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  1. #1
    Gynsu2000
    Guest
    Comme je trouve que les personnes ici ne sont pas trop bete, je pense que vous pouvez apprécier ce genre de fil contenant des nouvelles.
    Essayer de garder le fils clean en évitant le flood.

    On commence avec Guts de Chuck Palahniuk (l'auteur de "Fight Club" pour ceux qui ne connaissent pas).
    Attention, ce texte est franchement dégeux, donc à déconseiller aux ames sensibles.
    La version originale se trouve sur le site de l'auteur: http://www.chuckpalahniuk.net/books/haunted/guts.php

    ------------------------------------------------------------------------------------------------
    Tripes
    par Chuck Palahniuk (Issu du recueil Haunted)
    Traduit de l'anglais par Patrick Baud (3xoc3t@wanadoo.fr)



    Inspirez.

    Prenez autant d'air que vous pouvez.

    Cette histoire devrait durer à peu près aussi longtemps que vous pouvez retenir votre souffle, et continuer encore un peu. Alors lisez aussi vite que possible.

    Quand il avait 13 ans, un ami à moi entendit parler du "pegging". C'est quand un mec se fait mettre un gode dans le fion. La rumeur dit que si vous stimulez la prostate assez fort, vous pouvez avoir des orgasmes explosifs sans les mains. A cet age la, ce pote était un petit maniaque sexuel. Il cherchait toujours une meilleure façon de cracher son jus. Il sort donc s'acheter une carotte et de la vaseline. Pour mener une petite expérience privée. Ensuite, il réalise le tableau que ça va donner à la caisse, cette carotte avec un pot de vaseline en train d'avancer sur le tapis roulant. Tous les clients de la queue en train de le fixer. Tous témoins de la grande soirée qu'il se prépare.

    Alors, mon pote, il achète du lait, des œufs, du sucre et une carotte, tous les ingrédients pour un gâteau à la carotte. Et de la vaseline.

    Comme s'il rentrait chez lui se mettre un gâteau à la carotte dans le cul.

    A la maison, il taille la carotte avec un couteau. Il la badigeonne de lubrifiant et se la carre dans le trou de balle. Et là, rien. Pas d'orgasme. Rien ne se passe, sauf que ça fait mal.

    Ensuite, ce gosse, sa mère lui crie que c'est l'heure de dîner. Elle lui dit de descendre, tout de suite.

    Il retire la carotte et cache la chose immonde et visqueuse dans le linge sale sous son lit.

    Apres dîner, il va chercher la carotte. Et elle n'est plus la. Pendant qu'il mangeait, sa mère est venue ramasser toutes ses fringues sales pour faire une machine. Impossible qu'elle n'ait pas trouvé la carotte, soigneusement taillée avec un de ses couteaux de cuisine, encore luisante et nauséabonde.

    Ce pote à moi, il reste des mois sous un gros nuage noir et menaçant, attendant que ses parents lui en parlent. Et ils ne le font jamais. Jamais. Même maintenant qu'il est adulte, cette carotte invisible est suspendue au dessus de chaque repas de Noël, chaque anniversaire. A la moindre réunion de famille, cette carotte fantôme flotte au dessus de leurs têtes.

    Cette chose trop horrible pour être mentionnée.

    En France ils ont une expression: "avoir l'esprit d'escalier." C'est quand vous trouvez quelque chose à dire, mais trop tard. Par exemple vous êtes dans une soirée et quelqu'un vous insulte. Vous devez dire quelque chose. Mais sous la pression, avec tous les regards dans votre direction, vous sortez une réplique minable. Et au moment ou vous quittez la soirée...

    Vous commencez à descendre l'escalier, et comme par magie, vous trouvez la phrase parfaite. La répartie de la mort.

    C'est l'esprit d'escalier.

    Le problème, c'est que même les français n'ont pas d'expression pour les trucs stupides qu'on dit justement sous la pression. Ces trucs ridicules et désespérés qu'on dit, ou qu'on fait.

    Certains actes sont trop pitoyables pour mériter ne serait ce qu'un nom. Trop minables meme pour qu'on en parle.

    Avec du recul, les experts en psychologie infantile et les conseillers scolaires disent aujourd'hui que la plupart des suicides d'adolescents sont en fait dus à des gosses qui essaient de s'étouffer pendant qu'ils se branlent. Leurs parents les retrouvent avec une serviette nouée autour du cou, attachés à la penderie de leur chambre, morts. Du sperme mort de partout. Bien sur, les parents nettoient. Ils mettent un pantalon à leur gosse. Ils essaient de rendre ça plus...présentable. Ou du moins intentionnel. La configuration classique d'un triste suicide d'adolescent.

    Un autre pote à moi, un gamin de l'école, son grand frère qui est dans la marine lui avait expliqué comment les mecs du moyen orient se branlent différemment de chez nous. Ce frère était affecté dans un pays à chameaux ou on pouvait trouver une sorte d'ouvre-lettre fantaisie sur les marchés. L'objet en question était juste une fine baguette en laiton ou en argent poli, peut être aussi longue que votre main, avec un gros bout a une des extrémités, comme une grosse boule en métal ou un manche décoré façon sabre. Ce frère marin donc lui avait expliqué comment les arabes s'insèrent cette tige de métal dans toute la longueur de la bite. Ils éjaculent avec la tige à l'intérieur, et ça rend le truc encore meilleur. Plus intense.

    C'est ce grand frère qui voyage autour du monde, et qui envoie des expressions françaises. Des expressions russes. Des astuces de branlette.

    Apres ça, un jour, le gosse ne se présente pas à l'école. Il m'appelle le soir même, et me demande de lui noter les devoirs à faire pour les deux prochaines semaines. Parce qu'il est à l'hôpital

    Il doit partager une chambre avec des vieux qui souffrent des intestins. Il dit qu'ils doivent tous partager la même télévision. La seule forme d'intimité qu'il a c'est un rideau. Ses parents ne viennent pas le voir. Au téléphone il me dit qu'à ce moment précis, ses parents voudraient d'ailleurs tuer son grand frère marin.

    Au téléphone, le gosse raconte que le jour d'avant, il était juste un peu défoncé. Peinard dans sa chambre, il était affalé sur son lit. Il avait allumé une bougie et feuilletait de vieux magazines porno, prêt à se tirer sur le poireau. C'était après qu'il ait entendu l'histoire du grand frère. Cette astucieuse technique de branlette arabe. Le gosse cherche donc autour de lui quelque chose qui pourrait faire l'affaire. Un stylo bille ? Trop gros. Un crayon? Trop gros, et trop rugueux. Mais au pied de la bougie, il y a un morceau de cire fin et lisse qui pourrait fonctionner. Du bout du doigt, ce gosse arrache le long morceau de cire de la bougie. Il le fait rouler entre ses mains jusqu'a ce qu'il soit le plus long, le plus fin et le plus lisse possible.

    Défoncé et excité a la fois, il le fait glisser de plus en plus profondément dans son urètre. Avec un bon morceau de cire toujours visible à l'extérieur, il se met au boulot.

    A ce moment la, il se dit encore que les arabes sont vraiment malins. Ils ont totalement réinventé la branlette. Couché sur le dos, les choses se passent tellement bien que ce gosse ne s'occupe pas de savoir ce que devient la cire. Il est sur le point de lâcher la purée quand il s'aperçoit que l'extrémité visible de la tige a disparu.

    La fine tige de cire a glissé à l'intérieur. Tout au fond. Si profond qu'il ne la sent même plus à l'intérieur de son urètre.

    D'en bas, sa mère lui crie que c'est l'heure de dîner. Elle lui dit de descendre, tout de suite. Le gosse à la cire et le gosse à la carotte sont deux personnes différentes, mais on a tous à peu près la même vie.

    C'est après dîner que les entrailles du gosse commencent à lui faire mal. Il s'était imaginé que la cire fondrait et qu'il finirait par la pisser. Maintenant son dos le fait souffrir. Ses reins. Il ne peut plus se tenir debout.

    Comme le gosse téléphone depuis son lit d'hôpital, derrière lui on entend des sonnettes tinter, des gens crier. Et des jeux télé.

    Les rayons X montrent la vérité crue, quelque chose de long et fin plié en deux dans sa vessie. Ce V long et fin a l'intérieur de lui collecte tous les minéraux dans son urine. Il grossit et devient rugueux, couvert de cristaux de calcium. Il se déplace et abîme la fine surface de sa vessie, empêchant sa pisse de sortir. Ses reins sont saturés. Le peu de choses qui parvient à filtrer de sa queue est rouge sang.

