Bon je viens de lire le 397 et notamment l'article sur EPIC.
J'ai franchement beaucoup de mal à comprendre pourquoi la rédaction CPC reste dans l’incompréhension la plus totale sur des points qui ont été débattus, mis à plat, et fouillés en de très long argumentaires un peu partout... parfois même en réactions à des articles CPC et avec des membres de la rédactions dans la boucle.
Mais une fois encore l'article sur le sujet montre que le fond du problème est juste mal compris par la rédac... c'est dommage... "Essayons ensemble de découvrir celui de la colère qui soulève une partie des joueurs contre Epic et son Epic Game Store" écrit le rédacteur dans l'intro, mais on a surtout l'impression que c'est lui qui tente laborieusement de découvrir des raisons qui lui échappe. En ne les effleurant qu'a peine et à l'évidence en n'en saisissant pas le cœur...
Je reprends quelques points de l’article qui m'ont pas mal choqué par leur approximation et l'incapacité du rédacteur à voir les soucis dans ce que lui même écrit.
Pour commencer la première partie du paragraphe intitulé "Logiciel Branlant et Exclusivité" : Ce paragraphe, dans son début, tente d'expliquer qu'une partie de la colère des joueurs est due au manque de fonctionnalités. Jusqu'ici rien d’embêtant, mais c'est en creux que ce paragraphe est titillant car il sous entends tout du long que ces fonctionnalité arriveront un jour ("il est sorti trop tôt", écrit le rédacteur). Pourtant, n'est-ce pas un peu naïf de se dire qu'un logiciel conçu bien en amont, porté par une offensive soutenue très fortement économiquement (1 milliards environ ont été levé à cette fin) manque "parce que c'est trop tôt"/parce qu'ils n'ont pas eu le temps de les implémenter) de fonctionnalités aussi basique qu'un système de notation, de commentaires ou de forum sur les jeux ? Avec une telle masse de sous débloqués, l'implantation de ce type de fonctionnalité est pourtant d'une facilité risible en théorie. Cette incohérence de fond devrait faire lever quelques sourcils à un rédacteur un peu sérieux.
Il existe pourtant plusieurs pistes d'analyse permettant d'expliquer ceci. La principale étant le fait que beaucoup de gros développeurs et éditeurs se sont senti lésés par les réactions des joueurs et les notes des joueurs venant en direct sur steam plomber leur jeu de façon très visible, directement sur la page du magasin, sans que l'éditeur ne puisse rien y faire et ce, quelque soit son budget de communication. L'EGS, par l'absence même de système similaire, fait une promesse aux gros éditeurs et développeur : "votre page de magasin, elle sera 100% à vous et ne dérivera pas d'un iota de ce que votre département com souhaitera".
Cette déduction, une fois qu'on s'y arrête 5 minutes, explique de façon plutôt crédible, je trouve, la raison derrière l'absence de ce genre de fonctionnalité. Et ce n'est pas du tout une bonne chose à terme. On a beau dire, mais les notes de steam et les forums, même si ils forment parfois les ferments à certaines explosions populaires vengeresses injustifiées, apporte à l'utilisateur lambda qui ne s'informent pas énormément, une dose de contre-poids bienvenu face au déclaration de la page du magasin. Bref, une dose de réalité. Son absence revient à abandonner ce contre-poids entièrement.
Il y a une sorte de malaise de ma part, lecteur de CPC depuis le début, de constater que les rédacteurs de ce journal, pourtant formé en réaction à la perte d'indépendance progressive des moyens d'expressions d'avis sur les jeux vidéos (les journaux dans votre cas), sont incapable de distinguer dans ce motif exactement la même chose : une reprise en main de la part des gros éditeurs et développeurs sur l'information accessible au pékin moyens qui viendrais acheter leur jeu. Pire : l'auteur de l'article fini dans le dernier paragraphe par descendre en flèche le système de note et les forums Steam en ne se rendant à l'évidence par compte de tout ce que ça implique ...
Bref, j'attends franchement mieux de vous sur le sujet ...
