LDJ / DFDJ :
Je suis en formation au siège parisien de ma boîte.
Ce soir, l'asocial que je suis n'a pas pu se défiler quand il il s'est retrouvé embarqué pour une soirée dans un bar.
Les gars sont des fêtards, pas moi, je ne bois très très rarement de l'alcool.
Mais ce n'est même pas ça la LDJ.
Je suis avec ma collègue, elle est au même hôtel que moi.
Elle par contre, elle avait envie de boire (plus d'occasion de sortir depuis qu'elle a sa gosse d'après ce qu'elle dit).
La soirée commence à s'éterniser pour quelqu'un qui n'a bu qu'un demi (et c'était le but de boire le moins possible). Je commence sérieusement à me faire chier.
J'en ai marre du bruit qui m'empêche d'attendre correctement les conversations à 1m de moi.
J'attends désespérément le bon moment pour partir.
Je vois que ma collègue commence à être joyeuse.
Je commence à avoir faim. Des collègues fraichement rencontrés (et sobres) me proposent d'aller manger avec eux.
Je crève d'envie d'accepter et c'est l'occasion idéale que j'attendais pour me barrer... sauf que... ma collègue est... disons... clairement torchée et elle commence un peu à partir en freestyle.
Et merde... putain de morale de merde... je ne peux pas partir en la laissant comme ça...
Le risque est faible parce que même si elle titube un peu, ça va, elle "gère" plutôt bien (pas de désorientation ou de confusion).
J'attends, je désespère, je surveille l'état de ma collègue qui part un peu en live.
Finalement, elle est passée en phase triste. Je surveille aussi de temps en temps.
Elle part aux chiottes (pour vomir ?).
Peu de temps après être revenue, elle veut partir.
Ouf...
Ca me gonfle un peu de faire l'escorte, surtout qu'elle ne veut pas et n'a pas besoin d'aide, donc il faut la jouer psychologique (et je n'ai pas la tête à ça).
Mais bon, on fait avec, je l'ai voulu...
A peine sortie du bar, elle commence à me parler de sa vie.
Je rappelle qu'elle en mode "bourrée triste" et là en vrac j'ai le droit à :
- je suis dépressive
- personne ne le remarque parce que je le cache et ce n'est qu'une façade (et c'est vrai qu'elle le cache bien)
- la vie c'est de la merde (certes...)
- ma vie n'a plus de sens depuis la mort de mon père
- ma mère me renie
- mon copain est un con
- on copain ne me déteste
- je suis sur anti dépresseur (super mélange avec l'alcool...)
- mon medecin veut me faire interner, d'ailleurs mon dernier arrêt maladie, en fait ce n'était pas parce que j'avais le dos bloqué...
- Je veux en finir
- etc.
Et donc, c'est moi, le gars à tendance dépressive, avec une vie merdique, triste et insignifiante qui doit gérer ça, essayer de dialoguer et trouver les bons mots.
Je suis en plus plutôt du genre empathique, sensible et émotif.
Je dois donc gérer en ce moment ce contre-coup émotionnel provoqué par cette discussion mais aussi par l'effet "miroir" sur ma propre existence...
Fait chier...
En plus j'ai des scrupules de l'avoir laisser dans l'ascenceur (ma chambre est au 4eme, la sienne au 5eme). J'ai quand même "espionné" à travers la cage d'escaliers pour voir si elle arrivait en rentrer dans sa chambre.
Mais je n'arrivais plus à gérer quand elle m'a dit "tu as 4 étages pour me trouver une seule bonne raison de vivre" et que ma réponse sur sa fille ne l'avait pas convaincue...