    Le gosse est là avec toute sa famille qui regarde les radios aux cotés du docteur et des infirmières, avec ce V phosphorescent qui semble les narguer, et il doit leur dire la vérité. La façon dont les arabes se branlent. Ce que son grand frère marin lui a raconté.

    Au téléphone, à ce moment précis, il se met à pleurer.

    Ils ont payé l'opération de sa vessie avec l'argent de ses études. Une erreur stupide, et maintenant il ne deviendrait jamais avocat.

    S'enfoncer quelque chose à l'intérieur. S'enfoncer à l'intérieur de quelque chose. Une bougie dans la bite ou la tête dans un noeud coulant, on savait que ça finirait mal.

    Ce qui a mal fini pour moi, je l'appelle la “chasse au perles”. Ca veut dire se branler sous l'eau, assis au fond de la piscine de mes parents. Je prenais une grande inspiration, j'allais me caler au fond de l'eau et j'enlevais mon maillot. Je restais assis la pendant deux, trois, voire quatre minutes.

    Rien qu'avec la masturbation, j'avais développé une grande capacité pulmonaire. Si j'étais seul à la maison, je le faisais toute l'après midi. Quand j'avais balancé la sauce, mon sperme restait la, suspendu en grosses gouttes laiteuses.

    Ensuite je plongeais a nouveau, pour tout récupérer. Puis je balançais le fruit de ma collecte sur une serviette. C'est pour ça que ça s'appelait la “chasse aux perles”. Même avec le chlore, il fallait que je pense à ma soeur. Ou, encore pire, à ma mère.

    A l'époque, c'était ma peur la plus terrible: j'imaginais ma sœur adolescente et vierge croire qu'elle prenait juste du poids, avant de donner naissance à un bébé débile a deux têtes. Chacune des têtes me ressemblant à moi, le père ET l'oncle.

    A la fin, ce n'est jamais ce que vous craignez qui vous arrive.

    La meilleure partie de la chasse aux perles, c'était le trou d'évacuation pour la pompe de la piscine. Oui, la meilleure partie, c'était se foutre a poil et s'asseoir dessus

    Comme diraient les français: Qui n'aime pas se faire sucer le cul?

    L'espace d'un instant, vous êtes juste un gamin qui se branle, et le moment d'après, vous ne deviendrez jamais avocat.

    L'espace d'un instant, je m'installe au fond de la piscine, et le ciel bleu clair ondule au dessus de ma tête à travers 4 mètres d'eau. Excepté les battements de mon coeur, le monde est silencieux. Mon maillot à rayures jaunes est autour de mon cou, par mesure de sécurité, au cas ou un ami, un voisin, ou n'importe qui d'autre viendrait me demander pourquoi j'ai raté l'entraînement de foot aujourd'hui. La succion régulière du drain me lape et je frotte mon cul maigrelet pour amplifier la sensation.

    L'espace d'un instant, la bite en main, j'ai assez d'air. Mes parents sont au boulot et ma soeur a cours de danse. Personne ne sera de retour avant des heures.

    Ma main s'active presque jusqu'au point de non retour, et j'arrête. Je remonte a la surface prendre une grande bouffée d'air. Puis je replonge et me cale au fond.

    Je fais ça encore et encore.

    C'est sûrement pour ça que les filles veulent s'asseoir sur votre visage. Cette succion donne l'impression de chier à l'infini. En train de me faire bouffer le cul avec la queue dressée, je n'ai pas besoin d'air. Les battements de mon coeur dans les oreilles, je reste sous l'eau jusqu'a ce que des petite étoiles commencent a fourmiller autour de mes yeux. Mes jambes étendues au maximum, le dessous de mes genoux est plaqué au béton. Mes orteils deviennent bleus, et mes doigts commencent à se friper à force de rester dans l'eau.

    Et puis d'un coup je laisse venir. Les grosses goutte blanches se mettent a jaillir. Les perles.

    C'est la que j'ai besoin d'air. Mais quand j'essaie de prendre appui sur le fond pour remonter, je n'y arrive pas. Je ne peux pas mettre mes pieds sous moi. Mon cul est collé.

    Les services d'urgence vous diront que chaque année, environ 150 personnes restent collées de cette façon, aspirées par un drain d'évacuation. Laissez vos cheveux se faire prendre, où votre cul, et vous êtes bon pour la noyade. Chaque année, des tonnes de personnes le font. La plupart en Floride.

    Les gens ne parlent jamais de ça. Même les français ne parlent pas de TOUT.

    Je lève un genou, je replie un pied, j'arrive à me mettre à moitié debout quand je sens la traction contre mon cul. Je replie mon autre pied et j'essaie de prendre appui contre le fond en donnant des coups. Je réussis à me libérer, mais si je ne touche plus le béton, je n'arrive pas pour autant à la surface.

    Je bats des bras et des jambes comme un malade, je suis peut être a mi chemin de la surface mais pas moyen d'aller plus haut. Dans ma tête, les battements de coeur se font de plus en plus violents, de plus en plus rapides.

    Des petites étoiles lumineuses plein mon champ de vision, je me retourne et regarde… mais quelque chose n'est pas normal. Du trou d'évacuation sort une fine corde, comme une sorte de serpent blanc-bleu zébré de veines, et elle s'accroche à mon cul. Certaines veines perdent du sang, un sang qui parait noir sous l'eau et qui vient de petites déchirures dans la peau blanchâtre du serpent. Le sang s'écoule doucement, disparaît dans l'eau, et sous la fine peau blanc-bleu du serpent on peut voir des morceaux de nourriture à moitié digérés.

    C'est la seule explication possible. Un horrible monstre marin, un serpent de mer, quelque chose qui n'avait jamais vu la lumière du jour s'était caché la, dans les abysses du trou d'évacuation, attendant de pouvoir me manger.

    Alors, je lui fous des coups de pieds, dans sa peau veineuse, glissante et caoutchouteuse, et on dirait qu'il en sort d'avantage du drain. C'est peut être aussi long que ma jambe maintenant, mais ça s'accroche toujours aussi fermement à mon trou du cul. Avec un autre battement de pied, je gagne trois centimètres vers l'oxygène. Toujours retenu par le serpent, je suis 3 centimètres plus près de mon évasion.

    A l'intérieur du serpent, on peut voir du maïs et des cacahuètes. On peut voir une petite bille orange-clair. C'est le genre de vitamines pour cheval que mon père me donne pour me faire prendre du poids. Pour que je rentre dans l'équipe de l'école. Riches en fer et en acides oméga 3 bien gras.

    C'est voir cette pilule de vitamines qui me sauve la vie.

    Ce n'est pas un serpent. C'est mon gros intestin, mon colon qui s'arrache littéralement. Ce que les docteurs appellent un prolapsus. C'est mes tripes aspirées dans le drain.

    Les services d'urgence vous diront qu'une pompe de piscine filtre 250 litres d'eau à chaque minute. Ça fait environ 200 kg de pression. Le gros problème c'est que dans votre corps, tout est connecté. Votre cul n'est jamais que l'autre extrémité de votre bouche. Si je me laisse aller, la pompe déroulera mes entrailles jusqu'a ce qu'elle ait ma langue. Imaginez vous en train de lâcher une pêche de 200kg, et vous aurez une idée de la sensation.

    Ce que je peux vous dire, c'est que vos tripes ne ressentent pas trop la douleur. Pas comme votre peau la ressent. Ce que vous digérez, les docteurs l'appellent matière fécale. Au dessus c'est le chyme, des poches de liquide dégueulasse farcies de maïs, de cacahuètes et de petit pois.

    C'est toute cette soupe composée de sang, de maïs, de merde, de sperme et de cacahuètes qui flotte autour de moi. Même avec les tripes en train de me sortir du cul, la première chose que je veux faire est de remettre mon maillot.

    Pas question que mes parents voient ma bite.

    D'une main je retiens mes intestins, et de l'autre j'essaie donc de récupérer le maillot à rayures jaunes autour de mon cou. Mais pas moyen de rentrer dedans.

    Si vous voulez savoir ce que ça fait de toucher vos entrailles, allez acheter une boite de ces capotes en peau d'agneau. Prenez en une et déroulez la. Remplissez la de beurre de cacahuète. Enduisez la de vaseline et tenez la sous l'eau. Ensuite, essayez de la déchirer. Essayez de la plier en deux. C'est trop dur, trop caoutchouteux. C'est tellement visqueux qu'on ne peut pas la garder en main.

    Une capote en peau de mouton, c'est du bon vieil intestin.