Passons à la suite. La seconde partie de ce paragraphe reprends pèle mêle tout les contres-arguments sur le sujets des exclusivités, du bien ou du mal de l'exclu etc etc... Malheureusement la encore c'est super brouillon. Le rédacteur se contente de reprendre les arguments les plus en vogue au début de la levée de bouclier sur l'Epic Game Store, en oubliant que la plupart d'entre eux ont déjà été débattu en profondeur un peu partout et qu’énormément de ceux cité par l'auteur de l'article ont des contres-argumentations très efficaces qui ont mené à leur abandon, même du coté des "pro-epic".
Reprenons le principal, et probablement le plus ridicule d'entre eux :
- Le système d'exclusivité n'a pas été inventé par EPIC, il est utilisé par d'autres boites. Et le rédacteur de citer pêle-mêle Origin avec les jeux EA, Blizzard avec Batle.net . Ce à quoi on pourrais rajouter Half Life 2 avec les jeux steam également. (l'auteur de l'article le cite à la toute fin)
Cet argumentaire de très mauvaise qualité a été battu en brèche un peu partout sur le web et j'ai un peu honte de le lire dans mon magasine préféré de la part de l'un de ses plus grand rédacteur.
Je reprends donc le soucis principal avec cet argumentaire : Son point aveugle est de ne pas faire la distinction entre un produit produit par sois même et dont on garde l’exclusivité de distribution et un produit produit par quelqu'un d'autres dont on viendrait acheter l'exclusivité. C'est pourtant la distinction essentielle, qui change tout à la légitimité de l'affaire et au regard des gens sur le truc.
Fonctionnons par analogie. Un vendeur de tomate vends ses tomates devant le pas de sa porte dans sa propre boutique "tomate & co" et refuse de les vendre ailleurs, dans la grande distribution par exemple. Personne ne viendra remettre en question la légitimité de ce vendeur de tomate. Tout le monde ira acheter chez lui avec le sourire, aucun problème en vue. Après tout, si il veut juste vendre ses tomates chez lui et ne pas les dispatcher chez tout pleins d’intermédiaire, c'est son affaire, aucun soucis. C'est ainsi une pratique légitime moralement de vendre son propre produit sur sa propre plateforme de vente . Half life 2 sur steam et pas sur origin ? Pas de soucis ! World of Warcraft via battle.net et pas dispo sur steam ? Qui gueule la dessus ? World of Tank qui était pendant longtemps dispo que via son propre launcher : Aucun scandale tout du long non plus, pas le moindre soulèvement de sourcils de la part des consommateurs.
Pourquoi ? tout simplement parce qu'il s'agit de la vente d'un produit produit par sois-même dans sa propre plateforme et que ça ne choque personne.
Epic ne fait pas du tout la même chose : Epic c'est en gros Auchan qui va offrir un gros chèque à tout les vendeurs bio d'une région pour que le bio ne soit dispo QUE chez lui et nul par ailleurs. Impensable dans la vrai vie n'est-ce pas ? Le scandale serait juste hors de proportion...
Ce n'est absolument pas la même chose et ça n'a aucune légitimité !
Je ne comprends juste pas comment les rédacteurs CPC peuvent ne pas voir cette nuance, que tout le monde voient pourtant ... c'est énorme comme un nez de vigneron au milieu de la figure ! (pardon aux vignerons) . On sent pourtant, au ton de l'article, que ça interroge et que ça titille le rédacteur qui ne comprends pas cette différence de traitement. Mais je ne comprends pas comment l'explication peut échapper à son analyse alors qu'elle est pourtant parfaitement simple quand on s'y arrête un peu... le plus embêtant étant surement qu'il s'agit d'une très mauvaise enquête de la part d'un ... journaliste ... puisque ceci est expliqué en long en large et en travers un peu partout sur le web.
