Après concernant Churchill, il faut relativiser un peu. Globalement, il a été très souvent en conflit avec le commandement de la RAF et du Bomber Command pour essayer de réduire au maximum les victimes humaines et les destructions au sol durant les bombardements. Évidemment, concernant les territoires occupés en Europe de l'Ouest, pour l'Allemagne aucun scrupule par contre. C'est notamment le cas pour le fameux Transport Plan avec un véritable bras de fer avec Churchill, finalement remporté avec la RAF.
Il est vrai que Churchill était déjà dans l'après-guerre et la situation de l'Europe avec un retour de la France pour l'équilibre européen. C'est notamment une des raisons pour laquelle, j'ai toujours trouvé Churchill fascinant, c'est sa capacité durant l'ensemble de sa carrière politique a être toujours en avance sur la réflexion, sans tomber dans l'excès de Kersaudy, qui est une véritable groupie de Churchill (à noter que la lecture sa biographie du personnage reste fortement conseillée, même s’il faut prendre quelques pincettes).
Dommage que, dès 1943, Churchill devient quasiment un acteur secondaire du triumvirat Roosevelt - Churchill - Staline. Je travaille actuellement sur un article concernant la campagne du Dodécanèse en 1943 qui montre un Churchill et une armée britannique devant désormais totalement dépendante des décisions américaines et globalement incapable de mener une offensive indépendante, illustration du passage du Royaume-Unie du statut de grande puissance à puissance moyenne.
Après sur le bombardement aérien, davantage que Churchill, c'est surtout le commandement de la RAF qui fantasme sur la victoire morale par le bombardement, suite à une lecture totalement erronée de l'Air Control dont seule la phase du bombardement préventif est conservée. Pour rappel, l'Air Control est la stratégie militaire pour la police coloniale (utilisé notamment en Somalie, Irak, Arabie dont la défense d'Aden... actualité... ou dans les zones tribales indo-pakistanaises) visant à faire de l'aviation l'élément central de défense. Accessoirement pour faire des économies, mais avec une certaine réussite. Sauf qu'on en retient curieusement uniquement le bombardement préventif : en grosse face à une tribu rebelle, on a annonce un bombardement un campagne à un moment précis avec objectif d'impressionner en évitant toute perte humaine. L'effet moral conduisant souvent la tribu à faire soumission. Les stratèges britanniques vont en déduire que le bombardement (avec des plus gros moyens) permet d'obtenir la capitulation adverse par la destruction de son moral.
Sauf que..., lorsqu’on regarde les rapports dans les archives britanniques (je fais des recherches sur le sujet), il est clairement indiqué sur "le bombardement préventif" n'est qu'une des techniques employées dans la stratégie de l'Air Control qui repose sur d'autres éléments (troupes mobiles, politiques indigènes, etc...). Même plus largement, "le bombardement préventif" est noté comme d'un intérêt réduit par rapport aux autres leviers voir des résultats décevants (notamment lors des événements en Palestine, où Bomber Harris aura un rôle important, où dans ce cadre on va utiliser l'Air Control dans le sens exclusif du bombardement préventif").
Curieusement, les responsables de la RAF vont retenir cette lecture erronée..., et vouloir l'appliquer absolument lors du déclenchement de la WWII, en utilisant le moindre argument allemand pour justifier l'utilisation (on est une démocratie, il faut donner les apparences). Là, où inversement (et contrairement à l'idée répondue), les Allemands n'ont pas le moindre intérêt pour le bombardement. La Luftwaffe reste une aviation pour appuyer les troupes au sol, et absolument rien d'autre. Pour preuve, les bombardiers en service au déclenchement de la guerre sont totalement obsolètes et mauvais pour ce rôle (le seul bombardier correct, le Ju.88 étant davantage un avion d'appuis tactiques qu'un bombardier). C'est accessoirement, l'une des raisons de l'échec de la Luftwaffe. Ainsi que l'impréparation complète de l'économie allemande pour mener la guerre, toujours assez hallucinant lorsqu'on sait que Hitler (et les principaux dirigeants) font tout pour déclencher le conflit (jusqu'à enfin réussir avec la Pologne), même si l'économie allemande est incapable de s'orienter vers une production de guerre (la fantasme du "coup de poignard" dans le dos), une société en guerre (il suffit de voir le faible taux d'incorporation pendant les premières années) ou en réserve (notamment le carburant avec seulement 6 mois de réserves en septembre 1939...). Sans parler de Barbarosa avec une impréparation quasi criminelle (heureusement) de la Ostheer qui lance l'invasion sans la moindre réserve disponible...
Bref, désolé pour ce développement un peu long, sans intérêt et très mal construit.