    Vous comprenez ce que je dois endurer.

    Vous vous relâchez une seconde, et vous êtes étripé.

    Vous nagez vers la surface, pour respirer, et vous êtes étripé.

    Vous ne nagez pas, et vous vous noyez.

    C'est un choix entre mourir tout de suite ou mourir dans une minute.

    Ce que mes parents vont trouver en revenant du boulot, c'est un gros fétus nu et recroquevillé sur lui même. En train de flotter dans l'eau trouble de leur piscine. Attaché au fond par une fine corde de veines et de tripes mêlées. L'exact opposé d'un gosse pendu à cause d'un accident de branlette. C'est le bébé qu'ils ont ramené de l'hôpital voila 13 ans. Voila le gosse qu'ils espéraient voir devenir footballeur et diplômé. Un gosse qui s'occuperait d'eux dans leurs vieux jours. Voila tous leurs espoirs et tous leurs rêves. En train de flotter, nu et mort. De grosses perles laiteuses de sperme gâché tout autour de lui.

    Ou alors peut être qu'ils me trouveront enroulé dans une serviette sanglante, gisant à mi chemin du téléphone de la cuisine, les tripes déchirées encore pendantes de mon maillot à rayures jaunes.

    Même les français ne parlent pas de ça.

    Ce grand frère dans la marine, il nous avait appris une autre expression sympa. Une expression russe. De la même façon qu'on dit “j'ai autant besoin de ça que d'un trou dans la tête”, les russes disent "j'ai autant besoin de ça que de dents au trou du cul".

    Mne eto nado kak zuby v zadnitse.

    On dit que certains animaux pris dans des pièges se rongent la patte, et n'importe quel coyote vous dira que quelques morsures peuvent vous sauver la mise

    Putain… même si vous êtes russe, un jour vous pourriez vraiment avoir besoin de ces dents.

    Autrement, ce que vous devez faire, c'est vous plier en deux. Vous passez un coude sous votre genou, et vous tirez la jambe vers votre tête. Puis vous rongez votre propre cul. Vous manquez d'air, et vous seriez prêt à mordre n'importe quoi pour respirer encore une fois.

    C'est pas le genre de truc qu'on raconte a une fille pour un premier rendez vous. Pas si on veut avoir un bisou.

    Si je vous disais le goût que ça avait, vous ne mangeriez jamais plus de calamar.

    Je ne sais pas ce qui a le plus dégoûté mes parents: comment je me suis mis dans le pétrin, ou comment je m'en suis sorti. Apres l'hôpital, ma mère m'a dit: "Tu ne savais pas ce que tu faisais mon chéri. Tu étais en état de choc." Puis elle a appri à faire des oeufs pochés.

    Tous ces gens dégoûtés ou qui se sentent désolés pour moi…

    J'ai autant besoin de ça que de dents au trou du cul.

    Aujourd'hui, on me dit toujours que je suis trop maigre. Dans les repas, les gens font la gueule quand je ne mange pas le rôti qu'ils ont préparé. Mais le rôti me tue. Le jambon aussi. Tout ce qui reste dans mes intestins plus de quelques heures ressort intact. Haricots verts ou thon en morceaux, je les retrouverais toujours tels quels dans les toilettes.

    Apres une sérieuse réduction des boyaux, on ne digère plus la viande aussi bien. La plupart d'entre vous a environ 2 mètres de gros intestin. J'ai de la chance d'avoir mes 13 centimetres. Alors je n'ai jamais été pris dans l'équipe de foot. Je n'ai pas été reçu dans une grande école. Mes deux potes, le gosse a la carotte et le gosse a la cire, ils ont grandi, ils ont pris du poids, mais moi je n'ai jamais pesé un gramme de plus que quand j'avais 13 ans.

    Un autre gros problème c'est que mes parents ont dépensé pas mal d'argent pour cette piscine. A la fin, mon père a dit au réparateur que c'était un chien. Le chien de la famille était tombé et il s'était noyé. Le cadavre s'était fait aspirer par la pompe. Même quand le réparateur a ouvert le filtre et qu'il y a trouvé un morceau d'intestin avec une pilule de vitamine orange encore à l'intérieur, mon père a juste dit : "Ce chien était barge".

    Depuis la fenêtre de ma chambre, on pouvait entendre mon père dire : “On a jamais pu laisser ce chien seul plus d'une seconde”.

    Puis ma soeur a eu du retard dans ses règles.

    Même après avoir changé l'eau de la piscine, même après avoir vendu la maison et déménagé dans un autre état, et même après l'avortement de ma soeur, mes parents n'ont jamais plus mentionné cette histoire.

    Jamais.

    C'est notre carotte invisible.

    Vous. Maintenant, vous pouvez respirer un grand coup.

    Je ne l'ai toujours pas fait.

    Fin

  2. #2

    *Choqué a vie*

    Je n'irai plus jamais dans une piscine
    Why not JELB ? ಠ_ಠ

  3. #3
    je reconnais bien la l'auteur de fight club.

  4. #4
    Rassurez moi, c'est pour de faux? hein, c'est pour de faux? c'est pas pour de vrai, c'est du cinema?
    Why not JELB ? ಠ_ಠ

  5. #5
    J'ai pas réussi à lire sans respirer, mais je pense avoir serré les fesses jusqu'a la fin (et je les serres encore un peu là).
    ça c'est fait...

  6. #6
    On sait pourquoi la vierge marie a eu un gosse sans relations
    Why not JELB ? ಠ_ಠ

  7. #7
    Gynsu2000
    Guest
    Hop une autre excellent nouvelle SF. Malheureusement c'est en anglais (je n'ai pas trouvé de VF), mais ça vaut la peine de se donner du mal

    ------------------------------------------------------------------------------------------------
    I Have No Mouth, and I Must Scream
    by Harlan Ellison

    Limp, the body of Gorrister hung from the pink palette; unsupported—hanging high above us in the computer chamber; and it did not shiver in the chill, oily breeze that blew eternally through the main cavern. The body hung head down, attached to the underside of the palette by the sole of its right foot. It had been drained of blood through a precise incision made from ear to ear under the lantern jaw. There was no blood on the reflective surface of the metal floor.

    When Gorrister joined our group and looked up at himself, it was already too late for us to realize that, once again, AM had duped us, had had its fun; it had been a diversion on the part of the machine. Three of us had vomited, turning away from one another in a reflex as ancient as the nausea that had produced it.

    Gorrister went white. It was almost as though he had seen a voodoo icon, and was afraid of the future. "Oh, God," he mumbled, and walked away. The three of us followed him after a time, and found him sitting with his back to one of the smaller chittering banks, his head in his hands. Ellen knelt down beside him and stroked his hair. He didn't move, but his voice came out of his covered face quite clearly. "Why doesn't it just do us in and get it over with? Christ, I don't know how much longer I can go on like this."

    It was our one hundred and ninth year in the computer.

    He was speaking for all of us.

    Nimdok (which was the name the machine had forced him to use, because AM amused itself with strange sounds) was hallucinating that there were canned goods in the ice caverns. Gorrister and I were very dubious. "It's another shuck," I told them. "Like the goddam frozen elephant AM sold us. Benny almost went out of his mind over that one. We'll hike all that way and it'll be putrified or some damn thing. I say forget it. Stay here, it'll have to come up with something pretty soon or we'll die."

    Benny shrugged. Three days it had been since we'd last eaten. Worms. Thick, ropey.

    Nimdok was no more certain. He knew there was the chance, but he was getting thin. It couldn't be any worse there, than here. Colder, but that didn't matter much. Hot, cold, hail, lava, boils or locusts—it never mattered: the machine masturbated and we had to take it or die.

    Ellen decided us. "I've got to have something, Ted. Maybe there'll be some Bartlett pears or peaches. Please, Ted, let's try it."

    I gave in easily. What the hell. Mattered not at all. Ellen was grateful, though. She took me twice out of turn. Even that had ceased to matter. And she never came, so why bother? But the machine giggled every time we did it. Loud, up there, back there, all around us, he snickered. It snickered. Most of the time I thought of AM as it, without a soul; but the rest of the time I thought of it as him, in the masculine … the paternal … the patriarchal … for he is a jealous people. Him. It. God as Daddy the Deranged.

    We left on a Thursday. The machine always kept us up-to-date on the date. The passage of time was important; not to us, sure as hell, but to him … it … AM. Thursday. Thanks.

    Nimdok and Gorrister carried Ellen for a while, their hands locked to their own and each other's wrists, a seat. Benny and I walked before and after, just to make sure that, if anything happened, it would catch one of us and at least Ellen would be safe. Fat chance, safe. Didn't matter.