Le pire, je pense, dans les réactions de CPC, vient ensuite : c'est ce sous-entendu permanent qu'il s'agirait d'une pratique normale, qui fait partie du capitalisme standard. Mais c'est une énorme méconnaissance du sujet ... ce qui empêche Auchan de s'arroger un contrat d'exclu sur la production bio d'une région, c'est pas son manque de sous ou le manque de gain sur le sujet, mais bel et bien qu'il s'agit d'une pratique qui est reconnu comme néfaste par la législation commerciale internationale, qui la limite drastiquement. Les législations nationales de chaque pays l'interdisent dans de nombreux domaines, les considérant comme des pratiques extrêmement anti-concurrentielles et dans pas mal d'autres domaine les limitations sont sévère.
Dire l'air de rien que l'exclu sous la forme pratiqué par EPIC est une pratique classique et absolument acceptée au sein des pays capitalistes c'est juste du grand n'importe quoi ... ou en tout cas une énorme approximation.
Notons au passage qu'il n'y a qu'un milieu ou l'exclu est pratiqué tout le temps, sans restriction et c'est ... dans les pratiques mafieuses ... (protection monopolaire sur un quartier, distribution de produits de certaines industries que via certains canaux, gros chèques données aux producteurs qui résistent en même temps que menace etc...), ce qui devrait donner à réfléchir.
Donc non, en conclusion : La pratique d'Epic n'a rien à voir avec le fait qu'Half Life 2 ne soit vendu que sur steam par exemple, c'est très trèèèèèèèèès loin et absolument incomparable et d'un point de vue législation et d'un point de vue légitimité. Et non cette pratique n'est pas une pratique parfaitement banale des sociétés capitalistes, mais au contraire une exception au respect de la concurrence, assez mal vue globalement, et très très encadré.
Canard PC réussi finalement l'exploit dans ce paragraphe de ne retenir que le plus faible des arguments : le fait que ça cradifie le PC avec différents lanceurs en oubliant donc tout les soucis ci-dessus, qui sautent pourtant aux yeux de tout le monde. Si encore le débat venait d'avoir lieu, je ne viendrais pas pondre ce pavé de rappel. Mais ça fait des moiiiiiiiiiiiiissss que ce genre d'argument se fait proprement défoncer .
Bon je fais très rapidement le paragraphe suivant. CPC accuse les joueurs de s'en prendre à EPIC au lieu de s'en prendre au devs. J'avoue que là ça frôle l'incohérence et que je comprends pas, dans vos propre émission et mags vous releviez pourtant toutes la haine que les joueurs venaient déverser sur ... les développeurs qui choisissaient la voie "epic", et ce à maints occasions. (pages des jeux steam, mails incendiaires, forums des devs, menaces etc...) Pourquoi ce soudain accès d'amnésie ? Juste pour servir l'argumentation à cet endroit ?
Le paragraphe continue ensuite sur une vague approximation du libéralisme "Epic a pourtant une conduite logique libérale : si je suis plus fort j'utilise la force, si je suis plus riche j'utilise la richesse" . J'ai beau détester le libéralisme je suis obligé de noter qu'ici les penseurs du libéralisme doivent tout simplement se retourner dans leurs tombes. Le concept même du libéralisme interdit absolument qu'on utilise la richesse brute pour s'arroger un marché. Sinon la corruption serait tout à fait légale. On doit absolument passer par un produit d'une qualité supérieure à son concurrent pour convaincre les acheteurs : c'est le concept même du libéralisme à la base ! C'est pour ça qu'il existe des organes de gestion de la concurrence et des législations rigoureuses. La plupart des gros traités libéraux, en commençant par les premiers penseurs sur le sujets incluent la nécessité que l'environnement légal empêche ces dérives.
Alors oui, en pratique ce n'est pas le cas. C'est pour ça que le libéralisme se fait critiquer. Mais venir écrire qu'il est normal dans un environnement libéral d'employer la richesse brute et la force brute c'est complétement n'importe quoi ... et là encore une banalisation du sujet. Donc que ce soit clair : la pratique d'Epic est absolument anti-libérale. Il n'y a pas plus anti-libérale que le système d'exclusivité, ce pourquoi cette pratique est souvent âprement régulée par les autorités de la ... concurrence.
Le reste de l'article est globalement du même tonneau. Mais franchement voila, ce n'est pas de la grande qualitance monsieur CPC, je suis obligé de le noter