Très bon exemple, qui permet justement de montrer les limites des analogies en mode "mais quand même".
La télévision française est
tenue au pluralisme politique : débat contradictoire, équilibre des temps de parole en période électorale. C'est encadré par la loi et contrôlé par le CSA, qui a le statut d'AAI (Autorité administrative indépendante).
Il n'existait d'ailleurs pas encore en 1986, mais sa création date justement de cette période où l'essor de l'audiovisuel privé pose des défis nouveaux au législateur.
Bref. Tu veux répandre une parole politique à la télé, à la radio, dans les journaux : c'est possible, à condition de respecter certaines règles encadrant ce droit.
Tu veux faire ta propagande sur Twitter et Facebook ? Alors là par contre, c'est open bar : pas de régulateur indépendant, aucun préalable, le seul garde-fou étant les conditions d'utilisation définies par les entreprises privées gérant la chose, et visant uniquement à leur permettre de prospérer en évitant les emmerdes.
Résultat : des discours décomplexés, profitant pendant des années d'une modération à la ramasse (non je ne suis pas en train de décrire le forum
) et utilisant même l'outrance permanente comme stratégie pour saturer l'espace et étouffer les voix modérées.
Il n'y a pas de précédent à la situation actuelle. Les réponses sont peut-être imparfaites, mais néanmoins nécessaires : il y a eu des morts, et une sérieuse menace à l'état de droit en plein cœur de la plus grande démocratie occidentale. Même sous forme de sentences lapidaires de 280 signes, les mots ont un sens, et les paroles irresponsables balancées en l'air peuvent se traduire par des drames bien concrets.