    It was only a hundred miles or so to the ice caverns, and the second day, when we were lying out under the blistering sun-thing he had materialized, he sent down some manna. Tasted like boiled boar urine. We ate it.

    On the third day we passed through a valley of obsolescence, filled with rusting carcasses of ancient computer banks. AM had been as ruthless with its own life as with ours. It was a mark of his personality: it strove for perfection. Whether it was a matter of killing off unproductive elements in his own world-filling bulk, or perfecting methods for torturing us, AM was as thorough as those who had invented him—now long since gone to dust—could ever have hoped.

    There was light filtering down from above, and we realized we must be very near the surface. But we didn't try to crawl up to see. There was virtually nothing out there; had been nothing that could be considered anything for over a hundred years. Only the blasted skin of what had once been the home of billions. Now there were only five of us, down here inside, alone with AM.

    I heard Ellen saying frantically, "No, Benny! Don't, come on, Benny, don't please!"

    And then I realized I had been hearing Benny murmuring, under his breath, for several minutes. He was saying, "I'm gonna get out, I'm gonna get out …" over and over. His monkey-like face was crumbled up in an expression of beatific delight and sadness, all at the same time. The radiation scars AM had given him during the "festival" were drawn down into a mass of pink-white puckerings, and his features seemed to work independently of one another. Perhaps Benny was the luckiest of the five of us: he had gone stark, staring mad many years before.

    But even though we could call AM any damned thing we liked, could think the foulest thoughts of fused memory banks and corroded base plates, of burnt out circuits and shattered control bubbles, the machine would not tolerate our trying to escape. Benny leaped away from me as I made a grab for him. He scrambled up the face of a smaller memory cube, tilted on its side and filled with rotted components. He squatted there for a moment, looking like the chimpanzee AM had intended him to resemble.

    Then he leaped high, caught a trailing beam of pitted and corroded metal, and went up it, hand-over-hand like an animal, till he was on a girdered ledge, twenty feet above us.

    "Oh, Ted, Nimdok, please, help him, get him down before—" She cut off. Tears began to stand in her eyes. She moved her hands aimlessly.

    It was too late. None of us wanted to be near him when whatever was going to happen, happened. And besides, we all saw through her concern. When AM had altered Benny, during the machine's utterly irrational, hysterical phase, it was not merely Benny's face the computer had made like a giant ape's. He was big in the privates; she loved that! She serviced us, as a matter of course, but she loved it from him. Oh Ellen, pedestal Ellen, pristine-pure Ellen; oh Ellen the clean! Scum filth.

    Gorrister slapped her. She slumped down, staring up at poor loonie Benny, and she cried. It was her big defense, crying. We had gotten used to it seventy-five years earlier. Gorrister kicked her in the side.

    Then the sound began. It was light, that sound. Half sound and half light, something that began to glow from Benny's eyes, and pulse with growing loudness, dim sonorities that grew more gigantic and brighter as the light/sound increased in tempo. It must have been painful, and the pain must have been increasing with the boldness of the light, the rising volume of the sound, for Benny began to mewl like a wounded animal. At first softly, when the light was dim and the sound was muted, then louder as his shoulders hunched together: his back humped, as though he was trying to get away from it. His hands folded across his chest like a chipmunk's. His head tilted to the side. The sad little monkey-face pinched in anguish. Then he began to howl, as the sound coming from his eyes grew louder. Louder and louder. I slapped the sides of my head with my hands, but I couldn't shut it out, it cut through easily. The pain shivered through my flesh like tinfoil on a tooth.

    And Benny was suddenly pulled erect. On the girder he stood up, jerked to his feet like a puppet. The light was now pulsing out of his eyes in two great round beams. The sound crawled up and up some incomprehensible scale, and then he fell forward, straight down, and hit the plate-steel floor with a crash. He lay there jerking spastically as the light flowed around and around him and the sound spiraled up out of normal range.

    Then the light beat its way back inside his head, the sound spiraled down, and he was left lying there, crying piteously.

    His eyes were two soft, moist pools of pus-like jelly. AM had blinded him. Gorrister and Nimdok and myself … we turned away. But not before we caught the look of relief on Ellen's warm, concerned face.

    Sea-green light suffused the cavern where we made camp. AM provided punk and we burned it, sitting huddled around the wan and pathetic fire, telling stories to keep Benny from crying in his permanent night.

    "What does AM mean?"

    Gorrister answered him. We had done this sequence a thousand times before, but it was Benny's favorite story. "At first it meant Allied Mastercomputer, and then it meant Adaptive Manipulator, and later on it developed sentience and linked itself up and they called it an Aggressive Menace, but by then it was too late, and finally it called itself AM, emerging intelligence, and what it meant was I am … cogito ergo sum … I think, therefore I am."

    Benny drooled a little, and snickered.

    "There was the Chinese AM and the Russian AM and the Yankee AM and—" He stopped. Benny was beating on the floorplates with a large, hard fist. He was not happy. Gorrister had not started at the beginning.

    Gorrister began again. "The Cold War started and became World War Three and just kept going. It became a big war, a very complex war, so they needed the computers to handle it. They sank the first shafts and began building AM. There was the Chinese AM and the Russian AM and the Yankee AM and everything was fine until they had honeycombed the entire planet, adding on this element and that element. But one day AM woke up and knew who he was, and he linked himself, and he began feeding all the killing data, until everyone was dead, except for the five of us, and AM brought us down here."

    Benny was smiling sadly. He was also drooling again. Ellen wiped the spittle from the corner of his mouth with the hem of her skirt. Gorrister always tried to tell it a little more succinctly each time, but beyond the bare facts there was nothing to say. None of us knew why AM had saved five people, or why our specific five, or why he spent all his time tormenting us, or even why he had made us virtually immortal …

    In the darkness, one of the computer banks began humming. The tone was picked up half a mile away down the cavern by another bank. Then one by one, each of the elements began to tune itself, and there was a faint chittering as thought raced through the machine.

    The sound grew, and the lights ran across the faces of the consoles like heat lightening. The sound spiraled up till it sounded like a million metallic insects, angry, menacing.

    "What is it?" Ellen cried. There was terror in her voice. She hadn't become accustomed to it, even now.

    "It's going to be bad this time," Nimdok said.

    "He's going to speak," Gorrister said. "I know it."

    "Let's get the hell out of here!" I said suddenly, getting to my feet.

    "No, Ted, sit down … what if he's got pits out there, or something else, we can't see, it's too dark." Gorrister said it with resignation.

    Then we heard … I don't know …

    Something moving toward us in the darkness. Huge, shambling, hairy, moist, it came toward us. We couldn't even see it, but there was the ponderous impression of bulk, heaving itself toward us. Great weight was coming at us, out of the darkness, and it was more a sense of pressure, of air forcing itself into a limited space, expanding the invisible walls of a sphere. Benny began to whimper. Nimdok's lower lip trembled and he bit it hard, trying to stop it. Ellen slid across the metal floor to Gorrister and huddled into him. There was the smell of matted, wet fur in the cavern. There was the smell of charred wood. There was the smell of dusty velvet. There was the smell of rotting orchids. There was the smell of sour milk. There was the smell of sulphur, of rancid butter, of oil slick, of grease, of chalk dust, of human scalps.

    AM was keying us. He was tickling us. There was the smell of—

    I heard myself shriek, and the hinges of my jaws ached. I scuttled across the floor, across the cold metal with its endless lines of rivets, on my hands and knees, the smell gagging me, filling my head with a thunderous pain that sent me away in horror. I fled like a cockroach, across the floor and out into the darkness, that something moving inexorably after me. The others were still back there, gathered around the firelight, laughing … their hysterical choir of insane giggles rising up into the darkness like thick, many-colored wood smoke. I went away, quickly, and hid.

    How many hours it may have been, how many days or even years, they never told me. Ellen chided me for "sulking," and Nimdok tried to persuade me it had only been a nervous reflex on their part—the laughing.

    But I knew it wasn't the relief a soldier feels when the bullet hits the man next to him. I knew it wasn't a reflex. They hated me. They were surely against me, and AM could even sense this hatred, and made it worse for me because of the depth of their hatred. We had been kept alive, rejuvenated, made to remain constantly at the age we had been when AM had brought us below, and they hated me because I was the youngest, and the one AM had affected least of all.

