Ce week end on a pu tester Imperial Steam à 4.
Imaginez Age of Steam, ce petit jeu pour enfant. Vous voyez le truc ? Ce jeu où on pose des rails gaiement pour transférer des cubes d'une ville à l'autre. C'est gentil, c'est simple, c'est presque mignon. Maintenant imaginez que les ressources que vous transportez, vous devez les fabriquer. Les rails que vous posez, vous devez les fabriquer avec les ressources susnommées. Et avec des ouvriers, qui ont une certaine capacité de travail. Et qui peuvent progresser pour améliorer leur capacité de travail. Les ouvriers, vous ne pouvez les recruter que dans certaines villes, où on reconnaît votre talent d'entrepreneur. Les trains, que vous utilisez pour transporter les ressources, il faut les acheter aussi. Et ils ont un nombre limité de wagons. Wagons que vous pouvez transformer en wagons de passagers pour faire de la thune. Ajoutez là dessus des contrats que vous pouvez passer avec l'état, mais qui ne s'activent QUE si un des joueurs arrive à rejoindre, avec ses rails, la ville de Trieste, tout au sud de la carte. Ces contrats attirent des investisseurs. Ces investisseurs vous permettent de gagner un max de pognon. Ca vous tente : il suffit de prendre plein de contrats, pour avoir plein d'investisseurs, et plein d'argent - et l'argent, c'est la victoire. Le problème, c'est que si quelqu'un arrive à Trieste, les contrats, il faut les remplir. Si vous ne les remplissez pas, vous perdez l'argent du contrat au lieu de le gagner. Pour remplir les contrats, faut construire des usines qui produisent des ressources. Les usines sont en nombre limité sur la carte.
Bref, vous avez compris : c'est un truc de fou, et on a adoré. En vrai, la ressemblance avec Age of Steam est très faible ; on a bien un jeu de réseau et de pick up and delivery, mais la comparaison s'arrête là. Tout est beaucoup plus complexe que ça dans ce jeu. La première partie est terrifiante, on se retrouve face à un monstre et il est impossible de savoir quoi faire, on en chie, l'éventail de décision est très large. Faut s'accrocher : la deuxième partie a été un vrai régal, avec une tension extrême vers la fin (qui va se connecter à Trieste ? Qui peut le faire ? Qui a intérêt à le faire ? S'il ne le fait pas, est-ce que je prend un contrat de plus ?). Le jeu met vraiment l'accent sur la planification : on doit savoir ce qu'on fait aux prochains tours, avec quel argent, dans quel ordre, etc, sous peine de se retrouver complètement coincé (ce qui est arrivé à deux joueurs au cours de nos parties : c'est désagréable). Les points négatifs sont la mise en place, une purge, et le rangement à la fin, une seconde purge. Tout le reste est tellement dense, compact, intriqué, et bien foutu, qu'on ne peut qu'en redemander. Si vous aimez les gros jeux de logistique et d'économie, bien serrés, qui ne pardonnent pas, allez y les yeux fermés. Pas trop quand même, car le jeu est aussi super beau, ce qui n'enlève rien à l'affaire.
Incroyable que ce jeu passe aussi inaperçu, c'est du très très haut niveau. Je sais pas si je le préfère à Brass ou pas, par exemple (le fait même de se poser cette question m'impressionne !). Ou à Age of Steam (idem).