Nous sommes aussi friands de scandales que de vidéos de skaters s'initiant douloureusement aux principes de la physique. Bien sûr, dans un cas comme dans l'autre, ce que l'on préfère c'est la gamelle rare, spectaculaire et retentissante, celle qui donne l'impression que l'humanité pourrait s'éteindre si elle se généralisait. Par exemple les magouilles des divisions montréalaises d'Eidos et d'Ubisoft, sur lesquelles se sont penchés nos confrères américains de Gamasutra.
Attention rassemblez vos neurones, c'est un peu plus sérieux qu'une saillie pro-DLC d'Epic ou un pamphlet anti-piratage d'Infinity Ward. D'après une correspondance (anciennement lisible ici) attribuée à une certaine Flavie Tremblay, les deux sociétés se seraient entendues pour priver leurs employés de salaires plus compétitifs, soi-disant pour le bien de l'industrie locale. Ancienne d'Ubisoft et directrice des ressources humaines chez Eidos au moment des faits, Madame Tremblay aurait ainsi proposé à l'un de ses homologues chez Ubi un rendez-vous pour mettre en place une collaboration visant à "mieux prévoir les besoins en formation" et à "éviter une surenchère des salaires qui ne serait bénéfique que pour l'employé et nuirait à l'industrie à long terme", avant de lui suggérer de l'aider à convaincre A2M et EA Montreal de faire de même.
Présenté ainsi, ça n'a l'air de rien mais la méthode est pour le moins crapuleuse, ce qu'EA s'est d'ailleurs empressé de faire remarquer après avoir confirmé la réception de telles propositions et sa volonté de traquer d'éventuels moutons noir en son sein (on n'arrête pas la rédemption). Pour l'instant, on ne sait ni quel crédit Ubi et A2M ont accordé à l'offre ni ce qui a vraiment motivé une telle démarche : faire de réelles économies ? Empêcher le personnel qualifié d'aller chez le voisin en invitant le voisin à ne pas jouer les tentateurs ? Mystère, les deux sociétés (tout comme Eidos) s'étant bien gardées de commenter l'affaire.
Dans le cas d'Ubisoft, ce silence est compréhensible puisque la société doit faire face à une deuxième accusation : d'après l'ex-employé anonyme à l'origine de cette fuite volontaire, les exécutifs d'Ubisoft Montreal espionneraient depuis plus d'un an tous les emails de leurs employés afin de scruter ceux en provenance et à destination de la concurrence. A croire qu'il est souvent question de poneys dans le secteur. Voilà en tout cas de quoi ternir l'éclat de Montréal, considéré par beaucoup comme un Eldorado du jeu vidéo contemporain. Plus qu'à se débarasser de Vancouver et Shanghaï et enfin Compiègne pourra jouir du prestige qui lui est dû.
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