    I knew. God, how I knew. The bastards, and that dirty bitch Ellen. Benny had been a brilliant theorist, a college professor; now he was little more than a semi-human, semi-simian. He had been handsome, the machine had ruined that. He had been lucid, the machine had driven him mad. He had been gay, and the machine had given him an organ fit for a horse. AM had done a job on Benny. Gorrister had been a worrier. He was a connie, a conscientious objector; he was a peace marcher; he was a planner, a doer, a looker-ahead. AM had turned him into a shoulder-shrugger, had made him a little dead in his concern. AM had robbed him. Nimdok went off in the darkness by himself for long times. I don't know what it was he did out there, AM never let us know. But whatever it was, Nimdok always came back white, drained of blood, shaken, shaking. AM had hit him hard in a special way, even if we didn't know quite how. And Ellen. That douche bag! AM had left her alone, had made her more of a slut than she had ever been. All her talk of sweetness and light, all her memories of true love, all the lies she wanted us to believe: that she had been a virgin only twice removed before AM grabbed her and brought her down here with us. No, AM had given her pleasure, even if she said it wasn't nice to do.

    I was the only one still sane and whole. Really!

    AM had not tampered with my mind. Not at all.

    I only had to suffer what he visited down on us. All the delusions, all the nightmares, the torments. But those scum, all four of them, they were lined and arrayed against me. If I hadn't had to stand them off all the time, be on my guard against them all the time, I might have found it easier to combat AM.

    At which point it passed, and I began crying.

    Oh, Jesus sweet Jesus, if there ever was a Jesus and if there is a God, please please please let us out of here, or kill us. Because at that moment I think I realized completely, so that I was able to verbalize it: AM was intent on keeping us in his belly forever, twisting and torturing us forever. The machine hated us as no sentient creature had ever hated before. And we were helpless. It also became hideously clear:

    If there was a sweet Jesus and if there was a God, the God was AM.

    The hurricane hit us with the force of a glacier thundering into the sea. It was a palpable presence. Winds that tore at us, flinging us back the way we had come, down the twisting, computer-lined corridors of the darkway. Ellen screamed as she was lifted and hurled face-forward into a screaming shoal of machines, their individual voices strident as bats in flight. She could not even fall. The howling wind kept her aloft, buffeted her, bounced her, tossed her back and back and down and away from us, out of sight suddenly as she was swirled around a bend in the darkway. Her face had been bloody, her eyes closed.

    None of us could get to her. We clung tenaciously to whatever outcropping we had reached: Benny wedged in between two great crackle-finish cabinets, Nimdok with fingers claw-formed over a railing circling a catwalk forty feet above us, Gorrister plastered upside-down against a wall niche formed by two great machines with glass-faced dials that swung back and forth between red and yellow lines whose meanings we could not even fathom.

    Sliding across the deckplates, the tips of my fingers had been ripped away. I was trembling, shuddering, rocking as the wind beat at me, whipped at me, screamed down out of nowhere at me and pulled me free from one sliver-thin opening in the plates to the next. My mind was a roiling tinkling chittering softness of brain parts that expanded and contracted in quivering frenzy.

    The wind was the scream of a great mad bird, as it flapped its immense wings.

    And then we were all lifted and hurled away from there, down back the way we had come, around a bend, into a darkway we had never explored, over terrain that was ruined and filled with broken glass and rotting cables and rusted metal and far away, farther than any of us had ever been …

    Trailing along miles behind Ellen, I could see her every now and then, crashing into metal walls and surging on, with all of us screaming in the freezing, thunderous hurricane wind that would never end and then suddenly it stopped and we fell. We had been in flight for an endless time. I thought it might have been weeks. We fell, and hit, and I went through red and gray and black and heard myself moaning. Not dead.

    AM went into my mind. He walked smoothly here and there, and looked with interest at all the pock marks he had created in one hundred and nine years. He looked at the cross-routed and reconnected synapses and all the tissue damage his gift of immortality had included. He smiled softly at the pit that dropped into the center of my brain and the faint, moth-soft murmurings of the things far down there that gibbered without meaning, without pause. AM said, very politely, in a pillar of stainless steel bearing bright neon lettering:



    AM said it with the sliding cold horror of a razor blade slicing my eyeball. AM said it with the bubbling thickness of my lungs filling with phlegm, drowning me from within. AM said it with the shriek of babies being ground beneath blue-hot rollers. AM said it with the taste of maggoty pork. AM touched me in every way I had ever been touched, and devised new ways, at his leisure, there inside my mind.

    All to bring me to full realization of why it had done this to the five of us; why it had saved us for himself.

    We had given AM sentience. Inadvertently, of course, but sentience nonetheless. But it had been trapped. AM wasn't God, he was a machine. We had created him to think, but there was nothing it could do with that creativity. In rage, in frenzy, the machine had killed the human race, almost all of us, and still it was trapped. AM could not wander, AM could not wonder, AM could not belong. He could merely be. And so, with the innate loathing that all machines had always held for the weak, soft creatures who had built them, he had sought revenge. And in his paranoia, he had decided to reprieve five of us, for a personal, everlasting punishment that would never serve to diminish his hatred … that would merely keep him reminded, amused, proficient at hating man. Immortal, trapped, subject to any torment he could devise for us from the limitless miracles at his command.

    He would never let us go. We were his belly slaves. We were all he had to do with his forever time. We would be forever with him, with the cavern-filling bulk of the creature machine, with the all-mind soulless world he had become. He was Earth, and we were the fruit of that Earth; and though he had eaten us, he would never digest us. We could not die. We had tried it. We had attempted suicide, oh one or two of us had. But AM had stopped us. I suppose we had wanted to be stopped.

    Don't ask why. I never did. More than a million times a day. Perhaps once we might be able to sneak a death past him. Immortal, yes, but not indestructible. I saw that when AM withdrew from my mind, and allowed me the exquisite ugliness of returning to consciousness with the feeling of that burning neon pillar still rammed deep into the soft gray brain matter.

    He withdrew, murmuring to hell with you.

    And added, brightly, but then you're there, aren't you.

    The hurricane had, indeed, precisely, been caused by a great mad bird, as it flapped its immense wings.

    We had been travelling for close to a month, and AM had allowed passages to open to us only sufficient to lead us up there, directly under the North Pole, where it had nightmared the creature for our torment. What whole cloth had he employed to create such a beast? Where had he gotten the concept? From our minds? From his knowledge of everything that had ever been on this planet he now infested and ruled? From Norse mythology it had sprung, this eagle, this carrion bird, this roc, this Huergelmir. The wind creature. Hurakan incarnate.

    Gigantic. The words immense, monstrous, grotesque, massive, swollen, overpowering, beyond description. There on a mound rising above us, the bird of winds heaved with its own irregular breathing, its snake neck arching up into the gloom beneath the North Pole, supporting a head as large as a Tudor mansion; a beak that opened slowly as the jaws of the most monstrous crocodile ever conceived, sensuously; ridges of tufted flesh puckered about two evil eyes, as cold as the view down into a glacial crevasse, ice blue and somehow moving liquidly; it heaved once more, and lifted its great sweat-colored wings in a movement that was certainly a shrug. Then it settled and slept. Talons. Fangs. Nails. Blades. It slept.

    AM appeared to us as a burning bush and said we could kill the hurricane bird if we wanted to eat. We had not eaten in a very long time, but even so, Gorrister merely shrugged. Benny began to shiver and he drooled. Ellen held him. "Ted, I'm hungry," she said. I smiled at her; I was trying to be reassuring, but it was as phony as Nimdok's bravado: "Give us weapons!" he demanded.

    The burning bush vanished and there were two crude sets of bows and arrows, and a water pistol, lying on the cold deckplates. I picked up a set. Useless.

    Nimdok swallowed heavily. We turned and started the long way back. The hurricane bird had blown us about for a length of time we could not conceive. Most of that time we had been unconscious. But we had not eaten. A month on the march to the bird itself. Without food. Now how much longer to find our way to the ice caverns, and the promised canned goods?

    None of us cared to think about it. We would not die. We would be given filth and scum to eat, of one kind or another. Or nothing at all. AM would keep our bodies alive somehow, in pain, in agony.

    The bird slept back there, for how long it didn't matter; when AM was tired of its being there, it would vanish. But all that meat. All that tender meat.

    As we walked, the lunatic laugh of a fat woman rang high and around us in the computer chambers that led endlessly nowhere.

