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Bong Joon-ho à la prod et au scénario, premier film de Shim Sung-Bo qui avait signé le scénario de
Memories of Murder, a priori ça sent bon pour ce
Sea Fog.
L'histoire d'un petit groupe de pêcheurs coréens qui vont tenter de faire passer clandestinement des réfugiés venus de Chine. On va pas tourner autour du pot, c'est la grosse mandale dans la gueule. De celles qui laissent la trace des doigts bien rouge pendant plusieurs jours.
Sea Fog va au-delà du premier long "sponsorisé" par un réalisateur connu. C'est une leçon de cinoche. Point barre.
La mise en scène déjà est aux petits oignons. Shim Sung-Bo se sert de tous les éléments à sa disposition empêcher le spectateur de sortir du bateau, de voir au-delà. On passe d'une salle des machine exiguë à une cale sombre en passant par le pont plongé dans le brouillard, la nuit ou les deux. On retrouve une certaine dimension fantastique avec cette brume qui, au début épaisse, se dissipe petit à petit à mesure que les relations entre les personnages se délitent, faisant surgir leurs bas instincts. Le cinoche de genre et ses références coule dans les veines de
Sea Fog qui passe du drame social au thriller mâtiné de slasher avec une aisance qu'on ne voit que trop rarement.
Ces changements de direction plus que de ton, il les doit à son script en béton armé. Une fois les enjeux et la dimension sociale décrits, le film ne s'appesantit pas sur la tragédie humaine. Il a l'excellente idée de ne pas juger explicitement les actions des personnages et laisse le soin au spectateur de faire le tri. Il se concentre donc exclusivement sur la narration en ligne droite comme un bon survival des familles. Il n'y a pas un bout de gras dans
Sea Fog. Il emprunte, digère, réintègre et comble du comble, surprend.
Evidemment je me garde bien de dévoiler quoique ce soit d'autre de l'intrigue. Sauf peut-être une très belle histoire d'amour au centre du film. De celles qui nous touchent par leur simplicité et leur retenue. Il faut dire que les acteurs sont tous excellents et participent beaucoup à l'efficacité des retournements de situation. Malgré les horreurs commises, il est difficile de ne pas s'attacher à certains personnages, le capitaine du navire en tête.
Au final
Sea Fog est un drame social, un film de personnages, un survival, un thriller, un vrai film d'horreur... on pourrait penser que ça fait beaucoup pour un premier long-métrage si ce n'était pas aussi maîtrisé. Il se paye même le luxe d'imprimer sur la rétine un plan final magnifique et bouleversant. Il m'arrive de me dire que je suis devenu peut-être trop exigeant au cinéma et que je prive de cette petite décharge électrique qui signe les grands films.
Sea Fog me rappelle que j'ai raison.