Vous vous souvenez du dernier article jurigeek sur l'anonymat, la cryptographie et l'usurpation d'identité ? Celui-là même où votre serviteur vous prévenait du danger considérable que les sites Facebook et Myspace font courir aux inconscients qui étalent leur vie privée ? Oh, je sais ce que vous vous êtes dit, je vous connais maintenant, vous avez rigolé sous cape en haussant les yeux au ciel, persuadé que cette mise en garde n'était que paranoïa d'avocat.
J'en connais pourtant qui rigolent moins maintenant: Tom Stones, par exemple, magasinier britannique chez Tesco. Ce Monsieur, qui devait travailler de 18 à 22h, a prévenu son employeur de ce qu'il était malade. Cependant, son site Facebook indiquait qu'il avait passé une bonne nuit ! Il risque donc d'être renvoyé.
On peut également citer un salarié australien qui travaillait dans un centre d’appels et qui a été sanctionné pour s'être déclaré malade auprès de ses employeurs, alors que dans sa page Facebook il fanfaronnait sur son jour de "congé".
Je ne vous cache pas qu'il y aurait, en France en tous les cas, moyen de défendre le salarié dans un tel cas.
Ainsi, l'article L. 1235-1 du Code du travail dispose que : "En cas de litige, le juge, à qui il appartient d'apprécier la régularité de la procédure suivie et le caractère réel et sérieux des motifs invoqués par l'employeur, forme sa conviction au vu des éléments fournis par les parties après avoir ordonné, au besoin, toutes les mesures d'instruction qu'il estime utiles.
Si un doute subsiste, il profite au salarié."
Il faudrait donc plaider que le propriétaire d'une page d'un réseau social n'est pas astreint à dire la vérité, et que partant, les propos qui y sont tenus n'ont pas valeur de preuve. Sinon, à ce compte-là, l'humanité occidentale serait peuplée de beaux gosses super intelligents qui ont une vie sexuelle délirante, alors que bon, on sait bien qu'elle n'est constituée que de pauvres types qui s'inventent une vie en bouffant des pizzas.
Lors donc, quand un salarié indique en substance qu'il a grugé son employeur en invoquant une fausse maladie, il s'agit de fanfaronnade innocente et non pas d'un constat d'huissier. Dans le doute donc, je pense que les conseillers prud'homaux seraient enclins à considérer dépourvu de cause réelle et sérieuse un licenciement prononcé sur la foi d'une telle fanfaronade.
Mais quand même, c'est bien balot d'avoir autant de problèmes, vous ne trouvez pas ? Donc, une fois encore, cesser d'étaler votre vie privée, réelle ou imaginaire, sur ces @#& de réseaux sociaux.
Merci pour vous.
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