    It was not Ellen's laugh. She was not fat, and I had not heard her laugh for one hundred and nine years. In fact, I had not heard … we walked … I was hungry …

    We moved slowly. There was often fainting, and we would have to wait. One day he decided to cause an earthquake, at the same time rooting us to the spot with nails through the soles of our shoes. Ellen and Nimdok were both caught when a fissure shot its lightning-bolt opening across the floorplates. They disappeared and were gone. When the earthquake was over we continued on our way, Benny, Gorrister and myself. Ellen and Nimdok were returned to us later that night, which abruptly became a day, as the heavenly legion bore them to us with a celestial chorus singing, "Go Down Moses." The archangels circled several times and then dropped the hideously mangled bodies. We kept walking, and a while later Ellen and Nimdok fell in behind us. They were no worse for wear.

    But now Ellen walked with a limp. AM had left her that.

    It was a long trip to the ice caverns, to find the canned food. Ellen kept talking about Bing cherries and Hawaiian fruit cocktail. I tried not to think about it. The hunger was something that had come to life, even as AM had come to life. It was alive in my belly, even as we were in the belly of the Earth, and AM wanted the similarity known to us. So he heightened the hunger. There is no way to describe the pains that not having eaten for months brought us. And yet we were kept alive. Stomachs that were merely cauldrons of acid, bubbling, foaming, always shooting spears of sliver-thin pain into our chests. It was the pain of the terminal ulcer, terminal cancer, terminal paresis. It was unending pain …

    And we passed through the cavern of rats.

    And we passed through the path of boiling steam.

    And we passed through the country of the blind.

    And we passed through the slough of despond.

    And we passed through the vale of tears.

    And we came, finally, to the ice caverns. Horizonless thousands of miles in which the ice had formed in blue and silver flashes, where novas lived in the glass. The downdropping stalactites as thick and glorious as diamonds that had been made to run like jelly and then solidified in graceful eternities of smooth, sharp perfection.

    We saw the stack of canned goods, and we tried to run to them. We fell in the snow, and we got up and went on, and Benny shoved us away and went at them, and pawed them and gummed them and gnawed at them, and he could not open them. AM had not given us a tool to open the cans.

    Benny grabbed a three quart can of guava shells, and began to batter it against the ice bank. The ice flew and shattered, but the can was merely dented, while we heard the laughter of a fat lady, high overhead and echoing down and down and down the tundra. Benny went completely mad with rage. He began throwing cans, as we all scrabbled about in the snow and ice trying to find a way to end the helpless agony of frustration. There was no way.

    Then Benny's mouth began to drool, and he flung himself on Gorrister …

    In that instant, I felt terribly calm.

    Surrounded by madness, surrounded by hunger, surrounded by everything but death, I knew death was our only way out. AM had kept us alive, but there was a way to defeat him. Not total defeat, but at least peace. I would settle for that.

    I had to do it quickly.

    Benny was eating Gorrister's face. Gorrister on his side, thrashing snow, Benny wrapped around him with powerful monkey legs crushing Gorrister's waist, his hands locked around Gorrister's head like a nutcracker, and his mouth ripping at the tender skin of Gorrister's cheek. Gorrister screamed with such jagged-edged violence that stalactites fell; they plunged down softly, erect in the receiving snowdrifts. Spears, hundreds of them, everywhere, protruding from the snow. Benny's head pulled back sharply, as something gave all at once, and a bleeding raw-white dripping of flesh hung from his teeth.

    Ellen's face, black against the white snow, dominoes in chalk dust. Nimdok, with no expression but eyes, all eyes. Gorrister, half-conscious. Benny, now an animal. I knew AM would let him play. Gorrister would not die, but Benny would fill his stomach. I turned half to my right and drew a huge ice-spear from the snow.

    All in an instant:

    I drove the great ice-point ahead of me like a battering ram, braced against my right thigh. It struck Benny on the right side, just under the rib cage, and drove upward through his stomach and broke inside him. He pitched forward and lay still. Gorrister lay on his back. I pulled another spear free and straddled him, still moving, driving the spear straight down through his throat. His eyes closed as the cold penetrated. Ellen must have realized what I had decided, even as fear gripped her. She ran at Nimdok with a short icicle, as he screamed, and into his mouth, and the force of her rush did the job. His head jerked sharply as if it had been nailed to the snow crust behind him.

    All in an instant.

    There was an eternity beat of soundless anticipation. I could hear AM draw in his breath. His toys had been taken from him. Three of them were dead, could not be revived. He could keep us alive, by his strength and talent, but he was not God. He could not bring them back.

    Ellen looked at me, her ebony features stark against the snow that surrounded us. There was fear and pleading in her manner, the way she held herself ready. I knew we had only a heartbeat before AM would stop us.

    It struck her and she folded toward me, bleeding from the mouth. I could not read meaning into her expression, the pain had been too great, had contorted her face; but it might have been thank you. It's possible. Please.

    Some hundreds of years may have passed. I don't know. AM has been having fun for some time, accelerating and retarding my time sense. I will say the word now. Now. It took me ten months to say now. I don't know. I think it has been some hundreds of years.

    He was furious. He wouldn't let me bury them. It didn't matter. There was no way to dig up the deckplates. He dried up the snow. He brought the night. He roared and sent locusts. It didn't do a thing; they stayed dead. I'd had him. He was furious. I had thought AM hated me before. I was wrong. It was not even a shadow of the hate he now slavered from every printed circuit. He made certain I would suffer eternally and could not do myself in.

    He left my mind intact. I can dream, I can wonder, I can lament. I remember all four of them. I wish—

    Well, it doesn't make any sense. I know I saved them, I know I saved them from what has happened to me, but still, I cannot forget killing them. Ellen's face. It isn't easy. Sometimes I want to, it doesn't matter.

    AM has altered me for his own peace of mind, I suppose. He doesn't want me to run at full speed into a computer bank and smash my skull. Or hold my breath till I faint. Or cut my throat on a rusted sheet of metal. There are reflective surfaces down here. I will describe myself as I see myself:

    I am a great soft jelly thing. Smoothly rounded, with no mouth, with pulsing white holes filled by fog where my eyes used to be. Rubbery appendages that were once my arms; bulks rounding down into legless humps of soft slippery matter. I leave a moist trail when I move. Blotches of diseased, evil gray come and go on my surface, as though light is being beamed from within.

    Outwardly: dumbly, I shamble about, a thing that could never have been known as human, a thing whose shape is so alien a travesty that humanity becomes more obscene for the vague resemblance.

    Inwardly: alone. Here. Living under the land, under the sea, in the belly of AM, whom we created because our time was badly spent and we must have known unconsciously that he could do it better. At least the four of them are safe at last.

    AM will be all the madder for that. It makes me a little happier. And yet … AM has won, simply … he has taken his revenge …

    I have no mouth. And I must scream.

    The End

  8. #8
    Je viens de trouver un site qui diffuse en son intégralité "Je Suis D'ailleurs" de H.P Lovecraft
    source : http://asaveant.chez-alice.fr/Outsd_1.html

    Si les modos ne sont pas d'accord, j'éditerai mon message :

    The outsider

    Malheureux celui auquel les souvenirs d'enfance n'apportent que crainte et tristesse. Misérable celui dont la mémoire est peuplée d'heures passées dans de vastes pièces solitaires et lugubres aux tentures brunâtres et aux alignements obsédants de livres antiques, et de longues veilles angoissées dans des bois crépusculaires composés d'arbres absurdes et gigantesques, chargés de lianes, qui, en silence, poussent toujours plus haut leurs bras sinueux. Tel est le lot que les dieux m'ont accordé à moi, l'étonné, le banni, le déçu, le brisé. Et pourtant je me sens étrangement satisfait et m'accroche farouchement à ces souvenirs flétris lorsque mon esprit, pour un moment, menace d'aller au-delà, chercher ce qui est autre.

    Point ne sais où je suis né, mais le château était infiniment vieux et infiniment affreux, plein de passages obscurs et de hautes voûtes où l'œil, lorsqu'il se hasardait vers elles, ne décelait que nuit et toiles d'araignées. Les pierres dans les couloirs gauchis semblaient toujours atrocement humides, et il régnait partout une odeur maudite, odeur de charniers toujours renouvelés par les générations qui meurent. Il n'y faisait jamais jour; il m'arrivait parfois d'allumer des chandelles et de chercher longtemps dans leur flamme fixe et immobile un soulagement ou un secours; dehors non plus il n'y avait pas de soleil, car ces arbres haïssables s'élevaient bien au-dessus de la plus haute et de la plus inaccessible des tours. Il y avait pourtant une tour noire qui montait au-dessus des arbres dans le ciel inconnu de l'au-delà de la nuit, mais elle était à moitié en ruine et l'on ne pouvait y monter qu'au prix d'une escalade presque impossible le long de sa muraille lisse.

