Cher grand père, de là où tu es, j’espère que tu entendras mes prières.
Ma vie a pris un drôle de tournant ces dernières semaines.
J’ai rencontré un nouvel ami, Yaevinn, un elfe des bois comme toi et moi, qui semblait perdu lorsqu’il m’a tiré d’un mauvais trépas. Intrigué par mes marques de naissances, il m’a convaincu de l’accompagner voir un mage dans une grande cité du nord qui porte un nom étrange, beaucoup-d’eau-yapapieds, je crois. Celui-ci saura sans doute me permettre de te retrouver.
Comme il ne semble pas connaitre l’emplacement des anciens portails de la forêt dont tu m'as tant parlé, il veut faire le voyage à pied; ça va surement nous prendre des lunes d’aller là-haut , mais ça va me permettre de découvrir un peu le monde hors de notre forêt enchantée et j’ai hâte de visiter toutes ses fameuses cités puantes où les tous les idiots du monde aiment tant s’entasser, comme tu me le racontais.
Ainsi j’ai quitté notre coquette cabane lovée dans les flancs du vénérable Syl-kalikki-tali-kaliki-kikilikiki-tahaliki ( Le douxième arbruisseau de l’ouest du trois cent vingt et unième printemps de père chêne cinq cent vingt quatrième printemps de la vallée de l’est )
Au petit village de Zifanta, au sud-est de notre territoire et au sud de celui de Shea, nous avons croisé d’autres compagnons de route.
Ce sympathique petit gnome curieux et triste qui sent bon la terre fraiche et les fleurs et qui porte un nom rigolo qui me fait rire à chaque fois.
Et ce nain tavernier, qui fait fermenter des plantes pour obtenir un breuvage étrange qui sent un peu la pisse et que les mâles aiment tant siroter et qui fait rôter. Yaevinn refuse que j’en boive pour une raison qui m’échappe. Ce nain est très gentil mais très reservé, ce qui m'inquiète parfois un peu. Surtout quand il fait des bruits étranges avec sa bouche lorsqu'il brasse des ingrédients qui ne ressemblent en rien à ceux que tu m'as montrés jusque là.
Il y a aussi cette très jolie elfe aux cheveux de feu qui aime porter des jolies tenues pleines de choses qui brillent et qui pendent, et qui adore se parfumer avec des mélanges d’essences de plantes qui feraient mourir étouffés la moitié des loups géants de la forêt. Sans parler des poudres qu’elle s’applique sur le visage pour cacher les nombreuses petites taches brunes qui lui couvrent les joues de part en part. Je crois que le fait qu'elle me dit de m'éloigner dès que je l'approche, et qu'elle parle sans arrêt de mon odeur ... est un signe qu'elle m'aime bien.
Nous avons rejoint la première ville que j’ai jamais vue, Daromar, où un monsieur qui vit dans l’un des plus grands bâtiments de la ville nous a demandé après un copieux repas de lui rendre service. Une histoire de voleurs dont je ne comprends pas grand-chose. Sinon qu’il faudra retrouver son ami disparu Timnok. C’est un scribe, ça veut dire qu’il adore raconter des histoires en couvrant des feuilles de papier blanches de signes noirs. C’est tellement étrange.
D’ailleurs, je n’aime plus du tout Dame Nemeia qu'elle a voulu me mettre dans l’eau et me frotter avec des blocs de graisse aussi parfumés qu’elle. Quelle méchante personne !
Lors de notre enquête, nous sommes allés parler à un certain seigneur Feliu, qui vit dans un luxueux hôtel appelé l’échoppe de l’ambassade, près du château. Un hôtel est une maison où les voyageurs viennent manger et dormir le soir, après plusieurs jours de voyages.
Ce seigneur est un monsieur qui possède d’immenses quantités de ronds de métal avec lesquels on peut échanger plein de choses dans les villes. Je ne comprends pas l’intérêt des gens à utiliser ces morceaux de ferraille pour les échanges. En plus ils accordent tellement de valeur à ces trucs qu’ils se les volent.
S’ils en manquent, je pourrai leur indiquer les salles des coffres, dans les anciens tunnels sous la citadelle abandonnée au milieu de la forêt, il y assez de pièces pour remplir des centaines de charrettes. En plus les araignées géantes qui ont investi les lieux devraient apprécier de voir venir de la nourriture pour leurs bébés.
Quoi qu’il en soit, le seigneur Feliu, qui se dit un riche marchand venant de d'Altlalca. Il pleure la disparition de 8000 de ces fameuses pièces d’or. Il pense que c’est un groupe de voleurs appelé le Cercle Doré qui lui a dérobé.
Le gnome et le nain sont justement allés à la Taverne de la pierre rouge, au nord de la ville pour y rencontrer le chef de cette guilde de voleurs et leur faire la morale, parce que ce n’est pas civilisé de voler les affaires des autres. D’ailleurs Yaevinn m’a dit que ce n’est pas civilisé non plus de faire pipi sur les tapis. Dans les villes, on s’enferme dans un placard pour se soulager dans un trou au sol. Comme si j’avais le temps de chercher un placard quand l’envie me prend. Tsss.
Quoi qu’il en soit, nos deux amis sont revenus tous pâles et tous maquillés de leur entrevue. Ils ont sans doute trop festoyé avec leurs amis de la taverne rouge. Ils bous apprennent que la bande du Cercle Doré sait que nous avons rendu visite à Sire Castien, et que nous sommes connus et d’eux et très probablement suivis.
Pourtant nous décidons de passer la soirée en embuscade dans une sombre ruelle pour observer les allers et venues de la Taverne Rouge.
Nous voyons un sombre personnage se glisser dans une bouche d’égout et nous décidons de laisser passer quelques minutes puis de le suivre.
Nous fracturons la bouche qui semble verrouillée et nous nous glissons dans les tunnels souterrains. Tu te souviens quand je te parlais des trous dans le sol pour satisfaire ses besoins, apparemment, c’est dans ces tunnels immondes qu’atterrissent tous les excréments de la ville.
Quelques virages et quelques gardes armés plus tard, nous retrouvons le quidam que nous suivions et notre brasseur de compétition lui lance un sort pour en faire l’espace d’une heure un allié qui répond à nos questions sur la compagnie sur laquelle nous enquêtons.