Je n'étais pas avec mon équipe habituelle, qui n'a pas été sélectionnée. En arrivant jeudi avec le pote pilote, notre mécano et une copine panneauteuse pour rejoindre l'équipe qui nous a invités, on découvre que la moto... est en kit.
Ils ont monté un kit 150cc la semaine précédente, la moto n'a pas tourné depuis (mais elle démarre), il n'y a ni frein avant, ni compteur, ni carto d'injection adaptée, ni coque arrière, ni pas mal d'autres choses plutôt nécessaires...
Donc jeudi, mécanique jusqu'à ~2h du matin. Apprendre la purge d'un frein avant et la pose d'un étrier et d'un maître cylindre à minuit et demi dans un box de circuit, c'est fait.
Vendredi matin, passage au banc (12.3 cv), montage du compteur, de la plaque avant avec les phares, de la coque arrière. Contrôle technique OK.
Ensuite essais libres.
1er tour : chute suite à un soucis de pression de pneu mal faite.
Pas de bobo heureusement.
Un peu plus tard, le câble d'accélérateur décide que couper les gaz, c'est pour les faibles, et refuse de revenir : et hop un beau jardinage, parce que l'herbe en slick accéléré à fond, c'est pas foufou pour l'adhérence.
Après, ça se passe globalement bien jusqu'à la fin des essais de nuit, où un pilote loupe un freinage et se prend un bon carton.
Bilan, fourche HS, maître cylindre purgé avec amour moins de 24h avant qui fuis, platine repose pieds transformée en œuvre d'art.
Et hop une deuxième nuit de gagnée pour nos mécanos ! On commence à flipper de ne pas avoir assez de pièces de rechange malgré les 2 motos donneuses d'organes.
Moi, je sers plus à rien alors je vais dormir.
Samedi matin, je prépare le planning de relai de panneautage avec les 2 autres. Dans la nuit, 3*1h15 de panneautage et 3*1h45 de repos, finalement ça devrait bien se faire.
11h, warm-up. On a même pas fait 1 tour : le pignon de sortie de boite a décidé de vivre sa vie tout seul
Retour à pieds donc. Se taper toute la ligne des stands (on avait l'avant dernier stand de la ligne) à pieds, en combarde - bottes - casque, alors que ton mécano vient de partir en courant avec la moto, c'est un peu le walk of shame du pistard.
On prend le départ de la course sans encombre à 14h, placés 47 / 49 (vos gueules, déjà on est là, c'est déjà pas mal). Tout se passe bien jusque vers 18h. Nous sommes remontés P36 quand un orage se déclenche soudainement. Beaucoup d'eau sur la piste et des slicks, ça fait pas bon ménage : c'est l'hécatombe, y compris pour nous, sans bobo pour le pilote heureusement. Par contre, la moto veut rien savoir, elle coupe, elle ratatouille... 3h de mécanique, divers essais moyennement concluants, et un changement de capteur de chute, d'injecteur, de pompe à essence et un court-circuitage de neiman plus tard, on re-roule !
Un peu plus tard, un pilote découvre une tâche d'huile sur la trajectoire avec sa roue avant, récupère le truc façon Marquez mais termine dans l'herbe humide et y pose délicatement la moto. Et là impossible de redémarrer... Du coup il rentre en poussant pendant que la Safety Car tourne et que les commissaires nettoient la piste. Je vais le chercher au bout de la ligne des stands, il en profite pour réessayer de démarrer pendant que pousse. Finalement la moto redémarre et le pilote repart aussi sec.
RAS jusque vers 2h du matin où un pilote coupe la route du notre, qui glisse en l'évitant : encore une platine repose pieds artistique, et mal à l'épaule pour le pilote, qui continue en serrant les dents.
Vers 7h, le même pilote percute très violemment le nôtre ! L'indélicat ne se relève pas et sera évacué depuis la piste. Notre pilote relève la moto, la démarre, rentre... et nous demande comment il est arrivé là avant de se mettre à tanguer et de s'effondrer. Il partira à l'hôpital en ambulance. Ambiance.
On continue avec 5 pilotes sans gros soucis jusque vers midi, où la bonne nouvelle tombe : notre pilote rentre de l'hôpital, rien à la tête, son amnésie et ses vertiges était dus à l'état de choc et non à un traumatisme crânien. Il a tout de même une épaule luxée, mais il ne souffre pas trop et ne gardera pas de séquelles !
Malheureusement la fatigue se fait sentir, et un autre pilote loupe un freinage, chute lourdement et tape violemment le genou. Il ramène difficilement la moto, et part voir le médecin avec celui ayant chuté dans la nuit qui ne peut plus tenir. Bilan, un genou avec un gros hématome, pas grave mais handicapant, et... une épaule luxée pour l'autre. Le mec a fait 12h de course avec une épaule luxée. Ces types sont des malades !
On termine donc la course comme on peut avec 2 pilotes et demi, le 3ème étant à un niveau de fatigue assez inquiétant. Mais on termine !
Nous serons finalement classés P37, après une course complètement épique. 4 mécanos auront été nécessaires, 3,5 panneauteuses (la 4ème n'a pas fait la fin de la course, car étant la fille du pilote hospitalisé elle était à son chevet), 1 team manager, 6 cuistots et intendants qui nous auront régalés pendant le week-end.
On en a salement chié, on était mal préparés, mais le talent de nos mécanos et l'expérience des pilotes ont payé, et on est méga contents
Je pense qu'on a plus fait la fête que les gagnants après le drapeau à damiers :D