    J'ai dû vivre des années dans cet endroit, mais je ne peux mesurer le temps. Des êtres ont dû veiller sur moi et prévoir mes besoins , pourtant je ne peux me souvenir d'aucune personne à J'exception de moi-même, de rien de vivant en dehors de mes compagnons silencieux, les rats, les chauves-souris et les araignées. Je pense que la personne, quelle qu'elle fût, qui veilla sur mes premières années devait être d'un âge incroyablement avancé, car ma première conception d'un être animé ressemble à une caricature de moi-même, déformée, réduite, et pourrissante comme le château même. Pour moi, il n'y avait rien d'horrible dans les os et les squelettes qui jonchaient certaines des cryptes de pierre, profondément enfouies sous les fondations. C'est incroyable, mais j'associais ces choses à la vie quotidienne, et les prenais pour plus naturelles que les images colorées d'êtres vivants que je rencontrais dans nombre de mes livres moisis. C'est dans ces ouvrages que j'ai appris tout ce que je sais. Je n'ai pas eu de précepteur pour me guider, pour me conduire, et je n'ai pas souvenir d'une voix humaine au cours de toutes ces années, pas même de la mienne - car si j'ai lu des livres qui parlaient du langage, je n'ai jamais essayé de parler à voix haute. Mon aspect physique. je n'y pensais jamais non plus, car il n'y avait pas de miroirs dans ce château, et je me considérais moi-même, automatiquement, semblable à ces êtres jeunes que je voyais dessinés et peints dans les livres. Et je me croyais jeune parce que j'avais peu de souvenirs.

    Dehors, par-delà les douves putrides, sous les arbres sombres et muets, souvent je m'allongeais et restais à rêver pendant des heures à ce que j'avais lu dans les livres et, plein de nostalgie, m'imaginais mêlé à quelque foule joyeuse et gaie dans le monde ensoleillé qui débutait au-delà de l'interminable forêt. Une fois, j'essayai de fuir cette forêt, mais plus je m' éloignai du château, plus l'ombre moite s'alourdissait et plus l'air se chargeait d'une terreur enveloppante ; affolé, je retournai sur mes pas, éperdu de panique à l'idée que je ne pourrais retrouver mon chemin dans ce labyrinthe de silence obscur.

    Ainsi, tout au long d'interminables crépuscules je rêvais et j'attendais ; j'attendais je ne sais quoi. Mais dans ma solitude noire, mon désir de clarté devint si fort et si poignant que je n'étais plus capable de me détendre, de me reposer, et que je tournais toujours mes regards et tendais toujours mes mains avides vers cette tour en ruine, sombre et solitaire, qui montait, au-dessus de la forêt, jusqu'au ciel inconnu de l'au-delà. Finalement, je me résolus à faire l'escalade de cette tour, dussé-je y périr ; car mieux valait voir le ciel, quitte à en mourir, que vivre sans jamais connaître le jour.

    Dans le crépuscule moite, je montai donc les degrés de pierre usés par les siècles jusqu'au dernier, et ensuite, entamai la dangereuse ascension en m'aidant de saillies précaires aux jointures des Pierres. Épouvantable, affreux et lisse, ce puits de pierre morte, un puits d'encre, fissuré, désert, sinistre avec ses chauves-souris étonnées dont j'éveillais les ailes silencieuses. Mais plus affreuse et plus angoissante encore la lenteur de ma progression ; car j'avais beau monter et monter, au-dessus de moi l'obscurité ne s'éclaircissait point ; une nouvelle terreur grandit en moi, celle que suscite la pourriture maudite et vénérable. Des frissons m'ébranlaient et je me demandais pourquoi je n'atteignais pas la lumière ; j'aurais baissé les yeux si je l'avais osé. J'imaginai un moment que la nuit devait être tombée d'un coup sur moi ; en vain, de la main, je tâtonnai pour essayer de rencontrer l'embrasure de la fenêtre par laquelle je pourrais me pencher et savoir à quelle hauteur j'étais déjà parvenu.

    Mais tout à coup, après plusieurs éternités passées à me traîner collé à la paroi de ce précipice concave et affolant, ma tête heurta quelque chose de dur, et je compris que je venais d'atteindre le toit ou tout au moins quelque palier. Toujours dans le noir, je levai une main et tâtai l'obstacle. Je m'aperçus qu'il était de pierre, et immuable. C'est alors que j'entrepris cette aventure odieuse, faire le tour du donjon, m'accrochant aux faibles prises que m'offrait la muraille grasse ; finalement ma main, à force de quêtes sentit en un endroit l'obstacle remuer. Je me hissai, poussant de la tête la dalle ou la porte, car je me retenais des deux mains dans cet effort délirant. Aucune lumière ne se coula par la fente, et mes mains une fois glissées de l'autre côté de la surface, je compris que mon ascension était, cette fois, terminée. Car cette dalle servait de trappe, permettant d'accéder à une aire de surface plus grande que celle de la tour, en bas ; c'était certainement le plancher d'une vaste chambre de guet. Je m'introduisis lentement par l'ouverture, et voulus essayer d'empêcher la lourde dalle de retomber en place, mais échouai. En me laissant tomber sur la pierre lisse, j'avais à l'oreille l'écho sonore de sa retombée ; j'espérai que le moment venu, je pourrais de nouveau la forcer.

    M'imaginant alors à une hauteur prodigieuse, bien au-dessus des plus hautes branches de la forêt maudite, je me redressai lourdement et fouillai la nuit de mes mains, à la recherche de fenêtres afin de pouvoir, pour la première fois, poser les yeux sur le ciel, la lune et les étoiles dont m'avaient parlé mes livres. Mais sur tous ces points je fus déçu : car tout ce que je rencontrai, ce furent d'interminables alignements de profondes étagères de marbre, chargées de longues et inquiétantes boîtes que je touchai en frissonnant. Et je réfléchissais, et je me demandais de plus en plus quels étaient donc ces innommables secrets qu'enfermait depuis des temps et des temps cette pièce retranchée du château. Par surprise, mes mains sentirent l'embrasure d'une porte fermée par un vantail de pierre sculpté de ciselures étranges. Je voulus l'ouvrir ; elle était bien close. Dans un ultime sursaut de volonté, je m'acharnai et sentis finalement le battant venir à moi. Et c'est alors que me vint la plus pure extase que j'aie jamais connue ; brillant calmement derrière une grille aux contours élaborés, au-dessus de quelques marches surplombant la porte que je venais d'ouvrir, je vis la lune, pleine, radieuse, telle que je ne l'avais jamais vue hors de mes rêves et de vagues visions que je n'osais baptiser du nom de souvenirs.

    Croyant avoir atteint la cime dernière du château, je me précipitai en haut de ces marches, de l'autre côté de la porte. A ce moment précis, la lune fut voilée d'un nuage. Je trébuchai, et cherchai de nouveau, lentement, mon chemin dans la nuit. Il faisait encore très sombre lorsque je parvins à la grille que je palpai avec soin ; elle n'était pas fermée à clef, mais je ne l'ouvris pas, crainte de tomber du haut de l'altitude inimaginable à laquelle je devais me trouver. La lune sortit.

    Le plus démoniaque de tous les chocs vous vient de l'inattendu le plus insondable ou de l'impensable le plus fou. Rien que j'eusse jamais connu ne pouvait se comparer à la terreur qui m'emplit au brusque spectacle que j'eus devant les yeux, et au sentiment des mystères qu'il impliquait. Le spectacle en lui-même était aussi simple que paralysant. et ce n'était rien d'autre que ceci : au lieu d'un panorama vertigineux de sommets d'arbres s'étendant au pied d'une hauteur sublime, ce que j'avais devant moi, à mon niveau, de l'autre côté de la grille, ce n'était rien d'autre que le sol, la terre ferme, peuplée en cet endroit de dalles de marbre et decolonnes, à l'ombre d'une vieille église de pierre dont la flèche ruinée rutilait comme un spectre sous la pâle lumière de la lune. A moitié conscient, j'ouvris la grille et titubai sur le sentier de gravier blanc qui partait dans deux directions. Mon esprit, noyé par le choc et le chaos, était toujours rongé du besoin de lumière ; le fantastique mystère lui-même qui venait de surgir ne réussit pas à lui faire oublier son objet, à infléchir la course de mon destin. Je ne savais pas, et ne m'en souciais pas, si j'étais aux prises avec la folie, le rêve ou la magie ; mais j'étais plus que jamais déterminé à contempler la clarté et la joie, quel que dût en être le prix. Je ne savais ni qui j'étais ou ce que j'étais, ni l'endroit où je pouvais me trouver ; mais je continuais à marcher en aveugle, devant moi, et en même temps se levait lentement dans mon esprit une sorte de souvenir latent aussi bien qu'horrible qui soustrayait au hasard le choix de ma route. Par une arche, je quittai ce domaine des dalles et des colonnes, et m'aventurai dans la campagne ouverte, suivant parfois la route visible mais parfois la quittant aussi, bizarrement, pour traverser des prés où des ruines sporadiques signifiaient la présence oubliée d'un chemin d'autrefois. A un certain moment, il m'en souvient, je traversai à la nage un fleuve rapide, à l'endroit où d'antiques piles de maçonnerie moussues et ruinées demeuraient les seuls vestiges en cet endroit d'un pont depuis longtemps disparu.

