tombe désormais à 48 heures, voir à 2 heures. A ce rythme, d’ici quelques années, les seules sources d’informations des futurs acheteurs ou des passionnés sera entièrement produite par les services marketing / communications des grosses boites.
Et franchement, ca me fout les boules d’en arriver là. J’aime trouver de l’info de fond, j’aime lire ce que les gens « qui savent » pensent de tel ou tel suejt, que ce soit en économie, en politique ou en informatique. J’aime apprendre des choses que je ne pourrais connaitre si certains n’acceptaient pas de partager leurs savoirs et leurs connaissances. J’aime retrouver une info dont je connais déjà le fond, mais qui est traitée avec un angle différent, ou avec de l'humour. J’aime aussi lire des gens prés à s’étendre sur des sujets qui n’intéressent personne ou parler de tout et de rien de manière intelligente.
Mais même si j’étais prés à payer pour ça, il faudrait encore que de telles choses existent en quantité sur le web. L’un implique-t-il l’autre ? Ou pas ? Ou ais-je trop fumé de fils de bananes ?
Tout commentaire bienvenu.