    Deux heures au moins s'écoulèrent avant que j'eusse atteint ce qui devait être mon but, un château vénérable couvert de lierre, au sein d'un parc cerné d'un bois épais, atrocement familier et pourtant empreint pour moi d'une incompréhensible étrangeté. Les douves étaient pleines, et plusieurs des tours trop connues étaient démolies, tandis qu'on avait édifié de nouveaux bâtiments, de nouvelles ailes, pour confondre le spectateur. Mais ce que je vis avec le plus d'intérêt et de joie, ce furent les fenêtres ouvertes, merveilleusement scintillantes de lumières et d'où me parvenaient les sons dune fête joyeuse. M'avançant vers une porte-fenêtre, je regardai à l'intérieur , j'aperçus une compagnie aux atours curieux en train de s'amuser, de rire et de s'ébattre bruyamment. Sans doute n'avais-je jamais entendu le son de la voix humaine, car je ne compris que vaguement ce qui se disait. Certaines des têtes semblaient avoir des expressions qui réveillaient en moi des évocations et des souvenirs incroyablement anciens ; d'autres personnes m'étaient totalement étrangères.

    Je pénétrai par cette porte dans la pièce brillamment illuminée, et, ce faisant, passai au même moment, de l'espoir le plus heureux aux convulsions du désespoir le plus noir, à la prise de conscience la plus poignante.

    Le cauchemar s'empara immédiatement de moi ; dès que j'entrai, j'assistai à l'une des manifestations les plus terrifiantes qu'il m'ait jamais été donné de voir. A peine avais-je passé le seuil que s'abattit sur toute l'assemblée une terreur brutale, que n'accompagna pas le moindre signe avant-coureur, mais d'une intensité impensable, déformant chaque tête, tirant de chaque gorge ou presque les hurlements les plus horribles. Tout le monde s'enfuit aussitôt, et dans les cris et la panique, plusieurs personnes tombées en convulsions furent emportées loin de là par leurs compagnons affolés. J'en vis même plusieurs se cacher les yeux de leurs mains et courir de la sorte, aveugles et inconscients, se cognant aux murs, aux meubles, avant de disparaître par l'une des nombreuses portes de la salle.

    Ces cris me glacèrent; et je restai un moment comme paralysé dans la clarté éblouissante de cet endroit, seul, incrédule, gardant à l'oreille l'écho lointain de l'envol des convives terrifiés, et je tremblais à la pensée de ce qui devait rôder à côté de moi, invisible. Au premier coup d'œil rapide que je jetai, la pièce me parut déserte, mais en m'approchant de l'une des alcôves, j'eus l'impression d'y deviner une sorte de présence, l'ombre d'un mouvement derrière le cadre doré d'une porte ouverte qui menait à une autre pièce assez semblable à celle dans laquelle je me trouvais. M'approchant de cette arche, je perçus plus nettement cette présence, et finalement, tandis que je poussais mon premier et dernier cri -une ululation spectrale qui me crispa presque autant que la chose horrible qui me, la fit pousser - j'aperçus, en pied, effrayant, vivant, l'inconcevable, l'indescriptible, l'innommable monstruosité qui, par sa simple apparition, avait pu transformer une compagnie heureuse en une troupe craintive et terrorisée.

    Je ne peux même pas donner l'ombre d'une idée de ce à quoi ressemblait cette chose, car elle était une combinaison horrible de tout ce qui est douteux, inquiétant, importun, anormal et détestable sur cette terre. C'était le reflet vampirique de la pourriture, des temps disparus et de la désolation ; le phantasme, putride et gras d'égouttures, d'une révélation pernicieuse dont la terre pitoyable aurait dû pour toujours masquer l'apparence nue. Dieu sait que cette chose n'était pas de ce monde - ou n'était plus de ce monde - et pourtant au sein de mon effroi, je pus reconnaître dans sa matière rongée, rognée, où transparaissaient des os, comme un grotesque et ricanant travesti de la forme humaine. Il y avait, dans cet appareil pourrissant et décomposé, une sorte de qualité innommable qui me glaça encore plus.

    J'étais presque figé, mais non incapable d'effectuer un effort pour m'enfuir. Je titubai en arrière, sans pour autant parvenir à rompre le charme sous lequel me tenait ce monstre sans voix et sans nom. Mes yeux, ensorcelés par ces orbites vitreuses qui se vrillaient ignominieusement dans les miennes, mes yeux se refusaient à se fermer; certes, et j'en remercie le ciel, la vision qu'ils nie transmettaient était voilée, et, le moment du premier choc passé, je ne distinguais qu'indistinctement cet objet terrible. J'essayai de conjurer cette vision en portant ma main devant mon visage, mais mes nerfs étaient dans un tel état que mon bras ne répondit qu'imparfaitement à ma volonté. Cette tentative me fit à moitié perdre l'équilibre et je basculai en avant et trébuchai de plusieurs pas pour éviter de tomber. Je me rendis soudainement compte, dans un moment d'agonie, que la répugnante charogne était à quelques centimètres de moi ; il me semblait en entendre la sifflante et caverneuse respiration. Presque fou, j'eus encore la force de tendre le bras pour écarter la fétide apparition si proche de moi, quand, dans une seconde où les cauchemars du cosmos rejoignirent les accidents du présent, mes doigts entrèrent en contact avec la patte pourrissante et ouverte du monstre sous cet encadrement d'or.

    Non, ce ne fut pas moi qui hurlai ; tous les vampires sataniques qui chevauchent les vents nocturnes hurlèrent pour moi, en même temps que, dans l'espace de cette même seconde, s'effondrait d'un seul coup sur mon esprit la cataracte, l'avalanche annihilant des souvenirs, et que se rouvrait, à m'en déchirer l'âme, ma mémoire. En cette seconde, je compris tout ce qui avait été; je me souvins de ce qui avait précédé le château effrayant avec ses arbres, et je reconnus l'altier édifice dans lequel je me trouvais, et je reconnus, et rien ne fut plus terrible, l'abominable malédiction qui ricanait devant moi en même temps que je rompais le contact de mes doigts souillés avec les siens.

    Mais le cosmos recèle aussi bien le baume que l'amertume, et ce baume est le népenthès. Dans l'horreur suprême de cette seconde, j'oubliai ce qui m'avait horrifié, et l'explosion de cette mémoire nocturne s'évanouît dans un chaos d'images, s'estompant en échos toujours plus lointains. Dans un rêve, dans un cauchemar, je m'enfuis en courant de cet endroit hanté et maudit, je courus, rapide autant que silencieux, vers la lumière de la lune. Je retrouvai le cimetière peuplé de marbre, descendis les degrés, mais la dalle de pierre était impossible à ouvrir. Et je ne le regrettai pas, car j'avais haï cet antique château et ses arbres impossibles. Maintenant, je chevauche les vents de la nuit, avec les vampires moqueurs et amicaux, et joue le jour parmi les catacombes de Nephren-Ka dans la vallée secrète et close de Hadoth, près du Nil. Je sais que la lumière ne m'est pas destinée, sauf celle de la lune sur les roches tombales de Neb, et qu'aucune gaieté ne me revient sinon les fêtes sans nom de Nitokfis, sous la Grande Pyramide -, et pourtant dans ma nouvelle condition, dans ma nouvelle liberté, j'accueille presque avec le sourire l'amertume d'être autre.



    Car quoique le népenthès ait mis la main sur moi, je sais pour toujours que je suis d'ailleurs, un étranger en ce monde, un étranger parmi ceux qui sont encore des hommes. Et cela je le sais du moment où j'ai tendu la main vers cette abomination dressée dans le grand cadre doré, depuis que j'ai porté mes doigts vers elle et que j'ai touché une surface froide et immuable de verre lisse.

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